• États-Unis: Joe Biden peut-il tenir jusqu’au 5 novembre?
    Jul 19 2024

    Le Monde en Questions de cette semaine revient sur la campagne électorale pour l’élection présidentielle aux États-Unis qui doit avoir lieu le 5 novembre prochain, en particulier sur le positionnement plus que compliqué du président sortant Joe Biden. La question est la suivante : Joe Biden peut-il espérer remonter la pente ?

    La réponse à cette question est que cela sera très difficile. Et peut-être impossible, tant la position du président des États-Unis Joe Biden apparaît de plus en plus fragile. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis quelques semaines : un débat totalement raté face à Donald Trump le 27 juin, des signes de faiblesse évidents lors du sommet de l'Otan il y a dix jours, et l'annonce qu'il doit rester à l'isolement quelques jours après avoir attrapé le Covid alors qu'il est pourtant vacciné. Sans parler de la tentative d'assassinat contre Trump la semaine dernière, qui non seulement a grandement profité à ce dernier en termes d’image, creusant encore un peu plus le fossé entre le Républicain, fort, solide et dynamique, protégé de Dieu lui-même pour certains et, en comparaison, Joe Biden, usé et fatigué, qui inquiète de plus en plus le camp démocrate.

    Certains poids lourds du Parti démocrate lui conseillent de renoncer...

    Depuis fin juin, de plus en plus de personnalités du Parti tentent de faire pression sur le président sortant pour l'inciter à renoncer et à laisser la place à un autre candidat ou à la vice-présidente Kamala Harris. Jusqu'à Barack Obama, dont Joe Biden a été le vice-président... Selon le Washington Post, il aurait indiqué à son proche entourage que l’actuel hôte de la Maison-Blanche, âgé de 81 ans, devrait « évaluer sérieusement la viabilité de sa candidature »...

    Mais, jusqu'ici, Joe et sa femme Jill, qui joue un rôle essentiel auprès de lui, estiment qu'il est le seul à pouvoir battre Trump dans un peu plus de 100 jours.

    Pourtant, les sondages sont préoccupants, notamment dans les fameux « États-clés »...

    Ces États, au nombre de sept, peuvent basculer l'élection d'un côté ou de l'autre, jouant un rôle essentiel de victoire à la marge, mais décisive. Ils apportent les quelques grands électeurs qui permettent d'atteindre la barre fatidique des 270 - chiffre indispensable pour remporter la victoire. Dans quatre de ces États, la Géorgie, le Nevada, l'Arizona et la Caroline du Nord, l'avantage Trump semble d'ores et déjà trop installé pour être rattrapé.

    Et la situation est critique dans trois États anciennement industriels de ce qu'on appelle la « Rust Belt » : le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Trump l'a si bien compris que, pour asseoir son avantage, il a choisi comme colistier un régional de l'étape, JD Vance, originaire du Wisconsin.

    À 100 jours de l'élection, tout peut certes changer. Mais la dynamique est clairement du côté de Trump, auréolé désormais du statut de miraculé après la tentative d'assassinat du week-end dernier. Pour les démocrates, et particulièrement pour Joe Biden, l'heure du choix approche. Faire le dos rond et se maintenir en attendant que ça s’arrange, ou renoncer avant qu’il ne soit trop tard. Comme on dit en anglais : « time flies », le temps passe… très vite, dorénavant.

    À lire aussiÉtats-Unis: face à un maintien de Joe Biden, des démocrates craignent pour leurs sièges au Sénat

    Show more Show less
    3 mins
  • La France, le Royaume-Uni et les États-Unis sont-ils des démocraties en crise?
    Jul 12 2024

    Le Monde en Questions de cette semaine revient sur les législatives qui viennent de se dérouler en France et au Royaume-Uni, et l'élection présidentielle qui se profile aux États-Unis dans quatre mois. La question est la suivante : dans ces trois pays, la démocratie représentative est-elle en danger ?

    La réponse est oui, la démocratie représentative est en danger, même si on peut noter des éléments de solidité et de résilience de l'instance démocratique dans ces trois états.

    Au Royaume-Uni, à priori, les toutes récentes élections générales, qui ont porté le parti travailliste Labour au pouvoir, semblent démontrer que le système parlementaire et démocratique fonctionne correctement. Deux grands partis qui s'affrontent, avec chacun un dirigeant clairement désigné, et un résultat qui dégage une majorité absolue forte au Parlement.

