Episodes

  • Lenaïg Laot – Au But, Alfred Boucher
    Jul 26 2024
    Je m’appelle Lenaïg et aujourd’hui, je vais vous parler de sculpture, de mouvement, et d’athlétisme. L’objet que je vais vous décrire est une sculpture représentant un groupe d’athlètes. Imaginez les derniers mètres d’une course, où trois athlètes se battent pour décrocher la victoire. Chacun des muscles de leurs corps tendus par l’effort est saillant. L’équilibre fragile de leurs postures repose sur leurs jambes d’appui. Leurs bustes sont projetés vers l’avant. Leurs visages trahissent leur épuisement. Le premier coureur a le regard fixe. Il est concentré, déterminé. La ligne d’arrivée est proche, il le sait. Les paumes de ses mains sont grandes ouvertes, tendues vers la victoire. À sa droite se trouve le deuxième coureur. Sa bouche est ouverte, il crie. Ses sourcils sont froncés et les traits de son visage sont tirés par la colère. Il a les poings serrés. Tout son corps exprime la rage. Son bras gauche repousse le troisième coureur derrière lui. La stupeur et la crainte se lisent sur le visage de ce dernier. Le regard tourné vers son adversaire, il tente de conserver son sang-froid. Pour saisir les différents mouvements de la course et les décomposer, l’artiste s’est inspiré de la technique de la chronophotographie. Les trois coureurs répètent le même mouvement, mais à quelques secondes d’intervalle. Pourtant, un élément de la sculpture trouble notre esprit : les positions en extension des trois coureurs ne sont pas tenables dans la réalité. La sculpture suggère la course plus qu’elle ne la représente. Cette liberté prise par l’artiste contribue à magnifier l’effort physique. Ce que j’aime dans cette sculpture, c’est qu’elle incarne le moment de la course où l’émotion est la plus intense : lorsque les coureurs franchissent la ligne d’arrivée et qu’ils arrivent au but. Ce court instant est le plus beau, mais c’est aussi le plus dur. Car les sportifs doivent se dépasser pour aller au bout d’eux-mêmes. Ils cherchent à repousser les limites de leurs corps pour aller toujours plus loin dans l’effort. Intitulé Au But, cette sculpture d’Alfred Boucher a été réalisée en 1886, l’année de naissance de l’athlétisme en France, à l’occasion du premier championnat à la Croix-Catelan au Bois de Boulogne. Connu depuis l’Antiquité, l’athlétisme figure au programme des premiers Jeux Olympiques modernes de 1896. C’est d’ailleurs cette existence longue de plusieurs siècles qui lui confère le statut de « sport roi » des Jeux Olympiques. Au But, Alfred Boucher, 1886, Paris, Réduction en bronze de l’œuvre monumentale, 46 cm de hauteur pour 69 cm de long, Nogent-sur-Seine, Musée Camille Claudel. Texte et voix : Lenaïg Laot Enregistrement : Philipp Fischer Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Sophia Drobysheva - Le Chalet du Cycle au bois de Boulogne, Jean Béraud
    Jul 25 2024
    Bonjour, je m'appelle Sophia, et aujourd'hui je voudrais vous parler d'une toile de Jean Béraud, du cyclisme et de la Belle époque. Imaginez-vous, une journée d'été au bois de Boulogne, en 1900. Il fait beau, les membres de la société mondaine se trouvent dans un café, près du chalet du cycle : un des hauts lieux de rencontre de la haute société à l´époque. Le peintre a laissé une chaise vide au premier plan, comme pour nous inviter à rejoindre cette société oisive. Pourtant, ce tableau, peint avec sa palette vive et fraîche, n'est pas une simple scène de fête en plein air, le sujet typique de l'époque. Il s'agit ici d’évoquer le cyclisme. Derrière les tables s'ouvre un chemin sablé, sur lequel s'avance une cycliste. Derrière elle, une autre s’apprête à monter en selle. En face, un couple vient de terminer sa course et rapporte les bicyclettes au point de location du chalet. Le vélocipède a conquis les cœurs des Français en 1818, suite à son exposition publique au Jardin du Luxembourg, un an après son invention en Allemagne. Au milieu du siècle, il se transforme en bicyclette, plus confortable, avec ses deux roues de même taille. Le cyclisme devient alors un loisir à la mode, qui se démocratise progressivement vers la fin du siècle. Ainsi, en 1900, à la date de la réalisation de la toile, le cyclisme est déjà ancré dans le paysage sportif