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Le monde en questions

By: RFI
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  • Le monde en questions, une chronique hebdomadaire qui met en valeur, en contexte et en perspective un fait marquant de l’actualité internationale. Elle sera assurée par Bruno Daroux.

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Episodes
  • Géorgie: un point de bascule?
    May 3 2024

    En Géorgie, des milliers de personnes manifestent depuis presque trois semaines pour empêcher l’adoption d’une loi sur le financement des organisations non gouvernementales et des médias. Pourquoi cette loi provoque-t-elle une aussi grande opposition ?

    Pour les dizaines de milliers de personnes qui manifestent chaque jour devant le Parlement, cette « loi sur l'influence étrangère » est en fait un moyen déguisé utilisé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, pour brider la liberté d'expression, les ONG et les partis d'opposition dans le pays, à quelques mois d'élections législatives qui s'annoncent périlleuses pour l'actuelle majorité. Plus grave, cette loi est vue comme un moyen de replacer la Géorgie dans l'orbite russe. Elle est en tous points semblable à une loi adoptée en Russie en 2012 et qui a permis de faire taire peu à peu les opposants à Vladimir Poutine.

    Ce projet de loi stipule que les ONG et les médias bénéficiant de plus de 20% de financements étrangers doivent s'enregistrer comme des « organisations agissant pour le compte d'une puissance étrangère ». Ce qui ensuite, dans un climat de manipulation nationaliste, peut conduire une justice pas vraiment indépendante à les interdire et donc à les réduire au silence. C'est exactement ce qui s'est passé en Russie. La menace est réelle pour l'État de droit et les libertés démocratiques, notamment la liberté d'expression et d'association.

    À lire aussiGéorgie: nouvelle démonstration des opposants à la loi sur «l'influence étrangère»

    Bras de fer sur l'avenir de la Géorgie

    On assiste donc, avec cette loi, à un véritable bras de fer sur l'avenir de la Géorgie. Au-delà de la loi elle-même, il s'agit en effet de décider si ce petit pays du Caucase, longtemps une république de l'URSS, qui a donc connu la férule soviétique, et qui a été envahi en 2007-2008 par les troupes de Moscou stationnant toujours dans deux provinces du pays passées sous contrôle russe, à savoir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

    Le pays doit-il retourner dans la sphère d'influence russe, ou au contraire continuer à s'intégrer dans le modèle occidental et plus précisément dans l'Union européenne ? C'est le souhait d'une très grande majorité de la population, notamment chez les jeunes. Et c’est donc le cœur du problème. D’autant que la Géorgie a obtenu le statut de candidat officiel à l’adhésion à l’Union européenne, en précisant que des réformes étaient nécessaires avant de lancer toute négociation. Mais cette initiative a fortement déplu au camp pro-russe et à Moscou.

    À écouter aussiEn Géorgie, l'inquiétude face au retour du projet de loi sur les agents de l'étranger

    Des soupçons d'ingérence russe, mais pas de preuve

    Peut-on pour autant parler d'une ingérence directe de Moscou ? Pour l’instant, il n'y a aucune preuve avérée de cela. Mais on sait que le parti au pouvoir, et surtout son président d'honneur Bidzina Ivanichvili, un milliardaire, véritable homme fort du pays, sont proches de Moscou. Surtout, les moyens employés, avec cette loi, ressemblent trop à ceux de la Russie poutinienne.

    Bref, le soupçon est là. La loi a été validée en deuxième lecture au Parlement, elle doit encore faire l’objet d’une troisième lecture dans les quinze jours. D’ici là, tout peut arriver : un retrait de la loi, ou au contraire l’adoption définitive du texte et un vrai risque d’embrasement interne – et peut-être, alors, une implication de Moscou. Plus que jamais, la Géorgie reste sur le fil du rasoir.

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  • Avec Emmanuel Macron, l’Europe plus puissante?
    Apr 26 2024

    Retour sur le discours prononcé cette semaine par le président Macron à l’université de la Sorbonne à Paris, consacré à l’avenir de l’Union européenne, sept ans après un premier discours sur le même thème et dans le même lieu. Avec ce discours de la Sorbonne, acte II, Emmanuel Macron fait-il avancer la cause de l'Union européenne ?

    La réponse est affirmative, à condition que les paroles du président Français convainquent l'ensemble des 27 États membres de l'Union – ce qui est tout sauf évident – et ensuite que ces paroles se traduisent en actes. En tout cas, le chef de l'État a voulu frapper les esprits avec sa formule : « Notre Europe est mortelle ». Un cri d'alarme pour souligner que l'Union européenne est menacée par différents périls qu'il faut affronter dès maintenant si on ne veut pas en payer le prix fort, l'éclatement de l'UE.

    Il est temps de faire des choix, de tracer un chemin pour les cinq à dix ans qui viennent. Il est temps de réarmer l'Europe, sur les plans politiques, diplomatiques, économiques et écologiques. Voilà la conviction du dirigeant français.

    L'objectif d'une « Europe puissance »

    L'objectif est clair : en 2017, Emmanuel Macron appelait à une Europe souveraine. Dans ce domaine, l'Europe a progressé, sans doute plus sous l'effet de crises extérieures, le Covid, la guerre en Ukraine, la flambée des prix de l'énergie, que d'impulsions volontaristes des dirigeants européens. Bref, l'Europe a réagi, s'est adaptée, pas trop mal finalement.

