• Dans l'archipel du Cap-Vert, une démocratie bien ancrée
    Jul 25 2024

    Décolonisation des colonies portugaises, naissance du PAIGC, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, retour sur la figure du militant panafricaniste Amilcar Cabral, relations avec le Portugal… Afrique, mémoires d’un continent retrace ce dimanche l’histoire de la démocratie du Cap-Vert, une histoire politique qui prend sa source dans la lutte pour l’indépendance et qui fait figure de modèle sur le continent africain.

    Avec notre invité José Arlindo Barreto, recteur de l’Université du Cap-Vert

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    Elgas : Pourriez-vous évoquer la naissance d'un parti, le PAIGC, le Parti africain de l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert?

    José Arlindo Barreto : Le Cap Vert, par rapport à la question de la démocratie, est régulièrement cité comme un des pays exemples en la matière, grâce à la stabilité des gouvernements. Tous les dirigeants des gouvernements successifs qui ont pris le pouvoir au Cap-Vert depuis l'indépendance en 1975 jusqu'à aujourd'hui ont su regarder l'intérêt du pays avant celui des partis.

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  • Au Sénégal, le sacrifice des femmes de Nder
    Jul 19 2024

    S’immoler par le feu pour résister et dire non à l’esclavage, c’est le choix fait le 7 mars 1820 par les femmes de Nder, capitale du royaume du Waalo au Sénégal. Afrique, mémoires d’un continent, retrace cette semaine le destin tragique de ces résistantes qui, face aux envahisseurs maures et leurs alliés les Toucouleur, ont opté pour une mort dans la dignité.

    Avec la participation de Amadou Bakhaw Diaw, historien et autorité coutumière du Waalo au Sénégal.

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    Kpénahi Traoré : Que reste-t-il du sacrifice des femmes de Nder aujourd'hui ?

    Amadou Bakhaw Diaw : Les Français ont laissé un château, la «Folie du Baron Roger», à Richard-Toll (à 100 km de Saint-Louis). On aurait bien aimé qu'on puisse y rassembler l'ensemble des documents. Le Waalo est l'un des rares royaumes du Sénégal où il y a des archives coloniales de 1500 jusqu'à 1900. On a beaucoup écrit, les Français ont beaucoup écrit. On a besoin de rassembler l'ensemble de ces documents, les numériser. Parce que l'histoire de Nder, c'est aussi l'histoire du Radeau de la Méduse, c'est l'histoire du comptoir de Saint-Louis, c'est l'histoire de la colonisation agricole. C'est l'histoire de nos relations avec l'émirat du Trarza.

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  • L'art rupestre, témoin des grandes mutations du Sahara
    Jul 12 2024

    Le Sahara. Près de 10 millions de km², bordé par une dizaine de pays, et aux températures inhospitalières. Zone tampon d’échanges, de commerces divers, de conflits politiques, le Sahara a connu plusieurs mues. Le travail des historiens et archéologues révèle entre autres l’existence passée de lacs paléolithiques, une faune et une flore prospères, véritable paradis des chasseurs-cueilleurs.

    Et que dire des vestiges artistiques d’un Sahara jadis vert, et que l’on compte par milliers ? Enfin comment naissent, grandissent et meurent, s’ils meurent, les déserts ? Par quels processus climatiques et géologiques changent-ils de nature ?

    Avec la participation de Michel Barbaza, professeur émérite en archéologie des universités de Toulouse, auteur de l’article « La préhistoire récente du Sahara ».

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  • En Namibie, le génocide méconnu des Nama et des Herero
    Jul 5 2024

    Le 4 octobre 2011, un avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport de Windhoek en Namibie. Des centaines de personnes sont venues accueillir ce vol spécial. Il transporte 20 crânes, des restes de femmes et d’hommes massacrés par les troupes coloniales allemandes entre 1904 et 1908.

    L’extermination par le « Deuxième Reich » de ces 60 000 Herero et 10 000 Nama est considérée par les historiens comme le premier génocide du XXème siècle. Afrique, mémoires d’un continent propose de revenir sur ce crime oublié de l’histoire coloniale africaine.

    Merci à notre invité Joël Kotek, historien et professeur à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique.

