• Chronique de Jean-Baptiste Placca

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Chronique de Jean-Baptiste Placca

By: RFI
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  • Jean-Baptiste Placca, chroniqueur au quotidien La Croix et fondateur de L’Autre Afrique livre sa vision sur l’actualité africaine de la semaine écoulée. Entre analyse, réflexion et mise en contexte, cette chronique est l’occasion de donner du sens et de prendre du recul sur les événements de la semaine, mais également de revenir sur des sujets parfois traités trop rapidement dans le flot d’une actualité intense.

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Episodes
  • Le Monde, tel qu'il est…
    Jul 6 2024
    En attendant les Jeux Olympiques, le football, pour encore une bonne semaine. La pelouse verte est un tel espace de vérité et de justice ! Bonnes vacances sportives… Depuis bientôt un mois, les amateurs de football ont droit à du beau spectacle, sur les pelouses d’Allemagne, où se déroule l’euro 2024. À neuf jours de la finale, dimanche 14 juillet, pourquoi donc insister plutôt sur la diversité dans la composition des sélections nationales ?Parce que le visage qu’offrent les équipes dit beaucoup de ce que le football apporte à chaque société, comme de leur histoire, et même de leur esprit d’ouverture. Un diplomate occidental aux Nations unies a eu, il y a quelques années, un échange violent avec Trevor Noah, célèbre humoriste de la télévision américaine, un Sud-Africain qui s’était permis de relever que la victoire de telle équipe européenne à la Coupe du monde de football était aussi la victoire de l’Afrique, parce que cette sélection comptait de nombreux joueurs d’origine africaine.Lorsque nous célébrons Jamal Musiala, Leroy Sané, Serge Gnabry, Nico Williams, Ansu Fati, Cody Gakpo, Ousmane Dembélé ou quelque autre star du ballon rond, nous ne célébrons pas que la Suisse, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, la France. Nous célébrons aussi le Nigeria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, le Cameroun, la RD Congo, le Togo, le Mali... Chacun fera les tris qui l’intéressent. Mais le sport ne devrait pas souffrir des distinctions entre les sportifs et leur histoire personnelle.D’aucuns vous rétorqueront qu'il s'agit, là, de citoyenneté, et qu'il n’y a pas à se prévaloir de ses origines plus ou moins lointaines pour se distinguer…Il se trouve que l’histoire de chacun a ses complexités. Combiens d’admirateurs de l’international espagnol Nico Williams savent qu’à leur arrivée en Espagne, les parents ghanéens de celui-ci ont d’abord été emprisonnés, pour cause d’absence de papiers, avant d'obtenir l’asile ? Le futur footballeur, lui, était en gestation, dans le ventre de sa mère. On les aurait renvoyés au Rwanda où dans un quelconque centre de tri, dans le désert, que cet excellent footballeur nous aurait manqué, hier, tant il a fait trembler la défense allemande, durant la première mi-temps du match qui opposait sa patrie, l’Espagne, à la Nationalmannschaft.À lire aussiEuro 2024 : après les huitièmes, le bilan !Si le football est si plaisant à regarder, c’est parce que c’est un des rares milieux où l’on privilégie ce que valent les joueurs à l'endroit d’où ils viennent. Aucune histoire personnelle n’est banale.Nombre de leurs parents viennent des anciennes colonies. C'est donc le fruit de l’histoire. Pourquoi la réécrire ?De plus en plus de parents viennent de pays qui n’ont aucun lien historique ou colonial avec les nations dont leurs enfants portent le maillot. Un joueur d’origine nigériane, en Allemagne, n’est pas là parce que l’Allemagne a colonisé le Nigeria. Non, il est là parce que ses parents, un jour, ont choisi de s’installer en Allemagne, et que l’Allemagne les a accueillis. Qui remercier, sinon le peuple généreux qui a accueilli le père ?Il est exact qu'autrefois, la diversité dans les sélections se limitait à quelques ressortissants des anciennes colonies. Ainsi, recensait-on, dans l’équipe des Pays-Bas, nombre de joueurs originaires ou descendants de parents issus des îles que l’on appelait naguère les Antilles néerlandaises (Surinam, Aruba, etc.). L’Angleterre alignait, notamment, des joueurs venant pour la plupart de l’Empire britannique, du Commonwealth. C'est l'époque où Marius Trésor était pratiquement l'unique figure « black » de l’équipe de France. Dans l’équipe nationale belge, il y avait, comme encore parfois, aujourd'hui, des joueurs issus de pays comme la RDC, l'ex-Congo belge.Mais, ces dernières décennies, le lien historique a, presque partout, fait place à une tout autre diversité. Ils sont les enfants d’Africains établis dans les pays pour lesquels ils jouent, sans aucun rapport avec l’histoire coloniale. Parfois, ce sont des enfants de couples mixtes. Il arrive même que des jeunes enfants, nés dans un lointain pays d'Afrique, endossent le maillot (de la Suisse, par exemple), juste parce que leurs parents se sont établis dans la Confédération helvétique, après leur naissance. Tout cela fait un beau mélange, qui peut parfois déplaire, mais est aussi, souvent, merveilleux.À lire aussiEuro 2024: la France bat le Portugal aux tirs au but et rejoint l'Espagne en demi-finale