    Mais dans ce paysage qui peut sembler idyllique, on voit aussi l'apparition d'une formation nationaliste et anti-migrants : « Reform UK ». Elle n'obtient certes que quelques sièges à la Chambre des communes, mais recueille 14 % des voix. Preuve que la tentation populiste progresse, même dans ce pays qui a été un précurseur de la démocratie parlementaire.

    La France dans une crise de régime ?

    Peut-être que la France n'est pas loin d'une crise de régime. En tout cas, le résultat de ces élections, provoquées par la décision présidentielle de dissolution, laisse apparaître un Parlement éclaté en trois blocs minoritaires qui, pour l'instant, refusent de travailler ensemble pour former une coalition. Ce qui laisse le pays sans possibilité de nouveau Premier ministre, de nouveau gouvernement et d'une majorité à l'Assemblée nationale.

    À la différence du Royaume-Uni, il y a en France le président. Mais il fait partie du problème, puisque c'est lui qui a décidé de dissoudre la précédente Assemblée. C'est donc à ce stade le blocage qui pourrait à terme déboucher sur une crise de régime sans solution rapide.

    À lire aussiFrance : l'instabilité politique est-elle une menace pour l'économie ?

    C'est aussi le système de scrutin majoritaire qui est en crise, parce qu'il ne peut fonctionner correctement qu'avec deux grands blocs. Et les ambitions des uns et des autres pour l’élection présidentielle, en principe en 2027.

    Aux États-Unis, Biden interroge

    C’est autour de la figure et des agissements du président des États-Unis que se noue la crise politique. Même si le Congrès joue un rôle très important de contre-pouvoir, Joe Biden reste figure centrale du système politique américain. Entre le comportement d’un Donald Trump, qui a contribué à aggraver la défiance envers le fonctionnement démocratique le 6 janvier 2021 lors de l’assaut du Capitole, et qui pourrait revenir au pouvoir en novembre prochain, et en face un Joe Biden usé, vieilli, fatigué, qui pour l’instant s’accroche à sa candidature, dans un pays plus polarisé que jamais, il y a potentiellement un danger pour la démocratie.

    France, Angleterre, États-Unis, dans ces trois pays, à de divers degrés : le système représentatif connait des difficultés. À la grande joie des régimes autoritaires, la Chine et la Russie en tête. Mais, à regarder l’Histoire, la démocratie, « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres », comme disait l'ancien Premier ministre Winston Churchill en a vu d’autres. Il faut imaginer la démocratie victorieuse.

    À lire aussiÉtats-Unis: la conférence de presse de Joe Biden ne rassure pas le parti démocrate

    Show more Show less
    3 mins
  • États-Unis: la Cour suprême a-t-elle renforcé l'immunité du président?
    Jul 5 2024

    Le 1ᵉʳ juillet, aux États-Unis, la Cour suprême a rendu un arrêt concernant l'immunité du président, suite aux poursuites à l'encontre de l'ancien président Donald Trump. La décision ne concerne pas uniquement le nouveau prétendant à la Maison-Blanche, elle s'appliquera à tous les présidents. Et dans le pays, l'arrêt suscite la controverse.

    Dans son arrêt, la Cour suprême établit un distinguo subtil entre les actes officiels et non officiels du président des États-Unis : « Le président ne jouit d'aucune immunité pour ses actes non officiels », mais : « il a le droit au moins à une présomption d'immunité pour ses actes officiels ». En clair, pour les actes officiels du président, ce dernier a droit non pas à une immunité, mais à une présomption, ce qui renvoie en fait toute décision au niveau des tribunaux de première instance. Cela signifie aussi qu’il s’agira d’une politique du cas par cas.

    Et en l’occurrence, concernant les deux procès prévus pour Donald Trump, le premier sur sa volonté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020, le deuxième sur ses propos sur le 6 janvier 2021, lors de l’assaut du Capitole, il faudra décider s’il s’agit d’actes officiels ou non officiels, ce qui va prendre du temps et retarder donc la date des procès, espèrent ses avocats, après l’élection présidentielle du mois de novembre. Et c’est exactement ce que recherche Trump qui, s’il remportait le scrutin, pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l'arrêt des poursuites fédérales à son encontre.