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    Kpénahi Traoré : Joël Kotek, expliquez-nous qui sont les Herero et les Nama ?

    Joël Kotek : À l'époque, en 1904, ce sont les deux peuples majoritaires, les deux tribus majoritaires de ce qui est aujourd'hui la Namibie, dans le Sud-Ouest africain, qui était alors une colonie allemande. Ils représentaient à peu près 40% de la population totale. Tout l'enjeu de la colonisation allemande, c'était de convoiter des terres, de libérer de l'espace vital pour pouvoir y amener des colons allemands, comme l'avaient fait notamment les Britanniques dans leurs colonies, que ce soit en Afrique du Sud ou que ce soit en Australie et en Nouvelle-Zélande.

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  • La vallée du Nil, aux origines de l’excision
    Jun 28 2024

    Afrique, mémoires d’un continent revient ce dimanche sur l’histoire d’un sujet aussi délicat que douloureux, l’excision. Quand les femmes ont-elles été excisées pour la première fois et dans quelles régions du monde ? Comment expliquer la longévité de cette pratique ? Est-elle imposée ou recommandée par la religion, ou relève-t-elle de l’ordre de la tradition ?

    Avec la participation de Sophie Bessis, historienne, journaliste et féministe, auteure entre autres de « Les Arabes, les femmes et la liberté » (éd. Albin Michel).

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    Elgas : En l'état des connaissances, quand et où les femmes ont-elles été excisées pour la première fois ?

    Sophie Bessis : En recoupant toutes les données historiques, archéologiques, anthropologiques, on a une idée relativement précise de l'apparition des mutilations génitales féminines. Les historiens et les paléo-historiens estiment que l'excision serait apparue à peu près entre le deuxième et le premier millénaire avant Jésus-Christ, à peu près. Et en fait, c'est une pratique extrêmement ancienne. Et ce qu'il faut tout de suite pointer sur cette ancienneté, c'est que cette pratique est antérieure à l'apparition des trois grands monothéismes révélés le judaïsme, le christianisme et l'islam.

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  • Doukki Gel, un trésor architectural au Soudan
    Jun 21 2024

    En 2018, une mission archéologique suisse-soudano-française met à jour sur le site de Doukki Gel, au Soudan, un ensemble de constructions datant de près de 4 000 ans et aux fondations arrondies ou ovales totalement inédites. Que représente cette découverte ? Que nous dit ce nouveau type d’architecture sur Doukki Gel et ses habitants ? Pour quelles raisons cette cité pourrait être la trace d’une des premières civilisations africaines ?

    Que nous apprend le site de Doukki Gel sur l'histoire de la région ?

    Avec la participation de Dominique Valbelle, professeur émérite d’égyptologie et de nubiologie, et l’archéologue et égyptologue Charles Bonnet, auteurs de Doukki Gel et les origines de l'histoire africaine (éd. Khéops)

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    Kpénahi Traoré : Que représente selon vous la découverte de la ville de Kerma et de celle de Doukki Gel, situées à moins d'un kilomètre l'une de l'autre ?

    Charles Bonnet : Nous avons travaillé pendant plusieurs années sur ces deux villes et nous avons eu la surprise de découvrir que l'une, qui était au bord du Nil, était allongée, avait une topographie tout à fait particulière, avec des grands monuments sur une route magnifique. Et une autre ville à moins d'un kilomètre, Doukki Gel, qui se trouve un peu à l'intérieur des terres, et qui nous présente une topographie bien différente puisqu'on découvre un centre urbain avec des monuments extraordinaires, immenses. Jusqu'à 70 mètres pour certains d'entre eux, certains palais. On a eu l'occasion pendant plusieurs années d'étudier cette ville et de reconnaître son plan, mais on sait aujourd'hui que ces vestiges s'enfonçaient à quatre ou cinq mètres de profondeur et qu'il faudra des années pour les étudier complètement.

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  • La Françafrique au Katanga, les coulisses d’une guerre méconnue
    Jun 14 2024

    Le 30 juin 1960, après de hautes luttes menées notamment par Patrice Lumumba, Joseph Kasa-Vubu ou encore Moïse Tshombé, la République Démocratique du Congo, vaste territoire riche en matières premières et longtemps sous domination belge, accède à l’indépendance. C’est l’euphorie, mais une euphorie de courte durée. Très vite l’unité se fissure et le Katanga fait sécession sous la houlette de Moïse Tshombé.

