Episodes

  • "A une passante", de Charles Baudelaire
    Mar 28 2023

    Corentin lit le poème de Charles Baudelaire, "A une passante"


    "La rue assourdissante autour de moi hurlait.

    Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

    Une femme passa, d'une main fastueuse

    Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;


    Agile et noble, avec sa jambe de statue.

    Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

    Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,

    La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.


    Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté

    Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

    Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?


    Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !

    Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

    Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"

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    1 min
  • "Absence", de Renée Vivien
    Mar 27 2023

    Anne lit le poème de Renée Vivien, "Absence"


    "Ô Femme au cœur de qui mon triste cœur a cru,

    Je te convoite, ainsi qu’un trésor disparu.


    Je te maudis, mais en t’aimant… Mon cœur bizarre

    Te recherche, Émeraude admirablement rare !


    Que je suis exilée ! Et que pèse le temps,

    Malgré le beau soleil des midis éclatants !


    Retombant chaque soir dans un amer silence,

    Je pleure sur le plus grand des maux : sur l’absence !…"


    Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910

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    1 min
  • "Luisant soleil", de Louise Labé
    Mar 24 2023

    Alexiane lit le poème de Louise Labé, "Luisant Soleil"


    "Luisant Soleil, que tu es bienheureux

    De voir toujours de t'Amie la face !

    Et toi, sa soeur, qu'Endymion embrasse,

    Tant te repais de miel amoureux !


    Mars voit Vénus ; Mercure aventureux

    De Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glace ;

    Et Jupiter remarque en mainte place

    Ses premiers ans plus gais et chaleureux.


    Voilà du Ciel la puissante harmonie,

    Qui les esprits divins ensemble lie ;

    Mais, s'ils avaient ce qu'ils aiment lointain,


    Leur harmonie et ordre irrévocable

    Se tournerait en erreur variable,

    Et comme moi travailleraient en vain."

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    1 min
  • "Demain dès l'aube", de Victor Hugo
    Mar 23 2023

    Sabri récite le poème de Victor Hugo, Demain dès l'aube.


    Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,

    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.

    J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.

    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.


    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.


    Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,

    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe

    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.


    Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations» (1856)

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    2 mins
  • "Je vis, je meurs", de Louise Labé
    Mar 22 2023

    Manon lit le poème de Louise Labé, "Je vis, je meurs"


    "Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;

    J’ai chaud extrême en endurant froidure :

    La vie m’est et trop molle et trop dure.

    J’ai grands ennuis entremêlés de joie.


    Tout à un coup je ris et je larmoie,

    Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;

    Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;

    Tout en un coup je sèche et je verdoie.


    Ainsi Amour inconstamment me mène ;

    Et, quand je pense avoir plus de douleur,

    Sans y penser je me trouve hors de peine.


    Puis, quand je crois ma joie être certaine,

    Et être au haut de mon désiré heur,

    Il me remet en mon premier malheur."


    Louise Labé, Sonnets

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    2 mins
  • "L'égalité des sexes", de Paul Eluard
    Mar 21 2023

    Thomas lit le poème de Paul Eluard, "L'Egalité des sexes"


    "Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire

    Où nul n’a jamais su ce que c’est qu’un regard

    Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,

    Celle des gouttes d’eau, des perles en placards,


    Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue.

    Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir

    Et s’il semble obéir aux puissance du soir

    C’est que ma tête est close, ô statue abattue


    Par mon amour et par mes ruses de sauvage.

    Mon désir immobile est ton dernier soutien

    Et je t’emporte sans bataille, ô mon image,

    Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens."


    Mourir de ne pas mourir

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    2 mins
  • "Ispahan", de Guillaume Apollinaire
    Mar 20 2023

    Manon lit le poème d'Apollinaire, "Ispahan"


    "Pour tes roses

    J'aurais fait

    Un voyage plus long encore


    Ton soleil n'est pas celui

    Qui luit

    Partout ailleurs

    Et tes musiques qui s'accordent avec l'aube

    Sont désormais pour moi

    La mesure de l'art

    D'après leur souvenir

    Je jugerai

    Mes vers les arts

    Plastiques et toi-même

    Visage adoré


    Ispahan aux musiques du matin

    Réveille l'odeur des roses de ses jardins


    J'ai parfumé mon âme

    A la rose

    Pour ma vie entière


    Ispahan grise et aux faïences bleues

    Comme si l'on t'avait

    Faite avec

    Des morceaux de ciel et de terre

    En laissant au milieu

    Un grand trou de lumière

    Cette

    Place carrée Meïdan

    Schah trop

    Grande pour le trop petit nombre

    De petits ânes trottinant

    Et qui savent si joliment

    Braire en regardant

    La barbe rougie au henné

    Du Soleil qui ressemble

    A ces jeunes marchands barbus

    Abrités sous leur ombrelle blanche


    Je suis ici le frère des peupliers


    Reconnaissez beaux peupliers aux fils d'Europe

    Ô mes frères tremblants qui priez en Asie


    Un passant arqué comme une corne d'antilope

    Phonographe

    Patarafes

    La petite échoppe"


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