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  • Le Rwanda ambitionne de devenir une place financière de poids en Afrique
    Aug 1 2024

    Depuis quelques années, le Rwanda se prépare à devenir un centre financier, pour attirer les entreprises. Il s’agit de réunir les opérateurs économiques et les pourvoyeurs de capitaux, comme les banques ou les fonds d’investissement, mais aussi de créer un environnement favorable au secteur privé. Un pari réaliste, selon les autorités de Kigali.

    C’est en 2020 que Kigali pose les bases de ses ambitions dans le secteur financier. Pendant quatre ans, le Rwanda va d’abord s’astreindre à mettre en place un environnement favorable aux entreprises. Un objectif quasiment abouti désormais, selon Jean-Marie Kananura, responsable des investissements de Rwanda Finance, la structure chargée de faire du pays une place financière continentale. « Nous sommes un pays où il est facile de créer une entreprise, d’opérer et qui peut être utilisé comme une base pour mener un projet d’expansion. En anglais, on dit Proof of concept country. Vous venez, vous testez votre solution. Si ça marche bien, vous pouvez vous étendre sur le continent. »

    Les atouts d’un petit pays dans la région des Grands lacs

    Sur un continent où les centres financiers sont encore trop rares, le Rwanda use des atouts d’un petit pays, au milieu d’une zone économique en croissance. « Si vous regardez Singapour, Dubaï, le Luxembourg, remarque Patrick Dupoux, associé au sein du Boston Consulting Group, souvent c'est un petit pays, entouré par des pays plus importants, qui peut devenir un centre financier en misant sur certains atouts, comme la stabilité et une certaine continuité dans les politiques économiques, et qui peut prétendre à devenir un centre financier. »

    Encore des défis avant de concurrencer Maurice

    Si une centaine de sociétés a déjà implanté un bureau au sein du centre financier, le pays, pour réussir son pari, doit aussi attirer des banques. Une douzaine sont déjà présentes, dont AFG holding, qui souhaite se développer dans la région des Grands lacs. « Nous sommes intéressés par les avantages qu’offre Kigali, explique Romeo Bouba, directeur général adjoint du groupe bancaire panafricain. Déjà par son positionnement géographique, car c’est un pont entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique australe et même l’océan Indien. Et également beaucoup de facilités qu’offre la place sur le plan du climat des affaires, des infrastructures télécoms. »

    Qualité des infrastructures numériques, nombre de liaisons aériennes, niveau de qualification des talents locaux et surtout gestion des sorties de devises par la Banque centrale sont les points sur lesquels la place rwandaise doit encore progresser si elle veut, comme Maurice, devenir une référence internationale.

    À écouter aussiRéussite économique du Rwanda: un succès trop inégal

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  • Objectif «zéro faim dans le monde»: les Nations unies innovent pour trouver de nouveaux financements
    Jul 31 2024

    L’année dernière, une personne sur cinq a souffert de la faim en Afrique. Le rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde montre que les niveaux de sous-alimentation sont comparables à ceux d’il y a quinze ans. En cause notamment, un manque de financement. C’est pourquoi le Fida en charge du financement des projets des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture cherche des solutions innovantes.

    Pour atteindre l’objectif « faim 0 » dans le monde d’ici 2030, l’organisation estime qu’il faut investir 480 millions de dollars par an. « Traditionnellement, le Fida est financé uniquement par les contributions des États membres, explique Natalia Toschi, responsable de l’unité financements du Fida (Fonds international de développement agricole), l'argent en provenance des États membres stagne autour de 5% du total de l'aide publique au développement. Et cela est bien sûr dû au fait qu’il y a de nombreuses priorités qui se percutent et pour lesquelles les États membres doivent investir. Il y a des guerres, il y a des crises migratoires. L’agriculture a aussi été considérablement sous-financée. »

    « Imaginer des nouveaux instruments »

