Episodios

  • Jeux paralympiques: «L'Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»
    Aug 28 2024

    C'est ce soir (20h heure française) que s'ouvrent les Jeux paralympiques de Paris 2024 (à suivre en édition spéciale sur RFI). 44 pays africains vont participer à ces Jeux. Le sport paralympique en Afrique est balbutiant, il y aura moins d'athlètes pour cette édition par rapport à celle de Tokyo en 2021. Mais le continent affiche de plus en plus d'ambition pour relever le niveau de ses para-athlètes, même si les défis restent nombreux, selon Étienne Songa Bidjocka, secrétaire général du Comité national paralympique camerounais et membre du Comité paralympique africain. Il répond aux questions de Sidy Yansané.

    Tous nos articles sur les Jeux paralympiques sont à retrouver ici.

    Le programme et le calendrier des Jeux paralympiques est à consulter ici.

    Más Menos
    7 m
  • Émigration clandestine: «Ces jeunes qui partent veulent être au cœur de la mondialisation, pas des victimes»
    Aug 27 2024

    Au Sénégal, l’armée donnait le week-end dernier un premier bilan de l’opération « Djoko » lancée le 15 août, pour lutter contre l’émigration clandestine. Depuis dix jours, des forces de l’ordre patrouillent sur le littoral, pour empêcher les départs de migrants clandestins depuis les côtes sénégalaises. En tout, 453 personnes, dont plus de la moitié de nationalité sénégalaise, ont été interpellées. Et parmi elles, des membres de réseaux de passeurs. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez commence aujourd'hui une tournée africaine, avec le Sénégal pour étape, pour évoquer l’immigration irrégulière. Y a-t-il eu un changement de politique depuis l'arrivée au pouvoir au Sénégal du duo Faye-Sonko ? Le sociologue Aly Tandian enseigne à l'université Gaston-Berger de Saint-Louis, et préside l'Observatoire sénégalais des migrations. Il est l’invité de Sidy Yansané.

    Más Menos
    7 m
  • Algérie: «Le président Tebboune est assuré d'avoir un 2e mandat, sans même présenter un programme»
    Aug 26 2024

    En Algérie, la présidentielle se tient dans moins de deux semaines, le 7 septembre 2024. Le chef de l'État sortant, Abdelmadjid Tebboune, qui brigue un second mandat, affrontera deux autres candidats, Abdelaali Hassani Cherif du parti islamiste MSP, et Youcef Aouchiche du parti historique FFS. Le scrutin semble tourner en faveur du président Tebboune, vu comme le grand favori de cette élection. Une analyse que partage le politologue Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen de Genève. Il répond aux questions de Sidy Yansané.

    Más Menos
    5 m
  • Histoire de l'Afrique: «Pour François Mitterrand, indépendance était le mot ultime à ne jamais prononcer»
    Aug 24 2024

    Nous vous proposons de replonger dans l'histoire de l'Afrique et de la France, avec cette question : l'ancien président français François Mitterrand a-t-il milité dans les années 50 pour l'indépendance des colonies françaises en Afrique ? Dans un livre qu'il vient de publier, l'éditeur et chercheur indépendant Thomas Deltombe conteste la version dominante, soutenue par M. Mitterrand lui-même, et reprise ensuite par ses biographes. L'ouvrage, intitulé L'Afrique d'abord !, soutient au contraire que François Mitterrand a misé sur la sauvegarde de l'empire français, et qu'à ce titre, il a été l'un des précurseurs du néocolonialisme français. Thomas Deltombe est notre invité ce matin, il répond aux questions de Laurent Correau.