français, il ne faudra attendre que trois ans pour voir apparaître le premier Tour de France. Chroniqueur de la vie parisienne, le peintre Jean Béraud accorde un grand soin à la représentation des détails comme ceux des vêtements. Au premier plan, deux élégantes femmes, portant des culottes de cycliste, attirent votre attention. La culotte du cyclisme, spécialement inventée pour la pratique de ce sport, n'a intégré la garde-robe féminine que dans les années 1890 et a longtemps fait l'objet de débat, étant jugée comme une tenue indécente. C'est donc grâce au cyclisme, que le pantalon est entré dans le vestiaire féminin, permettant aux femmes d'acquérir la liberté du mouvement. Ainsi, Béraud livre ici un témoignage d'une possible émancipation des femmes par le cyclisme. J'ai choisi cette œuvre étant sensible à l'esthétique de la Belle Époque, et parce que Jean Béraud est né dans ma ville natale, à Saint-Pétersbourg. Le Chalet du Cycle au bois de Boulogne, Jean Béraud, 1900, huile sur bois, 186 cm de hauteur sur 153 cm de largeur, Paris, musée Carnavalet. Texte et voix : Sophia Drobysheva Enregistrement : Hugo Passard Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Elinor Bailly – Discobole en bronze, Alfred Janniot
    Jul 24 2024
    Je m'appelle Elinor, et aujourd'hui nous allons entrer au stade Chaban-Delmas à Bordeaux pour parler de corps musclés, d’antique et d'Art déco. L'œuvre que nous allons découvrir est une sculpture en bronze de 2m60 de haut. Elle représente un athlète masculin debout nu. Le sportif tient un disque, attribut du discobole, terme employé dès l'Antiquité pour désigner le lanceur de disque. Elle a été réalisée en 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, par le sculpteur Alfred Janniot. Ce dernier s'inscrit dans le style Art déco, des années 1920 à 1940. Bien que cette sculpture trône dans le stade Chaban-Delmas de Bordeaux au côté d'une statue féminine de Marcel Damboise, elle était originellement destinée à une piscine de la ville. Alors pourquoi cette sculpture évoque l'Antiquité ? Tout d’abord, parce que le lancer de disque est une épreuve mère des Jeux Olympiques au VIIIe siècle avant notre ère et a été réintroduite dans la version moderne dès 1896. Ensuite, Alfred Janniot récupère plusieurs caractéristiques aux sculptures antiques : il représente de larges épaules, des bras musculeux, des emprunts faits à l'une des plus célèbres représentations antiques d'athlètes : le Discobole de Myron. Il va aussi emprunter un positionnement du corps issu de la Grèce Antique : le contrapposto. C'est une inclinaison inverse des hanches par rapport aux épaules, ce qui va créer des lignes qui se répondent les unes aux autres. Mais attention, essayez chez vous, vous verrez que ce n'est pas du tout une pause naturelle ! Pourquoi Alfred Janniot aime-t-il autant l’antique ? Car c'est un sculpteur du style Art déco et ce courant artistique se définit notamment par un retour à une sensibilité classique : il fait référence au culte du corps antique et aussi à l’usage du bronze, une matière considérée comme l'une des plus nobles pendant l'Antiquité. Cette musculature développée est aussi en vogue dans les années 1940. Les costumes de l'époque sont rembourrés au niveau des épaules et même les stars de ces années-là sont des sportifs comme le nageur olympique Johnny Weissmuller qui joue Tarzan au cinéma. Cette œuvre me touche beaucoup parce qu'elle allie parfaitement le sport et l'art dans un lieu comme un stade, tout en mettant en valeur la pratique sportive et le bien-être physique. Elle me donne à la fois envie d'aller courir un marathon et de visiter un musée ! Discobole en bronze, 1941, Alfred Janniot, bronze, 2m60 de haut, stade Chaban-Delmas, collection du Musée des Beaux-arts de Bordeaux. Texte et voix : Elinor Bailly Enregistrement : Suzanne Saint-Cast Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Lou Escariot - Lutteur au repos déposant son ceste, François Rude
    Jul 23 2024
