"Pour ce 10ème épisode, je vous propose une rencontre avec la créatrice Chloé Ratte alias Simone Découpe. J’ai rencontré Simone, il y a 15 ans à l’école nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières et depuis, nous sommes toujours restées en lien. Nous avons collaboré à plusieurs reprises ensemble. Que ce soit à Charleville-Mézières dans le cadre du projet de fin d’étude de Simone pour lequel elle m’avait invité comme interprète alors que j’avais pris un autre chemin. Ou plus tard, avec les Nouveaux Ballets, à l’occasion de projets de territoires, de la création d’une courte forme, d’interventions avec des habitant.e.s etc. Cette saison, elle collabore avec la musicienne Mariane Berthault alias Seule Tourbe dans le cadre d’une résidence de recherche Tremplin portée par Les Nouveaux Ballets.

Si Simone s’est donc formée comme marionnettiste, elle emprunte depuis plusieurs années les sillons des arts visuels. Avec une paire de ciseaux ou un scalpel, elle travaille à présent le papier découpé sous différentes formes et différents formats.

Un soir de février, dans un AirBnB d’Amiens, à une heure plutôt tardive, après une journée de travail au Tas de Sable : le centre national des arts de la marionnette basé en Picardie, à la suite de cette résidence de recherche avec Mariane, on a parlé avec Simone de ce que cela implique que de travailler à partir d’un art qui appartient à ce qu’on appelle le folklore, de mettre en mouvement le papier à travers la lumière, du théâtre d’ombre et de stop motion, de cuisine aussi, de la perte du statut d’intermittent.e et de ce que cela implique et tout ça, probablement sur fond d’antispécisme". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

(c) Claire Dietrich

"Pour ce 9ème épisode, je vous propose une rencontre avec la créatrice, marionnettiste et illustratrice québécoise Mélanie Baillairgé. J’ai rencontré Mélanie il y a un peu plus de 4 ans. Nous avions toutes les deux repris nos études au sein du DESS en théâtre de marionnette contemporain de l’UQAM à Montréal. Au cours de ce parcours, j’ai souvent été fascinée par l’univers visuel relativement minimal déployé par Mélanie. J’ai aussi été saisie par sa présence au plateau, par son engagement physique, sa générosité dans les états de corps qu’elle proposait alors que l’espace de la scène lui était relativement nouveau.

Et pour cause, je m’aventure souvent à dire que Mélanie a eu de nombreuses vies avant que je ne la rencontre. Elle a notamment tenu une galerie d’art, elle a géré une entreprise de design graphique, elle a été autrice et illustratrice de livres, elle a travaillé pour le cinéma, le spectacle etc. Et actuellement, elle est directrice artistique dans la création multimedia, en parallèle du travail que nous développons ensemble. L’une de ses dernières collaborations pour le film documentaire “Seuls” (avec Paul Tom) a d’ailleurs été largement primé et salué par la critique au Canada. Et depuis quelques temps donc, Mélanie est aussi interprète et conceptrice pour le spectacle vivant. Elle fait notamment partie de la distribution québécoise du spectacle “SCOOOOOTCH !” et en ce moment, nous créons ensemble un solo autofictif appelé VAGUES qui fait suite à notre projet de fin d’étude du DESS.

Un mardi midi de ce mois de février enneigé, à la Maison Internationale de la Marionnette (la MIAM, comme on l’appelle ici, à Montréal), pendant notre pause lunch, durant notre résidence pour le spectacle VAGUES, nous avons parlé de la difficulté d’être artiste au Québec où un système tel que l’intermittence du spectacle n’existe pas, de boîtes qu’on ouvre et qu’on tente de refermer, de renoncement aussi parfois, mais nous avons également évoqué le fait de se permettre des changements de perspectives professionnelles à tout âge, de ce qu’implique une traversée en solitaire du plateau à travers un spectacle autofictif et de beaucoup d’autres choses aussi que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

"Pour ce 8ème épisode, je vous propose une rencontre avec la créatrice et comédienne Sophie Loock.

J’ai rencontré Sophie, il y a un peu plus de 20 ans. Ensemble, nous avons plongé dans la grande aventure du théâtre universitaire, en parallèle du conservatoire d’art dramatique et de la fac. Une aventure faite de créations collectives que nous cosignions à trois avec notre comparses Delphine Veggiotti. Nous avons créé comme ça, plusieurs pièces de théâtres de textes pour adultes et jeune public que nous avons joué dans le réseau étudiant et dans de petits théâtres associatifs. Et c’est sans doute comme ça, que nous avons réellement appris notre métier. Et puis, au fond de moi, je savais que ça n’était pas vraiment le théâtre que j’avais envie de faire. L’interdisciplinarité m’appelait, tandis que d’autres envies se faisaient sentir pour Delphine et Sophie. Alors, notre petit groupe s’est séparé et chacune a pris des chemins différents. Plusieurs années plus tard, après quelques déménagements, Sophie est revenue s’installer à Lille. Et de nouveau, nous avons été amenées à collaborer ensemble au sein des Nouveaux Ballets. Sophie a notamment été comédienne dans une petite forme tout terrain jeune public adaptée d’un album jeunesse qui a vu le jour en 2018 en collaboration avec la plasticienne Simone Découpe. Elle a aussi pris part à nos actions de territoire autour des textiles sur le caudrésis pendant plusieurs années. Actuellement basée en Bretagne, dans le Finistère, Sophie mène à présent un projet de compagnie qui vise à créer des formes in-situ dans des lieux de soin et avec des publics qu’elle nomme “en contextes spécifiques”.

