• «La montagne était pleine de cadavres»: en Éthiopie, le massacre de 2022 à Mariam Shewito hante encore les habitants

  • Jul 18 2024
  • Duración: 3 m
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«La montagne était pleine de cadavres»: en Éthiopie, le massacre de 2022 à Mariam Shewito hante encore les habitants  Por  arte de portada

«La montagne était pleine de cadavres»: en Éthiopie, le massacre de 2022 à Mariam Shewito hante encore les habitants

  • Resumen

  • C’est un crime atroce, mais méconnu. Entre octobre et novembre 2022, des soldats érythréens ont commis un bain de sang à Mariam Shewito et ses alentours, dans la province du Tigré, au nord de l’Éthiopie. La guerre entre les forces tigréennes et le pouvoir fédéral éthiopien allié de l’Érythrée pourrait avoir causé jusqu'à 600 000 morts, selon l’Union africaine. L’accès à la presse a longtemps été interdit. Dans une enquête à distance, le Washington Post avait révélé qu’environ 140 personnes avaient été tuées à Mariam Shewito. Le chiffre atteignait 300 en comptant les victimes alentours. Premier à se rendre sur place depuis la fin de la guerre, notre envoyé spécial a rencontré des habitants et des survivants du massacre.

    De notre envoyé spécial à Mariam Shewito,

    « C’est là… Ça s’est passé ici. Ils nous ont attachés les mains, nous ont mis en rang, à genou, et ont abattu les 23 autres personnes d’une balle dans la tête. » Aregawi Giday se souviendra toujours de ce jour d’octobre 2022 où il a par miracle échappé au peloton d’exécution. Un moment qui le hante encore aujourd’hui. « Ils m’ont raté et j’ai fait semblant d’être mort. Les cadavres m’ont recouvert. Je peux encore entendre les cris des gens. Tout le monde suppliait les Érythréens de les épargner. En revenant ici, je sais que je ne vais pas dormir pendant deux jours. »

    Le massacre a été perpétré alors que des négociations étaient en cours, quelques jours avant l’accord de paix. Une unité de l’armée érythréenne est arrivée à Mariam Shewito après une défaite sur le champ de bataille. Ivres de vengeance, les soldats auraient massacré la population. Tuant les habitants dans un porte-à-porte macabre.

    La montagne était pleine de cadavres

    La gorge serrée, Gebre Anenia Aberha raconte comment il a échappé à la mort : « Ouvrez, ouvrez la porte !”. C’est comme ça qu’ils ont demandé qu’on sorte. Ils nous ont attaché les mains et nous ont ordonné de coller nos têtes pour économiser leurs balles. Ils m’ont raté et je me suis enfui. Trois jours après, la montagne était pleine de cadavres. Certains avaient les intestins et les poumons par terre, l’odeur était insoutenable. L’image de tout ce sang, me donne encore des cauchemars. Mais il faut accepter de pardonner. Sinon un autre carnage pourrait survenir. »

    Un crime encore impuni. Negusa Gebrehet Meret a eu l’œil transpercé par une balle érythréenne tirée à bout portant. Le vieil homme veut encore croire que justice sera un jour rendue. « Même si ça ne ramènera pas à la vie les victimes, je demande simplement justice. Je ne leur pardonnerai jamais. Mais les voir juger me soulagerait. »

    « Même Dieu ne peut leur pardonner »

    À l’église Enda Mariam Shewito, les religieux prient pour les victimes du carnage. 106 victimes ont été enterrées dans l’enceinte. Malgré son statut, cette fois-ci, le prêtre Kashi Gebrehiwot s’emporte et laisse de côté les messages de paix.

    « Dans notre religion, nous essayons de pardonner, mais ce qui s’est passé est tellement grave. J’ai dit aux Érythréens lorsqu’ils me frappaient que si j’avais une arme, je me battrais avec eux. Ces gens ne croient en rien. Ils sont sans pitié. Même Dieu ne peut leur pardonner. Donc je sais que c’est mal, mais j’aimerais que les Tigréens se vengent. »

    Une commission sur le génocide est en train d’enquêter, mais les obstacles techniques sont énormes dans un Tigré encore ravagé par la guerre. Les victimes devront encore attendre avant la moindre justice.

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