Autrefois d’une grande vitalité comme en témoignent les nombreuses surfaces commerciales en rez-de-chaussée, le cours Tolstoï cherche un nouveau souffle.
La ville de Villeurbanne et son opérateur, la Société Villeurbannaise d’Urbanisme, portent ainsi depuis 2012 un projet de redynamisation et de diversification de l’activité économique.

Ils dessinent un périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat, au sein duquel déployer une stratégie de maîtrise foncière et immobilière. Des locaux sont achetés et rénovés avec soin afin d’installer de nouvelles activités relevant des domaines de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaires.

Espace Tonkin, médiathèque, collège… Cet ensemble composite commencé en 1976 et terminé en 1983 est l’œuvre de Pierre-André Louis. Construit après les habitations environnantes, il occupe une place centrale à l’échelle du quartier et se démarque par sa faible hauteur ; il n’est pas non plus perché sur une dalle comme le centre commercial voisin. L’architecte imagine les espaces comme des modules qui se combinent pour créer des espaces isolés tout comme des espaces partagés.

Le Tonkin est classé « quartier prioritaire de la politique de la ville ». Cette initiative, créée dans les années 80, a pour but de réduire les écarts de développement au sein des villes.

Elle vise à restaurer l’égalité dans les quartiers moins favorisés et à améliorer les conditions de vie de leurs habitants, tout en luttant contre toute forme de discrimination. Éducation, logement, emploi, social… Elle mobilise tous les acteurs et domaines de l’intervention publique.

Les Maisons des services publics contribuent à cette entreprise, formant aussi autant de portes d’entrée pour les habitants voulant participer à la vie de leur quartier.

En 1894 le quartier, alors dénommé Tête d’Or, accueille le village Indochinois de l’exposition coloniale de Lyon. Dans ce vaste village temporaire de plus de 1 500m², on retrouve alors des imitations d’architecture traditionnelle, des échoppes d’artisans, ou encore des spectacles de danse et de théâtre. Cet évènement rencontre un grand succès populaire, et fait naître le nouveau toponyme du Tonkin.

Le Tonkin connait entre 1974 et 1980 une seconde vague de rénovation sous la direction de Pierre-André Louis. Architecte d’une nouvelle génération, il rompt avec le modèle édicté par son prédécesseur, jugé trop rigide, et propose une architecture plus souple et plus variée. Sur la dalle de l’Orangerie, les immeubles, désormais disposés en diagonales, créent des courbes et s’ouvrent encore plus sur la rue. Plus au Sud, ils composent une mosaïque accessible de toutes parts. Les immeubles se parent aussi de plus de fantaisie : reliefs, motifs et couleurs.

Les quartiers voisins de Charpennes et Tonkin se développent dès le 18e siècle autour de l’agriculture et des auberges et troquets pour les marchands de passage. Une franche accélération liée à l’expansion économique lyonnaise se fait sentir à la fin du 19e siècle.

Usines du domaine du textile, divers artisans (imprimeurs, charpentiers, mécaniciens…) et commerces cohabitent dans cet espace où logements et activités sont mêlées, constituant un paysage urbain irrégulier.

Le nouvel aménagement des années 60 et 70 vient effacer cette mixité.

L’imprimerie Arnaud est entre 1856 et 1990 l’une des plus grandes usine du cours Tolstoï, avec une surface de 10 000m². Elle est d’abord spécialisée dans la fabrication d’imprimés commerciaux de luxe, puis dans les imprimés fiduciaires et enfin dans les emballages cartonnés. Toutes les étapes de la production sont concentrées sur le même site.
Comme elle, toutes les grandes industries du cours disparaissent progressivement à partir des années 1960. Elles sont généralement remplacées par de grands immeubles d’habitation modernes, parfois par de nouveaux parcs d’activités mixtes.

À partir de 1881, le cours Tolstoï accueille une ligne d’omnibus, puis de tramways, exploitée par la compagnie des Omnibus et Tramway de Lyon.

Permettant un transport rapide et peu onéreux d'ouvriers et de consommateurs entre Lyon et Villeurbanne, c’est une véritable aubaine pour les usines, ateliers et commerce du quartier.

Deux autres lignes viennent renforcer ce maillage métropolitain avant l’heure à partir des années 1890 et 1900 en desservant les quartiers villeurbannais du Bon Coin et de Cusset depuis Bellecour et Perrache.