• Un habit, une histoire

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Un habit, une histoire

By: RFI
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  • Chaque costume a une histoire : l'Ispoti en Afrique du Sud, le bomba au Bénin, le Hanfu en Chine, le Dengri en Tunisie ou encore le Kadamoul au Tchad… RFI conte l’histoire des habits du monde.

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Episodes
  • Le dengri, le look branché des Tunisiens
    Sep 3 2022

    C’est un vêtement qui traverse les âges et les générations en Tunisie. Le dengri, un bleu de travail porté par les ouvriers maoïstes et arrivé en Tunisie il y a plus d’un demi-siècle. La veste bleu de Chine en coton avec un col claudine et des boutons chinois se porte souvent avec un pantalon chinois de la même couleur. Véritable uniforme pour les marins et les travailleurs, il est devenu aujourd’hui un style et donne un look branché à beaucoup de Tunisiens...

    Dans la médina de Tunis, les dengri, vestes ou bleus de travail inspirés de l’ère Mao en Chine sont sur tous les étals, pour petits et grands.

    Mohamed Ben Chabanne travaille aux souks depuis cinquante ans et il les vend comme des petits pains : « Moi j’ai commencé à vendre le dengri il y a très longtemps, dans les années 80. Après, la mode est un peu retombée. Puis c’est revenu il y a quelques années grâce au feuilleton du ramadan "Chourebb". Avant je ne vendais qu’aux adultes, depuis la diffusion du feuilleton, même les enfants et adolescents en veulent ».

    Le feuilleton dont parle Mohamed décrit l’histoire vraie d’un bandit tunisien des années 50 devenu une figure d’anti-héros, populaire et symbolique des quartiers vivants de la médina de Tunis.

    Après le bruit des cafés et de la musique, au détour d’une ruelle plus calme, se trouve l’atelier de Myriam ben Romdhane. Créatrice de la marque Mokacioccolatah, elle nous raconte l’histoire de ce vêtement qui circulait depuis Shanghai jusqu’aux ports méditerranéens. « À la Goulette, quand les grands bateaux de marchandises s’arrêtaient, les dockers avaient tendance à toujours acheter ça ou ça. Donc au départ, il y avait les dockers, en Tunisien, les zoufris, c’est-à-dire les ouvriers »

    Héritière de tisserands, Myriam leur rend hommage ainsi qu’aux dockers en revisitant à sa manière le fameux dengri, depuis 2014 : « Je voulais le rendre un peu plus féminin, un peu plus bobo chic »

    Pour ce style, la créatrice ajoute au bleu de travail, des broderies d’artisanes du Nord de la Tunisie et confectionne dans le pays, le tissu et la teinture, de ce vêtement habituellement importé. Sa marque est éco-responsable. « Il y a beaucoup de dengris qui ont vécu, qui ont été portés, par un docker qui sait ? et que l’on change complètement... l’aspect usé est extraordinaire, c’est un tissu qui vieillit super bien ».

    Pour comprendre le phénomène du dengri en Tunisie, il faut aller en banlieue Nord, à la Marsa, dans l’atelier de la marque franco tunisienne Lyoum. Claire Le Maréchal et son mari Sofiene Ben Chabaane ont fait de cette veste intemporelle, l’un de leur produits phares depuis cinq ans.

    « Nous ont fait plusieurs types de modèles. On fait une version en denim léger foncé - avec juste un lavage simple- et une version où on triche un peu sur l’utilisation, qu’on délave nous-même, qui est plus "détente" dans le porter et plus claire. On garde toujours la version originelle qui est celle qui ressemble le plus à la veste d’origine ».

    La marque propose aussi des modèles hivernaux en gabardine de laine, et exporte beaucoup à l’étranger. « Beaucoup de Tunisiens qui voyagent offrent la veste en cadeau. On voit aussi sur les commandes à l’étranger, beaucoup de gens l’achètent sûrement pour des cadeaux »

    Contrairement à la chéchia, couvre-chef rouge avec lequel le dengri est souvent assorti, cette pièce à la mode ne fait pas partie du patrimoine vestimentaire tunisien, malgré sa popularité. « Disons que son histoire, la manière dont elle a été conçue, ne vient pas d’ici,... c’est pour ça que c’est difficile de trouver des informations et peut-être de se l’approprier autant que la chechia ».

    Des légendes urbaines de la médina, au port de la Goulette, en passant par les stylistes tunisiens, le dengri a su transcender les époques. Entre 15 et 40 euros pour la version originale dans la médina, son prix peut dépasser la centaine, chez les créateurs.

