Episodes

  • « Sueurs Froides », le vertige définitif d'Alfred Hitchcock
    Mar 19 2022

    Il suscita plutôt l'indifférence voire l'ennui à sa sortie mais, aujourd'hui, il est considéré comme l'un des plus grands films de toute l'histoire du cinéma. Sorti au printemps 1958 aux Etats-Unis, Sueurs Froides - Vertigo en version originale - dérouta en son temps les critiques et le public, un peu égarés face aux innombrables degrés de lecture et la noirceur extrême de cette romance maudite maquillée en thriller tordu. Une drôle d'histoire, adaptée d'un best seller du tandem français Boileau-Narcejac paru en 1954, et au service de laquelle Hitchcock va consacrer toute sa puissance créatrice, alors à son apogée. Le maitre du suspense dirige alors son acteur fétiche James Stewart dans le rôle de John Ferguson, ex-officier de police de San Francisco désormais en retraite, traumatisé par la mort accidentelle d'un collègue tombé dans le vide en essayant de le sauver, lors d'une course poursuite sur les toits avec un fugitif.


    Ferguson, sujet à la phobie de la hauteur depuis cette tragédie et rongé par la culpabilité, peut compter sur le soutien d'une ancienne fiancée devenue son amie, Midge (Barbara Bel Geddes), secrètement toujours amoureuse de lui. Mais c'est d'une autre femme dont Ferguson va tomber amoureux éperdument : Madeleine Ellster (Kim Novak), épouse d'un vieil ami qui demande à John de la suivre dans ses faits et gestes, de peur qu'elle attente à ses jours. Soi-disant hantée par l'esprit de son arrière grand-mère, une certaine Carlotta Valdès, qui se suicida un siècle plus tôt, Madeleine ère chaque jour dans San Francisco au gré d'un itinéraire qui va peu à peu prendre Ferguson dans sa toile... Sans savoir qu'il est en réalité manipulé de bout en bout (comme le spectateur !). Entouré de ses fidèles collaborateurs, du chef opérateur Robert Burks au monteur George Tomasini en passant par la mythique costumière Edith Head, Hitchcock transcende à l'écran le roman pour livrer sans doute son oeuvre la plus personnelle et la plus aboutie. Un diamant noir d'une beauté visuelle foudroyante où la mise en scène, réglée au millimètre près par Hitch', forme avec la sublime partition romantique de Bernard Herrmann un tandem à l'irrésistible puissance hypnotique.


    Histoire d'amour désespérée, traversée par les mythes de Pygmalion et Galatée autant que de Tristan et Yseult, Sueurs Froides n'a pas pris une ride et même, privilège rarissime au cinéma, semble toujours plus moderne à mesure que le temps passe. Célébré par Truffaut, De Palma, Argento, Scorsese, Marker et tant d'autre cinéastes tombés aussi amoureux de ce chef-d'oeuvre que Ferguson de Madeleine, il nous plonge dans un tourbillon d'émotions tout en multipliant les plans virtuoses, à jamais gravés dans les mémoires des cinéphiles. Amorcé par l'incroyable générique symbolique du graphiste de génie Saul Bass, cet inoubliable polar, marqué à mi-chemin par un rebondissement étourdissant, reste encore à ce jour une oeuvre définitive sur l'obsession et la culpabilité. Un film extrêmement personnel pour son réalisateur, qui fit de sa star féminine Kim Novak l'incarnation absolue de l'inatteignable blonde Hitchcockienne, source de tous les fantasmes. Bref, un sacré bout de film, étudié sous toutes les coutures depuis des décennies mais qui reste toujours, lui aussi, cet objet insaisissable refusant de livrer tous ses mystères. Et qu'on ne se lasse jamais de redécouvrir.



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  • « Vercingétorix, la légende du druide roi » : Alésia, morne plaine...
    Jan 15 2022

    Il est des rêves qu'on ferait mieux de ne jamais réaliser. Producteur prestigieux de L'Armée des ombres, Nous ne vieillirons pas ensemble ou encore La guerre du feu, Jacques Dorfmann fantasma durant une bonne décennie le projet Vercingétorix avant de pouvoir enfin le concrétiser. Lui-même déjà réalisateur des longs métrages Le Palanquin des larmes (1987) et Agaguk (1992), il entendait, avec cette troisième mise en scène, rendre un vibrant hommage au chef de guerre unificateur des tribus gauloises face à Jules César. Un héros de légende, vu par Dorfmann comme un lointain ancêtre des futures figures capitales pour l'histoire de France que furent Napoléon et Charles de Gaulle. Entouré de mystère du fait de la rareté des sources historiques fiables le concernant, pratiquement jamais honoré par le 7e art, Vercingétorix était (et reste) une terre et un thème à conquérir pour le cinéma, l'occasion d'une épopée made in France à hauteur de Braveheart.


