Episodios

  • 1989 - La chute du Rideau de fer 9/9
    Aug 12 2021

    1989, Sergio Leone, Georges Simenon et Herbert von Karajan disparaissent. Des milliers de personnes descendent dans la rue en Roumanie pour manifester contre le régime de Ceausescu et l’Allemagne de l’Est annonce l’ouverture de ses frontières : en clair, c’est la fin du mur de Berlin et l’écroulement du Rideau de fer.

    Le mur de Berlin tombe officiellement le 9 novembre 1989. Plus globalement, cet événement symbolise la fin du Rideau de fer et du Bloc soviétique. Mais ce qui se passe à Berlin en cette fin d’année 89 n’est pas un événement isolé. Au cours de la décennie, les pays situés au-delà du Rideau fer ont été secoués par des mouvements remettant en cause la politique et l’idéologie communiste : la montée du syndicat Solidarnosc en Pologne, la contestation chinoise symbolisée par les événements de la place Tian’anmen, ou même la remise en cause du régime de la RDA par Gorbatchev lui-même. Du côté occidental, la figure et les propos de Jean-Paul II, pape polonais, participent à cette remise en cause également et Ronald Reagan, présent à Berlin Ouest pour les célébrations du 750ème anniversaire de la ville en 1987, tend la main l’URSS en proposant dans un discours à Gorbatchev d’ouvrir la porte de Brandebourg et de faire tomber le mur.

    Cette fin de décennie 80 voit aussi l’émergence d’un phénomène de masse : la création des télé-tubes. C’est le retour en force du tube de l’été, mais cette fois-ci orchestré par une chaîne de télévision matraquant une chanson pour danser avec le soutien d’une radio et d’une maison de disque. La Macarena reste le symbole de ces télé-tubes. Le morceau aura un succès planétaire.

    Côté musique, la décennie est aussi marquée par une évolution notable du rock et du hard rock dont les groupes plutôt classiques marquent le pas tandis que de nouveaux protagonistes émergent avec une musique puisant dans la new wave et le punk.

    C’est également dans les années 80 que débarquent le hip-hop, la break dance et le rap, ainsi que l’electronic dance music dont l’éclosion est favorisée par l’arrivée des boîtes à rythmes et des séquenceurs.

    Avec : Pierre Marlet, journaliste responsable de l’info sur La Première (RTBF) – Vincent von Wroblewsky, philosophe – Jérôme Vaillant, spécialiste de la civilisation allemande contemporaine – Emmanuel Droit, historien - Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde - Bernard Dobbeleer, journaliste spécialiste des musiques des XXe et XXIe siècles - Andreas Wilkens, historien.

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  • 1988 - L’année du sport 8/9
    Aug 11 2021

    1988, Pierre Desproges et Françoise Dolto nous quittent, George H.W. Bush est élu président des États-Unis. La guerre qui oppose l’Iran et l’Irak depuis huit ans prend fin, et le Mexique accueille la Coupe du monde de Football.

    Le 22 juin 1986, en quarts de finale, l’Argentine s’oppose à l’Angleterre, les deux nations qui ont été en guerre dans les Malouines. À la 51ème minute de jeu, Diego Maradona ouvre le score en marquant un but… de sa main. Mais l’arbitre ne le voit pas, et accorde le point aux Argentins. On parlera plus tard de «main de Dieu». Le second but marqué par Maradona, qui traverse littéralement tout le terrain à lui seul sans perdre le ballon, est quant à lui rentré dans l’histoire comme probablement le plus beau but jamais inscrit. La légende Maradona est à jamais écrite.

    Mais si cette «main de Dieu» marque indéniablement le monde du sport des années 80, d’autres grands noms dans d’autres disciplines vont émerger. C’est le cas notamment de la Formule 1 qui prend ses lettres de noblesse, grâce à des pilotes comme, Thierry Boutsen, Gilles Villeneuve, Ayrton Senna et Alain Prost.

