• Agressions sexuelles dans l’Église : écrire pour témoigner et se réparer
    Jul 19 2024

    Cette émission donne la parole à des personnes qui ont subi alors qu’elles étaient mineures, des agressions sexuelles par des religieux, des personnes qui représentent le sacré. Des victimes qui sont longtemps restées invisibles, murées dans un silence et une culpabilité qui ont rongé leur vie.

    Cet épisode a été enregistré avant la publication le 16 juillet 2024 d’un rapport indépendant (enquête commandée par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre) accusant l’Abbé Pierre - figure iconique de la lutte contre l’exclusion, décédé en 2007 - d’agressions sexuelles sur plusieurs femmes entre 1970 et 2005. Plusieurs années, voire décennies après les faits, des femmes ont osé parler.

    Parler, dire, nommer l’indicible : c’est ce qu’ont réussi à faire des victimes d’agressions sexuelles dans l’Église, qui témoignent dans le livre « Quand le diable a revêtu l’habit » (Éd. Karthala, 2024). Elles ont pu prendre la plume pour écrire leur récit, raconter leurs souffrances, les conséquences et les séquelles sur leur vie et celle de leur entourage, leur démarche pour enfin sortir du silence, dénoncer ces violences sexuelles par des représentants de l’Église catholique. Des agressions sexuelles qui ont un caractère systémique, comme l’a indiqué le rapport de la CIASE, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique publié en octobre 2021 - selon lequel 330 000 personnes ont pu subir ces violences sexuelles lorsqu’elles étaient mineures, au cours des 70 dernières années, par des membres de l’Église, des clercs ou des laïcs.

    Écrire pour sortir de la passivité, raconter son histoire et dénoncer l’inertie de l’Église catholique : c’est l’objectif de cet ouvrage, avec les témoignages de onze victimes de violences sexuelles dans l’Église, vous entendrez les récits de trois d’entre elles. Une initiative lancée par la CRR, la Commission reconnaissance et réparation, dont nous avons reçu en studio son président, Antoine Garapon.

    Invité en studio :

    Antoine Garapon, président de la CRR (Commission reconnaissance et réparation), magistrat, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice et producteur de l’émission « Esprit de justice » à France Culture

    Témoignages de Roland, Yannick et « Pierre », victimes d’agressions sexuelles par des religieux alors qu’ils étaient mineurs, et qui ont effectué les démarches auprès de la CRR. Ils ont publié leurs récits, avec huit autres victimes, dans le livre « Quand le diable a revêtu l’habit » (éditions Karthala, 2024).

    CRR : Commission reconnaissance et réparation.

    Contact téléphonique : +33 9 73 88 25 71

    Contact mail : victimes@crr.contact.

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  • Ukraine : quel rôle des Églises dans la construction de la paix ?
    Jul 12 2024

    Comment sortir de la guerre en Ukraine ? Les Églises peuvent-elles jouer un rôle dans la construction de la paix ?

    Ces questions étaient au centre des réflexions lors d’un colloque organisé en juin dernier (2024) au Collège des Bernardins à Paris, en présence de représentants de l’Église gréco-catholique en Ukraine et de l’Église orthodoxe d’Ukraine, qui a pris son indépendance depuis 2018 en se séparant de l’Église orthodoxe ukrainienne et de son patriarche Cyrille (Kirill en russe) favorable à la guerre.

    Un séminaire de recherche s’est déroulé pendant plusieurs mois au Collège des Bernardins à Paris, qui invitait à intégrer la dimension religieuse de cette guerre. Neuf propositions ont été portées auprès des gouvernements et des Églises à travers le monde.

    Une dimension religieuse du conflit en Ukraine qui a une portée internationale, jusqu’en Afrique, où la Russie étend son influence à travers l’établissement de paroisses par le patriarcat de Moscou.

    Intervenants :

    - Antoine Arjakovsky, historien, co-directeur du département « Politique et religions » du Collège des Bernardins à Paris, auteur de « Pour sortir de la guerre » (éditions Desclée de Brouwer, 2023)

    - Michel Dymyd, professeur, Université catholique d’Ukraine à Lviv, prêtre de l’Église gréco-catholique

    - Sergui Dmytriev, aumônier militaire, prêtre de l’Église orthodoxe d’Ukraine, Kyiv.

