Il a enflammé à la mi-juillet le public du festival Les Suds à Arles. Et il tourne tout l'été sur les plus grandes scènes du monde, Israel Fernández est le plus grand chanteur de flamenco de sa génération.

« Le chant est un don de Dieu qui nous est donné à la naissance. Il ne s’apprend pas, mais on peut l’améliorer avec le temps. » Israel Fernández est habité par son art. Sur scène, torse bombé, gestuelle virile, il joue de son corps et de sa chevelure pour perpétuer l'image et la tradition du flamenco romani.

Une tradition que le natif de la région de Tolède a acquise très tôt. Dès l'âge de onze ans, il remporte ses premiers concours. Aujourd'hui, âgé de 35, il atteint la maturité technique. Sa maitrise vocale est jugée impressionnante par les puristes. Ses deux derniers albums, Amor et Pure sangre ont d'ailleurs été nominés aux « Latin Grammy's » américains.

Hérité de Camaron de la Isla et d'Enrique Morente, les deux géants andalous, Israel Fernández revendique la liberté de s'exprimer, y compris sur les questions sociales. Racisme ou violences conjugales.

« Camaron, c’est celui qui a réussi à créer un univers nouveau. J'entends par là, une façon de sentir différemment les choses en tenant compte des bases du flamenco. Ce qu’il faut faire avec cette musique, c’est d’éviter de casser ce qui est bien fait, tout en restaurant ce qui est ancien. »

Et comme il n'est pas de grand chanteur flamenco sans un grand guitariste. Israel Fernandez s'est entouré du meilleur, Diego del Morao, digne héritier de Paco de Lucia.

Pour les 20 ans de la disparition de Claude Nougaro, le chanteur et trompettiste Yvan Cujious et le guitariste Louis Winsberg lui rendent hommage avec Une voix, six cordes. Ce disque de dix titres revisite en guitare-voix quelques standards du chanteur, mais aussi des titres un peu moins connus.

Le jazz et la java, Toulouse, Cécile ma fille, sont quelques-unes des chansons qui sont revisitées sur cet album où les invités sont nombreux : Thomas Dutronc, Anne Sila, Francis Cabrel et même Bigflo & Oli. De grands musiciens comme les guitaristes Rocky Gresset ou Jean-Marie Ecay ont répondu présents eux aussi.

Yvan Cujious est à l’origine du projet. Il est toulousain comme Claude Nougaro et fut un proche du chanteur. Leur amitié est née alors que lui était encore professeur de physique à Toulouse avant de plonger définitivement dans la musique. Pour lui, ce disque « n’est rien d’autre qu’une histoire d’amitié, presque de famille ». Il est vrai qu’avec l’épouse du chanteur, Hélène Nougaro, il a organisé ces dernières années bon nombre de concerts ou d’expositions de dessins de Nougaro (qui était aussi un très bon dessinateur).

Quant à Louis Winsberg, l’un des musiciens les plus recherchés sur la scène jazz en France (il est notamment le fondateur du groupe Sixun), il a choisi de mettre l’accent dans ses arrangements sur la dimension jazz et les influences espagnoles de Claude Nougaro. Il dit avoir abordé ces compositions de manière naturelle, d’autant qu’il avait eu l’occasion à une époque d’accompagner le chanteur sur scène et en studio.

Le disque s’achève sur une version très originale de Toulouse par les frères Bigflo et Oli, originaires, eux aussi, de la ville rose. Il s’agit d’une version instrumentale (jouée par la trompette d’Yvan Cujious) sur laquelle les deux rappeurs déclament un texte dédié au maître des mots disparu en mars 2004.

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Le géant malien de la kora s'est éteint vendredi 19 août à l'âge de 58 ans. Durant toute sa carrière, Toumani Diabaté n'a cessé d'explorer les musiques du monde. Un éclectisme qui se traduit à travers sa discographie. Morceaux choisis avec Olivier ROGEZ

Dès 1988, avec son premier album, Kaira, Toumani Diabaté rend hommage à la tradition mandingue.

Extrait Jarabi (1987-88)

Très vite, ses premières tournées internationales le mettent en contact avec des musiciens du monde entier. Il découvre ainsi l'ensemble flamenco Ketama. S’ensuivent deux albums Songhaï 1 en 1988 et Songhaï 2 deux ans plus tard.