    Il faut donc innover. En 2020, le Fida devient la première institution des Nations à recevoir une notation de crédit sur les marchés. Et en 2022, il émet ses premières obligations durables. « Notre innovation participe à imaginer des nouveaux instruments pour pouvoir investir dans le secteur rural, détaille Bernard Hien, le directeur régional Afrique de l'Ouest et du Centre du Fida, et ces instruments nouveaux, ça peut être par exemple les obligations durables. Le Fida est la première institution spécialisée des Nations unies à recevoir une notation de crédit et à émettre des obligations durables. Nous l'avons commencé en 2022 et jusque-là, nous avons levé 480 millions de dollars auprès des fonds de pension et des assurances. Aujourd'hui même, en réalité, nous avons émis notre première obligation nutrition de 50 millions avec un partenariat avec une mutuelle d'assurance japonaise. Donc ça va nous permettre de mieux prendre en compte les questions de malnutrition dans le projet et de mieux accompagner les pays. Il y a d'autres innovations en matière de financement. Ce n’est pas des instruments d'atténuation des risques ça ? Par exemple les garanties, les financements mais que les cofinancements, les co-investissements donc voilà autant de possibilités qui peuvent accompagner les États. »

    Recours au secteur privé

    L’objectif est d’attirer le secteur privé à investir dans l’agriculture et les activités rurales. Il existe, pour cela, plusieurs leviers possibles. « Les gestionnaires d'actifs ont de manière croissante un objectif explicite d’investissement dans des titres sécurisés et qui respectent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, poursuit Natalia Toschi, nos investisseurs typiques sont des fonds de pension, des compagnies d'assurance, qui ont très souvent un mandat social. » Les investisseurs veulent connaître l’impact de l’argent qu’ils nous prêtent. Les projets de la Fida soutiennent 16 des 17 objectifs de développement durables. Et nous disposons d'un cadre de finance durable qui est aligné sur les principes de l'Association internationale des marchés des capitaux.

    Pour plus d’efficacité, le Fida expérimente des instruments d’atténuation des risques pour l’investissement, des garanties, des financements de type mixte. Si la tendance n’est pas renversée, le Fida estime que le coût de la malnutrition dans le monde coûtera 12 000 milliards de dollars à la communauté internationale.

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  • Le Maroc reboise ses forêts malmenées par la canicule et la sécheresse
    Jul 30 2024

    Au Maroc, la canicule et la sécheresse affectent les forêts. Les incendies et les bouleversements de la biodiversité ont durablement modifié le poumon chérifien, étendu sur plus de 9 millions d’hectares. Alors l’État et les associations se mobilisent pour la reboiser.

    Entre 2022 et 2023, plusieurs dizaines de milliers d’hectares de forêts marocaines ont été ravagés par de terribles incendies. Cette année, la vigilance de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) ne faiblit pas, tant les températures extrêmes et la sécheresse favorisent le départ et le développement des feux.

    Et ce n’est qu’une des nombreuses menaces qui planent sur les forêts marocaines. « Dans ce contexte de changement climatique, explique Mohammed Hakam, directeur régional de l’ANEF dans la province de Taza, la forêt est affectée par des périodes de sécheresse plus ou moins longues, avec une récurrence des phénomènes extrêmes, notamment les feux de forêts, mais aussi par les inondations, et parfois les attaques parasitaires. »

    100 000 ha de reboisement par an en 2030

    Régulièrement, l’ANEF publie les zones à risque, souvent une dizaine de provinces du royaume. Elle met en place le plan « Forêt du Maroc 2020-2030 » afin notamment de créer des zones fermées pour que la végétation puisse se régénérer sans être touchée par l’activité humaine, et pour favoriser le reboisement des parties détruites. « Cette stratégie a pour objectif d’atteindre une superficie de reboisement ou de régénération de 50 000 ha par an dans les premières années, précise Mohammed Hakam, pour arriver à la fin à une moyenne annuelle de 100 000 ha autour de 2030. »

    Arganier, caroubier, figuier, des espèces locales et résistantes

    La société civile se mobilise, elle aussi, pour reboiser les forêts marocaines avec des essences locales et résistantes à la sécheresse. « Ce sont des plantes endémiques en général, explique Larbi Didouquen consultant agro-forestier de Fondation Haut Atlas. Des plantes qui ne sont pas consommatrices d’eau, qui produisent de la valeur et qui s’adaptent au changement climatique. C’est le cas de l’arganier, du caroubier, des oliviers, des figuiers aussi. Des plantes qui s’adaptent et qui n’utilisent pas beaucoup de produits phytosanitaires, grâce auxquelles on peut produire des fruits, sans avoir recours aux intrants. »

    Alors que les canicules se répètent d’année en année, le roi Mohammed VI a promis lundi 29 juillet dans son discours annuel, de poursuivre les efforts pour protéger l’environnement du royaume.