    À écouter aussi3. Le candidat Trump au tribunal

    Une décision de la Cour suprême qui fait polémique

    La décision de la Cour suprême fait controverse, critiquée par certains, approuvée par d'autres, en fonction de la façon dont on envisage le rôle du président. Ce qui est certain, c'est que l'arrêt peut être qualifié de « mi-chèvre mi-chou ». Donald Trump et ses avocats réclamaient une immunité absolue pour les actes du président quand il est en fonction, ce qu'ils n’ont pas obtenu, mais l’avis rendu par la Cour va tout de même dans le sens de l’ancien président.

    La Cour était profondément divisée : sur les neuf juges en poste, six ont voté pour et trois contre la décision rendue publique. Le débat sur l’indépendance de l’institution risque d'être relancé : ce sont les six juges conservateurs, dont les trois nommés par Donald Trump au cours de son mandat, qui ont voté le texte, alors que les trois juges progressistes s’y sont opposés.

    Les opposants à cette décision dénoncent un texte dangereux, car, pour eux, il renforce une forme d’impunité du président. La critique est celle d’une dérive vers un pouvoir absolu, transformant le locataire de la Maison-Blanche en « roi au-dessus des lois dans chaque usage de son pouvoir officiel », comme l’a écrit la juge Sotomayor, dans son avis de désaccord.

    Et pour de nombreux Américains, leur Constitution a été établie contre la royauté britannique en 1776 pour établir une république rendant justement impossible qu’un seul homme, comme le roi d’Angleterre à l’époque, ait les pleins pouvoirs et une impunité totale. Voilà pourquoi cette décision de la Cour suprême n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre.

    Show more Show less
    3 mins
  • Le service militaire pour les «haredim», un tabou brisé en Israël?
    Jun 28 2024

    Cette semaine, la Cour suprême israélienne a ordonné la conscription des étudiants en école talmudique, ceux appelés les « haredim » en hébreu, et qui étaient dispensés de service militaire depuis la création de l’État hébreu en 1948.

    C’est un tabou que la Cour suprême vient de briser en Israël. Elle renvoie le pays à ses ambiguïtés, entre le sionisme laïque et socialiste qui a construit la nation israélienne et le messianisme religieux qui imprègne l’histoire du peuple juif.

    À la création de l’État hébreu, en 1948, c’est David Ben Gourion qui souhaite rassembler en Israël tous les juifs qui le souhaitent, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs convictions politiques et religieuses. Ce qu’il veut alors, c’est apporter la sécurité à ses contemporains qui viennent de vivre l’épreuve terrible et inhumaine de la Shoah. Et donc, c’est lui qui décide de respecter les demandes du courant ultra-orthodoxe, qui estime que l’étude de la Torah est essentielle et doit être une activité à plein temps. C’est ainsi que les étudiants des écoles talmudiques sont exemptés de service militaire. Il faut dire qu’à l’époque, ils ne sont qu’une centaine.

    À lire aussiIsraël a 70 ans: paroles de bâtisseurs

    Cette situation perdure de longues années, même si assez vite certains militants laïques ou des responsables militaires trouvent ce régime d’exemption trop discriminatoire. Mais ces « haredim », comme on les appelle en hébreu, revendiquent leur style de vie et leur mission d’étude approfondie de la Torah.

    Mais au fil du temps, les positions des deux camps se durcissent. Depuis 1998, la Cour suprême est régulièrement saisie par des mouvements laïques qui estiment que cette rupture d’égalité face au devoir militaire est tout simplement inacceptable.

    Depuis le 7-Octobre, la remise en cause croissante de l'exemption de service militaire pour les « haredim »

    La décision de la Cour suprême arrive dans un contexte dans lequel se pose le problème des effectifs et surtout des rotations de ces effectifs militaires déployés dans la bande de Gaza et aussi au nord du pays. D’autant plus que les étudiants ultra-orthodoxes ont fait beaucoup d’enfants depuis 1948. Ils représentent aujourd’hui 13% de la population, et sont plus de 160 000 à étudier la Torah.

    À lire aussiEn Israël, les ultraorthodoxes devront-ils bientôt faire l’armée ?

    Et c’est donc ce moment, alors que la Knesset, le Parlement israélien, étudie un texte de loi sur la fin de l’exemption, que choisit la Cour suprême pour rendre son avis. Un avis motivé par les circonstances actuelles : « En plein milieu d'une guerre difficile, l'inégalité du fardeau est plus marquée que jamais et requiert la mise en place d'une solution durable ».

    Seulement voilà : l’adoption de ce texte par le Parlement pourrait conduire à de vives tensions au sein de la coalition gouvernementale dirigée par Benyamin Netanyahu, où cohabitent opposants et partisans de cette mesure. À suivre donc. Mais la Cour suprême, elle, a choisi son camp.