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    4 mins
  • Biden confronté à un choix historique
    Jun 29 2024
    L'état dans lequel se trouvait le président sortant des États-Unis, ce jeudi, est un cadeau inespéré pour son tristement célèbre prédécesseur et adversaire. L'option d'un retrait serait un service à son peuple et à l'humanité. En politique, il faut, parfois, savoir perdre un peu, pour gagner l’immortalité. Joe Biden, qui s’embrouille dans ses réponses, mais refuse obstinément d’accepter que ses forces l’abandonnent, au point d’offrir les clés de la Maison Blanche à un Donald Trump incapable d’accepter une défaite électorale, et qui, à coups d’affirmations fantaisistes, prend de surprenantes libertés avec la vérité. Tel était le décor du premier débat de la présidentielle de novembre prochain, aux États-Unis. Quels signaux reçoit ainsi l’Afrique de la démocratie américaine ?Depuis que Donald Trump a lâché ses partisans à l’assaut du Capitol, en janvier 2021, la démocratie américaine a cessé d’impressionner en Afrique. Trump a même failli rabaisser les États-Unis au rang de ces républiques bananières que lui-même méprise tant. Il n’empêche. Bien des tares, que l’on déplore régulièrement dans la vie politique, en Afrique, ne paraissent plus improbables, en Amérique ou dans certaines grandes démocraties. Ainsi, lorsque Joe Biden, manifestement diminué, sans plus assez de lucidité pour admettre qu’il serait peut-être temps pour lui de passer la main, certains, en Afrique, se demandent ce qui le différencie de Robert Mugabe, même s’ils n’ont rien en commun, dans la pratique du pouvoir. Quant à Donald Trump, qu’aurait l’aplomb avec lequel il assène les approximations à envier à certains despotes d’Afrique ou d’ailleurs ?Le pire, ici, est que Biden, inconsciemment, est en train de faciliter le retour de Trump à la Maison Blanche. Ce serait l’ultime preuve que très peu de démocraties, aujourd’hui, sont à l’abri d’un recul brutal. Surtout dans un monde où nombre d’électeurs, d’insatisfactions en déceptions dues aux politiciens, n’hésitent plus à faire, quand bon leur semble, un usage capricieux de leur bulletin de vote.Aux États-Unis, au moins, certains leaders amis de Biden disent tout haut qu’il serait bon qu’il s’éclipse…Mais, comme en Afrique, il est aussi des partisans ou courtisans qui n’osent pas dire la vérité à ce leader qui sombre dans un naufrage évident. Par tendresse ou par calcul, certains tentent de faire croire qu’il pourrait, demain, retrouver la vigueur qu’il faut pour rassurer les Américains. Et pourtant, à vue d’œil, celle-ci l’abandonne, de jour en jour. C’est comme cela qu’en Afrique, des dirigeants fatigués, sinon finis, s’accrochent, envers et contre tout. Certes, aux États-Unis, les institutions fonctionnent. Mais les questionnements qui découlent du débat de ce jeudi n’interpellent pas que le présent. C’est aussi, surtout l’avenir qui est en cause. Et l’on imagine comment Joe Biden pourrait, durant les quatre prochaines années, retrouver la vigueur qui semble l’abandonner jour après jour. Après tout, aux États-Unis, le président de la République est d’abord le commandant en chef des armées. Convenir qu’il est durablement diminué n’est pas de la malveillance, mais juste ne pas parier sur l’incertitude, par rapport aux charges de leader du monde libre.Et c’est ici que ce qui peut être considéré comme un problème typiquement américain devient une source de cauchemars pour la planète. Dans son déni de tout, Donald Trump a laissé croire que Biden était en train de précipiter l’humanité vers une troisième guerre mondiale. Et si c’était lui-même, au cas où il retournerait à la Maison Blanche ? Joe Biden, en cédant la place à un candidat plus solide, rendrait un service à son peuple, et à la terre entière, dans un monde guetté par tant de dangers.Barack Obama a pourtant fait valoir que les débats décevants font partie de la vie politique.Un débat voulu et longuement préparé par Biden. Ses propres médecins ne peuvent assurer que le naufrage du temps l’épargnera moins au fil de la campagne. Ni même si l’un et l’autre arriveront à l’élection. Se convaincre qu’il y aura des jours meilleurs, c’est se mentir. Et c’est au nom de tous que parlent tous ceux qui demandent aux démocrates de se trouver un candidat plus convaincant. Et s’il avait le courage de l’accepter, Joe Biden pourrait entrer dans l’Histoire, comme y est entré, pour toujours, Lyndon Baines Johnson, en renonçant à un second mandat qui aurait mis parti en lambeaux. Les Américains, aujourd’hui encore, considèrent « LBJ » comme un des plus grands présidents de l’histoire des États-Unis d’Amérique. En politique, il faut, parfois, savoir perdre un peu, pour gagner l’immortalité.À Joe Biden, comme à Donald Trumps, on a envie de dédier ces quelques injonctions, tirées de l’hymne de...
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  • Devine qui vient dîner?…
    Jun 22 2024