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  • «J’ai investi pour rien!»: au Maroc, les agriculteurs tentent de faire face à la sécheresse
    Jul 29 2024

    Le Maroc connaît sa sixième année de sécheresse consécutive. La chaleur affecte aussi directement l’agriculture et l’élevage. Les récoltes de céréales subissent des pertes de près de 44%. Alors les professionnels et l’État tentent de s’adapter.

    Omar Oualaidi, producteur d’oliviers, de céréales et de maraîchages a été obligé de modifier sa production pour s’adapter à la sécheresse. Il y a trois ans, l’agriculteur est passé des pastèques et des melons à la culture de pomme de terre, bien moins consommatrice en eau. « Ces dernières années, nous faisons face à des problèmes d’eau. L’année dernière, nous n’avons pas eu une goutte de pluie de février jusqu’à mai alors que c’est une période cruciale pour le maraichage, raconte l’agriculteur de 47 ans, mon seul puit était quasiment vide, j’en ai donc fait creuser un deuxième, mais il était vide aussi. J’ai investi pour rien ! Heureusement, fin mai, nous avons eu quelques pluies qui nous ont sauvés sinon on aurait tout perdu. »

    Quinoa et pistachiers pour limiter les impacts

    Dans l’est, la région de Draa-Tafilalet est l’une des plus touchées par la sécheresse. Abdellah Mostapha est ingénieur agronome et chef de division du développement des filières agricoles au niveau de la région. Son rôle : accompagner l’adaptation à ce manque d’eau. « Dans le cadre des projets d’agriculture solidaire, on a essayé d’introduire certaines cultures qui s’adaptent à ces changements climatiques. Le quinoa, le moringa, le cactus, le pistachier. On essaye de les introduire pour limiter les impacts de ce déficit hydrique que connait la zone », explique-t-il. Le manque a aussi des conséquences pour les éleveurs du royaume.

    Manque de fourrages pour les éleveurs

    « On souffre beaucoup de ces difficultés climatiques. Ç'a surtout une répercussion sur les fourrages, on en a plus assez. Alors on a dû s’adapter et les changer, témoigne Mohamed Ayyad, éleveur à Errachidia, une ville de cette même région de Drâa-Tafilalet, aujourd’hui, je leur donne des déchets de dates broyés produits localement. Ça coûte moins cher, mais ç'a aussi une répercussion sur mon rendement. Avant, j'avais 300 têtes de brebis, je n’en ai plus que 150 ou 200. »

    Les précipitations du début d’année ont évité l’assèchement des sols, mais à seulement 23% de leur capacité, les nappes phréatiques et les barrages sont encore à un niveau très bas, et la canicule des derniers jours ajoute encore un peu plus d’inquiétude dans l’esprit des agriculteurs et éleveurs du Royaume.

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  • En Tunisie, l'Intelligence artificielle au service de la médecine et de la culture
    Jul 28 2024

    En Tunisie, l’écosystème travaillant dans le domaine de l’Intelligence artificielle s’est beaucoup développé ces dernières années avec l’éclosion de plus d’une quarantaine de startups. Malgré un manque de données pour créer des systèmes performants, les entrepreneurs tunisiens tentent d’innover aussi bien dans le domaine de la biotech que dans la culture.

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  • Exportation du pétrole nigérien: l'option tchadienne relancée
    Jul 25 2024

    Une visite de la ministre du Pétrole tchadien à Niamey du 10 au 13 juillet est venue formaliser la reprise des discussions pour la relance du projet de pipeline entre le Tchad et le Niger. Il avait été laissé de côté en 2019 par les Nigériens au profit de la voie du Bénin. Cependant, la brouille actuelle entre les deux pays rebat les cartes et relance l'option tchadienne.

