Le XXe siècle et encore plus le XXIe siècle ont ceci de particulier que l’humanitaire et le caritatifsont devenus une activité principalement laïque, collective et institutionnelle, et non plus une initiative privée, individuelle ou encore religieuse et spirituelle, bref, une expression considérée et perçue comme presque normale, voire indispensable dans les nouvelles sociétés modernes, avec, d’ailleurs, un gonflement exponentiel, au sein du corps social, de tout un ensemble d’acteurs rémunérés ou bénévoles à son service, surtout dans les pays prétendument développés (riches), libres et démocratiques.

Outre qu’il y a souvent, toujours et encore, dans l’attitude et les présupposés de l’humanitaire, une attitude de supériorité encore marquée par tous les préjugés des ex-colonisateurs et des ex-impérialistes, il y a peut-être finalement, malgré souvent de bonnes intentions, autant d’illusionschez ceux qui se veulent charitables, accueillants et humains que chez ceux qui sont réactionnaires, identitaires, racistes, voire xénophobes.

Car la vérité est sans doute ailleurs : il faudrait déjà sortir de l’illusion matérialiste, qui nous fait croire que ceux qui naissent nantis sont les plus heureux sur Terre, et que les pauvres et les miséreux vivent une calamité et une malchance indicibles.

Xander te propose de renverser ton point de vue sur le monde et d’enlever peut-être les lunettes de ces préjugés que nous avons tous, croyances qui nous arrangent, qui nous donnent tantôt bonne, tantôt mauvaise conscience, souvent de la culpabilité et un sentiment d’impuissance pénible, sans que rien soit finalement changé à l’état des choses.

Dans ce monde tordu, manipulé et confus qui est désormais le nôtre, faire le bien est donc peut-être aujourd’hui devenu bien plus complexe et difficile qu’il n’y paraît.

Car là où « l’avoir » a presque totalement fini par remplacer « l’être », peut-on obtenir autre chose qu’une action détournée par définition et qui finalement aboutit - étrange paradoxe - à accentuer notre sentiment de désespoir et de frustration ?

L’humanitaire et le caritatif, nous sommes tous d’accord pour le dire, c’est peu mais mieux que rien, car il faut souvent parer à l’urgence et faire quelque chose. Mais soudain une peur nous assaille : et si à cause de ce peu, et parce qu’on ne pose pas la question du bonheur au bon endroit, il était fait en sorte que, précisément, rien ne change jamais non seulement à la misère humaine mais à la manière que nous avons tous, pauvres comme nantis, de nous percevoir heureux ou malheureux ?

C’est cela peut-être la suprême réussite de l’illusion fabriquée par Judas, dont on oublie, comme Xander le rappelle très modestement, qu’il fut sans doute le véritable père de toute l’action humanitaire et caritative moderne…

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.