Extrait A Toumani (album Songhaï 1, 1988)

Homme de rencontre et de mariages musicaux, il va produire avec le géant du blues mandingue, Ali Farka Touré un premier album In the Heart of the Moon considéré aujourd'hui comme un chef-d'œuvre.

Extrait Mamadou Boutiquier (2005)

Trois ans plus tard, il produit The mandé variations, son œuvre la plus mystique et la plus inspirée.

Extrait : Ali Farka Touré (2008)

Marqué dans son adolescence par les grands orchestres comme le Rail Band du Mali ou le Bembeya Jazz de Guinée, il fonde sa propre formation, le Symmetric orchestra et publie Boulevard de l'Indépendance

Extrait Africa Challenge (2006)

L'incontournable rappeur Eminem vient de sortir son 12ᵉ album studio, quatre ans après le dernier. Ce nouvel album s'appelle The Death Of Slim Shady. L'Américain de 51 ans y évoque sa lutte contre ses addictions et sa relation avec son alter ego violent.

Un travail d’adaptation en français de poésies brésiliennes issues de la bossa nova des années 60 (Tom Jobim, Chico Buarque, Caetano Veloso, Vinícius de Moraes, Carlos Lyra, Adoniran Barbosa…) au plus proche du sens et de la sonorité d’origine. Tropic Hotel, c'est un homme (Frédéric Jean, ex-Hyperclean) et une femme (Sandra Campas) qui jouent et chantent, face à face, le discours amoureux.

Partis de la forme brute de la bossa, le Tropic Hotel n'hésite pas à s'aventurer sur les sentiers électriques de la pop exotica et nous entrainent dans un véritable road movie musical. Ce sont des histoires d’amour. D’abord celle de Sandra et Frédéric. En 2014, alors élève au conservatoire de jazz de Montauban dans le sud de la France, Sandra rencontre Frédéric. Le week-end, ils se retrouvent dans une petite cabane perdue au fond des bois pour jouer de la bossa nova, nus. S’inspirant des surréalistes, ils s’essaient à des adaptations à partir de jeux littéraires. Sandra chante en brésilien et Frédéric interprète ce qu’il entend en français. Ils appellent cela des « bossas sourdes ».

Fin 2016, Sandra se lance dans des adaptations, au plus proche du sens et de la sonorité d’origine. Il apparaît évident que c’est ce qui restitue le mieux la poésie crue de ces textes brésiliens des années 60.

Au printemps 2017, ils décident alors de les partager sur scène. Frédéric fait quelques propositions d’arrangements plus électriques et peu à peu se dessine le répertoire, nouvel havre pour ces poèmes d’amour. On laisse la cabane pour le Tropic Hotel.

Tropic Hotel Tum Tum Bossa (Velvetica 2024)

Le chanteur et acteur franco-canadien Aliocha Schneider s’est produit la semaine dernière sur la scène des 40ᵉ Francofolies de la Rochelle dans le sud-ouest de la France. Il y a présenté son troisième album éponyme intitulé sobrement Aliocha Schneider.

À la Rochelle, Aliocha Schneider s’est produit dans une petite salle de 300 places, le théâtre Verdière. Une ambiance intimiste qui était en parfait accord avec l’atmosphère que dégagent ses nouvelles chansons aux accents de pop anglo-saxonne. Dans ses dix chansons, il est question d’amour, de relation à distance et de désir. Les textes sont pour la plupart écrits en français, contrairement aux deux précédents disques écrits en anglais. Parmi ces nouveaux titres, il y a Ensemble qui a vite connu un joli succès. C’est une ballade, intime et murmurée qui cumule des millions de vues sur les plateformes d’écoute en ligne.

Ce nouvel album, Aliocha Schneider l’a écrit en grande partie en Grèce. Il y a passé plusieurs mois en tant qu’acteur pour le tournage de la série de Cédric Klapisch Salade grecque. C’est un pays qui l’a inspiré lorsqu’il s’est agi de composer les musiques : elles sont plus percussives et chaleureuses que sur ses deux précédents albums.

Aliocha Schneider est actuellement en tournée. Dimanche 21 juillet, il chantera en clôture du festival Les Intemporelles dans l’Indre dans le centre de la France. Une série de dates est ensuite prévue dès la rentrée à travers toute la France.