    À lire aussi«Rien n'a changé pour nous sur le plan sécuritaire»: à Gaza, pas un jour sans morts ni blessés

    .

    Show more Show less
    3 mins
  • Dans le sud du Liban, l'ombre d'un conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah?
    Jun 21 2024
    Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, une autre bataille se déroule parallèlement le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban - un jeu risqué de coup pour coup qui s’est intensifié ces dernières semaines. Sommes-nous vraiment à la veille d’un nouveau conflit ? Jamais les deux pays et, par extension, le Moyen-Orient, n’ont été aussi proches d'un conflit depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël. Les propos de plus en plus belliqueux et les provocations des deux côtés de ces quelques dizaines de kilomètres de frontière, le dangereux « flirt » avec les fameuses lignes rouges dénoncées par bon nombre d’observateurs, le nombre effarant de tués en quelques mois - plus de 500 du côté libanais, une vingtaine côté israélien - font raisonner les sombres tambours de la guerre totale.L’émissaire de Washington, Amos Hochstein, l’un des plus proches collaborateurs du président Joe Biden, a lancé un avertissement cette semaine : « La situation est dangereuse » a-t-il déclaré, avant de se lancer dans une visite aux allures de dernière chance.Un marqueur important restera sans doute les images saisissantes du drone de reconnaissance, largement diffusées par le Hezbollah, il y a quelques jours, montrant, très clairement, les villages et les kibboutz frontaliers, mais aussi et surtout des cibles potentielles - navires de guerre, réservoirs de pétrole et même l’aéroport de la grande ville d'Haïfa, située à 30 km du Liban.Un pied de nez propagandiste des miliciens chiites au gouvernement et à l’État-major israéliens. D’ailleurs, ces derniers ont concomitamment annoncé avoir approuvé des « plans opérationnels en vue d’une offensive ». Cela alors que le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz menaçait le Hezbollah de destruction en affirmant « que son pays était très proche du moment de la décision de changer les règles du jeu ».Rien de très rassurant en somme, d’autant que le Hezbollah, plus grande milice armée de la planète, n’est pas le Hamas : son arsenal est estimé à un peu moins de 200 000 roquettes et missiles et pourrait, en cas de guerre, saturer le Dôme de fer, le système antimissile israélien. Et, enfin, l’offensive sur le Liban, un autre front donc, ne ferait pas consensus dans un pays qui semble loin d’en avoir fini avec Gaza.La pression sur le gouvernement israélien ne faiblit pasLa pression politique sur le gouvernement israélien ne faiblit pas dans les rues du pays. Parmi les manifestants, qui par centaines de milliers, se retrouvent chaque week-end à Tel-Aviv pour dénoncer la politique du Premier ministre Benyamin Netanyahou et sa stratégie à Gaza, un nombre croissant de résidents de l’extrême nord d'Israël. Ceux-ci sont 140 000 à avoir été évacués de leurs communautés de la frontière libanaise et attendent depuis d’interminables mois de rentrer chez eux, hébergés aux frais du gouvernement, dans des hôtels de Galilée, un peu plus au Sud. L’armée israélienne qui a mobilisé des dizaines de milliers d’hommes sur la frontière, ne peut prendre le risque en l’état d’autoriser le retour de ces déplacés internes.Le Premier ministre israélien joue de plus en plus avec le feu pour sa survie politique, est pris en étau entre ses alliés d’extrême droite va-t-en-guerre et une partie grandissante de la société civile. Il leur a promis un retour en septembre prochain, gageant que la diplomatie aura finalement eu raison des tensions ou bien que l’offensive sur le Liban soit terminée.Les tensions sont source d'inquiétude à WashingtonC’est dans ce contexte d’extrêmes tensions que l’allié américain perd patience : la perspective d’une offensive israélienne sur le Liban est aussi source d’inquiétude à Washington, fidèle et traditionnel allié d’Israël, mais qui a d’ores et déjà rendu public son véto formel, comme celui sur l’offensive à Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza. Et les dernières sorties de Benyamin Netanyahou dans la presse - accusant l’administration américaine de « retenir ses livraisons d’armes, des armes dont Israël a besoin dans la guerre pour son existence » - ont été très fraîchement accueillies dans l’entourage de Joe Biden. Ce dernier supporte de moins en moins la fuite en avant solitaire et incontrôlable du chef du gouvernement israélien. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale s’est d’ailleurs déclaré « profondément déçu et offensé étant donné l’ampleur du soutien américain à l’État hébreu ». Quoi qu’il en soit, Benyamin Netanyahou est attendu à Washington le 24 juillet prochain, en pleine campagne pour les élections présidentielles et législatives, pour prononcer un discours devant le Congrès.
    Show more Show less
    4 mins
  • Le G7, pour quoi faire?
    Jun 14 2024