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  • L'«ispoti», le bob sud-africain personnalisé à l’envi
    Aug 27 2022

    Monochrome ou à motifs multicolores, large ou à bords repliés, le bob en Afrique du Sud est un accessoire devenu propre à la culture des townships. Appelé en zoulou ispoti, ou bucket hat en anglais, son port a été popularité par les danseurs de pantsula, puis par le mouvement kwaito dans les années 1990. Désormais, il est sur toutes les têtes, et peut être personnalisé à l’envi.

    Dans ce parc de Soweto, Lerato Mofokeng enchaîne les figures et les mouvements de danse. Sur sa tête, un accessoire indispensable : un bob à carreaux, et aux bords marrons, qu’il lance régulièrement dans les airs, ou fait tourner sur un doigt : « Cette figure-là, je l’appelle le chapeau soufflé. Et celle-là, le chapeau qui parle. En fait, on peut créer tout ce qu’on veut. »

    Le jeune homme de 21 ans fait partie d’un groupe de pantsula, cette danse très énergique et créative qui est née sous l’apartheid : « Ces mouvements racontent une histoire. Ils racontent la vie quotidienne dans nos quartiers. On peut faire ce qu’on veut à partir d’accessoires : un balai, une caisse de bières vide... Et l'ispoti est aussi un accessoire, ce n’est pas juste pour s’habiller, mais ça devient un instrument pour la danse. »

    À ses côtés, Lebohang Sello, qui aide les jeunes groupes de Soweto à trouver leur public, approuve en hochant de la tête : « Le pantsula est une culture née dans le quartier de Sophiatown. À l’époque, ils portaient plutôt des costumes trois-pièces et les chapeaux Dobbs. Ils s’habillaient très formellement. Mais quand les nouvelles générations sont arrivées, elles ont décidé de s’habiller de façon plus décontractée, et elles ont changé le Dobbs pour un ispoti. »

    « L'ispoti est devenu un moyen d’expression »

    Le port du bob a aussi été popularisé par les artistes qui produisaient, dans les années 1990, la bande-son du pantsula, à savoir la musique kwaito. À l’image de rappeurs américains de la même époque, rares étaient ici les chanteurs à ne pas porter le fameux couvre-chef. Et c’est sur cette vague qu’a surfé la marque locale Loxion Kulca, qui a décidé de créer des modèles sud-africains alors que la plupart des ispoti étaient importés des États-Unis, d’Angleterre ou d’Italie. Sechaba Mogale est le co-fondateur de la marque : « On vendait aussi des jeans, des baskets, et tout ça, mais ce sont nos chapeaux qui nous ont vraiment lancé sur le marché. L'ispoti est devenu un moyen d’expression, selon comment on le porte, penché de quel côté, si on remonte un bord d’une certaine façon... Ça donne naissance à pleins de nouveaux styles. »

    Mais l'ispoti a également gagné en popularité grâce à son côté subversif, lié à la culture de la rue, des voyous tsotsis et des gangsters : « Parce qu’on traînait dans la rue, on était repéré par la police, et vus comme des criminels. Donc ça a donné naissance à une attitude de défi, dans nos moyens d’expression. Et l'ispoti permettait de cacher les yeux, et de passer inaperçu... »

    Les fans de kwaito ont peu à peu laissé place aux adeptes de l’amapiano, nouveau genre musical. Et l'ispoti a aussi su évoluer, devenant réversible, à bords longs ou courts, souples ou rigides, avec de nouveaux motifs. Et il n’a pas perdu sa place dans les townships : « Salut, moi c’est Sibusiso, mais on m’appelle Shavul, à cause de la façon dont je porte mon ispoti, vous voyez ? Dans notre culture, on peut reconnaître les gars qui viennent du quartier Zola, ils le portent plutôt comme ça. Mais nous à Meadowlands, les mecs cools, on le porte d’une façon différente. »

    Le chapeau s’adapte désormais à toutes les générations, et à 53 ans, Jabulile Nhlabathi le porte encore, en souvenir de sa jeunesse : « Ça donne un style du ghetto. Moi, je le porte fièrement. J’en ai beaucoup, de couleurs différentes, car j’en mets vraiment souvent. »

    Il n’est pas rare aujourd’hui que des touristes repartent de leur visite de Soweto avec un bob multicolore sur la tête, puisqu’il a aussi su envahir les boutiques de souvenirs.