    Je m’appelle Lou, et aujourd’hui je vais vous parler de sculpture, de lutte et d’Antiquité. L'œuvre que nous regardons se nomme Lutteur au repos déposant son ceste. C’est une statuette en marbre, sculptée par François Rude entre 1832 et 1837. Un jeune athlète nu est assis, le buste penché vers l’avant, un bras appuyé sur sa jambe, il dépose lascivement son gant de lutte sur le sol. Ce gantelet, appelé “ceste” était constitué de bande de cuir et de plaque de fer, porté par les lutteurs pendant l’Antiquité. On aperçoit dans ses cheveux un bandeau qui retient les fines mèches qui tombent sur son front et protège ses oreilles. Le lutteur lève légèrement la tête, il vous regarde. François Rude réalise en 1806 le modèle en plâtre du lutteur lors de ses études à Dijon. Il travaille alors sur des modèles antiques qui sont, au XIXe siècle, considérés comme un idéal artistique. Ce n’est que trente ans plus tard, que le sculpteur en réalisera un marbre, à la demande du futur Président Adolphe Thiers qui l’a aperçu dans son atelier. Il sculpte le jeune athlète avec un réalisme marquant. Les muscles de ses bras ou de son dos sont doux et fins, mais semblent encore contractés après un long combat. Mais de quel combat s’agit-il ? et contre qui ? Rien dans cette œuvre ne semble nous indiquer ce qui est arrivé à notre lutteur. Son visage est impassible. C’est tout ce qui fait la singularité de cette œuvre ! Ici, François Rude fait le choix de représenter un athlète au repos, plutôt qu’en plein cœur d’un combat de lutte. Étrange, n’est-ce pas ? En réalité, ce genre de représentation est assez courant au XIXe siècle. Imitant les artistes de l’Antiquité grecque et romaine, les artistes font le choix d’un sujet qui devient secondaire et n’est plus qu’un prétexte, un exercice à la création d’un corps parfait. L'esthétique de cette œuvre est représentative de la jeunesse de l’artiste, dont le style évoluera plus tard vers des œuvres plus expressives dans la mouvance Romantique qui prône la représentation des sentiments à travers des œuvres mouvementées et pleines de contrastes. J’aime cette œuvre d’abord pour sa finesse. Elle est très belle ! Mais ce qui me plait, c’est qu’elle m’intrigue. En particulier son regard dont on ne sait s’il laisse transparaître de la fatigue ou de la détermination. Lutteur au repos déposant son ceste, François Rude, 1832-1837, H: 0,418m ; L: 0,468m ; P: 0,245 m, marbre, Musée du Louvre Texte et voix : Lou Escariot Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Naïs Ollivier - Piscine Molitor, Lucien Pollet
    Jul 22 2024
    Salut, je m’appelle Naïs, et aujourd’hui on va parler Art déco, natation, et années folles. Je vous emmène donc à la Piscine Molitor, un fameux complexe daté de 1929 qui jouxte encore aujourd’hui le Bois de Boulogne à Boulogne-Billancourt. Mais pourquoi parler de complexe nautique ? Parce que la piscine est en réalité dotée de deux bassins, un d’hiver et un d’été. Le premier, le bassin d’hiver est couvert et entouré de galeries de cabines. Le deuxième, le bassin d’été est un bassin de plein air. Il fait aujourd’hui partie de l’hôtel Molitor. En 1929, on est encore dans cette césure d’après-guerre, ce tournant appelé « Années folles », qui se caractérise notamment par le développement des loisirs. Une société qui s’intéresse à la santé mentale et physique des individus. Et c’est donc un moment où on dépasse l’idée des simples « bains », qui favorisaient l’hygiène pour s’orienter vers l’éducation et la compétition sportive. Ce lieu s’inscrit dans le vaste programme de nouvelles piscines commandées en France, en raison du retard constaté lors des JO d’été de 1924. L’architecte Léon Pollet, ici mandaté, a réalisé 4 autres piscines similaires dans les mêmes années qui révèlent des dispositifs semblables. S’y retrouvent des coursives et l’usage de mosaïques décoratives. La piscine Molitor témoigne du style « Paquebot » qu’on identifie par ses emblématiques fenêtres hublot qui donnent sur la rue. Le bâtiment frappe aussi par ses formes épurées, et le jaune égyptisant qui domine la façade. Une architecture qui s’inspire à la fois de l’antique et de l’industrie des transports de 1929-1930. Au portail sud d’entrée, des vitraux de Louis Barillet représentaient des baigneuses. Ce lieu je l’affectionne tout particulièrement, puisqu’il a gardé son style d’origine, l’endroit a tout connu : des squats, des défilés de mode, des représentations théâtrales, de la révolution du « bikini » au « topless », à l'entraînement des champions français de patinage.   Piscine Molitor, Léon Pollet, 1929, Paris, XVIe arrondissement. Texte et voix : Naïs Ollivier Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Salomé Faury-Beurrier - Coupe Omnisports, Roger Vieillard