    Más Menos
    6 m
  • Pour la Russie, «il y a un intérêt économique d'avoir Wagner» en Afrique, explique Dimitri Zufferey
    Aug 23 2024
    Alors que vendredi 23 août marque un an que le cofondateur du groupe de mercenaires russes Wagner Evgueni Prigojine est mort, les activités militaires russes se poursuivent en Afrique. Depuis son décès dans le crash de son avion en Russie, les activités de Wagner en Afrique ont été reprises par l'État russe sous le nom d'Africa Corps. Qu'en est-il de l'évolution du groupe paramilitaire sur le continent depuis un an ? Dimitri Zufferey, membre du collectif All Eyes On Wagner, répond à Sidy Yansané. RFI : Dimitri Zufferey, Depuis la mort d'Evgueni Prigojine et la reprise en main des activités paramilitaires de Wagner par l'État russe, une nouvelle structure appelée Africa Corps a fait son apparition dans le Sahel. Qu'est-ce qui la distingue de Wagner ?Dimitri Zufferey : On pourrait utiliser la métaphore du réfrigérateur et du frigo. « Frigo » a été la marque qui est devenue le terme employé par tout le monde pour désigner un réfrigérateur. Aujourd'hui, Wagner est en quelque sorte un frigo puisque les paramilitaires russes sont tous désignés, peu importe où ils travaillent, sous l'appellation de Wagner, par la presse et même par les spécialistes. Dans le cas de African Initiative, c’est le secteur de la communication qui poursuit ses activités, notamment avec les fermes à trolls. Aujourd'hui, il est très difficile de déterminer à qui il appartient et qui le gère effectivement. On peut parler encore de la Fondation pour les valeurs nationales. Et tout ce secteur de propagande et d'influence qui reste très actif est très probablement piloté par les services de renseignement russes.Et de quelle manière l'appareil sécuritaire du Kremlin pilote l’entité Africa Corps ?La chaîne de commandement n'est pas si simple à comprendre. On a pu analyser et comprendre un peu ce qui se passe, notamment en prenant les photos de réunion officielle entre des Russes et des dirigeants africains du Mali, du Niger, du Burkina Faso par exemple. En regardant précisément quels sont les Russes qui sont présents, on arrive à déterminer quels sont les corps d'armée, quelles sont les unités, les services qui sont présents sur place et qui vont jouer un rôle. En l'occurrence, vous avez le général Averianov qui est un spécialiste des opérations spéciales et psychologiques, et les deux services principaux qui jouent un peu des coudes dans la région sont le SVR, le service de renseignement extérieur, et la GRU, le service des renseignements militaires.Wagner qui est également très présent en Libye depuis l'époque Prigogine, aux côtés du maréchal Khalifa Haftar, et il semblerait que le territoire libyen serve de base arrière à Wagner en Afrique.Effectivement, pour tout ce qui est de la Libye, il y a les bases aériennes du sud du pays comme Al Qaïm par exemple, qui sont toujours sous contrôle des forces du général Haftar. All Eyes On Wagner avait pu documenter en avril dernier l'arrivée notamment d'à peu près 1 800 paramilitaires russes dans cette région, avant d'être en partie dispatchés vers le Niger et le Mali. Comme Wagner est plus ou moins très proche de l'Africa Corps, on utilise aujourd'hui assez indistinctement les deux noms pour désigner des paramilitaires russes.Est ce qu'il y a un objectif militaire clair de l'État russe dans le Sahel ?Wagner et ses franchises dans la région du Sahel, et même partout où Wagner est déployé en Afrique, ma co-autrice Lou Osborne et moi avions évoqué dans notre livre Wagner, enquête au cœur du système Prigojine (Ed. du Faubourg) cette notion de « préservation de régime ». À savoir, tout faire pour apporter une certaine stabilité politique. Pour ce qui est de la lutte contre le djihadisme et les groupes armés et terroristes, il est difficile d'analyser puisqu'il y a très peu d'informations qui remontent depuis les chaînes des commandements et les communications entre l'état-major des forces armées maliennes, par exemple, et les « wagnériens ». On ne sait pas qu’elle est la stratégie exactement poursuivie, mais une volonté de préservation de régime, ça c'est sûr.Au début du mois, les renseignements militaires ukrainiens annonçaient que la défaite de Wagner dans la localité malienne de Tinzaouatène était le fruit d'une coopération avec les rebelles touareg du CSP. Y a-t-il un échange d'informations entre les rebelles et l'État ukrainien, voire même des forces ukrainiennes directement présentes au Mali ?Pour reprendre une métaphore, Vladimir Poutine avait dit à la suite d'un attentat en 1999 qu’il irait « buter les terroristes jusque dans les chiottes ». Les Ukrainiens semblent avoir repris ce même adage en allant traquer les wagnériens aux quatre coins de la planète. Et aujourd'hui, effectivement, la présence des Forces spéciales ukrainiennes au Soudan a pu être démontrée par le groupe de recherche Bellingcat. Mais pour ce qui est de la présence ...
