• Devine qui vient dîner?…

  • Jun 22 2024
  • Length: 4 mins
  • Podcast

Devine qui vient dîner?…  By  cover art

Devine qui vient dîner?…

  • Summary

  • Dans ce monde où plus aucun peuple ne se suffit à lui, tout seul, des rapports apaisés, mutuellement profitables, sont, de loin, plus intéressants que les tensions permanentes, qui transforment peu à peu certains peuples du continent en parias.

    Ce n’est certainement pas la destination vers laquelle les Sénégalais s’attendaient à voir leur nouveau président se diriger pour sa première sortie hors d’Afrique. Bassirou Diomaye Faye était, cette semaine, à Paris. Au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, mais aussi pour une première rencontre avec son homologue français, Emmanuel Macron. N’est-ce pas plutôt surprenant ?

    Pourquoi le serait-ce ? L’opposant est désormais un chef d’État, élu par son peuple. Il n’a ni volé les élections ni braqué quelque fourgon. Et, jusqu’à nouvel ordre, la France est un des principaux partenaires de son pays. Il était donc véritablement dans son rôle de chef d’État, à Paris, et c’est bien mieux, pour le Sénégal, que s’il avait pris prétexte des petites inimitiés passées avec Emmanuel Macron pour oublier d’assumer sa charge. Après tout, il s'agissait bien de vaccins ! Et, pour son peuple, pour sa patrie, il était bien qu’il soit là. D’autant que toute l’Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d’une réelle légitimité du suffrage universel. Aux imposteurs et autres usurpateurs, qui aiment tant ravir la vedette aux peuples du continent, les Africains ont déjà donné !

    Dans bien des pays, la mode, aujourd’hui, est d’être sur le ring avec tous ceux que l’on n’aime pas ou que l’on déteste. Etre en guerre contre toute la terre est, pour certains, un stimulant ! Comme si, pour exister, il leur fallait toujours affronter quelqu’un. Ou alors, ils somment les autres de les aimer et de les respecter, en oubliant, eux-mêmes, d’inspirer le respect.

    Les Sénégalais ne risquent-ils pas d’assimiler ce séjour parisien à une forme de ralliement ou de capitulation ?

    Ni ralliement ni capitulation. Chinois et Américains ne s’aiment, par exemple, pas ! Enfin, pas vraiment. Mais ils discutent et échangent en permanence. Et, pendant longtemps, les Chinois ont même figuré parmi les plus gros détenteurs de bons du Trésor américain. Si les États-Unis avaient été une entreprise cotée en bourse, une part considérable des actions de ladite société serait détenue par la Chine. Oui, les États peuvent faire affaire sans s’aimer d’amour fou ! Et si le besoin de sans cesse toiser quelqu’un, pour montrer que l’on existe, trahissait juste un pitoyable manque de confiance en soi ? La France est, pour le Sénégal, un partenaire de toujours, comme il en compte d’autres, et peut s’en trouver d’autres encore. Mais à quoi sert-il de rompre avec certains, pour, ensuite, se retrouver dans une posture encore moins confortable avec d’autres, qui, eux aussi, ont leur part d’impérialisme, de dédain, sinon de brutalité ? Tant de peuples prospèrent, aujourd’hui, en n’ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances.

    Venant du corps de l’État d’où ils viennent, Diomaye Faye et Ousmane Sonko savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal. Peut-être cela changera-t-il avec la manne pétrolière et gazière. En attendant, se couper d’une des sources traditionnelles de soutien ne serait qu’une aventureuse carence de lucidité, que ne peut justifier aucune rancune du passé.

    Une frange de leurs militants voudra pourtant comprendre pourquoi leur président, soudain, est si conciliant…

    Parce qu’il est, justement, président du Sénégal, et plus uniquement des seuls militants qui répondaient naguère à leurs appels à la rue. Autant les invectives et autres discours d’hostilité peuvent, éventuellement, servir pour conquérir le pouvoir, autant pour exercer ce pouvoir au mieux des intérêts de son peuple, l’on se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l’esprit de responsabilité. Ceux qui ont soif de palabres et d’ennemis jurés pour avancer trouveront, dans le communiqué conjoint publié à la suite de la rencontre Diomaye Faye-Macron, les mots qui montrent que leur président a été traité avec respect, et que l’avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel. Le Sénégal pourrait même en tirer de nouveaux avantages, certainement plus intéressants que les tensions permanentes, qui transforment peu à peu certains peuples du continent en parias, dans ce monde où plus aucun peuple ne se suffit à lui, tout seul.

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