    Voici donc l’option tchadienne de nouveau sur la table. Relier les champs de pétrole d’Agadem au pipeline tchadien localisé à Doba, avec une vision précise : « La relance de ce projet coïncide avec la cérémonie de lancement des activités amont de la Sonidep [Société nigérienne du pétrole, NDLR] qui a eu lieu le 22 juin dernier. Elle tombe donc à point nommé, car les blocs Bilma, R5, R6, R7 ainsi que les blocs R1, R2, R3, R4 lorsqu'ils seront en production, alimenteront ce pipeline, détaille Mahaman Moustapha Barké, ministre du Pétrole du Niger. Nous aurons ainsi un débouché sur le Tchad pour l'exportation du brut issu de ces différents blocs, tandis que les blocs déjà en exploitation, déjà en production, alimenteront la raffinerie et le complexe pétrochimique de Dosso. »

    La ministre tchadienne des Hydrocarbures, Alixe Naïmbaye, a fait le déplacement à Niamey. Trois jours pour relancer au plus vite ce projet, notamment par la création d’un comité technique. « Le projet de construction du pipeline Niger-Tchad-Cameroun, permettant une nouvelle voie de transport du brut nigérien, mérite toute notre attention », assure-t-elle. Des dispositions institutionnelles ont été prises pour une « réalisation optimale de ce projet intégrateur ». Et d'ajouter : « Monsieur le Ministre, nous offrons aujourd'hui les discussions préliminaires autour de ce projet et je voudrais vous assurer que la partie tchadienne s'emploiera pleinement pour faire de la réalisation de cette infrastructure un franc succès. »

    « L’économie n’a pas tellement de place là-dedans »

    Un projet qui représente 700 nouveaux kilomètres de pipeline à construire pour un coût estimé à l’époque à 1,18 milliard de dollars, alors que le projet béninois en a sans doute déjà coûté plus de 2 milliards. Mais « l’économie n’a pas tellement de place là-dedans, c’est très géopolitique », souligne Jean-Pierre Favennec, spécialiste des questions pétrolières.

    La brouille diplomatique entre le Bénin et le Niger bloque actuellement l'exportation du pétrole. « Si les autorités tchadiennes sont beaucoup plus flexibles et les autorités camerounaises aussi, il n’y a pas d’autres options que de tenter de passer par le Tchad et de se raccorder à l’oléoduc Tchad-Cameroun. Ce qui nécessite effectivement, je le rappelle, un accord avec à la fois les Nigériens, les Chinois, les Tchadiens et les Camerounais », analyse-t-il.

    Beaucoup reste encore à faire avant que ce nouveau pipeline voie le jour : la remise à jour des études vont être nécessaires, une réévaluation des coûts ainsi que trouver un accord sur les droits de passages du pétrole.

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  • Dakar 2026 fait le pari de l'investissement privé pour ses JO de la Jeunesse
    Jul 24 2024

    Présent à Paris, Bassirou Diomaye Faye, le président sénégalais, participe au sommet Sport pour le développement durable. Le Sénégal organisera les Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) en 2026. Une première olympique pour le continent africain. Le défi est immense et Dakar mise, comme Paris, sur l'investissement privé.

    Les organisateurs de Dakar 2026 jouent les VRP à Paris, histoire de prendre les bonnes idées, de s'inspirer, et surtout de trouver des investisseurs. Ils sont recherchés principalement dans le transport vert, l'industrie culturelle créative et les nouvelles technologies. Bakary Sega Bathily fraîchement nommé directeur général de l'APIX, l'Agence de promotion des investissements et des grands projets, suit la ligne du nouveau gouvernement : « Moins de dons, plus de partenariat, moins d'endettement, "mieux d'État", c'est exactement cela ».

    Des partenaires privés en priorité

    Il mise sur les investissements privés pour un maximum de retombées économiques. « L'organisation d'événements sportifs reste encore une fois la part la plus importante, à peu près 50%, des revenus dans le secteur du sport. Aujourd'hui, l'État du Sénégal compte lancer plusieurs projets d'infrastructures sportives, des complexes de proximité. Nous attendons beaucoup d'investissements parce qu'il y a des modèles qui ont été développés ici. Des investisseurs sénégalais sont déjà sur place. Il y a un projet Dakar Complexe City à Diamniadio avec un investissement de 50 millions d'euros qui est en cours. Nous attendons ce type d'investissement et je pense qu'ici, à Paris, on pourra trouver de bons partenaires », assure-t-il.