    Sur les courts de tennis, on voit Yannick Noah, Steffi Graf, Martina Navratilova, Chris Evert, John Mc Enroe ou Björn Borg. Tous ces noms qui résonnent comme ceux de grandes stars. Car c’est bien à un phénomène de «starification» du sport que l’on assiste.

    Malgré le star-system qui entoure les sportifs de renom, ils n’échappent cependant pas aux scandales. C’est justement en 1988 que l’un d’eux va éclater. Nous sommes en Corée du Sud, à Séoul, qui accueille les 24èmes Jeux Olympiques d’été. En ce 24 septembre, le sprinter canadien Ben Johnson réussit un exploit, il remporte le 100 m en 9,83 secondes. C’est un phénomène. Mais c’est aussi une triche, car Johnson est dopé. Un mythe s’effondre. Cette affaire de dopage va permettre de surveiller encore de plus près les athlètes. Il faut dire que la pression sur les sportifs est énorme. On attend qu’ils dépassent leurs limites, qu’ils deviennent des stars, des héros, des modèles pour la jeunesse. Le sport résume bien les valeurs véhiculées dans les années 80, le «fric», la réussite, le culte de la performance et la jeunesse.

    Au cinéma, la compétition ou le militarisme deviennent les sujets de films comme la saga Rocky, Rambo, Top Gun. Sylvester Stallone, Chuck Norris, Bruce Willis, Clint Eastwood, Tom Cruise et Schwarzenegger deviennent des idoles tout en muscles, héros d’une Amérique combattante. Le cinéma devient une glorification permanente de la culture du corps parfait, des muscles gonflés, dont on retrouve encore des traces dans le cinéma grand public d’aujourd’hui.

    Mais, certains cinéastes s’opposent à cette vision à deux dimensions de l’Amérique, comme Brian De Palma, Tim Burton ou David Lynch, qui présente des visions plus personnelles et plus critiques dans leurs films. Avec le bouleversant «Elephant man», en 1980, Lynch livre une critique acerbe de cet étalage du show à l’américaine, de cette culture des corps parfaits. Son héros est difforme, effrayant, mais tellement humain.

    En 1982, le film qui avait marqué les esprits c’était «E.T. l’Extraterrestre», de Steven Spielberg. Il montre qu’avec le progrès des ordinateurs, on peut commencer à utiliser des effets spéciaux numériques, qui n’en sont qu’à leurs débuts, mais vont finir par exploser à tel point que pour beaucoup de grosses productions actuelles, la postproduction des effets spéciaux est la plus grosse partie de leur confection.

    Les années 80 sont aussi des années violentes en Europe. Des groupuscules d’extrême gauche ou d’extrême droite sèment la terreur par des attentats et actions radicales.

    Avec : Michel Lecomte, ancien directeur des Sports à la RTBF - Pierre Marlet, journaliste responsable de l’info sur La Première (RTBF) - Thomas Snégaroff, journaliste et historien spécialiste des États-Unis - Dick Tomasovic, professeur de Cinéma et des Arts audiovisuels à l’ULiège.

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  • 1987 - L’année de la détente et de l’écologie 7/9
    Aug 10 2021

    1987, Wall Street connaît de gros crashs, Andy Warhol meurt d’une crise cardiaque, et Reagan et Gorbatchev signent un accord de désarmement nucléaire, c’est la fin de la crise des missiles.

    C’est le point final d’un épisode majeur de la Guerre froide, la crise des Euromissiles. Le soulagement est grand dans la population, surtout en Europe. Car tout au long de la décennie, la menace d’un conflit nucléaire entre USA et URSS est réelle, et pèse sur le continent. Cette course à l’armement sera surnommée « guerre des étoiles ».

    En 1985, l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev est signe d’un nouvel espoir de détente. L’homme a bien compris que l’économie de son pays ne survivra pas à cette guerre des étoiles. Il veut dialoguer avec l’Occident. Mais plus profondément, il entend reformer les fondements du communisme. Terminé la bureaucratie austère dirigée par des vieillards omnipotents. Il veut donner un visage humain, et enterrer définitivement le régime dictatorial. Deux mots peuvent résumer sa politique, «glasnost» et «perestroïka», transparence et reconstruction. Les Occidentaux sont séduits. L’heure est enfin à la seconde détente.