    Les chefs d’État et de gouvernement des pays membres du groupe des 7 sont actuellement réunis dans la région des Pouilles, au sud de L’Italie. Un sommet lors duquel la Chine devrait dominer les discussions. Mais le G7 est-il encore une organisation pertinente ?

    C’est la question que l’on se pose depuis déjà quelque temps. Lors de la création de cette instance au milieu des années 1970, les sept pays qui la composaient, États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon, et Canada, étaient de très loin les états les plus industrialisés et donc les plus puissants, les plus riches de la planète. Leurs économies combinées représentaient les deux tiers du PIB mondial.

    Une instance créée pour mieux coordonner les politiques macro-économiques de ces États, durement frappées par le choc pétrolier et la fin du système de Bretton Woods. C’était donc une volonté d’échanger directement, de manière informelle, et sans le filtre des conseillers, entre chefs d’État et de gouvernement.

    Cette instance a-t-elle été efficace à l’époque ?

    C’est un système qui a permis une gouvernance plus ou moins efficace de l’économie mondiale pendant une vingtaine d’années. Avec la chute de l’URSS en 1991, la Russie a rejoint le système de l’économie de marché et a été admise au sein du G7 qui est donc devenu le G8 entre 1998 et 2014, date à laquelle, suite à l’annexion de la Crimée, Moscou a été exclue.

    Parallèlement, depuis le début des années 2000, la situation a évolué rapidement avec la montée en puissance de grands pays émergents comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud. Pour sauvegarder le système bancaire international, on a décidé d’intégrer ces nouvelles économies importantes à sein d’une nouvelle organisation, le G20, incluant les sept pays occidentaux et 13 autres États.

    À lire ou à écouter aussiAu G7, «l'incertitude risque de freiner la capacité des chefs d'État à prendre des décisions durables»

    Fallait-il maintenir le G7 ?

    Pour certains économistes et spécialistes de géopolitique, la pertinence du G7 s’est en tout cas posée. Et ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que, depuis l’exclusion de la Russie en 2014, l’organisation est devenue autant une organisation qui parle coordination économique qu’un club des pays occidentaux qui défendent aussi un système de valeurs humanistes, un système politique, la démocratie libérale et l’état de droit. Précisément au moment où ce modèle est de plus en plus contesté par d’autres acteurs sur la scène internationale.

    En ce sens, le G7, pour les pays concernés, reste une organisation pertinente. À condition que les valeurs partagées le soient vraiment, ce qui n’est plus une évidence quand on voit le positionnement de l’Italie sur certaines questions de sociétés comme l’avortement. En ce sens, l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes dans certains pays du G7 pourrait avoir un impact sur la cohésion de ce club vieux de 50 ans.

    À lire aussiLes relations commerciales avec la Chine au centre des débats de la deuxième journée du G7 à Bari

    Show more Show less
    3 mins
  • La commémoration du Débarquement, une cérémonie pour le présent aussi?
    Jun 7 2024

    Les cérémonies qui viennent de marquer le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie étaient-elles plus politiques que d’habitude ?

    La réponse est oui. Certes, la mémoire des dizaines de milliers de combattants qui ont participé au Débarquement a été largement honorée. La détermination des nations démocratiques, États-Unis et Royaume-Uni en tête, aussi.

    Mais, dans les discours des présidents français et américains, les tensions géopolitiques actuelles étaient bien présentes. C’est Joe Biden qui parle du combat de la liberté contre la tyrannie, de l’invasion de l’Ukraine par un tyran, du rôle prééminent de l’Otan, « plus unie que jamais pour défendre la paix et la liberté dans le monde », Emmanuel Macron qui évoque le combat juste contre les idéologies mortifères.

    Des symboles forts pour marquer la situation géopolitique

    L’un des symboles de cette cérémonie du souvenir rattrapée par les tourments du présent, c’était d’abord l’absence de toute délégation russe, contrairement à ce qu’il s’était passé en 2014, où Vladimir Poutine avait été invité alors même qu’il venait d’annexer la Crimée.