    Des retombées pas si évidentes

    Cependant, atteindre les 80% d'investissements privés de Paris 2024 est « illusoire » pour Gérard Akindes, professeur de management du sport, il a notamment travaillé pour l'organisation de la dernière Coupe du monde de football au Qatar. Selon lui, les JOJ peuvent permettre d'accélérer sur certaines infrastructures, comme les routes et le transport notamment, mais les retombées positives concrètes pour les populations sont difficiles à établir. « Un événement qui donne de la visibilité positive au continent... oui, on apprécie, mais est-ce que ça va permettre aux Sénégalais de mieux vivre ? s’interroge l’ancien basketteur béninois. Ce sont les plus gros défis. Or, on est à deux ans de l'événement et tout ce travail-là n'a pas encore été établi. C'est difficile parce que là, le Sénégal est en train d'entrer dans la course. Toutes les énergies, toutes les ressources vont être mobilisées sur les Jeux, tout ce qu'il y a autour et qui aurait pu avoir un impact positif sur la société sénégalaise ne sera plus très présent parce qu'il faut livrer les Jeux ».

    Du retard a été pris dans la recherche d'investisseurs, selon le nouveau directeur général de l'APIX, critique sur le travail de l'ancienne équipe. Il assure toutefois que les travaux comme la réhabilitation du stade Iba Mar Diop seront livrés en temps et en heure.

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  • Au Cameroun, vers une structuration de l'économie du miel
    Jul 23 2024

    Au Cameroun, la filière miel se professionnalise dans la région de l’Adamaoua. Les produits dérivés du miel seront désormais centralisés dans l’usine de traitement des produits apicoles de Ngaoundal. Une initiative qui devrait permettre d'améliorer la qualité du produit et donc les profits.

    De notre correspondant au Cameroun,

    C’est la fête des apiculteurs au village Beka Gotto, dans la région de l’Adamaoua au Cameroun. Les apiculteurs et le lamidat présentent aux populations le montage d’une ruche traditionnelle. Ces ruches d’abeilles sont perchées sur des arbres dans la forêt à environ 2 km du village. « Une ruche peut produire en moyenne 10 litres de miel. Mais il s’avère que certains apiculteurs fabriquent des ruches un peu plus larges qui peuvent produire jusqu’à 20 litres de miel », expliquent-ils.

    Une fois récolté, le miel est séparé de la cire via un procédé de filtration artisanal, comme à Beka Ngoto où Moussa, grossiste, s’occupe de ce pressoir archaïque. « On l'a adapté pour pouvoir filtrer, pour que le liquide puisse passer », montre-t-il.

    Le miel récolté est vendu 1 500 francs CFA le litre aux passants ou à des commerçants, mais sans véritable régulation. Pour réguler le marché du miel et tirer profit de ses produits dérivés, l’association Guide espoir a construit une première usine de traitement des produits apicoles de Ngaoundal. Michael Tchana est à la tête de l’association : « On va centraliser toutes les productions du Cameroun pour pouvoir faire un traitement aux standards internationaux pour le marché international et le marché local. »

    Une meilleure qualité pour plus de débouchés

    Un centre qui devrait améliorer les revenus des apiculteurs, assure-t-il : « Lorsqu’ils devaient faire eux-mêmes l’extraction avec le bois de chauffe, cela altérait la qualité, leurs produits étant de mauvaise qualité, ils ne pouvaient pas avoir un bon prix. Mais avec le centre, leurs produits vont avoir nécessairement un meilleur prix, qui peut être pratiquement le double. »

    L'idée est donc d'attirer des partenaires internationaux et plus de capitaux pour construire une réelle industrie du miel au Cameroun. Hana, une employée dans le secteur de la cosmétique en Europe, est venue visiter l'usine. « Nous sommes très favorables à cette initiative, car nous espérons recevoir une cire d'abeille très propre et pure, de belle couleur jaune, sans odeur de fumée, qui pourra être apportée directement à l'industrie cosmétique », explique-t-elle.

    La région de l’Adamaoua produit environ 28 tonnes de miel par an, selon des chiffres du ministère des Pêches et de l’Élevage. Il faut multiplier par dix ce chiffre pour obtenir la capacité de cire d’abeille. Cette nouvelle usine compte exporter 150 tonnes de ce produit pour sa première année.

    À écouter aussi dans 8 milliards de voisinsAuthentique, contrefait, rare…: le miel dans tous ses états

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