• Ça fait débat avec Wathi

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Ça fait débat avec Wathi

By: RFI
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  • Toutes les semaines, RFI s’arrête sur les grands dossiers africains avec le laboratoire d’idées Wathi. Trois minutes pour se poser, examiner les enjeux et les solutions, en s’appuyant sur les débats citoyens initiés par ce groupe de réflexion. Une chronique présentée par Alexis Guilleux.

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Episodes
  • «Trop d’enfants reçoivent un enseignement dans une langue qu’ils ne comprennent pas»
    Jul 14 2024
    Retour aux questions d’éducation, que vous considérez comme la priorité parmi les priorités. Vous avez organisé le 6 juin dernier un dialogue virtuel sur le thème de la place des langues locales africaines dans les systèmes éducatifs en Afrique de l’Ouest. C’est peut-être l’une des plus cruciales à traiter si l’on veut remédier aux évaluations parfois accablantes de la qualité des apprentissages des enfants dans les langues officielles héritées de la colonisation (le français, l’anglais et le portugais dans les pays d’Afrique de l’Ouest).Dans une région où tous les pays sont caractérisés par une extraordinaire diversité linguistique, l’enseignement de qualité dans les langues locales africaines, dans les langues parlées par les enfants à la maison et dans leur environnement social, semble encore aujourd’hui un défi insurmontable.En juillet 2021, la Banque mondiale avait publié un rapport qui réaffirmait ce que de nombreux experts des sciences de l’éducation expliquaient depuis longtemps : « Les enfants apprennent mieux et sont plus susceptibles de poursuivre leurs études lorsqu’ils commencent leur scolarité dans une langue qu’ils utilisent et comprennent ». Le rapport observait que « Trop d’enfants reçoivent un enseignement dans une langue qu’ils ne comprennent pas, ce qui est l’une des principales raisons pour lesquelles de nombreux pays ont de très faibles niveaux d’instruction ». Des études montrent que les enfants qui reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle et quotidienne ont 30 % de chances en plus que les autres de savoir lire à la fin de l’école primaire. À lire aussiAfrique: les 16 pays les plus avancés sur l’accès à l’éducationVotre invité, Hamidou Seydou Hanafiou, docteur en linguistique et sciences du langage, enseignant-chercheur à l’université Abdou Moumouni de Niamey, a insisté sur le fait que « les Africains – ou une partie d’entre eux plus précisément – sont les seuls au monde à commencer leur éducation avec une langue qui n’est pas celle qu’ils parlent à la maison ». Nous avons eu plus de deux heures d’une conversation franche qui a fait ressortir, au-delà de l’expertise pointue sur le sujet, la passion et l’engagement de notre invité qui a mis le doigt sur les véritables causes de l’insuffisance de résultats des nombreuses réformes des systèmes éducatifs dans les pays francophones de la région, y compris dans son pays, le Niger, pourtant pionnier de l’introduction des langues maternelles dans l’enseignement formel avec une première école expérimentale bilingue ouverte en 1973-1974.Absence de volonté politique, changements réguliers d’orientations stratégiques du fait de l’instabilité à la tête des ministères, incapacité des États à prendre le relais des financements extérieurs. Dr Hanafiou a témoigné du fait que des hauts fonctionnaires des ministères concernés étaient parfois les plus hostiles à l’enseignement dans les langues premières. Évidemment, il est difficile d’obtenir des résultats lorsqu’on met en œuvre des politiques auxquelles on ne croit pas.L’enjeu de l’enseignement des langues locales, c’est la qualité des apprentissages de manière générale, mais c’est aussi la préservation du riche patrimoine linguistique des pays africains.Oui bien sûr. Et le représentant de l’ambassade d’Irlande au Sénégal, notre partenaire qui soutient notre série de débats sur les questions d’éducation au cours de cette année, décrétée année de l’éducation par l’Union africaine, a rappelé l’importance de la valorisation de la langue irlandaise pour son pays, ancienne colonie britannique.Il n’est pas inutile de rappeler parfois que les peuples africains ne sont pas les seuls au monde à avoir été victimes du crime de la colonisation à un moment de leur histoire. On se relève de ces périodes douloureuses par l’obsession de l’amélioration du bien-être des populations, par le travail exigeant dans la durée, par la tempérance, l’adaptation au monde tel qu’il est et par l’anticipation de ses évolutions. S’il est un domaine où la croyance aux solutions faciles et à la résolution magique des problèmes par des décrets garantit la production et la reproduction de la médiocrité, c’est bien celui de l’éducation. À lire aussiLes défis de l'éducation en AfriquePour aller plus loin :► La place des langues locales africaines dans les systèmes éducatifs en Afrique de l’Ouest,► Haut et fort : Politiques efficaces de langue d’enseignement pour l’apprentissage, Banque mondiale,