    À lire aussi : Afrique du Sud: intronisation du nouveau roi de la nation zouloue

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  • Le «hanfu», quand la jeunesse chinoise s’habille à la mode des empereurs
    Aug 20 2022
    Mélange de nationalisme et de folklore, la mode du vêtement Han emballe la jeunesse chinoise. Une manière de replonger dans l’ère prospère de la Chine antique et d’afficher avec fierté sa culture. Reportage à Xi’an, l’ancienne capitale impériale, dans le nord-ouest de la Chine. De nos envoyés spéciaux, Stéphane Lagarde et Louise May, à Xi’an, l’ancienne capitale impérialeS’il n’y avait pas les smartphones tenus de la même main que les éventails, sans ces écrans géants montrant des mannequins en habits impériaux, le visage barré par les masques de l’ère Covid-19, on s’y croirait presque au temps de cette « grande dynastie Tang, sur laquelle le soleil ne se couche jamais ». Le nom, un rien pompeux de la grande rue piétonne et commerciale du sud de Xi’an, attire les touristes en tee-shirt, à la démarche ralentie par la chaleur écrasante d’une fin d’après-midi d’été, mais aussi deux amies, une prof et une comptable, aux jupes en lin colorées qui remontent jusqu’à la poitrine comme à l’époque des Tangs. « C’est une belle expérience de s’habiller dans ces costumes traditionnels. Nous sommes venues visiter la ville et nous avons loué ces vêtements pour l’après-midi. C’est très beau et c’est notre culture, il faut avoir confiance dans sa culture », s'exclame l'enseignante. La « confiance en soi culturelle » d’une deuxième économie mondiale sûre d’elle-même, chère au président chinois, passe notamment par la réhabilitation du hanfu, littéralement le « vêtement des Han », l’ethnie majoritaire en Chine. Monsieur Tan, est le gérant d’une des boutiques de hanfu parmi les plus connues sur la plateforme de commerce en ligne Tobao. Sa boutique est une véritable caverne d’Alibaba, on y trouve les habits de toutes les dynasties Han et tous les styles. Il nous explique pourquoi il sonne le gong.« Il y a 2000 ans, il n’y avait pas de messagerie et pas de notification. Le gong était une façon d’attirer l’attention sur un événement. Un mariage, hop un coup de gong ! Le maître de maison sort faire une course, un autre coup de gong. Moi, je me suis lancé dans la vente de vêtements hanfu, quand j’ai vu l’engouement chez les jeunes exploser sur Tik Tok. Mais bien avant ça, en 2003, une poignée de pionniers ont couru les musées et ont consulté les livres anciens pour tenter de redonner vie aux vêtements de la Chine antique. Quinze en plus tard, la tendance a touché un nouveau public, grâce aux réseaux sociaux ».Une mode pixelisée : les soieries magnifiques, les belles broderies aperçues sur les porte-manteaux de la boutique de Monsieur Tan inondent TikTok (Douyin en Chine), WeChat, et Instagram. La tunique resserrée aux poignées, tenue par une large ceinture sous les Song, les manches larges chez les Ming. Clic clac ! le parc de la pagode géante de l’oie sauvage tout à côté est une véritable usine à selfie, des photos grâce aux vêtements empruntés au studio de Melle Lu, 26 ans. Cette passionnée de hanfu a monté sa propre boutique, alors qu’elle était encore étudiante, juste avant la pandémie. Elle reçoit aujourd’hui jusqu’à quarante clientes par jours, prêtes à débourser 50 euros pour être habillées, coiffées et maquillées comme au temps de la Chine impériale. Elle raconte : « Le parc du paradis des Tang à côté a été créé en 2016. Le président chinois est venu le visiter et il a classé le site parmi les dix premières rues culturelles et touristiques de Chine. Depuis, la popularité pour le hanfu s’est envolée. La propagande et l’appui du gouvernement ont contribué à cet essor. Les autorités font la promotion de la culture Han, en même temps, on a encore du retard sur la Corée du Sud par exemple. Les Coréens font mieux que nous pour leur culture, et leur culture est connue dans le monde entier ».Le hanfu comme outil du soft power chinois, est une véritable poule aux œufs d’or pour celles et ceux qui surfent sur la nouvelle vague de la Chine antique. À Xi’an, un théâtre immersif au cœur d’un centre commercial rejoue tous les soirs la grandeur de la dynastie Tang, quasi à guichet fermé. Difficile de s’approcher des figurants aux costumes resplendissants, mais monsieur Yin en redemande. Ce contrôleur des armes et des munitions dans la police, est venu voir le spectacle avec sa maman.« C’est génial, vraiment génial de voir cette époque si prospère de la dynastie des Tang. Nous sommes très fiers du développement de la Chine et nous devons protéger notre héritage culturel. Les racines, ça donne confiance en nous », s'exclame-t-il.Revendication, patriotique et ethnique, le col croisé (jiāolǐng), le rabat du tissu toujours côté droit ( yòurèn) rendent le costume Han différent de celui des autres ethnies chinoises parait-il. « Le hanfu a toujours fait partie de notre...
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