    Dans ce monde où plus aucun peuple ne se suffit à lui, tout seul, des rapports apaisés, mutuellement profitables, sont, de loin, plus intéressants que les tensions permanentes, qui transforment peu à peu certains peuples du continent en parias.

    Ce n’est certainement pas la destination vers laquelle les Sénégalais s’attendaient à voir leur nouveau président se diriger pour sa première sortie hors d’Afrique. Bassirou Diomaye Faye était, cette semaine, à Paris. Au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, mais aussi pour une première rencontre avec son homologue français, Emmanuel Macron. N’est-ce pas plutôt surprenant ?

    Pourquoi le serait-ce ? L’opposant est désormais un chef d’État, élu par son peuple. Il n’a ni volé les élections ni braqué quelque fourgon. Et, jusqu’à nouvel ordre, la France est un des principaux partenaires de son pays. Il était donc véritablement dans son rôle de chef d’État, à Paris, et c’est bien mieux, pour le Sénégal, que s’il avait pris prétexte des petites inimitiés passées avec Emmanuel Macron pour oublier d’assumer sa charge. Après tout, il s'agissait bien de vaccins ! Et, pour son peuple, pour sa patrie, il était bien qu’il soit là. D’autant que toute l’Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d’une réelle légitimité du suffrage universel. Aux imposteurs et autres usurpateurs, qui aiment tant ravir la vedette aux peuples du continent, les Africains ont déjà donné !

    Dans bien des pays, la mode, aujourd’hui, est d’être sur le ring avec tous ceux que l’on n’aime pas ou que l’on déteste. Etre en guerre contre toute la terre est, pour certains, un stimulant ! Comme si, pour exister, il leur fallait toujours affronter quelqu’un. Ou alors, ils somment les autres de les aimer et de les respecter, en oubliant, eux-mêmes, d’inspirer le respect.

    Les Sénégalais ne risquent-ils pas d’assimiler ce séjour parisien à une forme de ralliement ou de capitulation ?

    Ni ralliement ni capitulation. Chinois et Américains ne s’aiment, par exemple, pas ! Enfin, pas vraiment. Mais ils discutent et échangent en permanence. Et, pendant longtemps, les Chinois ont même figuré parmi les plus gros détenteurs de bons du Trésor américain. Si les États-Unis avaient été une entreprise cotée en bourse, une part considérable des actions de ladite société serait détenue par la Chine. Oui, les États peuvent faire affaire sans s’aimer d’amour fou ! Et si le besoin de sans cesse toiser quelqu’un, pour montrer que l’on existe, trahissait juste un pitoyable manque de confiance en soi ? La France est, pour le Sénégal, un partenaire de toujours, comme il en compte d’autres, et peut s’en trouver d’autres encore. Mais à quoi sert-il de rompre avec certains, pour, ensuite, se retrouver dans une posture encore moins confortable avec d’autres, qui, eux aussi, ont leur part d’impérialisme, de dédain, sinon de brutalité ? Tant de peuples prospèrent, aujourd’hui, en n’ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances.

    Venant du corps de l’État d’où ils viennent, Diomaye Faye et Ousmane Sonko savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal. Peut-être cela changera-t-il avec la manne pétrolière et gazière. En attendant, se couper d’une des sources traditionnelles de soutien ne serait qu’une aventureuse carence de lucidité, que ne peut justifier aucune rancune du passé.

    Une frange de leurs militants voudra pourtant comprendre pourquoi leur président, soudain, est si conciliant…

    Parce qu’il est, justement, président du Sénégal, et plus uniquement des seuls militants qui répondaient naguère à leurs appels à la rue. Autant les invectives et autres discours d’hostilité peuvent, éventuellement, servir pour conquérir le pouvoir, autant pour exercer ce pouvoir au mieux des intérêts de son peuple, l’on se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l’esprit de responsabilité. Ceux qui ont soif de palabres et d’ennemis jurés pour avancer trouveront, dans le communiqué conjoint publié à la suite de la rencontre Diomaye Faye-Macron, les mots qui montrent que leur président a été traité avec respect, et que l’avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel. Le Sénégal pourrait même en tirer de nouveaux avantages, certainement plus intéressants que les tensions permanentes, qui transforment peu à peu certains peuples du continent en parias, dans ce monde où plus aucun peuple ne se suffit à lui, tout seul.

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