    La crise des euromissiles aura déclenché plusieurs manifestations pacifistes, et c’est d’ailleurs dans les années 80 que l’on commence à dénoncer les méfaits du nucléaire, ainsi que les activités humaines sur l’écosystème. Plusieurs catastrophes ont jalonné la décennie, dont la plus tristement célèbre restera celle de la centrale de Tchernobyl. On estime le nombre total de décès en raison des irradiations de Tchernobyl à environ 4 000 à terme. On dénombrerait aussi 5 000 cancers de la thyroïde chez les enfants. Cette catastrophe est une prise de conscience mondiale. Le nucléaire, même civil, est une menace sans précédent sur la planète et sur la survie de l’espèce humaine. La pollution créée par l’explosion rend la région inhabitable pour plusieurs milliers d’années.

    Mais, Tchernobyl n’est pas la seule catastrophe écologique d’ampleur qui émaille les années 80. Au large de l’Alaska, le naufrage du pétrolier Exxson Valdez, en 1989, provoque une marée noire dévastatrice pour la biodiversité. Avant cela, c’est en Inde, à Bhopal, que ce qui est alors la plus grande catastrophe industrielle de tous les temps a lieu, le 3 décembre 1984. Une fuite de gaz dans une usine d’insecticides provoque un nuage toxique qui s’abat sur la ville, et cause près de 4 000 morts en quelques secondes.

    En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU publie un rapport intitulé « Our common Future ». Notre avenir commun. C’est le rapport Brundtland du nom de la Norvégienne Gro Harlem Brundtland qui présidait la commission. C’est la première fois qu’on parle de développement durable.

    Les années 80 voient aussi l’invention du terme « biodiversité » et les premières prises de conscience du réchauffement climatique, notamment lorsque le parc national de Yellow Stone est ravagé par le feu à cause d’une vague de chaleur. De nouveaux partis verts, écologiques, voient le jour un peu partout dans les pays démocratiques. Si la décennie est indéniablement celle du néolibéralisme ultra-capitaliste de Reagan et Thatcher, on voit tout de même le début de la naissance d’une écologie politique et économique.

    Avec : Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis - Phillipe Chassaigne, historien spécialiste de la Grande-Bretagne - Olivier De Schutter, professeur à l’UCLouvain et à Science-Po Paris, rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits humains - Pierre Marlet, journaliste responsable de l’info sur La Première (RTBF) - Laurent Rieppi, journaliste et historien du rock - Thomas Snégaroff, journaliste et historien spécialiste des États-Unis.

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  • 1986 - L’année du SIDA 6/9
    Aug 9 2021

    1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl explose, Daniel Balavoine perd la vie dans un accident d’hélicoptère au Mali, l’Argentine gagne la Coupe du Monde, et la navette spatiale challenger se désintègre à son décollage, ne laissant aucun survivant. Mais cette année-là, la France perd aussi deux de ses plus grands humoristes. Coluche meurt dans un accident de moto, et Thierry Le Luron succombe à une nouvelle maladie qui va faire des ravages dans le monde entier, le SIDA.

    Lorsque Thierry Le Luron décède, on en cache dans un premier temps les causes. Personne ne dit qu’il a été victime du SIDA. Car pour beaucoup, c’est un mal honteux. La première personnalité à déclarer publiquement qu’il est atteint de la maladie, c’est l’acteur américain Rock Hudson, lors d’une conférence de presse, le 25 juillet 1985, alors qu’il est hospitalisé à Paris.

    D’autres personnalités sont emportées par la maladie : les pianiste et claveciniste Yuri Egorov, Scott Ross ; ou encore ce chanteur extravagant Klaus Nomin qui sera l’une des premières célébrités à être fauchées par le virus. Car dans les années 80, et durant très longtemps encore, on ne survit pas à une infection au SIDA. Très vite, on stigmatise la communauté homosexuelle, qui vit sa sexualité de manière très libérée.

