• De nouveaux leviers, pour emprunter davantage?

  • Jun 1 2024
  • Length: 4 mins
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De nouveaux leviers, pour emprunter davantage?  By  cover art

De nouveaux leviers, pour emprunter davantage?

  • Summary

  • Accroître inconsidérément la capacité d’endettement de dirigeants qui se sont endettés pour faire la fête équivaudrait à une forme de non-assistance à peuples en danger... Aux assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, deux dirigeants africains ont suggéré cette semaine, à Nairobi, que l’on intègre les ressources naturelles dans le calcul du produit intérieur brut (PIB), pour accroître la capacité d’endettement des États. N’est-ce pas, là, une idée plutôt excellente, pour mobiliser davantage de financements en faveur des États africains ?Cette idée n’est pas nouvelle et pourrait, dans l’absolu, se comprendre. À condition de ne pas perdre de vue qu’il s’agit d’endettement, avec des implications sur l’avenir. L’on ne peut donc pas dissocier ces nouveaux leviers de la fiabilité des dirigeants qui auront à en user, ni de l’usage qu’ils font des richesses de leur pays, ou de leur capacité d’endettement. L’on ne peut emprunter en oubliant que l’on devra, un jour, rembourser.Il est si facile, dans les grandes réunions continentales, de développer des idées flamboyantes, surtout avec des perspectives suffisamment lointaines pour que ceux qui les émettent ne soient plus là pour en répondre, le moment venu. Encore que l’on compte, en Afrique, quelques chefs d’État en place depuis plus de quarante ans, dans des pays qui se trouvent être, en plus, des producteurs de pétrole, sans pouvoir apprécier le bénéfice que tire leur peuple du festin de la terre. L’on ignore même à quoi a pu servir, ici ou là, leur endettement écrasant. Aussi, faut-il un certain courage, pour demander aux citoyens d’applaudir de nouveaux leviers pour accroître la capacité de tels dirigeants à emprunter sur les marchés.Tous finissent plus ou moins par rembourserJustement. Mais aucun créancier n’a jamais accepté comme moyens de paiement la liste des gaspillages, des détournements ou des biens mal acquis. Nombre d’États donnent en gage, pour des avances financières qui se déclinent parfois en années d’exploitation, les ressources dormant encore au fond des mines… Pour engranger des fonds, certains n’hésitent pas à céder les terres dans lesquelles dorment leurs ancêtres. Ne leur resterait-il donc plus, comme caution bancaire, que les forêts, les fleuves, les lacs, les rivières ? À quand donc l’air que respirent les populations ?Certes, tous ne brûlent pas d’envie de gager le passé, le présent et l’avenir, et il en est même dont la gouvernance est d’une rigueur admirable. Et quand on sait qu’il n’y a pas, sur terre, pays plus endetté que les États-Unis d’Amérique, première puissance économique mondiale, on imagine que l’endettement n’est pas nécessairement une calamité sans issue pour les États. L’on n’en est pas moins intrigué par les montants faramineux de la dette de certains pays, que n’expliquent ni leur faible niveau d’équipement ni les conditions de vie de leurs populations. Accroître inconsidérément la capacité d’endettement de tels dirigeants n’équivaudrait-il pas à une forme de non-assistance à peuples en danger ?L’endettement est pourtant d’une nécessité vitale pour tousLe bon usage de l’endettement aussi. En charge de la Dette, en Côte d’Ivoire dans les années 1980, le ministre Maurice Séri Gnoléba avait fait sensation dans l’enceinte du FMI, à Washington, en réagissant avec véhémence aux allusions offensantes à l’endettement de son pays : « Venez donc chez nous, avait-il dit, et vous verrez que nous ne nous sommes pas endettés pour faire la fête ! »Nul ne s’inquiéterait de voir offrir aux dirigeants du Botswana cette possibilité d’inclure les ressources naturelles dans le calcul de leur leur PIB, car ils sont sérieux et gèrent bien les richesses nationales. Mais, donner de nouveaux leviers d’endettement à des dirigeants qui se sont endettés pour faire la fête achèverait de compromettre l’avenir de peuples déjà trop vulnérables.À l’aube des années 1980, lorsque le Cameroun est devenu producteur de pétrole, le président Ahmadou Ahidjo refusait d’inclure la manne pétrolière dans le budget de fonctionnement de l’État, car, disait-il, le pétrole n’était pas le fruit du travail des Camerounais, mais juste une chance, tenant au hasard. Au Tchad, pour financer le pipeline qui permettra d’acheminer le pétrole du gisement de Doba à Kribi, au Cameroun, les institutions financières avaient imposé aux dirigeants tchadiens de réserver sur des comptes bloqués une part des revenus aux générations futures. Au bout de quelques années, Idriss Déby Itno, unilatéralement, a dynamité la tirelire, pour financer ses guerres, au nom de la sécurité de son régime.En Afrique, le meilleur et le pire du leadership, se côtoient sans cesse. Cherchez donc le pire !
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