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    4 mins
  • En Afrique de l’Ouest: deux sommets, un immense gâchis et des impasses
    Jul 7 2024
    Un week-end avec deux sommets en Afrique de l’Ouest, un sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES) hier samedi 6 juillet à Niamey et un sommet de la Cédéao ce dimanche à Abuja. Deux sommets qui illustrent une cassure sans précédent au sein de la région, depuis l’annonce simultanée en janvier dernier du départ des trois pays du Sahel central, Mali, Burkina Faso et Niger, de la Cédéao. Oui, une profonde cassure et surtout un immense gâchis. En 2017, j’écrivais dans une tribune que le fait « d’accepter le détachement géopolitique progressif du Sahel de l’Afrique de l’Ouest institutionnelle incarnée jusque-là par la Cédéao pourrait être une erreur stratégique majeure… qui conduirait à casser la dynamique de solidarité entre pays côtiers et pays enclavés et à mettre en danger les principaux chantiers de l’intégration ouest-africaine ». À lire aussiLes regards tournés vers le sommet de l'AES à Niamey lors d'une réunion de ministres de la CédéaoJe n’imaginais pas qu’on y serait arrivé sept ans plus tard. Qu’on en serait à commenter d’un côté un sommet d’un trio de chefs militaires qui ont pris le pouvoir et le conservent par la force et de l’autre, un sommet de dirigeants de la Cédéao dont plusieurs ont contribué à la décrédibilisation de l’action de l’organisation régionale. Le dernier en date, le dirigeant du Togo, a quand même choisi de doter son pays d’une nouvelle constitution supprimant l’élection présidentielle au suffrage universel, une constitution qui ne sera connue des citoyens togolais qu’après sa promulgation. Les acteurs politiques civils qui n’ont jamais cru aux vertus de la démocratie et de l’État de droit ne veulent pas d’une Cédéao réformée pour être plus efficace. Ils veulent une Cédéao affaiblie, qui laisserait chaque dirigeant faire ce qu’il veut dans son pays. Un rapport récent de l’Institut d’études de sécurité recommande aux autorités militaires de « conduire des transitions véritablement inclusives, en respectant les libertés fondamentales », de « repenser la gestion de la crise sécuritaire à l’aune des enseignements de la dernière décennie, notamment en matière de protection des civils et concernant la nécessité de compléter l’action militaire par des actions non militaires». Oui, ce rapport est très intéressant et constructif et ses recommandations sont bienvenues. Le souci est que les dirigeants militaires semblent s’orienter chaque jour encore plus dans la voie de la militarisation à outrance de l’État et de la société. La peur est maintenant bien installée. Même les ardents défenseurs des pouvoirs militaires devraient avoir maintenant compris qu’ils peuvent eux aussi se retrouver rapidement arrêtés, condamnés et emprisonnés dès qu’ils ont la mauvaise d’idée d’émettre des réserves sur la conduite des affaires du pays. À lire aussiL'Alliance des États du Sahel tiendra son premier sommet le 6 juillet à NiameyVous dites que nombre d’acteurs militaires et civils qui sont aussi comptables du délitement de leurs États que les anciens présidents renversés se font passer sans mal comme des révolutionnaires patriotes et vertueuxOui, dans ce registre, les généraux au pouvoir à Niamey sont les moins crédibles: Le général Abdourahmane Tiani, qui a commandé la garde présidentielle sous Mahamadou Issoufou pendant dix ans, et le numéro deux et ministre de la Défense actuel, le général Salifou Mody, qui fut chef d’état-major des Forces armées nigériennes également sous le président Issoufou, sont tout sauf des hommes neufs. Au Niger, depuis bientôt un an, la réalité est celle d’une prise de contrôle de l’État, y compris de l’administration civile, de la gouvernance locale, et des entreprises publiques, par des hauts gradés. Dans le pays non sahélien que tout le monde oublie, la Guinée, l’ex numéro deux de la junte, le général Sadiba Koulibaly, tombé en disgrâce, est mort en détention dans des conditions fort douteuses fin juin. Tous les médias indépendants ont été fermés depuis quelques mois. Le général Mamadi Doumbouya et ses fidèles sont en roue libre. C’est ce à quoi d’autres pays de la région seront exposés au cours des prochaines années si les voix des sociétés civiles qui peuvent encore s’exprimer ne le font pas. ► Pour aller plus loin : Repenser la gestion des changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique de l’Ouest, Institut d’études de sécurité,Le spectre de la fragmentation de l’Afrique de l’Ouest et de la recolonisation du Sahel, Gilles Yabi,Face à la menace de la désintégration régionale en Afrique de l’Ouest, la résignation n’est pas une option, Gilles Yabi,
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  • Les défis des transports urbains en Afrique
    Jun 30 2024