    C’est en cette année 1986 que le SIDA est baptisé VIH, virus d’immunodéficience humaine.

    Les autorités politiques mettent beaucoup de temps à reconnaître la maladie, tant elle touche des milieux jugés marginaux.

    Mais la maladie effraie. Les victimes meurent rapidement, et elle s’étend de plus en plus. On ne sait pas grand-chose de son mode de contamination. C’est une vraie psychose qui s’installe, et dont les communautés gay vont grandement souffrir. On n’imagine pas que les hétérosexuels pourraient aussi attraper cette maladie encore méconnue, et ce n’est que lorsque l’on constate des cas touchant hommes et femmes en Afrique, que l’on se rend compte que la menace pèse sur tout le monde.

    Le 20 mai 1983, le virus avait été décrit pour la première fois dans la revue Science, suite aux observations microscopiques des chercheurs Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann, sous la direction de Luc Montagnier, qui recevront le prix Nobel de Médecine en 2008. Ces Français de l’Institut Pasteur ont réussi à isoler et identifier le virus, même si une équipe américaine a prétendu l’avoir fait en premier. Quoi qu’il en soit, la découverte va changer les choses, mais lentement.

    Aucun traitement n’existe encore. C’est en 1987 que le premier traitement antirétroviral AZT est autorisé aux États-Unis. Il est coûteux et ses effets secondaires nombreux. Le 26 octobre de cette même année, l’ONU vote une résolution visant à unir tous les pays membres de la lutte contre le SIDA. La préoccupation devient mondiale.

    Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, des malades se réunissent en associations pour s’entraider, ou pour donner leur retour sur les stratégies thérapeutiques. Les victimes participent directement aux discussions sur les protocoles de recherche. Cela a commencé aux États-Unis, en juin 1987, lorsque Larry Kramer crée Act Up en réaction au manque d’intérêt des sphères politiques.

    En France, Act Up Paris se crée le 9 juin 1989 par Pascal Loubet, Luc Coulavin et Didier Lestrade.

    Actuellement, le SIDA ne se guérit toujours pas. Mais grâce aux avancées médicales, il ne se transmet plus de la mère à l’enfant, ni d’un partenaire à l’autre. À condition que le traitement soit régulièrement pris.

    Avec : Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis - Françoise Barré-Sinoussi, immunologue et virologue découvreuse du virus du SIDA - Bernard Campan, humoriste et comédien, membre des Inconnus - Nathan Clumeck, professeur et chef de service honoraire au CHU Saint-Pierre, spécialiste des maladies infectieuses - Marius Colucci, fils de Coluche - Pascal Légitimus – humoriste et comédien, membre des Inconnus - Didier Lestrade, cofondateur d’Act Up Paris - Thomas Snégaroff – journaliste et historien spécialiste des États-Unis.