    Avec la participation de Maurin Picard, journaliste et auteur de « Katanga ! La guerre oubliée de la Françafrique contre l’ONU » (éd. Perrin).

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    Elgas : Comment s'opère la rupture avec le Congo belge ? Quel est le contexte de cette décolonisation ?

    Maurin Picard : Tout commence évidemment avec la déclaration officielle de l'indépendance de l'ex-Congo belge, le 30 juin 1960. Le départ des Belges est précipité. Il y a eu une insurrection, une mutinerie au sein de l'armée congolaise qui refuse de continuer à être commandée par des officiers supérieurs belges. Et très vite, la situation dégénère. Il y a des émeutes aux quatre coins du pays. Les Blancs sont obligés de plier bagage. C'est la fuite éperdue vers l'aéroport de Léopoldville pour rentrer en Belgique. Mais il y a une province où un calme relatif se maintient. C'est le Katanga. Parce que là, la présence coloniale belge est encore très forte via une entreprise qui s'appelle l'Union Minière du Haut Katanga. Les intérêts financiers sont énormes. Vous avez parlé évidemment des intérêts de la Belgique, mais en fait, c'est un conglomérat anglo-belge. Il y a beaucoup d'intérêts britanniques, anglo-saxons au Katanga. Il est hors de question de laisser la chienlit, pour parler comme De Gaulle, prendre le pouvoir au Katanga. Et donc cette oasis de stabilité va donner des idées aux dirigeants katangais et ils déclarent la sécession du Congo quelques jours plus tard, le 11 juillet, en appelant l'Occident à venir à son aide face au chaos du Congo.

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  • Société arabo-musulmane et esclavage
    Jun 7 2024

    Afrique, mémoires d’un continent remonte à nouveau dans le temps, plus précisément à partir du VIIème siècle, et suit les caravanes traversant le Sahara avec des convois d’esclaves. Quand cette pratique a-t-elle véritablement débuté dans les pays d’Afrique du Nord ? Comment a-t-elle façonné les sociétés maghrébines ? Pour quelles raisons l’esclavage dans les sphères musulmanes est parfois mis en opposition avec la traite transatlantique ?

    Avec la participation de M’hamed Oualdi, professeur d’histoire du Maghreb moderne et contemporain à Sciences Po Paris, auteur entre autres de « L’esclavage dans les mondes musulmans : des premières traites aux traumatismes » (éd. Amsterdam) et de Mohamed Yahya Ould Ciré, ancien Consul général de la Mauritanie en Guinée-Bissau, docteur en Sciences politiques à l’Université Paris II, auteur d’une thèse « L’abolition de l’esclavage en Mauritanie et les difficultés de son application ».

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    Kpénahi Traoré : M'hamed Oualdi, de quoi parle-t-on quand on évoque l'esclavage dans le monde musulman ?

    M'hamed Oualdi : Il y a plusieurs mondes musulmans. Donc il y a ce monde musulman où il y a eu une traite massive et violente, à partir de l'Afrique subsaharienne vers l'Afrique du Nord, vers le Proche-Orient. Il y a aussi une traite à partir de l'Afrique de l'Est, notamment des femmes et des hommes éthiopiens, aussi à destination de ce nord de l'Afrique. Mais il ne faut pas oublier que dans ces mondes musulmans, il y a aussi des gens qui sont asservis à partir du nord de l'Europe, ça il ne faut pas l'oublier. Et aussi à partir du Caucase. La logique de tout ça, c'est comme dans le monde chrétien ou dans le monde juif antique, ou dans les mondes antiques, c'est qu'une personne qui n'est pas musulmane et qui combat le monde musulman, qui est engagée dans un combat contre le monde musulman, peut être asservie. Si dans une guerre, on a des prisonniers de guerre, ceux-là sont captifs et peuvent être asservis. C'est la même chose pour les femmes et les enfants. Et du coup, on ne les tue pas, mais on les vend comme esclaves.

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