Yamê, c'est le nom de scène du Franco-Camerounais Emmanuel Sow, révélation masculine de ces derniers mois depuis la sortie de son deuxième album : Elowi. Il est programmé dans tous les festivals de l'été, des Vieilles Charrues aux Francofolies de la Rochelle en passant par les Francos de Montréal ou le prestigieux festival de Roskilde au Danemark. Et son concert à l'Olympia le 6 février prochain affiche déjà complet.

L'auteur-compositeur trentenaire autodidacte a lâché son job de gestion des datas informatique pour se consacrer à la musique. Il commence dans le hip hop, sort un premier album en 2021 Agent 237, 237 comme l'indicatif du Cameroun, le pays de son père. Il fréquente aussi les jams sessions, et ces séances d'improvisation vont lui ouvrir de nouveaux horizons mélodiques et musicaux. La possibilité aussi de mettre en avant sa voix capable d'aller dans les aigus. Son ascension musicale, il la raconte sur le titre Business. Il s'y définit comme un « bantou bionique ». Bantou, du fait de ses origines camerounaises.

Né en région parisienne, d’une mère informaticienne franco-malgache et d’un père musicien sénégalo-camerounais, Yamê a vécu de ses 5 à ses 10 ans à Douala, au Cameroun. En grandissant, il pianote sur les instruments de son père, M'Backé Ngoup'Emanty. Il écoute les disques familiaux de soul, de Papa Wemba, de Meiway, des stars camerounaises, comme André Marie Talla, Ben et Grâce Decca, ou françaises comme Sardou, Fernandel ou Gainsbourg. Autant de références qui ont infusé dans sa marmite. Même s'il invente son style et son flow. D'ailleurs, en langue M'bo du Cameroun, Yamê veut dire « le verbe ». Un verbe au service d'une musique sans frontières, binationale, trait d'union entre l'Afrique et la France.

Pour suivre Yamê et connaître toutes les dates de sa tournée : YouTube / Instagram / Facebook / TikTok

Le fils aîné du légendaire Fela Kuti se produit en concert ce 16 juillet au Cabaret Sauvage avec sa formation The Positive Force. Ils seront une douzaine sur scène pour transformer la scène parisienne en chaudron bouillonnant où l'on retrouve l'énergie et la transe qui animent le New Africa Shrine, le club de Lagos que Femi Kuti dirige et où il se produit plusieurs fois par semaine.

Femi Kuti a hérité des dons de son illustre père : il maîtrise le saxophone comme lui, mais se distingue aussi à la trompette et bien sûr au chant. Chez les Kuti en effet, on fait de la musique depuis sept générations.

Né à Londres en 1962, Femi, de son nom complet Olufela Olufemi Anikulapo Kuti, grandit à Lagos et est initié au saxophone par son père. À 19 ans, il tient déjà le saxophone soprano dans la formation paternelle Africa 70. Musicalement, il s'inscrit dans la lignée de son père : l'afrobeat et y ajoute sa touche.

L'afrobeat, c'est ce mariage des sonorités d'Afrique de l'Ouest, notamment la musique traditionnelle yoruba et le highlife, avec le funk, le jazz et la soul américains. Femi pourra au fil des années les hybrider avec le punk, le reggae, l'électro ou le hip hop comme sur le titre Missing link que l'on trouve sur son album Fight to win en 2001.

Femi a repris le flambeau du père, celui qui s'est opposé à la dictature militaire au Nigéria, qui fut le chantre de la justice sociale et du panafricanisme. À son tour, Femi dénonce inlassablement la corruption des élites, l'impérialisme, les inégalités qui minent le Nigeria.

Cela ne lui a pas valu que des amis. Il s'est par exemple fait critiquer pour son titre Sorry Sorry dans lequel il chantait en 1998 « je suis désolé pour le Nigeria, désolé pour l'Afrique » en dénonçant la corruption des hommes politiques et les souffrances des citoyens. Avec l'âge, il se dit moins en colère, en recherche de spiritualité, et milite pour la paix.

Son dernier album en date, sorti en 2021, s'intitule Stop The Hate (traduction : arrêter la haine). Et Femi transmet à son tour le flambeau musical et politique à la génération suivante, en la personne de son fils Madé qui ajoute son album au sien sur Legacy+.

Retrouvez Femi Kuti en concert au Cabaret Sauvage à Paris ce mardi 16 juillet 2024. Un concert RFI / France 24. Femi Kuti est également l'invité de l'émission culturelle de France 24 Arts24.