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  • Crash du vol Malaysia Airlines MH17 en Ukraine: 10 ans d'infox
    Jul 19 2024
    Retour vendredi 19 juillet sur la tragédie du vol Malaysia Airlines MH17 en Ukraine il y a 10 ans, quand 298 personnes avaient perdu la vie au-dessus de l'Ukraine. Les familles se sont réunies mercredi 17 juillet sur la stèle à la mémoire des victimes à l’aéroport d’Amsterdam. L’avion avait été abattu par un missile russe, mais durant une décennie, Moscou a alimenté les chaînes de TV et les réseaux de fausses informations afin de proposer une « vérité alternative » permettant de disculper la Russie. Les images sont encore dans toutes les mémoires. Les débris blancs rouges et bleus de l’avion de Malaysia dispersés dans un champ de tournesols dans l’est d’Ukraine. L’avion était tombé dans la région du Dombass frappé en plein vol par un missile sol-air « BUK », tiré depuis les zones séparatistes comme allait le prouver par la suite la commission d’enquête.Des images amateurs, postées quelques heures après la catastrophe. En novembre 2022, après un longue enquête, des juges néerlandais ont déclaré les Russes Igor Guirkine, Sergueï Doubinski et l'Ukrainien Leonid Khartchenko coupables de meurtres pour leur implication dans la destruction de l'avion civil. « Nous n'avons pas été impliqués dans l'enquête et notre attitude à l'égard de ces conclusions est donc bien connue » a répété mercredi Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. En 2014, il faut se souvenir que cette partie de l’Ukraine en guerre, était déjà très difficilement accessible aux médias occidentaux et aux enquêteurs à cause des combats. Cette tragédie, lointaine, au cœur de l’été 2014 a donc été principalement documentée sur les réseaux sociaux, mais avec une vision bien souvent biaisée et des commentaires venant alimenter une véritable usine à infox mise en place par la Russie.Un cas d'école de la désinformation russeLa stratégie de Moscou est désormais bien connue : tout d’abord nier l’évènement : en l’occurrence nier la destruction en plein vol de l’avion de ligne. À l'image de cette stratégie, les autorités russes avaient eu la même attitude lors du massacre de Boutcha en Ukraine en 2022. Ensuite, elles se sont employées à démentir toute implication dans la catastrophe, et enfin, elles ont cherché à accuser l'Ukraine et l'Occident en poussant des théories complotistes.Les spécialistes de la désinformation ont par exemple affirmé que tout avait été mis en scène par l'Ukraine. Ou encore que l'avion de la Malaysia Airlines avait été détruit par un chasseur ukrainien et pas par un missile russe, ou que l'appareil présidentiel de Vladimir Poutine avait été visé alors qu'il passait à proximité. Et que le drame s'expliquait par une méprise des forces armées ukrainiennes, donc que toute cette affaire n'était qu'une manipulation des ukrainiens ou de la CIA. Quelques exemples parmi tant d'autres.Dix ans après, ces théories ressortent sur les réseaux sociaux Ces théories mensongères ont été battues en brèches, par des experts aéronautiques, des « fact-checker », par la commission d'enquête, ceci étant, elles sont tenaces. Ainsi, on a vu réapparaître ces derniers jours une photo satellite truquée, censée montrer un chasseur ukrainien Sukhoi-27 tirant sur le Boeing.Ce montage avait été diffusé en 2014 par la télévision d’État Russe. Après vérifications, le Boeing n'appartient pas à la Malaysia, le type d’avion n’est pas le bon, le missile n’arrive pas du bon côté, le fond de scène a été trouvé sur la plateforme Google Earth. Il n’a pas fallu plus de 48 heures pour s’en rendre compte, mais dix ans après, cela circule toujours. Le service européen d’action extérieure, c'est-à-dire la diplomatie européenne, dans son programme de lutte contre la désinformation, a listé 481 cas d’infox relayés par la Russie sur l’affaire du MH17 depuis 2014.La naissance d'une communauté d’enquêteurs numériquesParallèlement à cette diffusion de fausses informations à grande échelle, on a assisté à l'émergence d'une communauté d'observateurs. Ces derniers ont donné de leur temps pour passer en revue des milliers de documents sonores, vidéos, photographies sur l'affaire du MH17 afin de contribuer à la manifestation de la vérité.L'enquête la plus fréquemment citée en exemple, est celle de Bellingcat un groupe de contributeurs spécialisé dans la recherche en sources ouvertes (open source intelligence en anglais ou OSINT). Dès la fin de l'année 2014, les enquêteurs avaient réussi à identifier les soldats en charge de la mise en œuvre de la batterie anti-aérienne, à localiser le site de tir et à récupérer une vidéo du véhicule lanceur avec un missile.Les enquêteurs internationaux ont conclu qu'il existait de « fortes indications » selon lesquelles le président russe Vladimir Poutine avait approuvé la fourniture du missile qui a abattu ...
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  • Une pénurie d’essence prévue en France? Attention à cette infox
    Jul 12 2024