    Más Menos
    9 m
  • Sénégal: le lancement du satellite Gaindesat-1A est «un gain de temps, d'énergie et d'argent»
    Aug 22 2024
    Vendredi 16 août dernier, le Sénégal a franchi une étape historique en envoyant dans l'espace son tout premier satellite conçu et fabriqué par des ingénieurs sénégalais. Le microsatellite GAINDESAT-1A ou le Gaïndé – « lion » en wolof – a été lancé à bord de la fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la base de Vandenberg, en Californie. L'objet spatial sera capable de recueillir des informations pour la gestion des ressources en eau au Sénégal. Professeur Gayane Faye est le coordonnateur du projet spatial sénégalais SenSat et répond aux questions de RFI. Tout d'abord, quelles sont les caractéristiques du satellite Gaïndé ?Pr Gayane Faye : Il y a plusieurs gammes. Le nôtre est un micro-satéllite qui pèse environ un kilo et qui est cubique avec des arêtes d’à peu près 10 cm. Donc c'est un satellite qui a une charge utile qui permet de faire deux missions : une mission pour la collecte d'informations et une mission pour l'imagerie, c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'appelle GAINDESAT. L’acronyme signifie « Gestion automatisée et d’informations et de données environnementales ». Nous l’avons choisi car « Gaïndé » c'est aussi le lion, l'emblème du Sénégal.Et concrètement, quelles seront ses missions ?On a identifié deux missions principales. La première, c'est de la collecte d'informations. Pourquoi ? Parce que l’institut national - qui a en charge la collecte d'informations - a des stations à travers le Sénégal pour suivre les cours d'eau et les lacs au niveau national : les débits, les hauteurs d'eau et un certain nombre de paramètres. La première mission consistera à savoir, à chaque fois que le satellite passe au-dessus du Sénégal, d'aspirer les données qui ont été inscrites par les stations et les renvoyer à la station de contrôle à Dakar pour les mettre à disposition. Donc c'est un gain de temps, un gain d'énergie et un gain d'argent pour eux. La deuxième mission, c'est l'observation de la Terre. Ça va permettre d'avoir un certain nombre de données pour faire plusieurs applications autour de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche de la région côtière, du changement climatique, de la déforestation, des inondations, etc. En bref, il y a énormément d'applications dans le domaine de l’observation.Avec ce premier satellite, le Sénégal rejoint le club africain des États ayant lancé leur propre satellite, comme le Nigeria, l'Égypte ou encore récemment Djibouti. Dans ces pays, est-ce qu'on a pu y constater des résultats concrets ?Effectivement, dans certains pays, il y a des résultats. Par exemple, quand je prends le cas du Nigeria, ils ont une agence spatiale aujourd'hui où travaillent des milliers de personnes. Ils sont très en avance et parviennent à produire des effets sur la vie de la population. L'Afrique du Sud, pareil, l’Égypte également. Je prends le cas du Nigeria, qui travaille beaucoup sur l'utilisation des données de leur satellite pour l'agriculture, pour la gestion agricole. Donc ça c'est un cas pratique réel. J’ai des amis qui travaillent à l'Agence spatiale nigériane, la NASRDA, avec qui je discute beaucoup lors de rencontres dans les forums africains. Ils ont aujourd’hui une grande avance dans le domaine et ils parviennent à tirer profil spatial.L'intérêt pour le spatial en Afrique grandit. Il y a deux ans, l'Union africaine a même lancé un Forum annuel sur l'espace. Dr Faye, quel regard portez-vous sur la politique spatiale africaine, et surtout, que répondez-vous aux personnes qui estiment qu'il y a des projets plus urgents sur lesquels investir ?Le grand public ou la majeure partie des gens, quand vous parlez de spatial, ils pensent que c’est