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  • Gospels et francophonie : une histoire postcoloniale
    Jul 5 2024

    Les Gospels sont nés aux États-Unis dans une Amérique ségréguée, comme le décrit Sébastien Fath, spécialiste du protestantisme : « L’histoire de ce genre musical prend sa source dans le commerce triangulaire des esclaves, la colonisation, puis la décolonisation et les flux d’immigration Sud-Nord. »

    Les Gospels ont circulé vers les Caraïbes, l’Afrique de l’Ouest et la France. Une histoire qui s’inscrit dans la colonisation puis dans le processus postcolonial, la circulation entre les continents et entre les cultures. « En tant que composante, aujourd’hui, de ce que l’on décrit de plus en plus communément comme les Afrocultures transnationales, ce Gospel francophone qui s’est déployé en Afrique de l’Ouest et dans les Caraïbes ne construit pas seulement ses référentiels par rapport à la Black Culture états-unienne. Tel qu’il s’exprime dans les répertoires du Gospel francophone, ou simplement dans ses modes de présentation, il regarde plutôt vers l’Afrique et les Caraïbes, sans renier pour autant l’importance fondatrice du référentiel de l’émancipation de l’esclavage. »

    Gospels et Francophonie, avec Sébastien Fath en studio et en musique.

    Invité en studio :

    Sébastien Fath, historien, spécialiste du protestantisme, membre du Groupe Sociétés Religions Laïcités (Laboratoire de recherches du CNRS et de l’École Pratique des Hautes Études).

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  • L’histoire incroyable des chrétiens cachés au Japon, ou « kakure kirishitan »
    Jun 28 2024

    Au XVIè siècle, des missionnaires, dont le jésuite François-Xavier, un des fondateurs de la Compagnie de Jésus, arrivent au Japon, à la suite de commerçants venus de Goa (comptoir portugais à l’époque). Les missionnaires s’installent, apprennent la langue et convertissent des Japonais. La communauté catholique japonaise s’agrandit. Mais au XVIIè siècle, le catholicisme est interdit par les Shogun qui dominent le pays d’une main de fer, des persécutions qui dureront plus de deux siècles et demi : tortures, massacres, conversions forcées au bouddhisme, interdiction de pratiquer sa foi chrétienne. Malgré cela, la foi s’est transmise de génération en génération, de façon secrète, sans prêtre, sans clergé, avec très peu d’écrits.

    Ils sont redécouverts à la faveur de la réouverture du pays à la fin du XIXè siècle sous l’ère Meiji, lorsque de nouvelles missions catholiques sont autorisées. Le prêtre Bernard Petitjean des Missions Étrangères de Paris rencontre ces chrétiens cachés à Nagasaki en 1865. Il en témoignera dans de nombreuses lettres que lui et d’autres prêtres ont écrites, que l’historienne Sylvie Morishita a étudiées et qu’elle a fait paraître dans cet ouvrage : « Lettres de Nagasaki. Les chrétiens japonais au milieu du XIXè siècle d’après les Missions Étrangères de Paris » (éditions du Cerf, 2024).

    En 2023, lors d’un reportage sur les traces des chrétiens cachés au Japon, dont certains refusent toujours de rallier l’Église de Rome, la journaliste franco-japonaise Alissa Descotes-Toyosaki découvre dans sa propre famille un héritage de cette tradition chrétienne restée secrète, dont le seul témoignage est une petite statuette d’une Maria Kannon, portant un panier avec un poisson, en réalité une Vierge Marie sous l’apparence de la figure de la déesse de la miséricorde bouddhiste, avec, au dos de la statuette, une croix, symbole de la foi clandestine lors des persécutions. Elle emmène en 2024 sa mère Reiko Descotes-Toyosaki, catholique, dans le sud du pays, à la rencontre de ces chrétiens cachés, qui conservent aujourd’hui encore leurs rites ancestraux et qui ne sont plus que quelques centaines.