    Une énorme pénurie d’essence va-t-elle paralyser la France à partir du 15 juillet  ? C’est ce qu’affirment, à tort, plusieurs vidéos publiées sur TikTok ces derniers jours. Pour tromper les internautes, les comptes à l’origine de cette fausse information essayent de se faire passer pour des médias crédibles. Le narratif, les ressemblances visuelles et les dates de publication laissent penser à une action coordonnée avec pour but de faire du clic, mais aussi de créer la panique.

    « Près de 40 % des stations services fermées », « une hausse de 80 % du prix des carburants », si l’on en croit ces publications TikTok, une pénurie sans précédent va toucher la France. Ces vidéos, au ton volontairement alarmiste, respectent le même procédé de fabrication : un visuel accrocheur avec des images d’illustrations, accompagné d’une voix artificielle et d’une musique dramatique.

    Ces vidéos se comptent actuellement par dizaine sur les réseaux sociaux. Elles partagent toutes, à quelques mots près, le même narratif : « Alerte France ! Une énorme pénurie de carburant est à venir et les conséquences s'annoncent particulièrement graves. Premier point, les prix vont augmenter En raison de la rareté imminente, les prix du carburant devraient augmenter considérablement. Des sources fiables telles que BFM Business prévoient une hausse d'au moins 80 % des prix. (...) Près de 40 % des stations service en France devront fermer temporairement. En réponse, le gouvernement envisage d'instaurer une loi d'ouverture intermittente pour mieux gérer la crise. Concrètement, les stations service n'ouvriront que certains jours de la semaine, ces jours étant définis à l'avance pour éviter une surcharge des infrastructures disponibles. Cette pénurie de carburant est une crise sans précédent qui exige une planification minutieuse de la part de tous les automobilistes ». Sauf que tout est faux.

    Pas de risque de pénurie

    « Cette histoire d’une pénurie imminente est totalement fausse », explique Geoffrey Caillon, coordinateur de la CFDT chez Total Énergies. « Aujourd’hui, on est très serein sur la question de l'approvisionnement de carburant en France. La logistique carburant est calibrée et elle est constituée par un système qui permet d'approvisionner les stations service de manière continue. Des pénuries, on en a connu, mais même celles qu’on a connues, elles n'ont pas eu les conséquences qui sont annoncées dans ce type de fake news. »

    Les experts du secteur que nous avons contactés affirment également qu’il n’y a pas de risque de pénurie prévu à court terme. Le dernier tableau de bord publié par l'Institut français du pétrole indique, de plus, qu’il n’y a pas de tensions en Europe sur le marché du pétrole.

    Concernant la hausse annoncée, « de 80 % du prix des carburants », là aussi, il s’agit d’une fausse information. Si le prix du baril de Brent devrait légèrement augmenter dans les prochaines semaines, une augmentation de 80 % des prix du jour au lendemain, sans tension sur le marché pétrolier et sans hausse de taxe, n’est pas imaginable en France. « Le prix d'un litre de carburant est lié à un marché du pétrole. Il est lié à des taxes, notamment en France, où le poids des taxes sur le coût d’un litre de carburant peut représenter jusqu’à 60 % du prix final. Sachant que l'État n'a pas annoncé une hausse des taxes sur les carburants, je ne vois pas comment on pourrait avoir une telle hausse en quelques jours », précise Geoffrey Caillon.

