• Éthiopie: des déplacés du Tigré, entre traumatisme et rage après les exactions des miliciens Amharas

  • Jul 17 2024
  • Length: 3 mins
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Éthiopie: des déplacés du Tigré, entre traumatisme et rage après les exactions des miliciens Amharas  By  cover art

Éthiopie: des déplacés du Tigré, entre traumatisme et rage après les exactions des miliciens Amharas

  • Summary

  • Au Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, bientôt deux ans après la fin de la guerre civile, des centaines de milliers de déplacés attendent de rentrer dans l’ouest de la région, conquise par la province voisine Amhara durant le conflit. Les déplacés révèlent des atrocités encore inconnues, commises par les miliciens amharas durant le conflit. Un reportage exclusif pour RFI.

    De notre envoyé spécial à Sheraro, dans le Tigré, en Éthiopie,

    Avec sa lyre faite de bouts de bois, un enfant déplacé tente, avec sa musique, d’alléger le lourd quotidien des Tigréens chassés de leurs terres. Beaucoup sont encore traumatisés par ce qu’ils ont subi dans l’Ouest. Murut Tfesah, originaire de Humera, liste les noms de ses neuf amis exécutés devant ses yeux début 2021. « Nous étions avec notre bétail. Des miliciens amharas sont arrivés. Ils nous ont attachés, agenouillés et nous ont tiré dans le dos, témoigne Murut Tfesah, moi, ils m’ont tabassé à coup de crosses, mais ils m’ont laissé vivre car ils voulaient que j’emmène les animaux à la prochaine ville. J’ai perdu tellement de proches. J’aurais préféré mourir ce jour-là car, aujourd’hui, je n’ai plus personne. »

    L’homme a ensuite été incarcéré à la sinistre prison de Humera où de nombreuses exactions auraient été perpétrées. Gebriyewot Abraha y a été détenu pendant deux ans. Ce qu’il a vu a décuplé sa haine. « Un soir, des miliciens ont sorti 62 prisonniers. Tous des intellectuels, enseignants, fonctionnaires. On ne les a jamais revus. Une autre fois, ils ont pris huit détenus. Tous des professeurs d’université. Ils leur ont mis une balle dans la tête. » Il poursuit, en colère : « J’ai vu leurs cadavres. Ils ont fait ça pour anéantir les personnes éduquées et nous faire revenir en arrière. Je ne pardonnerai jamais et un jour, nous nous vengerons. »

    Dans le camp, les déplacés partagent leurs souvenirs de la guerre comme pour mieux exorciser le passé. Tous se souviennent de la violence quotidienne des geôliers, prêts à tout pour débusquer les rebelles tigréens. « Un prisonnier a été abattu, car les Amharas le soupçonnaient de partager des photos sur Internet. Un soir, ils nous ont emmenés en brousse. Je pensais que mon heure était venue. Ils m’ont accusé d’avoir appelé mes proches dans la capitale, se souvient Tesfaye Tsegabe, détenu pendant deux ans, ils m’ont frappé si fort qu’ils m’ont cassé la main. Ils nous torturaient, nous ordonnant d’avouer, sinon ils allaient nous abattre. »

    Parmi les déplacés, Alem Geretzer est un miraculé, il a échappé au peloton d’exécution à trois reprises. Ironiquement, l’ennemi Érythréen lui a quelque part sauvé la vie. « Ils m’ont sorti trois fois de ma cellule pour m’exécuter près de la rivière. Deux fois, les Érythréens sont intervenus car ils ne voulaient pas de ça près de leur frontière. La troisième fois, un officier amhara m’a fait transférer. Je suis chanceux, j’ai échappé à la mort. »

    Les déplacés espèrent qu’un jour ces crimes seront connus. Mais pour l’instant, l’impunité est totale. La commission génocide sur le Tigré ne peut même pas enquêter dans la zone ouest faute d’accès.

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