Un dimanche de décembre, accompagnées de quelques tisanes, dans mon salon, à Lille, nous avons pris plaisir à nous remémorer nos débuts ensemble. Et puis, on a aussi parlé du classisme, qui enfreint parfois le désir d’agir dans le spectacle vivant, de ce que ça signifie que créer avec et pour des “publics en contextes spécifiques”, de la difficulté de ne pas être considéré.e.s par les structures et les institutions culturelles quand on travaille spécifiquement en lien avec ces structures spécifiques, d’une potentielle ascension en montagne (à moins que cette notion d’ascension ne soit la métaphore d’un désir intérieur) et de beaucoup d’autres choses aussi que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

"Pour ce 7ème épisode, je vous propose une rencontre avec le chanteur et performer Mathieu Jedrazak.

J’ai rencontré Mathieu, il y a maintenant 20 ans, en cours d’art dramatique au Conservatoire de Lille. Mathieu dégageait une présence toute singulière et très vite, nous sommes devenus ami.e.s. Avec lui, j’ai découvert des territoires insoupçonnés, joyeux, irrévérencieux et parfois aussi un peu ambivalents du point de vue du travail de création. Ensemble, nous avons collaboré sur le spectacle auto-fictif “La Jeune fille et la morve” en 2011, avec lui à la mise en scène et moi au plateau. Et je crois que pour tous les deux, ce spectacle a marqué un point important dans nos trajectoires respectives. Depuis, nous avons de nouveau collaboré ensemble : sur la pièce jeune public "DADAAA" créée en 2019, ou encore dans le cadre d’événements. Mathieu est à présent surtout actif au sein du cabaret Madame Arthur à Paris où il incarne son alter ego trav’ : Martin Poppins. On peut aussi le retrouver sur des scènes contemporaines où il collabore principalement avec des chorégraphes ou plus largement des créateurices, notamment comme chanteur et performer.

Le soir du 25 décembre à une heure tardive, chez moi, à Lille, entre 2 représentations pour lui du Cabaret Madame Arthur à Lyon et à Paris, on a parlé de la pratique artistique comme un espace pour se repenser différemment, de la question de la légitimité, de la hauteur du sourcil, du manque d’outils que nous avions à disposition lors de nos premières collaborations et puis on a évidemment parlé de cabaret et de travestissement et de beaucoup d’autres choses aussi, que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

"Pour ce 6ème épisode, je vous propose une rencontre avec la photographe, Lucie Pastureau.

J’ai rencontré Lucie, il y a un peu plus de 2 ans. Je préparais un spectacle en espace public qui prenait notamment sa source dans l'œuvre photographique de Diane Arbus. Arbus est très célèbre pour avoir photographié “les freaks” dans les années 60 à New-York, il y a de forte chance que vous ayez déjà rencontré son travail : comme sa fameuse photo de jumelles citée à de nombreuses reprises dans des films et des pubs notamment. Et pour ce spectacle, il était évident que nous n’aurions pas les droits pour utiliser les images de Diane Arbus. Sur les conseils d’une amie réalisatrice, j’ai donc contacté Lucie Pastureau. Nous ne nous étions jamais rencontrées auparavant, mais en observant quelques photos prises par Lucie, visibles sur internet, j’ai entraperçu un certain regard qui n’était pas dénué de connexions avec le travail de Diane Arbus. Pendant une période de 2 ans, j’ai donc accompagné Lucie sur les shootings que nous avons mis en place dans le cadre de la création de ce spectacle. Et j’ai trouvé ça totalement fascinant de la voir travailler et dialoguer avec les personnes qui ont été prises en photo. Et puis, finalement, cette collaboration étroite a permis de travailler avec ces images photographiques à des endroits que je n’avais pas prémédités et qui n'auraient pas été possible si nous nous en étions tenues aux photos de Diane Arbus.