    Débuté en 1999 dans la région de Sofia, en Bulgarie, avec Christophe Lambert en tête d'affiche après que Guillaume Depardieu ait été un temps considéré, Vercingétorix, la légende du druide roi va hélas très vite virer à la Bérézina pour Dorfmann, son équipe et sa star. Criblé de problèmes de production, handicapé par des soucis financiers, le tournage chaotique ne fut pas aidé par l'absence à la barre de son réalisateur, accablé par un deuil personnel juste avant le début des prises de vue et notoirement aux prises avec l'alcool.


    Même si Christophe Lambert s'est fréquemment confié publiquement sur les raisons du désastre, de nombreuses zones d'ombres subsistent encore sur les coulisses de cette amère expérience. Mais à l'écran, une certitude : on aura beau tenter de voir l'Arverne à moitié plein, Vercingétorix, la légende du druide roi est l'un des plus immenses ratages du cinéma français. Un authentique nanar à la fréquente drôlerie involontaire, accablé par une forme indigente et de piteux acteurs (dont les rugbymen Vincent Moscato, Denis Charvet et Jean-Pierre Rives, égarés ici en guest stars). Bref : une défaite historique, qui vaudra au pack Dorfmann une récompense critique digne d'un bouclier de Brénul ou d'un bizutage à base de goudron et de plumes. Normal.


    Echec tout aussi logique en salle, cette superproduction en costumes a marqué un coup d'arrêt brutal pour la carrière de son réalisateur et, même si le toujours attachant Christophe Lambert a poursuivi son propre chemin sans encombre, Vercingétorix reste probablement sa plus cruelle défaite. Son Waterloo ou, plutôt, son Alésia. Une blessure toujours vive pour l'acteur, qui trainera comme un boulet encore longtemps son inénarrable réplique : « Gauloises, Gaulois ! ». A l'heure de son 20e numéro, Ciné-Crash ne pouvait décemment plus passer sous silence cette épopée du pire, en compagnie des chroniqueurs toujours bien informés François-Xavier Taboni et Yann Valentin. 


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    52 mins
  • « Taram et le chaudron magique », bouillon amer pour Disney
    Dec 11 2021

    Malédiction ! Pour l’inauguration de cette saison 3 de Ciné-Crash, gros plan sur LE dessin animé maudit des studios Disney, celui avec lequel la vénérable maison toucha le fond, en 1985, après de longues années sur la pente douce du déclin. Adaptation d’une saga de fantasy intitulée Les Chroniques de Prydain, écrite dans les années 1960 par l’auteur américain Lloyd Alexander, Taram et le chaudron magique vit sa gestation débuter en 1971. Toujours pas vraiment remis de la mort de Walt Disney en 1966, ses successeurs misaient alors sur The Black Cauldron (titre du futur film en version originale) pour redorer le blason de la compagnie, un peu terni au fil de la décennie. Mais tout au long des années 1970, et même lorsque Taram entrera enfin en production, en 1980, les plaies de toutes sortes s’abattront sur ce long métrage maudit : problèmes chroniques d’écriture, casse-tête technique, révolution de palais et, surtout, luttes fratricides entre diverses générations d’animateurs au sein du groupe…


    Inhabituellement sombre pour un Disney, fortement influencé par la mode d’une dark fantasy sévissant à Hollywood au début des années 1980, Taram et le chaudron magique fut remonté en toute hâte par le tout nouveau présent du département cinéma, Jeffrey Katzenberg, afin de le rendre le plus familial possible… Raté : trop effrayant pour les enfants, le résultat final, par ailleurs desservi par des personnages trop mal creusés, n’est alors pas non plus assez mature pour les adultes. Taram et son chaudron de malheur s’effondrent au box-office de juillet 1985, battus même par les Bisounours…. et une ressortie de E.T. ! Quarante-six ans après la sortie du film, bénéfice-t-il enfin d’une réhabilitation ? Ciné-Crash revient sur les tenants et aboutissants de cette catastrophe industrielle.



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    55 mins
  • « Le Géant de fer » : un bijou d’animation trahi par son studio
    Apr 16 2021
    En 1999, le futur réalisateur des « Indestructibles » et de « Ratatouille » signa pour Warner un classique du dessin animé, hélas coulé par une sortie bâclée.

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    57 mins
  • « Flash Gordon » : le blockbuster flashy perdu dans l’espace
    Mar 12 2021
    En 1980, cette fastueuse première (et dernière) adaptation au cinéma du célèbre comic strip rebuta les foules, peu réceptives au kitsch assumé du film.

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    1 hr and 24 mins