    Cette infox, montée de toutes pièces, vise donc à pousser, à tort, les automobilistes à aller faire leur plein pour stocker du carburant. Un comportement qui, en cas de demande massive, pourrait provoquer de véritables situations de tension.

    Un écosystème de comptes à la manœuvre

    Derrière cette manipulation, on retrouve toute une myriade de comptes TikTok créées très récemment. Pour tromper la vigilance de leur public, ils se font passer pour des médias de confiance. Leur nom, actu_france24, Info Actu TV7 ou Abstract Média, et leur logo sont volontairement trompeurs.

    Leur production se résume à de courtes vidéos sensationnalistes qui sont souvent des fausses informations. On les reconnait par l’utilisation systématique d’une voix générée par l’intelligence artificielle. Signe que leurs mensonges circulent, l’un de nos auditeurs nous a signalé l’une de ces vidéos cette semaine sur notre groupe WhatsApp, Les Dessous de l’Infox, que vous pouvez rejoindre en envoyant un message au +33 6 08 94 93 05.

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  • Côte d’Ivoire: l’arrivée du vaccin antipaludique R21 Matrix-M n’échappe pas aux infox
    Jul 5 2024
    En Côte d’Ivoire, un nouveau vaccin antipaludique vient d’être introduit dans le calendrier vaccinal des enfants de moins de cinq ans. Le R21 Matrix-M, sera progressivement déployé dès le 15 juillet 2024, dans l’ensemble du pays. Le ministère de la Santé ivoirien affirme qu’il dispose déjà de plus de 656 000 doses en stock. Ce nouveau vaccin est symbole d’espoir, mais son arrivée sur le sol ivoirien génère aussi beaucoup de désinformation sur les réseaux sociaux. Après le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso et la République Centrafricaine, la Côte d'Ivoire devient le 5ᵉ pays à autoriser l’utilisation du R21 Matrix-M. Ce vaccin, développé par l'Université d'Oxford et le Serum Institute of India, est recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé depuis octobre 2023. Le RTS,S ou Mosquirix et ce R21 Matrix-M sont aujourd’hui les seuls vaccins antipaludiques préqualifiés par l’OMS.Les deux agissent contre la même cible, le plasmodium falciparum, le parasite du paludisme le plus meurtrier et prédominant sur le continent africain. Ils doivent être administrés « selon un schéma à quatre doses aux enfants à partir de l’âge de cinq mois. Les programmes de vaccination peuvent choisir d’administrer la première dose à un âge plus tardif ou légèrement plus précoce en fonction de considérations opérationnelles », précise l’OMS. Si le R21 Matrix-M pourrait présenter une meilleure efficacité, à ce stade, cela n’a pas encore été formellement démontré. Les deux vaccins sont donc aujourd’hui considérés comme équivalents.« Une excellente tolérance »Sur les réseaux sociaux, certains internautes assurent, sans en apporter la preuve, que le R21 Matrix-M provoquerait de graves effets secondaires. « C’est totalement faux », répond Marc Thellier, responsable du Centre national de référence du paludisme, à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. « C'est un vaccin qui a été préqualifié par l'OMS. Les essais de la phase 2 et 3 montrent qu’il a une très bonne efficacité, mais également une excellente tolérance. La balance bénéfices/risques est largement positive et c’est pour ça qu’on autorise leur administration dans le cadre de procédures nationales de vaccination. Comme pour chaque vaccin, il y a un très petit nombre de sujets qui peuvent faire des réactions à la vaccination, mais ce n'est rien comparé au bénéfice de son administration à une large population ».Autre argument phare du narratif anti-vaccin, ce R21 Matrix-M serait « inutile dans la lutte contre le paludisme en Afrique ». Là encore, il s’agit d’une fausse information selon Marc Thellier. « On a réussi entre 2000 et 2015 à faire baisser de manière importante le nombre de cas et le nombre de décès. Mais on est en ce moment, en échec, notamment en Afrique, continent qui souffre le plus du paludisme. On essaye donc de trouver des solutions et ce vaccin en est une parmi d’autres ».Les experts insistent, ce vaccin ne vient pas remplacer, mais compléter les mesures déjà en place, comme les distributions de moustiquaires ou le traitement des sites où prolifèrent les moustiques.À lire aussiVaccination contre le paludisme au Cameroun : quand la désinformation s'en mêleL’ombre des théories complotistesÀ l’origine de toutes ces infox, on retrouve des activistes anti-vaccin de longue date, mais aussi des influenceurs bien connus sur le continent. Leur désinformation vaccinale se mêle souvent avec des théories complotistes. Ils avancent par exemple que ce vaccin, financé en partie par la fondation du milliardaire américain Bill Gates, s’inscrirait dans un « plan d’asservissement des populations ».Un récit déconnecté de la réalité. « Les vaccins ne sont pas développés par des individus ou des instituts isolés. C'est un travail collectif qui s'appuie toujours sur les travaux antérieurs. Ce sont des progressions qui se font pas à pas, dans des conditions qui sont très contrôlées, standardisées, et de façon très ouverte. C'est-à-dire qu'on peut librement consulter les données qui sont issues des études qui sont faites autour de ces vaccins. On est donc certain que ce vaccin est efficace, sûr et qu'on peut l'administrer dans un programme de vaccination », rappelle Marc Thellier. Ces études sont, pour la plupart, librement accessibles en ligne.Une désinformation dangereuseCette désinformation vaccinale représente un véritable danger pour la santé publique, regrette Marc Thellier. « La vaccination est une arme très efficace de lutte contre les maladies. C'est démontré au plan scientifique, il n'y a aucun doute. Si on introduit un doute sur l'intérêt de la vaccination, si les pays, finalement, sont contraints à abandonner une solution comme celle-là, ça peut devenir dramatique puisqu'on peut revenir à des épidémies qui étaient contrôlées et qui ne le ...
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  • La France accusée d’imprimer des faux billets pour déstabiliser le Mali ? Attention à cette infox
    Jun 28 2024
    La rumeur a inondé la Toile cette semaine. La France aurait « imprimé des faux billets de francs CFA pour déstabiliser le Mali ». Ces mots, attribués à Assimi Goïta, sont apparus en ligne au lendemain de l’intervention du président de la transition à Sikasso, dans le sud du Mali, samedi dernier. Rapidement, des milliers d’internautes, et des dizaines de médias africains s’en font fait l’écho. En réalité pourtant, il s’agit d’une fausse information. Assimi Goïta a-t-il récemment accusé Paris d'avoir imprimé des faux billets de francs CFA pour nuire à l'économie du Mali ? C’est ce qu’affirment, à tort, des dizaines d’articles de presse et des centaines d’internautes sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Ces allégations se basent sur le discours tenu par le président de la transition dans le sud du pays, à Sikasso, le samedi 22 juin 2024. Dans son allocution d’une vingtaine de minutes, en bambara, devant plus de 10 000 personnes, on l’entend évoquer les menaces qui, selon lui, cibleraient directement le Mali. Le terrorisme armé, médiatique et économique sont notamment pointés du doigt.Sur ce dernier point, il déclare « beaucoup de gens ne le savent pas. Cela