un luxe, ou bien que c'est juste une question géostratégique. Or le spatial est incontournable. C'est comme quand on parlait de l'informatique : aujourd'hui, c'est incontournable, on ne peut rien faire sans. Il y a une étude au niveau de l'Union africaine qui a été faite et qui montre que l'Afrique dépense énormément de milliards par an pour la question de produits de services spatiaux. Ça ne peut pas continuer. Donc le Sénégal a décidé d'entrer dans le spatial, mais pas n'importe comment ! Nous aurions pu nous contractualiser avec une organisation privée, leur donner une mission, ils fabriquent un satellite, ils lancent, et on l’exploite. Mais nous avons plutôt décider de miser sur nos propres ressources humaines. Parce que si vous voulez développer le spatial dans le pays, il faut avoir des ressources humaines capables de le porter. Et c’est pour ça que le Sénégal a misé sur ses ressources humaines et je pense que c’est la meilleure démarche.À lire aussiLe Sénégal lance son premier satellite en orbite
    Más Menos
    4 m
  • Présidence de l'Union africaine: «Raila Odinga a le profil dont la Commission a besoin»
    Aug 21 2024
    La bataille pour la succession du Tchadien Moussa Faki Mahamat à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) a déjà commencé en attendant le scrutin en février 2025. Parmi les quatre candidats en lice, l’ex-Premier ministre kényan Raïla Odinga est considéré comme le favori. Mais bien qu'il soit un poids lourd de la scène politique régionale et qu'il soit soutenu par le président kényan William Ruto, son accession à la tête de la Commission n'est pas acquise, selon Paul-Simon Handy, directeur Afrique de l'Est à l'Institut d'Études et de Sécurité (ISS). RFI : En février 2025, la présidence de la Commission de l'Union africaine reviendra à un pays de l'Afrique de l'Est, une première depuis 2001. Parmi les candidats, on compte Raila Odinga, figure historique de l'opposition au Kenya, et aussi trois ministres des Affaires étrangères, ceux de Djibouti, de Madagascar et de Maurice. Que dire de ces profils ?Paul-Simon Handy : Nous pouvons dire qu'il y a trois candidats qui sont très similaires, qui correspondent tout à fait au profil particulièrement affectionné par les chefs d'État africains, plus enclins à élire un ancien chef de la diplomatie à la tête de l'Union africaine. À bien des égards, la candidature de Raila Odinga détonne. Raila Odinga est probablement l'homme politique le plus important des trois dernières décennies au Kenya. Il a essayé d'être président cinq fois, il a raté. Il a été un opposant capable de mobiliser massivement ses partisans, qui a toujours contesté de manière souvent véhémente les résultats des élections qu'il avait perdu. Pour résumer, on peut dire que Raila Odinga a certainement le profil de ce dont l'Union africaine - et notamment la Commission de l'Union africaine - a besoin, mais on peut être dubitatif quant à l'opportunité de ce profil lorsqu’il s'agit des préférences des chefs d'État.Vous l'avez dit, son profil n'est pas celui qu’affectionnent les chefs d'État du continent... Comment compte-t-il s'y prendre pour les convaincre de le choisir ?Disons que sa candidature, même si elle est celle dont on parle le plus, n'est pas évidente et son élection n'est pas acquise. Déjà, il est contesté au sein de la région Afrique de l'Est. Il va falloir bâtir des passerelles avec les pays francophones. Il faudrait qu'il étende ses réseaux en Afrique de l'Ouest, un peu plus en Afrique centrale et certainement, aussi, en Afrique australe. Il aura une forte concurrence : les candidats d'autres pays sont tous francophones. Certains, comme le Djiboutien, sont arabophones aussi.Quand vous parlez du Djiboutien, il s'agit de Mahmoud Ali Yusuf. Le fait que Djibouti fasse partie de la ligue arabe, comme plusieurs États du continent africain, est-ce que cela joue en sa faveur ?Oui, le fait que Djibouti fasse partie de la ligue arabe peut être un très bon point positif pour l'actuel ministre des Affaires étrangères djiboutien. Djibouti fait partie de l'Organisation internationale de la Francophonie.Lors du dernier sommet de l'Union africaine à Addis Abeba en février 2024, l'actuel président de la Commission, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a ouvert la session avec un discours très alarmant sur l'état de l'Afrique : des changements constitutionnels et des