    Un pèlerinage également à Nagasaki, où la bombe atomique larguée par les Américains le 9 août 1945 a détruit notamment le quartier d’Urakami, le grand quartier chrétien de la ville, d’où la grand-mère de Reiko Descotes-Toyosaki était originaire.

    Invitées en studio :

    - Sylvie Morishita, historienne, docteure en Théologie catholique de l’Université de Strasbourg, auteure de « Lettres de Nagasaki. Les chrétiens japonais au milieu du XIXè siècle d’après les Missions Étrangères de Paris » (éditions du Cerf, 2024)

    - Alissa Descotes-Toyosaki, auteure d’un reportage sur les chrétiens cachés au sud du Japon (nov.2022)

    - Témoignages audio de chrétiens cachés recueillis dans le sud du Japon par Alissa Descotes-Toyosaki

    - Témoignage de Reiko Descotes-Toyosaki, mère d’Alissa Descotes-Toyosaki, sur sa rencontre avec des chrétiens cachés, « kakure kirishitan », en 2024

    Reportage au musée des Missions Étrangères de Paris, avec le prêtre Antoine de Monjour, autour de l’exposition « Des samouraïs aux mangas, l’épopée chrétienne au Japon ».

    Pour aller plus loin :

    Livres sur le christianisme au Japon :

    - « Devenir Japonais. La mission jésuite au Japon », d’Hélène Vu Thanh, (éditions PUPS, 2016)

    - « La foi des ancêtres. Chrétiens cachés et catholiques dans la société villageoise japonaise XVIIe XIXe siècles », de Martin Nogueira Ramos (éditions CNRS, 2019)

    - « L’art des missions catholiques au Japon (XVIè - XVIIè siècle) », de Sylvie Morishita (éditions du Cerf, 2020).

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  • Aïd-al-Adha, Aïd-el-Kebir ou Tabaski : une année à l’épreuve des crises
    Jun 21 2024

    Cette année, l’Aïd-el-Kebir ou Aïd-al-Adha, appelée Tabaski en Afrique de l’Ouest, était célébrée le 16 ou le 17 juin selon les pays. Traditionnellement liée au hajj, le grand pèlerinage à La Mecque, l’Aïd-al-Adha commémore le geste d’Abraham – Ibrahim – lorsque Dieu lui apparaît en rêve et lui demande de sacrifier son fils. Alors qu’il est sur le point de commettre cet acte, Dieu remplace son fils par un bélier.

    Aujourd’hui, c’est une fête en famille, de partage et de solidarité, dont les célébrations diffèrent selon les pays ou les régions. Certaines subissent les guerres, au Sahel, au Soudan ou à Gaza. Ceux qui ont fui leur pays souffrent de cet éloignement, que tentent de compenser des associations d’aide humanitaire par exemple en France où le nombre de bénéficiaires n’a cessé de grimper ces derniers mois.

    En France, selon les profils sociologiques, les pratiques peuvent changer, notamment autour de l’abattage des moutons : des réflexions théologiques intègrent de nouveaux questionnements sur le végétarisme, dans les pays où la viande est abondante.

    Invités :

    - Sarah Aïter, doctorante en Sociologie politique et spécialiste de l’islam notamment sur les intellectuels musulmans en France

    - Moussa Khedimellah, sociologue des religions diplômé de l’EHESS Paris, spécialiste de l’islam dans l’espace public en France et des nouveaux mouvements religieux.

    Témoignages :

    - Reportage à Gaza (par Rami Al Meghari à Gaza et Sami Boukhelifa, envoyé spécial permanent de RFI à Jérusalem)

    - El Boukary Ben Essayouti, chef de la mission culturelle de Tombouctou au Mali

    - Mohamed Ag Malha, coordinateur du camp de réfugiés de Mbera en Mauritanie.

    - Reportages en France à la Grande Mosquée de Paris et au SIF (Secours Islamique de France).

    - Chems-eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris

    - Souleymane Abagana, directeur des programmes et opérations à l’international au Secours Islamique France

    - Pascal Ramirez, directeur de la mission sociale France au Secours Islamique France.