    Mais il faut aujourd'hui aller plus loin et bâtir, selon les termes du président, une « Europe puissance ». Non seulement autonome, mais capable par elle-même de tracer les objectifs qui servent ses intérêts. Europe puissance pour mieux affronter les autres puissances, américaine, chinoise, russe et autres, afin de se faire respecter – et de se protéger.

    Cela passe, selon le président, par la fin d'une forme de naïveté dans nos politiques commerciales avec les blocs qui nous concurrencent. Américains et chinois ne respectent plus vraiment les règles de l'OMC, notamment en subventionnant massivement leurs entreprises, y compris à l'exportation ? Bien, faisons pareil en exigeant plus de clauses de réciprocité.

    Cela passe aussi, selon Emmanuel Macron, par un doublement des investissements en Europe – autour de 1 000 milliards par an. Avec quel argent ? C'est une autre question.

    L'objectif en tout cas est de rattraper notre retard dans le numérique, l'intelligence artificielle et dans la réindustrialisation. Tout en développant un modèle décarboné, où le renouvelable, mais aussi le nucléaire, sont clairement assumés.

    Frontières et défense européenne

    Un autre objectif d'Emmanuel Macron : affirmer clairement nos frontières pour absorber la crise migratoire et résister à des tentations d'agression militaire. Il faut pour cela renforcer la défense européenne. Un vieux mantra du président français, qui a progressé avec la guerre en Ukraine, mais qui reste insuffisant. Problème : beaucoup de pays européens se satisfont de l'Otan, dominé par Washington. Mais pour Emmanuel Macron, il faut poursuivre ce but. Procéder déjà à des achats militaires auprès des européens, et bâtir un bouclier antimissile – concession faite à l'Allemagne réticente sur ce dossier de la défense.

    Belles perspectives pour les dix ans à venir, si Paris est entendu et suivi par le reste de l'Europe. Cela dépendra en partie du résultat des élections européennes en juin – or pour l’instant, il ne s’annonce pas brillant pour la majorité présidentielle.

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  • L’Europe a-t-elle enfin une politique migratoire digne de ce nom?
    Apr 12 2024

    Le Parlement Européen a adopté le pacte migratoire, aboutissement de longs mois de négociations entre les différents groupes représentés à Bruxelles. Cette adoption marque-t-elle une avancée historique pour l’Union européenne ?

    La réponse est oui, car jamais auparavant l'Union européenne n'avait réussi à adopter un ensemble de textes aussi complet sur la difficile question des migrations. Oui, mais à condition que le texte soit d'abord validé par chacun des États membres de l'Union européenne, et ensuite qu'il soit réellement appliqué, dans la vraie vie en quelque sorte, normalement à partir de 2026.

    Jusqu'au dernier moment, l'incertitude a régné dans les couloirs du Parlement pour savoir si le pacte serait adopté. Il l'a donc été ce mercredi 10 avril, grâce aux voix des trois grandes formations qui dominent le Parlement aujourd'hui, à savoir Parti populaire européen (PPE), de centre-droit, Renew, la formation libérale, et Socialistes et démocrates, le parti de centre-gauche. Mais même au sein de ces organisations favorables au projet européen, les divisions ont été fortes.

    À lire aussiLe Parlement européen adopte le pacte asile et migration

    Certains trouvaient que le contrôle des flux migratoires à l'entrée du territoire européen était trop peu respectueux de la dignité humaine. D'autres que les contraintes en termes de solidarité entre États membres étaient trop fortes. Quant aux formations plus à droite ou à gauche, elles ont critiqué certaines des mesures du pacte, pour des raisons diamétralement opposées parfois.

    Des critiques à gauche, mais aussi à droite

    Les formations de gauche dénoncent une politique trop dure vis-à-vis des demandeurs d'asile. Dans le futur pacte, en effet, on décidera à l'arrivée des migrants ceux qui ont une chance ensuite de bénéficier du droit d'asile. Ceux dont les chances n'excéderont pas 20% seront reconduits hors d'Europe. À condition, bien sûr, que les pays d'origine de ces migrants acceptent leur retour, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Autre critique formulée à gauche : les accords qui seront passés avec des « pays tiers sûrs » pour qu'ils prennent en charge la migration chez eux – une façon, pour les opposants à cette mesure, de sous-traiter le problème de manière indigne.

    À lire aussiCe que contient le pacte asile et migration adopté par le Parlement européen

    Plus à droite, on met en cause le laxisme du pacte et les contraintes imposées à tout le continent. Les formations de droite et d'extrême droite estiment que ce pacte est insuffisant. Ces partis dénoncent aussi les mesures prévues en situation de crise, comme lors de la vague migratoire de 2015. Pour soulager les pays d'entrée – Grèce, Espagne et surtout Italie, il est en effet prévu que chacun des 27 membres de l'UE leur viendra en aide, en proportion de sa richesse et de sa population. Il y a aura des installations de migrants dans toute l'Union, des relocalisations ou une aide financière conséquente aux pays d'entrée.

    Ce mécanisme de solidarité forcée est contesté par ces formations, qui y voient une attaque à la souveraineté des États. En dépit de toutes ces critiques, le pacte a quand même été adopté. C'est un succès. Reste maintenant à transformer l'essai pour doter véritablement l'Europe d'une politique migratoire digne de ce nom, entre fermeté et humanisme. Ce sera de toutes façons compliqué.

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