Pourquoi publier ce livre aujourd’hui ?

"Mathilde ? ou l’envers de la honte" est paru le 4 septembre 2024. Quelle est, ou plutôt quelles sont, mes intentions en publiant ce livre ?

- Pour donner des mots à ceux qui n’en ont pas :

Parce nous sommes nombreux à partager cette histoire – violence sexuelle ou inceste-, qui bien que douloureuse, est malheureusement très banale. Et que parmi ce peuple de personnes blessées, il se trouve que j’ai la chance de pouvoir m’exprimer.
Les mots sont des pierres indispensables sur le chemin de la guérison.
A toutes les victimes, j’offre mes mots pour qu’elles puissent s’en saisir pour appréhender et formuler leur propre expérience.

- Pour gagner du temps aux autres victimes sur ce chemin :

J’ai mis du temps à comprendre ce qui m’était arrivé, à démêler, à comprendre que ce n’était pas normal, et même à comprendre que c’était dangereux, même si souvent, ça ne se voit pas. C’est souvent insidieux, la violence peut prendre des apparences très douces.
Je souhaite partager ce chemin dans l’espoir d’économiser certaines étapes aux autres victimes.

- Pour faire de la pédagogie :

Pour les personnes qui n’ont pas vécu cela et qui peinent à comprendre pourquoi c’est si souffrant, si longtemps, alors que parfois ça n’a duré que quelques instants.
Pour aider les professionnels à mieux comprendre ce que vit l’enfant et comment il le dit – toujours de façon indirecte, avec ses symptômes.

Je donne à voir ce dans quoi l’enfant victime est pris, depuis le point de vue l’enfant sidéré, dépourvu d’outils pour comprendre et pour se défendre, et qui donc subit.
Et qu’on cesse d’attendre de l’enfant qu’il soit en mesure de poser une parole cohérente et circonstanciée, ce qui est impossible pour un enfant qui a vécu cela. Et cela reste encore impossible pour une personne adulte, bien longtemps après ce qu’elle a vécu.
Car en agissant ainsi, on disqualifie la parole de la plupart des victimes, adultes et enfants.

- Pour aider la société à avancer sur ce sujet, pour montrer ce qui me semble essentiel à regarder :

La police, la justice, le public attendent souvent des faits, des actes, des crimes, des coupables. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce qui s’est produit, mais justement tout ce qui se passe après.
Ici je parle de ce que vit l’enfant victime, et aussi l’adulte ancienne victime, qui se retrouve encombrée d’un fardeau souvent invisible.

- Pour témoigner d’un parcours de reconstruction :

Pour affirmer que l’on n’est pas, en tant que victime, condamné à une souffrance éternelle. Affirmer que l’on peut se réparer, rejoindre le reste du monde, accéder à l’épanouissement.

- Pour porter, soutenir une parole qui est silenciée :

Les familles, les entourages ne savent pas regarder, les victimes ne savent pas dire. Par cette publication, je souhaite aider ceux qui veulent mieux voir à apprendre à regarder ce qui n’est pas facile à regarder, à entendre ce qui n’est pas facile à entendre. Et aussi peut-être, ceux qui cherchent à dire à trouver leur chemin pour le faire.

La forme poétique rend l’indicible accessible, l’insupportable possible à regarder, rend digeste ce qui pourtant ne devrait pas l’être.

Toute violence sexuelle est une atteinte à la dimension sacrée de la vie.
Par ce livre, peut-être, je cherche à restaurer du sacré.

https://www.fnac.com/ia9535159/Mathilde-Lagues

© Mathilde Laguës - www.mathildelagues.com - 2024

❄ Comment on lève les anesthésies émotionnelles (qui peuvent survenir à la suite d'événements traumatiques) ?

🗡 L'anesthésie fait partie de nos mécanismes de défense psychiques. Ce qui signifie qu'elle est précieuse et nous a été indispensable à un moment donné.

🏃‍♀️L'enfant a pour priorité absolue de grandir, d'apprendre, de se développer.
😵 Si quelque chose d'insupportable survient, qu'il ne peut pas absorber émotionnellement, alors parfois, il va tout bonnement le congeler – le garder pour le traiter plus tard. C'est vrai aussi à l'âge adulte dans des situations vécues comme extrêmes.
⚡ Si on a mis en place l'anesthésie, c'est qu'elle est nécessaire - indispensable à la survie. Il est impossible de faire autrement car l'enjeu est vital : le danger perçu est celui de l'effondrement psychique.

💎 Il faut bien comprendre que l'anesthésie nous a sauvé, elle est très précieuse, très importante et surtout très respectable.
Donc, on ne la retire pas sans réfléchir.

🤷‍♂️ De toutes façons on ne la retire pas – tout court. On ne lève pas les anesthésies de l'extérieur. Plus on va lutter contre, plus elles vont se renforcer.

L'anesthésie se lève à un moment dans le processus, lorsqu'on a reconstruit suffisamment de sécurité.
⏳ Elle va se lever toute seule, sans qu'on puisse prévoir quand.
👬 A ce moment-là on peut avoir l'impression de régresser – en fait c'est une étape du processus de guérison, mais elle est périlleuse et douloureuse, et nécessite d'être bien soutenu et accompagné.

© Mathilde Laguës - www.mathildelagues.com - 2024

🤷‍♂️ C'est utile la méditation ?

👳‍♀️ La méditation – ou plutôt les méditations, car on utilise le même mot pour désigner beaucoup de réalités différentes – devient très à la mode.

👌 Et c'est probablement une bonne chose, car je suis favorable à toutes les méthodes qui permettent aux personnes de se faire du bien.

C'est bien, quand c'est utile – c'est-à-dire dans certains contextes et pour certaines personnes. Ce n'est pas une panacée universelle.

💥 Et attention surtout à ne pas en faire une obligation, une contrainte, ou un moyen supplémentaire de se forcer, voire de se maltraiter !

🎬 C'est seulement en écoutant cet épisode (Durée : 0'55") que vous pourrez savoir si je la pratique personnellement 😉

© Mathilde Laguës - www.mathildelagues.com - 2024