    Jul 21 2024
    Bonjour, je m’appelle Salomé et aujourd’hui je vais vous parler de porcelaine, de couleur et de Tour de France. Imaginez tout d’abord une coupe en porcelaine d’environ 30 cm de haut que vous pouvez saisir par un pied conique où repose une large vasque ouverte. Puis, visualisez une surface entièrement recouverte d’un émail bleu profond sur lequel court, en frises concentriques, un décor en or 24 carats. Localisées sur le pied, le bord extérieur et l’intérieur de la vasque, ces frises figurent de manière très stylisée de nombreuses disciplines sportives telles que l’équitation, la natation, le tennis ou encore le cyclisme. Vous comprenez pourquoi notre œuvre a été appelée « Coupe Omnisports ». Mais méfiez-vous, car ce nom est trompeur sur l’épreuve qu’elle récompense. Peut-être l’avez-vous deviné grâce à l’un de mes trois mots-clés. Il s’agit effectivement du Tour de France. Et c’est depuis 1975 que notre Coupe Omnisports est offerte aux vainqueurs du Tour de France par le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Il perpétue une plus longue tradition, remontant à Napoléon III, de prix en porcelaines, offerts au nom de la République française, et qui sont réalisés par la manufacture de porcelaine de Sèvres, fondée au XVIIIe siècle sous le règne de Louis XV. Cette coupe est le résultat d’une collaboration entre la manufacture de Sèvres et l’artiste Français Roger Vieillard en 1971. Roger Vieillard est l’un des artistes graveurs les plus connus du XXe siècle. Grand sportif, passionné de tennis, qu’il pratiqua au plus haut niveau, il s’était spécialisé dans le travail du burin. C’est d’ailleurs par cette technique exigeante que le décor de notre coupe a été préalablement réalisé, puis, apposé par un travail de transfert sur sa surface. Mais plus encore que cette technique, c’est son style qui transparaît à travers les frises de sportifs : il s’agit d’un style très linéaire, épuré, et segmenté si bien que c’est notre œil qui recompose, par l’ensemble des traits, la forme. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une collaboration ! Ainsi, l’artiste a intégré à son travail deux grandes caractéristiques de la manufacture de Sèvres qui sont : son émail bleu profond, réalisé à partir de cobalt, appelé bleu de Sèvres et son décor en or pur 24 carats, puisque la manufacture, grâce à un privilège royal, était la seule autorisée à l’employer. Personnellement j’apprécie beaucoup cette œuvre pour sa couleur très profonde, qui anime la surface par des jeux lumineux et donne une impression de mouvement. Coupe Omnisports, Roger Vieillard, 1971, porcelaine, or, Manufacture de Sèvres. Texte et voix : Salomé Faury-Beurrier Enregistrement : Suzanne Saint-Cast Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Jeanne Berlande – Le jeu de paume, Ateliers de faïence de Nevers
    Jul 20 2024
    Bonjour, je m’appelle Jeanne et aujourd’hui je vais vous parler de faïence, de vaisselle commémorative et du jeu de paume. Vers 1757, les ateliers de faïence de Nevers créent une assiette dont le décor bleu et jaune sur fond blanc, représente une partie de jeu de paume. Au premier plan, deux hommes équipés de raquettes se font face, de part et d’autre d’un filet. À l’arrière-plan, quelques curieux observent le match depuis la galerie qui borde le terrain. Les regards de tous les personnages convergent vers la balle, point de tension de la composition, alors qu’un joueur s’apprête à la renvoyer d’un revers. Si sa balle « tombe à pic », il aura réussi à « épater la galerie », tandis que son adversaire « restera sur le carreau » ! Ces trois expressions dérivent de cette pratique sportive née en France au Moyen Âge. Aujourd’hui, le jeu de paume a un peu disparu de nos mémoires. Pourtant, son impact culturel est loin d’être négligeable : c’est l’ancêtre de tous les sports de raquette modernes, et notamment du tennis. Le jeu de paume a même été une discipline olympique aux Jeux de Londres en 1908. Mais pourquoi cette image sur notre assiette ? Cet objet appartient à un ensemble d’une dizaine de pièces similaires, certaines portant l’inscription « Caré 1757 » et d’autres l’inscription « Mason 1757 ». Ces indications ont permis d’identifier les commanditaires : Jean-Claude Carré et Antoine-Henry Masson, deux célèbres joueurs de paume, qui s’étaient associés un an plus tôt. Ces assiettes viennent ainsi commémorer cette alliance et s’inscrivent dans une pratique bourgeoise courante à l’époque, consistant à offrir de la vaisselle personnalisée à l’occasion d’un événement marquant. J’admire la virtuosité des artisans qui ont peint ce décor : entre le dynamisme du jeu et le public qui retient son souffle, on est vraiment face à un instant suspendu et déterminant du match. Si ça ne tenait qu’à moi, je me dépêcherais de finir mon assiette pour mieux la contempler ! Assiette Le jeu de paume, faïence stannifère, vers 1757, ateliers de faïence de Nevers, diamètre : 24,6 cm, Sèvres, Musée national de la céramique, dépôt du musée Carnavalet-Histoire de Paris. Texte et voix : Jeanne Berlande Enregistrement : Margot Page Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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  • Ynès Ferreira - Surfing-board, planche de surf
    Jul 19 2024
    Bonjour, je m’appelle Ynès et aujourd’hui je vais vous parler de surf, de culture et de rituel. Imaginez une planche de surf en bois, de forme oblongue mesurant 1,27 m de longueur et décorée d’une petite tête d’animal à la pointe. Son origine est étonnante, elle provient de Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays d’Océanie situé au nord de l’Australie, pays moins connu pour ses vagues que pour ses nombreux crocodiles. Si cet objet est bel et bien une planche de surf, il était, vu sa taille, sûrement utilisé par des enfants mais les plus âgés pratiquaient aussi cette activité. Elle s’utilisait exactement comme les planches que l’on connait aujourd’hui : on se met à plat ventre, on rame et on se lève. Mais ici, elle est en bois et bien moins stable. La méthode de fabrication de cette planche se rapproche peut-être de celle utilisée à Hawaï. Tout d’abord, on choisit un arbre solide avec un grain fin que l’on peut facilement polir. On taille l’arbre dans la forme souhaitée et ensuite on passe au polissage à l’aide de roches ou de coraux abrasifs. À Hawaï, la taille des planches diffère selon leur rang social : les plus modestes ont le droit à une petite planche mesurant entre 50 centimètres et 1,80 mètre de hauteur et les élites possèdent des planches qui peuvent faire jusqu’à 5 mètres de hauteur. Mais l’ancêtre du surf daterait de 3 000 avant notre ère, pendant la période pré-Inca, sous la culture Mochica. Les pêcheurs prenaient les vagues debout sur des bateaux en roseaux. Si le surf est généralement pratiqué sur le continent Océanien, c’est à Hawaï que la pratique se développe davantage, la discipline y est très ritualisée. Des prêtres sorciers, aussi appelé « kahuna », servent de surf report avant l’heure en annonçant les conditions : ils les provoquent parfois grâce à des offrandes et incantations, ils supervisent les rituels durant la fabrication des planches et donnent le courage nécessaire aux Hommes pour affronter les vagues. Au cours du XXe siècle, c’est la naissance de la culture surf à Hawaï et de tout ce qu’elle nous évoque : les Beach Boys, Santa Cruz et les colliers de fleurs. L’origine du surf est ancienne et pourtant, ce sport n’a trouvé sa place aux Jeux Olympiques que depuis ceux de 2020 à Tokyo. Pour ceux qui auront lieu à Paris l’été prochain, c’est le spot mythique à Teahupo’o à Tahiti qui accueillera la discipline du 27 au 29 juillet 2024. Ce qui me fascine avec l’évocation de cet objet c’est que d’un continent à l’autre la pratique du surf perd sa valeur rituelle et religieuse pour prendre une dimension sportive et de divertissement. Planche de surf, milieu du XXe siècle, Océanie, bois sculpté et gravé, 1,27 m de hauteur x 27 cm de largeur, Paris, Musée du Quai Branly Jacques Chirac. Texte et voix : Ynès Ferreira Enregistrement : Colin Gruel Montage : Jean Foucaud-Jarno Musique & web : Philipp Fischer Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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