    Et en contrepoint, l’invitation en Normandie du président ukrainien Volodymyr Zelensky, très applaudi. Le rôle de l’Armée Rouge sur le front est pour battre le nazisme en 1944 a néanmoins été évoqué par le chef de l’État français. Comme pour rendre hommage au peuple russe, et non à ses dirigeants, Staline hier, et Poutine aujourd’hui.

    Une réunion du camp occidental ?

    En effet, avec la certitude que la paix et la liberté ne sont jamais acquises, qu’il faut parfois se battre pour les préserver. Joe Biden a été très clair. Montrant les croix blanches du cimetière de Colville, il a lancé : « La paix n’est pas gratuite ». Une façon pour lui de souligner que la mobilisation en faveur de l’Ukraine ne doit pas faiblir. Et Biden a ensuite estimé que « l’isolationnisme n’est pas la solution », façon de critiquer le camp républicain et en particulier son adversaire à l’élection présidentielle Donald Trump.

    Quatre-vingts ans après le Débarquement, l’Europe est de nouveau confrontée à la guerre. Et à un combat qui oppose une nouvelle fois un pays dictatorial à des nations certes imparfaites, mais décidées à défendre leur liberté et leur modèle démocratique. Comme si, malheureusement, les leçons de l’Histoire, peu à peu s’effacent.

    Show more Show less
    3 mins
  • Le rapprochement de la Chine-Russie, une alternative à l’Occident?
    May 17 2024

    Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine en visite chez son hôte chinois viennent de signer ce jeudi une déclaration scellant l'approfondissement du partenariat stratégique entre leur deux pays. Cette visite de Poutine en Chine est-elle aussi un message aux Occidentaux et à ce qu’on appelle le sud global ?

    Et bien la réponse est oui. Certes l’aspect bilatéral de cette visite est très important. Elle symbolise l’importance de ce lien ancien et parfois complexe entre Pékin et Moscou. Longtemps, c'était la Russie ou plus exactement l’URSS qui tenait le rôle-titre dans cette association duale. La situation s’est inversée.

    Aujourd’hui c’est Pékin qui domine cette relation. Sa puissance économique et diplomatique est sans commune mesure avec celle de la Russie. Mais en même temps, la Chine apprécie d’avoir pour allié un pays qui reste important et surtout qui a adopté un régime politique similaire à celui de l’Empire du milieu - un régime autoritaire, voire dictatorial, qui veut s’ériger en contre-modèle du système des démocraties libérales occidentales.

    Un message à l'Occident

    C’est un message très clair envoyé à l’Occident. Il proclame que, contrairement à ce qui a longtemps été dit, le développement économique ne débouche pas forcément sur une libéralisation politique. Qu’une économie peut prospérer sans pour autant tomber dans les travers des démocraties - selon les dirigeants russes et chinois : changements trop fréquents de gouvernements, individualisme forcené, et abandon des traditions qui selon eux tiennent une société, le respect, l’obéissance et l’observation des bonnes mœurs, loin de ce qui est décrit comme la décadence occidentale.

    Ce qui n’est pas dit bien sûr, c’est que ce discours convient parfaitement à des élites élues dans des conditions plus que douteuses et qui voient dans l’attachement à ce système le moyen de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir.

    S'adresser au Sud global.

    Xi Jinping et Vladimir Poutine veulent montrer à ces pays qu’il existe une autre alliance que celle des États-Unis et de l’Europe. Une alliance qui porte un rejet du modèle occidental, accusé de vouloir dominer le monde et lui imposer ses valeurs plus que discutables selon eux. Ce message est bien reçu dans de nombreux pays du Sud global - notion discutable, mais qui trouve précisément une de ses justifications dans cette rhétorique anti-occidentale.

    Soit qu’il s’agisse de grands pays émergents qui veulent jouer un rôle autonome sur la scène internationale, comme le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud. Soit de pays moins importants, mais qui veulent sortir du modèle postcolonial auquel ils estiment être encore trop assujettis. C’est le cas en particulier en Afrique.

    En ce sens, cette visite de Vladimir Poutine en Chine consacre aussi une nouvelle forme de guerre froide avec le monde occidental, mais plus protéiforme et moins binaire que la précédente.

    À lire aussiVladimir Poutine à Pékin en quête d'assurances sur l’avenir

    Show more Show less
    3 mins