• Éthiopie: deux ans après la guerre civile, le Tigré a faim [3/5]

  • Aug 20 2024
  • Duración: 2 m
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Éthiopie: deux ans après la guerre civile, le Tigré a faim [3/5]

  • Resumen

  • Presque deux ans après la signature d'un accord de paix en Éthiopie, le Tigré, dans le nord du pays, fait toujours face à d’immenses défis. Selon l'Union africaine, la guerre aurait provoqué 600 000 morts, sans compter un très grand nombre de destructions. Il y a plusieurs mois, les autorités tigréennes ont déclaré l’état de famine avec plusieurs centaines de morts. Une situation jamais reconnue par l’État central, à Addis-Abeba.

    De notre envoyé spécial de retour du sud de la province du Tigré,

    Les pluies arrivent et, dans leurs champs, les agriculteurs du village de Gurubera, dans le sud de la province du Tigré, poussent leur bétail afin de planter. Mais beaucoup doivent utiliser des ânes pour tirer la charrue. « La sécheresse a fait baisser le niveau de la rivière et des pâturages. On ne pouvait plus nourrir nos animaux, les personnes âgées ont commencé à mourir de faim. Nous avons dû vendre le bétail ou le remplacer par des ânes, explique Tekle Buru, cultivateur de 76 ans. Aujourd’hui, la terre est très sèche et la guerre a aggravé la situation. J’ai l’impression que Dieu nous punit à nouveau. » Tekle Buru a vu une dizaine de personnes mourir de faim et d’autres partir chercher du travail à Yechila, la ville voisine.

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    « Près de 300 enfants en malnutrition sévère »

    L’aide qui arrive est très faible : un peu de nourriture du district ou d’Action contre la faim, ou de l’argent de la diaspora. Rien d’autre. « La situation est critique. Les femmes enceintes ne mangent pas assez. Donc les nouveau-nés sont déjà très faibles et elles ne peuvent pas les nourrir, témoigne Gemaresh Amara, la responsable du centre de santé du village qui s’alarme de la situation. Près de 300 enfants sont en malnutrition sévère. Beaucoup sont envoyés à l’hôpital de Yechila. Mais là-bas non plus il n’y pas assez de médicaments, donc ils nous les renvoient. C’est un cycle de souffrances », se désole-t-elle.

    À plusieurs dizaines de kilomètres, des dizaines de patients attendent à l’hôpital de Yechila. Workit Alla est venu faire examiner sa petite-fille Mereseit, un an seulement et très amaigrie : « Le bébé est tombé malade. J’ai essayé la soupe, mais elle n’en veut pas. Elle avait une diarrhée avec du sang. Donc j’ai dû venir ici, confie-t-elle, nous avons très peu de nourriture. Les terres ne produisent pas assez et la guerre n’a fait qu’empirer les choses avec la mort de nos animaux. »

    Face à une telle situation, l’administration locale est impuissante. À Yechila, l’immeuble du district porte encore des traces de balles et d’explosions. « Le bâtiment a été bombardé. Nous sommes incapables de fournir des services de qualité. Nous dépendons des humanitaires, alerte Deseseu Tadessa, responsable des affaires sociales de la ville. Le système de transport s’est écroulé, entraînant une pénurie des livraisons de denrées et de médicaments. Puis s’est ajoutée la sécheresse. »

    Il pointe aussi du doigt le pouvoir fédéral d’Addis-Abeba : « Le gouvernement fédéral est censé gérer l’aide. Mais il ne fait rien. Je ne sais pas si c’est intentionnel. En tout cas, il ne répond pas à nos demandes de soutien. » Et il révèle que 13 villages aux alentours sont en situation de malnutrition. Or les récoltes n’auront pas lieu avant octobre, les prochains mois pourraient donc conduire au désastre.

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