    Wathi a organisé en avril dernier une table ronde virtuelle sur le thème des transports dans le contexte d’urbanisation accélérée et du changement climatique.

    Oui, nous avons organisé cette table ronde en partenariat avec le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE. Le Club a notamment développé Africapolis, un outil d’analyse et de visualisation de données qui permet de cartographier, d’analyser et de comprendre la croissance urbaine en Afrique.

    La population urbaine africaine double tous les 20 ans depuis 1990. En Afrique de l’Ouest, le taux d’urbanisation varie significativement d’un pays à l’autre mais il augmente rapidement partout. Ce taux est plus faible dans les pays sahéliens comme le Niger avec 18 % de part de la population vivant dans une ville, le Burkina Faso est à 32 %, le Mali à 34 %. Le taux d’urbanisation est de 40 % en Guinée, 50% au Ghana, 53% au Sénégal et en Côte d’Ivoire, 58 % au Nigeria comme au Bénin, et 61 % au Togo.

    L’urbanisation prend la forme de l’émergence de nouvelles villes mais les capitales politiques ou économiques comme Lagos, Abidjan, Accra, Dakar continuent à attirer des flux croissants de personnes. Parmi les nombreux défis que pose cette urbanisation accélérée, celui des transports est au premier plan

    Absolument. Des dizaines de milliers de personnes vivent loin de leurs lieux de travail et passent deux à trois heures tous les jours dans les transports. Les embouteillages sont chaque année plus monstrueux, malgré les nouvelles infrastructures routières. La pollution de l’air, encore peu mesurée dans les villes ouest-africaines, représente une menace grave à la santé. Et bien sûr, la hausse continue du nombre de voitures génère des émissions de carbone et participent à un réchauffement climatique. Les voitures électriques partout en Afrique de l’Ouest, ce n’est pas pour demain.

    Nous avons fait en deux heures de discussion un tour d’horizon des défis liés aux transports urbains en donnant la parole à quatre experts, Ousmane Thiam, ancien directeur du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (CETUD), qui est aussi président d'honneur de l'Union internationale des transports publics (UITP), Charlène Kouassi, directrice de Movin'On LAB Africa, think tank dédié à la mobilité urbaine, Brilé Anderson, économiste environnementale au Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest et Abdoulaye Maïga, entrepreneur dans le domaine des transports qui avait co-fondé une entreprise de taxi-motos à Bamako.

    Quelles sont les principales pistes d’action qui sont ressorties de cette discussion ?

    Impossible de les rappeler toutes en une minute. Je renvoie les auditeurs à l’enregistrement de la table ronde qui est disponible sur la chaîne Youtube de Wathi. Nous avons parlé du coût qui reste le premier critère du choix des modes de transport, ce qui explique l’importance des modes de transport informels, des minibus en assez mauvais état mais aussi des bateaux-taxis informels qui opèrent par exemple dans le transport lagunaire à Abidjan aux côtés de trois opérateurs formels.

    Le développement des transports en commun à grande capacité est la priorité parmi les priorités. Nos invités ont souligné les évolutions positives dans plusieurs pays ouest-africains avec les premiers bus de transport rapide (BRT) à Lagos, depuis 2008, puis depuis quelques mois à Dakar. Ce sont des bus confortables, non polluants, qui font gagner beaucoup de temps aux usagers. Le train express régional, TER, connectant Dakar, les communes périphériques, et bientôt l’aéroport, le métro d’Abidjan très attendu, sont aussi des exemples du développement des modes de transport dits capacitaires. Mais il ne faut pas oublier la nécessité de promouvoir le vélo et la marche à pied, qui est le principal mode de déplacement dans les villes africaines, malgré les trottoirs souvent encombrés et les passages piétons parfaitement ignorés par les automobilistes.

    Pour aller plus loin :

    Urbanisation et changement climatique : l’avenir des transports, table ronde virtuelle, Wathi et Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest

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