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  • 1985 - L’année de la solidarité 5/9
    Aug 6 2021
    1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive à la tête de l’URSS, Simone Signoret décède, tout comme Michel Audiard, une expédition sous-marine retrouve l’épave du Titanic, et l’humoriste Coluche se mobilise pour l’association SOS Racisme. Cette même année 85, Coluche lance également un appel sur Europe 1: il est prêt à créer une cantine gratuite afin d’aider celles et ceux qui n’ont même plus les moyens de se nourrir convenablement. C’est le point de départ des Restos du Cœur. Son projet de cantine est un énorme succès. Les dons affluent. À la base, l’humoriste n’imaginait pas pérenniser son action, il pensait faire un « one shot », comme ce qui s’était fait pour la famine en Éthiopie ou le tremblement de terre en Arménie. Mais dès l’année suivante, les Restos vont se multiplier et s’implanter. En 1986, Coluche meurt dans un accident de la route. Alors pour lui rendre hommage, et continuer son combat, les bénévoles vont faire durer l’association dans le temps, jusqu’à aujourd’hui, 35 ans plus tard.Mais avant de disparaître, Coluche fait appel à ses copains artistes. Il sait que pour engranger de l’argent, il faut faire un tube. C’est la naissance des Enfoirés. Ils feront leur première tournée en 1989.Les années 80 voient donc se multiplier ce genre de concerts caritatifs à grande échelle, et pas seulement en France. Les plus grosses stars internationales y participent. C’est ce que l’on a appelé le « Charity Business », le business de la charité. Parmi tous ces concerts, le Live Aid va marquer l’histoire de la musique. Créé par Bob Geldof pour soulever des fonds contre la famine meurtrière qui sévit en Éthiopie, Bob Geldof n’est cependant pas le seul à vouloir aider l’Éthiopie. Le 28 janvier 1985, aux États-Unis, se tiennent les American Music Awards. C’est ce moment que choisissent plusieurs musiciens, sous l’impulsion du roi de la pop, Michael Jackson, de Quincy Jones et de Lionel Richie, pour enregistrer un tube destiné lui aussi à récolter des fonds contre la famine : « We are the world ». France Gall, Michel Berger et Daniel Balavoine mettront d’ailleurs eux aussi sur pied un projet humanitaire en 1985 : « Actions Écoles », directement inspiré du Live Aid. Le but est d’aller sensibiliser dans les écoles sur la situation en Afrique. C’est suite à ces voyages en Afrique que France Gall chantera « Babacar ». Parfois, les collectifs musicaux ne vont pas seulement soutenir des causes humanitaires pour des famines, des guerres ou des catastrophes. La cause se fait parfois bien plus politique et revendicative. La fête de SOS Racisme prend place, le 15 juin 1985, place de la Concorde à Paris. Cette date marque également le départ de la caravane Jéricho, une initiative destinée à attirer l'attention de l'opinion publique sur le cas du musicien nigérian Fela Kuti qui est emprisonné depuis le 8 novembre 1984. La caravane ainsi baptisée «Parce que c'est la musique qui va faire tomber les murs», selon l'expression des artistes qui compte une vingtaine de musiciens africains des groupes Ghetto Blaster, de Mory Kanté, de Ray Lema, de Salif Keita... et va sillonner l'Europe pour apporter son soutien à Fela. Mais s’il est bien un prisonnier politique qui va catalyser une vague de soutien dans les années 80, c’est Nelson Mandela. L’homme est emprisonné en Afrique du Sud depuis 1964, condamné à la perpétuité pour sédition après avoir mené la lutte contre l’Apartheid. Les artistes se mobilisent avec deux revendications : le soutien à Mandela et l’abolition du régime de l’Apartheid. En 1985, le projet « Artists united against Apartheid » voit le jour sous l’impulsion de Steven Van Zandt, le guitariste de Bruce Springsteen. En 1988, un concert a lieu à Wembley, pour les 70 ans du prisonnier Mandela. L’impact de ce rassemblement aura sans doute influencé la décision de libérer Mandela, le 11 février 1990, soit deux ans plus tard. Cette voie humanitaire, cette ouverture sur le monde aura des influences dans le domaine culturel, et notamment dans la musique puisque c’est au cours des années 80 qu’est né le concept de World Music. Les musiciens de l’Afrique francophone présents en Europe, comme Mory Kante, Angélique Kidjo ou Youssou N’Dour, réussissent à percer avec leurs rythmes traditionnels, parfois mixés au goût occidental.Ces « musiques du monde » (un terme valise qui ne veut pas vraiment dire quelque chose) vont prendre de l’importance dans les années 80. Avec : Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde - Marius Colucci, fils de Coluche - Bernard Dobbeleer, journaliste spécialiste des musiques des XXe et XXIe siècles - Mathias Goudeau, co-auteur du documentaire « La véritable histoire des stars des années 80 » - Dominique Lagarde, journaliste - Laurent Rieppi, journaliste et historien du rock.
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  • 1984 - L’année de Ronald Reagan 4/9
    Aug 5 2021

    1984, la ville de Bhopal, en Inde, est victime de la plus grosse catastrophe industrielle de tous les temps, François Mitterrand et Helmut Kohl se tiennent la main sur les champs de bataille de Verdun, l’URSS boycotte les JO de Los Angeles, tandis qu’un homme remporte l’une des plus grandes victoires électorales de l’histoire des États-Unis : Ronald Reagan est réélu président.