Une matinée de cette fin novembre, dans la cuisine lumineuse de Lucie, à Lille, nous avons parlé de la diversification du métier de photographe, de la difficulté du statut d’artiste-auteur, de la notion ambivalente de beauté d’un point de vue photographique, de la création collective. Et nous sommes aussi revenues sur notre collaboration récente : sur la dimension écrasante qu’a pu représenter dans un premier temps ce geste citationnel par rapport à Diane Arbus et puis cette prise de distance nécessaire qui en a finalement découlé, et de beaucoup d’autres choses aussi, que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

(c) Lionel Pralus

"Pour ce 5ème épisode, je vous propose une rencontre avec la chargée de production et de diffusion Claire Girod.

J’ai rencontré Claire il y a presque 3 ans. Je recherchais une chargée de diffusion et plusieurs personnes m'avaient tout simplement conseillé de la contacter. Et par chance, suite à plusieurs missions à nos côtés, Claire a accepté de travailler avec nous, ce qui a rendu ma vie et mon travail beaucoup plus simple, il faut bien l’avouer. En parallèle, Claire travaille pour 4 autres compagnies à ce même poste, puisqu’elle est intermittente du spectacle. Et elle développe également un travail de programmation collaborative sur un festival avec la Cie la Muette à Nancy.

Un jeudi soir de décembre, pendant une tournée du spectacle SCOOOOOTCH ! à Cergy-Pontoise, dans une chambre d’hôtel Ibis, entre un entrainement de lancer de haches avec l’équipe du spectacle et un restaurant japonais situé dans un centre commercial, on a parlé des stéréotypes propres au métier de chargée de diffusion, de la question des retours artistiques, du fait d’avoir fait le choix de s’engager aux côtés des compagnies et de la liberté que ça procure, de comment travailler à modifier le système pour faire en sorte qu’il s’accorde davantage avec nos aspirations profondes et de beaucoup d’autres choses aussi, que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

"Pour ce 4ème épisode, je reçois la musicienne, compositrice et interprète Mariane Berthault alias Seule Tourbe.

J’ai rencontré Mariane il y a une quinzaine d’années via des ami.e.s communs. À l’époque déjà on avait pris part ensemble à quelques aventures artistiques mi-étudiantes, mi-professionnelles. J’ai toujours suivi de plus ou moins près ses différents projets : je me souviens d’un concert où elle jouait du ukulélé avec le CUL : le collectif de ukulélé lillois ou encore de ses concerts féministes en robes de mariées dans un duo appelé les cousines machines. Et puis, un jour, Mariane a sorti un projet musical solo : Seule Tourbe, un petit bijou musical intimiste que je vous invite fortement à écouter. À l’époque, Mariane travaillait encore dans l’éducation nationale. C’est à peu près à ce moment-là que je lui ai proposé de rejoindre l’équipe de SCOOOOOTCH ! alors qu’elle envisageait de quitter le secteur de l’éducation où elle avait travaillé pendant 15 ans. Pour ce spectacle, elle a composé la musique qu’elle interprète sur scène. Cette saison, nous avons la chance de l’accueillir au sein du Club, dans le cadre d’une résidence Tremplin financée notamment par la DRAC Hauts-de-France, on aura l’occasion d’en reparler au cours de ce podcast. Un mardi après-midi, juste après une représentation de SCOOOOOTCH !, dans l’appartement du Théâtre le Volcan, au Havre, avec le vent qui souffle entre les fenêtres, on a parlé du fait de s’émanciper du secteur des musiques actuelles, de l’importance d’avoir des modèles sexisés dans le secteur de la création, du fait de créer à destination du jeune public, un peu de Nirvana aussi et de beaucoup d’autres choses que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe

(c) Bénédicte Dacquin

"Pour ce 3ème épisode, je reçois la créatrice, constructrice, régisseuse, interprète et bien d’autres choses encore : Audrey Robin.

J’ai rencontré Audrey, il y a une douzaine d’années au Conservatoire de Lille où nous étions toutes les deux étudiantes en art dramatique. Depuis, nous n’avons cessé de collaborer à de multiples niveaux. Audrey, c’est vraiment le couteau suisse de la compagnie, elle est à la fois régisseuse générale, technicienne, constructrice, collaboratrice artistique et parfois aussi interprète. Et depuis quelques années, Audrey développe également une recherche en tant qu’artiste visuelle soutenue et accompagnée notamment par Fructôse à Dunkerque qui est une base de soutien pour les artistes visuel.les et au sein du Club des Nouveaux Ballets. Et ce qui est certain, c’est que nos spectacles ne seraient pas les mêmes sans tout son précieux travail souvent invisible. Un dimanche soir de ce début d’automne, à une heure plutôt avancée, à Lille, entre deux projets, on a parlé de Michel Sardou, de cette inquiétante étrangeté propre aux arts de la marionnette, d’un constant sentiment d’illégitimité en tant que personne sexisée et de beaucoup d’autres choses aussi que je vous invite à présent à écouter". Amélie Poirier

Générique : Mariane Berthault // Seule Tourbe