fait quatre ans que le Mali affronte ce type de terrorisme. Le premier exemple, c’est quand nous avons voulu que nos marchandises passent par le port de la Guinée au moment où nous n’étions pas en phase avec la Cédéao. Quand les autres payaient par exemple 5 000 francs CFA en Guinée, on nous obligeait à payer 15 000 francs CFA. L’objectif était que nos chargeurs se fâchent et refusent que leurs marchandises passent par le port de la Guinée. Ils voulaient nous empêcher d’acheminer nos produits à partir d’un autre pays. Deuxièmement, ils ont fabriqué beaucoup de faux billets. Ils les ont acheminés par voie terrestre deux fois. Mais, grâce à la vigilance de la douane, ces faux billets ont été saisis, ils n’ont pas pu arriver à destination. Ils ont abandonné la voie terrestre pour passer par la voie aérienne à fin d’acheminer toujours ces faux billets en CFA. Encore une fois, la vigilance de la douane a permis leur saisie. Tout cela montre que l’objectif, était d’étouffer l’État, et aussi pousser nos concitoyens dans l’extrême pauvreté. Heureusement que la douane a été vigilante pour y mettre un terme. (...) Mais, je vous le dis, ces manœuvres ne vont pas s’arrêter ».À aucun moment Assimi Goïta ne cite nommément la France dans ces accusations. Ce « ils », utilisé au pluriel, fait référence aux « terroristes économiques » cités plus tôt par le président de la transition. Concrètement, on ne sait pas avec certitude qui il désigne. Ce que l’on sait par contre, c'est que le président de la transition n’évoque pas directement la France, contrairement à ce qu’affirment certains médias et des internautes.Le rôle de SputniknewsCette accusation envers la France provient d’un article de presse publié au lendemain de l’allocution d’Assimi Goïta, par Sputniknews Afrique, l’agence de presse liée au gouvernement russe et interdit dans l’Union européenne depuis février 2022. Le titre est clair, « Goïta accuse Paris d'avoir imprimé de faux billets de francs CFA pour nuire à l'économie du Mali ». Dans la foulée, de nombreux médias africains ont repris tel quel l’article de Sputnik Afrique.Le papier établi aussi un lien avec l’opération « Persil » menée par la France contre la Guinée en 1960. Cette campagne de déstabilisation du régime de Sékou Touré reposait, entre autres, sur la fabrication de faux francs guinéens. Cette comparaison entre la Guinée de 1960 et sa monnaie nationale et le Mali d’aujourd’hui avec sa monnaie partagée par une dizaine d’autres pays ne tient pas. Cette interdépendance monétaire protège le Mali d’une telle opération.À lire aussiLe franc CFA, toute une histoire« C'est complètement impossible de cibler uniquement le Mali dans le cadre actuel. Pourquoi ? Parce que le Mali partage la même monnaie avec un certain nombre de pays en Afrique. Le Mali a des liens commerciaux et financiers assez forts avec ces pays-là. Ce sont des pays intégrés et donc ce sont des vases communicants. Une telle opération provoqueraient obligatoirement des dommages collatéraux dans les autres pays », explique Carles Grekou, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).« La France n'aurait absolument aucun intérêt à déstabiliser économiquement le Mali »L’hypothèse d’une opération menée par la France, n’est d’ailleurs pas plus crédible, selon l’expert. « C'est assez difficile de commenter parce que personne n'est cité nommément. Cette rumeur vient se greffer à la propagande faite par les autorités maliennes. Mais pour aller dans cette interprétation-là, la France n'aurait ...
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  • Euro 2024: des acteurs pro-russes ciblent le tournoi à des fins de propagande
    Jun 21 2024