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  • Inde : l’hindouisme et le nationalisme hindou du BJP
    Jun 14 2024

    L’Inde, et ses 1 milliard 400 millions d’habitants, compte environ 80% d’hindouistes, 13% de musulmans mais aussi des chrétiens, des sikhs, des bouddhistes, des jaïns… un pays-continent complexe, multiple, gouverné depuis plus de 10 ans par le BJP, le parti nationaliste du Premier ministre Narendra Modi, qui a prêté serment début juin 2024 pour un troisième mandat.

    Narendra Modi avait fait campagne en utilisant la religion avec des arguments ouvertement islamophobes, lui qui voudrait faire de l’Inde un « hindu rashtra », une nation hindoue, un pays couleur safran, la couleur de l’hindouisme adoptée par le parti politique au pouvoir, le BJP.

    Mais les résultats annoncés début juin 2024 ne lui ont pas concédé la majorité absolue, Narendra Modi devra donc gouverner en coalition et peut-être cesser de brandir les menaces à l’égard des musulmans et des croyants d’autres groupes religieux du pays.

    Invité en studio :

    Christophe Jaffrelot, chercheur au CERI-Sciences Po et au CNRS, auteur de « L’Inde de Modi, national-populisme et démocratie ethnique », paru en 2019 aux éditions Fayard.

    Reportages de nos correspondants en Inde (Côme Bastin) et de notre envoyée spéciale Clea Broadhurst.

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  • Rites funéraires et croyances : comment passer dans l’au-delà ?
    Jun 7 2024

    Quel rapport les vivants entretiennent-ils avec la mort et avec les morts ? Comment surmonter l’épreuve de la perte d’un être cher ? Quels rites funéraires pour permettre le passage du monde des vivants au monde des morts ? Quelles étapes sont nécessaires aux vivants pour accompagner et accepter cette séparation ?

    L’exposition « Mourir quelle histoire » au Musée de Bretagne (co-produite avec l’Abbaye de Daoulas qui l’a exposée en 2023) présente jusqu’au 22 septembre 2024 quelque 300 objets et des vidéos qui montrent la diversité de ces cérémonials en France, mais aussi ailleurs dans le monde, à Madagascar, au Ghana, au Tibet, au Mexique ou en Amazonie brésilienne.

    Reportage au Musée de Bretagne à Rennes avec Laurence Prod’homme, co-commissaire de l’exposition, conservatrice en chef du Patrimoine, responsable recherche, Musée de Bretagne.

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  • Malaisie, multiconfessionnelle, multiethnique, dominée par l’islam politique
    May 31 2024

    La Malaisie, située en Asie du Sud-Est, est à cheval entre le continent et les îles dont celle de Bornéo que le pays partage avec le Sultanat de Brunei et l’Indonésie.

    Dans ce pays de 34 millions d’habitants, à majorité musulmane, où l’islam politique est la force dirigeante, se côtoient une multitude d’ethnies et de confessions religieuses, qui doivent composer avec la majorité au pouvoir et avec la Constitution de 1957 qui a instauré l’islam comme religion d’État et la préférence aux Malais.

    Quelle est la particularité de la Malaisie ? Quels ont été les différents moments forts dans l’islamisation, et où en est la Malaisie aujourd’hui ? Comment s’articule sa revendication de pays islamique moderne et ouvert sur le monde, avec dans le même temps un conservatisme religieux ?

    Invité en studio :

    David Delfolie, enseignant chercheur à Sciences Po Lille, spécialiste de l’islam en Malaisie, membre de l’IRASEC, l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, auteur de l’article sur la Malaisie « Tous les chemins ne mènent pas à Médine » paru dans l’ouvrage collectif « L’Asie du Sud-Est 2024, bilan, enjeux et perspectives » publié par l’IRASEC.

    Entretien avec Sophie Lemière, politologue et spécialiste de la Malaisie, basée à Kuala Lumpur.

    Reportage à Kuching sur le dialogue interreligieux dans l’État de Sarawak / Juliette Pietraszewski.

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