    Mais l’Amérique ne va pas bien, elle doute. Son économie a été très durement frappée par la crise pétrolière. Le chômage s’envole, et le pays recule face aux Soviétiques sur le plan géopolitique. « Make America Great Again », c’est déjà le slogan de campagne de Reagan.

    Le président va redonner la confiance dans la grandeur de l’Amérique. Il va enclencher plusieurs réformes, notamment sur le plan économique, en baissant les impôts, en minimisant le rôle de l’État dans l’économie et dans l’aide sociale. L’heure est à l’ultralibéralisme, à la désindustrialisation, au règne de la Bourse, à la mondialisation extrême. Reagan s’inspire de ce qui se fait dans la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher. Et sur la durée, ça marche, l’économie se porte bien. Mais tout le monde n’en profite pas, les laissés-pour-compte sont de plus en plus nombreux, et le système va finir par éclater et provoquer les crises économiques à répétition que nous avons connues.

    Le cinéma hollywoodien sert de catalyseur à cette image d’une Amérique forte, viriliste, à ce culte de la performance. Les années 80, c’est la naissance du cinéma très grand public, des immenses blockbusters. Indiana Jones et Star Wars en sont les exemples types, qui, en plus vont enchaîner les suites.

    Un produit dérivé fait son apparition dans les commerces : la cassette vidéo ou VHS, indissociable de son magnétoscope.

    Avec : Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis - Phillipe Chassaigne, historien spécialiste de la Grande-Bretagne - Thomas Snégaroff, journaliste et historien spécialiste des États-Unis - Dick Tomasovic, professeur de cinéma et des arts audiovisuels à l’ULiège.

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  • 1983 - Année de la pop 3/9
    Aug 4 2021

    1983, Léopold III, Hergé et Louis de Funès nous quittent. Le bourreau nazi Klaus Barbie est arrêté en Bolivie. En Pologne, l’opposant au régime communiste Lech Walesa remporte le prix Nobel de la Paix. Et sur les radios et TV du monde entier, on ne parle que d’un seul homme, un certain Michael Jackson.

    Le 2 décembre 1983, les écrans de télévision sont pris d’assaut. Michael Jackson, le roi de la pop, vient de révolutionner le monde de la musique. Il diffuse pour la première fois le clip de son tube « Thriller », sorti l’année précédente. Une vraie bombe. Il faut dire que les clips musicaux sont à la mode. En 1981, on a même lancé une chaîne de TV uniquement dédiée à leur diffusion, MTV.

    La publicité devient également plus importante, plus cinématographique et la décennie sera aussi celle de l’excès. Et qui de mieux, en France, que Serge Gainsbourg pour représenter tous les excès ? L’homme est devenu un personnage en lui-même, et il ose tout.

    La parole s’est libérée, on parle plus souvent de sexe. Et on chante souvent le sexe. La musique devient sulfureuse, provocatrice. S’il y en a une qui excelle dans ce domaine, c’est bien sûr Madonna.

    Le cinéma aussi est touché par cette vague de libération sexuelle et érotique. On se souvient par exemple du fameux « 9 semaines et demie ». Le culte des corps fait entrer la danse dans le champ du sexy, avec « Dirty Dancing » ou « Flashdance ».

    La pop pénètre aussi la France : Étienne Daho, les Rita Mitsouko, Desireless sont un savant mélange de pop et de variété, et l’incontournable quatuor Jean-Jacques Goldman, France Gall, Michel Berger et Daniel Balavoine font de la pop avec une note rock. Durant toute la décennie, ils se partagent la place du numéro un des tops français. Ces artistes modernisent la chanson française comme on ne l’a plus fait depuis Brel-Brassens-Barbara.

    Dans les années 80, apparaît aussi un tout nouveau genre : les animés, c’est-à-dire une kyrielle de dessins animés, dont beaucoup sont originaires du Japon : Candy, Goldorak, Capitaine Flam, Bioman, Les chevaliers du Zodiaque ou encore Dragon Ball Z. L’heure de gloire des mangas ne fait que commencer.