    Une semaine après le début de l’Euro 2024 de football, la menace informationnelle pointée il y a des mois par les organisateurs de la compétition se confirme. Ces derniers jours, plusieurs fausses informations ciblant le tournoi sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Si ces infox proviennent de différents comptes, des acteurs pro-russes ciblent délibérément cette compétition à des fins de propagande.

    La fausse information la plus marquante depuis le début de l’Euro 2024 a ciblé les supporters de la Roumanie. Après la victoire de leur équipe 3-0 contre l’Ukraine ce lundi 17 juin 2024, les fans ont été accusés, à tort, d’avoir chanté à la gloire de Vladimir Poutine et d’avoir agité des drapeaux pro-russes dans le but de provoquer les Ukrainiens. La photo, prise durant le match, censée montrer le drapeau de la République autoproclamée de Donetsk brandie dans le stade, est, en réalité, un montage. Grâce à la rediffusion de la rencontre, nous avons retrouvé le moment exact où cette image a été capturée. On joue alors la 31ᵉ minute et aucun drapeau noir, bleu, rouge n’est visible derrière l'arbitre. Quelqu’un l’a donc ajouté à l’aide d’un logiciel de retouche photo.

    Quant à la vidéo dans laquelle on croit entendre des supporters roumains chanter le nom du président russe, Vladimir Poutine, là aussi, il y a manipulation. Quelqu'un a volontairement changé la bande son de la vidéo originale. Les témoignages des supporters et des officiels présents dans le stade sont unanimes, personne n’a entendu de slogan pro-Poutine résonner dans l’Allianz Arena de Munich. Ce chant, « Poutine, Poutine », a donc été superposé sur les images de fans en train de célébrer un but. Toutes les vidéos amateurs disponibles en ligne et consultées par RFI le confirment. Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, l'UEFA estime également que la vidéo serait un « faux » et un montage sonore.

    Cette bande son superposée sur les images de supporters roumains, a, de plus, été trafiquée. Elle provient à l’origine d’un célèbre chant ukrainien insultant Vladimir Poutine et baptisée « Putin Khuylo », Poutine est un con en français.

    L’insulte a été habilement coupée au montage, changeant totalement le sens du chant.

    En réponse à cette polémique, la Fédération roumaine de football a contesté, auprès de nos confrères de TF1, l’authenticité de la vidéo.

    Des acteurs pro-russes à la manœuvre

    Cette vidéo manipulée apparaît pour la première fois en ligne, dans l’après-midi du 17 juin 2024, sur des comptes Telegram russophones déjà identifiés comme des maillons importants de la propagande russe. Ces chaînes ont notamment été épinglées plusieurs fois pour leur rôle dans des campagnes de désinformation massive.

    La vidéo se répand ensuite sur X (ex-Twitter), cumule des millions de vues et se retrouve diffusée dans des médias réputés, généralistes et spécialisés. Si certains d’entre eux ont corrigé leur erreur, d’autres se sont contentés de supprimer leur article.

    Cette fausse information n’est pas la seule à viser l’Euro 2024. Plus d’une dizaine ont déjà atteint une certaine audience sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Notre travail de veille montre que des acteurs pro-russes ciblent délibérément la compétition à des fins de propagande. Un faux reportage usurpant l’identité de la BBC, et un faux graffiti du président ukrainien assis sur la coupe du tournoi circulent actuellement à bas bruits sur Telegram. Des modes opératoires caractéristiques de la propagande russe qui profite de cet événement d'envergure internationale pour rendre viral sa désinformation.

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  • Non, la dissolution n'ouvre pas la voie à un troisième mandat d'Emmanuel Macron
    Jun 14 2024

    En France, les réactions ont été très nombreuses dès l’annonce des résultats Dimanche dernier et une série de posts est apparue laissant penser que la dissolution de l’assemblée nationale annoncée par le président, allait conduire à une démission du chef de l’Etat. Selon ces contributeurs, il s’agirait d’une manipulation permettant à Emmanuel Macron de briguer un troisième mandat. Le président le dément et les constitutionalistes écartent cette possibilité.

    Dès dimanche, l’effet de surprise généré par l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale a provoqué des réactions d’incompréhensions. Pour certains, derrière cette décision se cache une manœuvre politique : en cas de victoire de l’extrême droite en Juillet, Emmanuel Macron quitterait ses fonctions, pour mieux revenir en 2027. Un scénario relayé par la sphère dite antisystème voire complotiste…

    Constitutionnalité

    Ce scénario ne tient pas, selon,Jean Phillipe Derosier, Professeur agrégé des facultés de Droit de l’Université de Lille . Selon lui : « C'est totalement farfelu. La Constitution est extrêmement claire. Elle n'interdit pas à Emmanuel Macron de faire un troisième mandat, mais pas à la suite des deux premiers. Si l'interruption prématurée du mandat pouvait permettre d'en briguer un nouveau, il suffirait à Emmanuel Macron, autour du mois de février mars 2027, de démissionner et dire voilà, je me représente, ça n'a aucun sens.L'article 6 de notre Constitution dispose en effet que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Et donc Emmanuel Macron est actuellement en train d'exercer son deuxième mandat. Il a été réélu en avril 2022. Le mandat lui a été confié. C'est bien le deuxième. Peu importe à quel moment est ce qu'il s'interrompt une fois qu'il a terminé son deuxième mandat, il ne peut pas en briguer immédiatement un troisième. Il faut qu'un autre président de la République soit d'abord élu et ensuite, s'il le souhaite, il pourra à nouveau être candidat » . Emmanuel Macron pourrait donc être candidat en 2032 mais pas en 2027.

    Pas de troisième mandat

    Toutefois dès qu’on parle de troisième mandat cela alimente une vague de commentaires sur les réseaux de la part d'internautes qui soupçonnent Emmanuel Macron de vouloir se maintenir au pouvoir à l’instar de ce qui se fait en Afrique en Russie ou en Chine.

    Il convient cependant de souligner qu’en France il n’a jamais été question de troisième mandat dans toute l’histoire de la cinquième république comme le souligne Jean Phillippe Derosier: « En réalité, en France, les présidents de la République qui ont réussi à être réélus une première fois sont peu nombreux au regard de tous ceux qui ont essayé. Et nul n'a pu être élu une troisième fois avant même que cette interdiction n'existe. Là où dans d'autres régimes, c'est quelque chose de beaucoup plus courant et on peut anticiper cette volonté de certains autocrates de vouloir la contourner coûte que coûte. Ce n'est pas le cas de la France. Je ne le pense pas. Sans doute peut on lui reprocher beaucoup de choses, à Emmanuel Macron, y compris de tordre les règles constitutionnelles, mais la Constitution reste plus forte que lui. Briguer un troisième mandat, est contraire à la Constitution ». Évidemment il y a toujours la possibilité de réviser la Constitution, pour supprimer la limitation des mandats, mais il faudrait obtenir l’accord des deux Assemblées avant une ratification par le Congrès, des conditions difficiles à réunir compte tenu des forces politiques en présence…

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  • Une vidéo truquée met en scène la destruction du porte-avions américain USS Eisenhower
    Jun 7 2024

    Alors que les 80 ans du débarquement allié en Normandie ont été célébrés ce jeudi 6 juin 2024 en France, en présence du président américain Joe Biden, sur les réseaux, la toute puissance américaine est la cible d’une série de vidéos censées montrer la destruction du porte-avions géant USS Eisenhower. Des posts trompeurs ont été partagés, laissant penser à tort, que ce fleuron de la Navy aurait été frappé par des missiles houthis lors de son passage en mer Rouge. Il s'agit en fait d'un trucage.

    La vidéo a été vue près d’un million de fois sur les réseaux sociaux. On y trouve des commentaires comme : « La chine vient de publier des images satellites du porte-avions américain USS Eisenhower ». À l’écran, l'image montre une prise de vue à la verticale du pont du navire et tout à l’avant du bâtiment une trace d’impact de grande taille entre les deux catapultes.

    Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux comptes, particulièrement sur X , affirment que les rebelles Houthis du Yémen (soutenus par l'Iran) sont derrière l’attaque qui aurait causé ces prétendus dégâts.

    Après vérification, aucune trace de tels dommages sur le porte-avions n'a pu être retrouvée en dehors de cette vidéo. D'ailleurs, aucune communication officielle du Pentagone n'est venue confirmer la nouvelle, ni aucune vidéo provenant de sources indépendantes. La seule attaque houthis visant l'US Navy dont on a eu connaissance, remonte au samedi 1er juin, contre le destroyer USS Gravely. Un drone et deux missiles houthis avaient été interceptés, a fait savoir le commandement américain pour le Moyen-Orient.

    Photo montage

    Plusieurs points permettent d’affirmer que les images par satellites de l’USS Eisenhower prétendument touché, sont truquées. D’abord on retrouve des vues par satellites de ce porte-avions dans le port de Norfolk, aux États-Unis, en avril 2023. Tout est identique, excepté la trace de l’explosion. Elle a donc été ajoutée, il s'agit d'un montage.

    De plus, si on se documente, on s'aperçoit que cette trace ne correspond pas du tout aux dommages que pourrait subir un navire : les structures d’un bateau, se déchirent, brûlent et se déforment après une frappe de missile anti-navire. Sur la photo, rien de tel, on distingue simplement un cratère « collé » sur le pont. Pas besoin d’aller chercher très loin pour le retrouver. Il suffit de taper un mot clef comme « impact » sur un site de banque d’images pour tomber dessus. Enfin en réalité, les auteurs du trucage ont pris soin d’inverser l’image et de la flouter légèrement pour brouiller les pistes.