    L’influence du Japon ne s’arrête pas aux dessins animés. Le pays va aussi s’emparer du marché du jeu vidéo. Des jeux vidéo qui deviennent de vraies intelligences artificielles grâce à des algorithmes qui permettent une interaction avec les joueurs et qui conquièrent le monde.

    Avec : Gilles Banneux, journaliste spécialisé dans le jeu vidéo - Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde - Bernard Dobbeleer, journaliste spécialiste des musiques des XXe et XXIe siècles - Mathias Goudeau, co-auteur du documentaire « La véritable histoire des stars des années 80 » - Dick Tomasovic, professeur de cinéma et des arts audiovisuels à l’ULiège.

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  • 1982 - L’année du CD et de Margaret Thatcher 2/9
    Aug 3 2021

    1982, en France, le premier «bébé éprouvette» voit le jour, l’Italie remporte la Coupe du Monde, Romy Schneider décède d’une crise cardiaque, et la princesse Grace de Monaco perd la vie dans un accident de voiture. Mais 1982 marque aussi l’apparition d’une évolution technologique qui va révolutionner le monde de la musique : le CD.

    Les artistes se ruent sur ce nouveau moyen de faire des albums qui leur permettent de faire 90 minutes de musique, avec des morceaux bien plus longs, qui peuvent durer 7-8-9 minutes. La multiplication des hits entraîne l’arrivée d’une nouvelle émission sur les ondes francophones : le top 50. On y classe, indépendamment des maisons de disques, les morceaux ayant le plus de succès en termes de ventes.

    On voit aussi l’émergence des chaînes de tv musicales, qui diffusent des clips, et la multiplication des labels indépendants. De nouveaux groupes peuvent apparaître, comme Simple Minds, Police, The Cure ou U2.

    Et si ce contexte est difficile, avec un chômage important et une rigueur économique lourde, c’est parce que nous sommes en plein dans les années Margaret Thatcher. François Mitterrand disant d’elle qu’elle avait le sourire de Marilyn Monroe et les yeux de Calligula. Margaret Thatcher est Première ministre de Grande-Bretagne depuis 1979. Profondément conservatrice, elle est une antisoviétique convaincue, et une ennemie de l’indépendantisme irlandais. En 1982, elle est diabolisée à travers toute l’Irlande pour avoir laissé mourir de faim Bobby Sands, membre de l’IRA emprisonné qui exigeait, par une grève de la faim, un statut de prisonnier politique.

    Son image de personne inflexible et sans cœur est définitivement gravée. Mais il n’y a pas qu’en Irlande que Thatcher est détestée. Les puissants syndicats s’opposent à sa politique économique. Il faut dire qu’elle ne croit plus au développement industriel de la Grande-Bretagne, elle veut développer les services et la finance, comme ce qui se fait en Amérique.

    Margaret Thatcher en 1982, c’est aussi la guerre des Malouines, un petit archipel au sud de l’océan Atlantique, au large de l’Argentine.

    Membre de l’Union européenne depuis 1972, la Grande-Bretagne n’y trouve pas son compte. Elle doit payer pour des pays tiers plus pauvres qu’elle, comme la Grèce, et pense ne rien en tirer comme bénéfice. Thatcher aura cette phrase entrée dans l’histoire « I want my money back » (Je veux mon argent de retour). Thatcher obtient de ses partenaires une grande indépendance en échange d’avancées dans la construction européenne, et désormais la Grande-Bretagne restera toujours un pied dedans, un pied dehors. Thatcher est probablement la dirigeante britannique première eurosceptique, préfigurant le Brexit qui arrivera 40 ans plus tard.

    Avec : Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde - Phillipe Chassaigne, historien spécialiste de la Grande-Bretagne - Bernard Dobbeleer, journaliste spécialiste des musiques des XXe et XXIe siècles - Pierre Marlet, journaliste responsable de l’info sur La Première (RTBF) - Laurent Rieppi, journaliste et historien du rock.

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