    Des publications abusives en cascade

    En effectuant une recherche sur les réseaux, on s'aperçoit qu'une série de posts est venue répondre à la publication de la première vidéo. On peut lire par exemple ce commentaire « C’est confirmé, l’Enseihower a subi des dommages et est allé se mettre à l'abri sur la base de Souda Bay en Crète », mais la photo publiée est celle d’un porte-avions russe et non américain.

    On retrouve aussi des extraits de jeux vidéo évoquant une bataille navale impliquant l’Eisenhower ainsi que des images générées par IA. En l'espèce, rien n’est vrai mais cela contribue à imprimer l’image mentale d’un porte-avions américain en feu, et donc véhicule l'idée d'une certaine vulnérabilité de l'Amérique, alors que le porte-avions est le symbole de sa puissance militaire.

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  • Paris: le défilé du 1er-Mai présenté à tort comme une manifestation raciste
    May 31 2024

    Une manifestation raciste s’est-elle déroulée récemment à Paris ? C’est ce que prétend montrer, à tort, une vidéo activement diffusée sur les réseaux sociaux et repérée par la rédaction de RFI à Nairobi. Les internautes qui la partagent dénoncent « une marche anti-noirs dans les rues de la capitale pendant que Macron colonise la Nouvelle-Calédonie ». En réalité, cette vidéo est un montage destiné à alimenter les tensions.

    À l’image, des dizaines de manifestants défilent dans la rue. Certains arborent des drapeaux palestiniens et des drapeaux rouges, marqués du logo du NPA, le Nouveau parti anticapitaliste. Première incohérence, ce mouvement politique et les militants pro-palestiniens ne sont pas connus pour défendre des idées xénophobes.

    La scène, que nous avons géolocalisée, se déroule devant l'Opéra Bastille, dans le 12ᵉ arrondissement de Paris. Pour la dater, nous avons comparé des dizaines de photos de manifestations et identifié le défilé du 1ᵉʳ mai 2024 organisé lors de la traditionnelle fête du travail. Le service de presse du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) nous l’a confirmé.

    Côté son, on entend d’abord des témoignages racistes de militants qu’on ne voit pas à l’image. Certains reprennent le slogan « Calais aux Calaisiens ».

    Deuxième incohérence, on sait que les images montrent une manifestation à Paris et non à Calais, ville du nord de la France. On entend ensuite un journaliste s'exprimer. Lui aussi évoque une manifestation devant la mairie de Calais.

    Élément important, son ton ressemble beaucoup à l’intonation employée dans les documentaires télévisés. Nous avons donc fait une recherche par mots clés sur des plateformes de vidéos en ligne pour savoir d’où provient cette bande son. Résultat, l’extrait provient en réalité d’un documentaire télévisé réalisé en 2016 par les journalistes du magazine Enquête exclusive au moment d’une action du collectif d’extrême-droite « Sauvons Calais ». Un reportage diffusé sur la chaîne de télévision française M6, en mars 2016.

    Des images sans rapport avec bande son

    Ce que l’on voit n’a donc aucun rapport avec ce que l’on entend. Quelqu'un a volontairement mélangé les images d'une manifestation pro-palestinienne en mai 2024 à Paris, avec la bande son d'un reportage tourné à Calais huit ans plus tôt, dans le but de tromper les internautes et d’alimenter les tensions. Comparée au deepfake ou autre montage sophistiqué, cette technique de manipulation ne coûte rien à produire, demande très peu de connaissances techniques, mais peut suffire à désinformer.

    L’analyse des comptes qui partagent cette vidéo montre que plusieurs internautes poussent cette vidéo sur TikTok, YouTube, Instagram et LinkedIn. Notre rédaction à Nairobi nous a aussi informés que l’infox se répand actuellement en français, mais aussi en swahili, dans différents groupes WhatsApp.

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