coups d'État en série, le djihadisme, la grande dépendance financière et budgétaire vis-à-vis de l'Occident... Ces alertes ont été en grande partie écartées des débats. Alors, pourquoi autant de concurrence et de négociations pour cette présidence de la Commission si elle n'offre aucun réel pouvoir ?Là, je pense que vous touchez du doigt le problème fondamental de l'Union africaine. Le rôle du président de la Commission reste très peu défini, soumis à des contraintes qui limitent sa capacité d'initiative et qui, littéralement, frustre tous les occupants de ce poste. Et le président Moussa Faki Mahamat n'est finalement qu'un parmi plusieurs anciens secrétaires généraux ou présidents de la Commission, qui estiment que, malgré le fait qu'on l'appelle Commission, en fait, la Commission reste un secrétariat général dont l'action est fortement entravée par les États membres, qui se refusent jusqu'à présent à donner un peu plus d'initiative à la Commission de l'Union africaine. Donc je pense que pour les vingt prochaines années, l’UA devrait se poser la question de savoir quelle Union africaine est-ce qu'on voudrait avoir à l'horizon de 2063 ?Et Raila Odinga pourrait y changer quelque chose ?Il a le réseau, il a la capacité, il est un fin tacticien, c'est un animal politique. Il connaît plusieurs chefs d'État personnellement. Mais ses avantages et sa position ont finalement les avantages de leurs inconvénients. Ces réseaux et cette capacité de parler d'égal à égal avec les chefs d'État est certainement aussi ce que les chefs d'État ne veulent pas. Rappelons-nous d’Alpha Oumar Konaré qui, après ...
    Más Menos
    6 m
  • Projet de Constitution au Gabon: «Nous sommes en démocratie», clame Marc Ona Essangui
    Aug 20 2024
    Au Gabon, la présentation du projet de la nouvelle Constitution aux députés et aux sénateurs est toujours attendue. Le dialogue national inclusif d’avril dernier a recommandé un régime présidentiel, avec suppression du poste de Premier ministre. Le futur chef de l'État et son gouvernement pourraient donc échapper à tout contrôle parlementaire. Cette forme d'« hyper-présidentialisation » soulève des inquiétudes au Gabon, à cause des risques que cette réforme comporte pour la démocratie. Marc Ona Essangui est le troisième vice-président du Sénat, mais aussi une figure de la société civile gabonaise. Il répond à RFI depuis Libreville. RFI : Le projet de nouvelle Constitution devrait bientôt être présenté pour la tenue prochaine du référendum en fin d'année. Ce nouveau texte sera basé sur les recommandations du dialogue national d'avril dernier. Et parmi ces recommandations, il y a la suppression du poste de Premier ministre qui fait beaucoup débat au Gabon. N'y a-t-il pas selon vous le risque de créer un « hyper-président » ?Marc Ona Essangui : L'essentiel - je dis bien l'essentiel - de ce qui sortira de la mouture de la Constitution est issu des recommandations du dialogue national, dont la suppression du poste du Premier ministre. Maintenant, un pouvoir « hyper-présidentialiste » est-il une façon de retomber dans le les travers du régime déchu ? Je ne pense pas. Vous savez, en ce moment, il faut expérimenter un certain nombre de systèmes pour pouvoir asseoir une gouvernance crédible. Ce sont les recommandations du dialogue national. Il appartient maintenant à ceux qui seront élus au pouvoir de mettre en exécution ces décisions. Nous verrons. Si le système marche, tant mieux, si le système ne marche pas, eh bien nous sommes en démocratie et à chaque fois, il faut modifier la Constitution pour l'adapter au principe du nouveau Gabon, comme nous sommes en train de le créer à travers cette Constitution.Vous êtes avant tout un activiste de la société civile qui a toujours critiqué la tendance chez nombre de chefs d'État à s'éterniser au pouvoir, provoquant ainsi des tensions dans leur pays. Vous êtes en faveur d'un régime présidentialiste malgré tout ?Je suis entièrement d'accord avec vous : un pouvoir présidentialiste hyper fort a toujours été à l'origine des dérives que nous constatons en Afrique. Nous avons mené des campagnes contre le troisième mandat dans certains pays africains. Et aujourd'hui, nous nous sommes battus au niveau du Gabon à travers le dialogue national pour que la prochaine Constitution supprime cette posture éternelle au pouvoir. Le Président qui sera élu aura un mandat renouvelable une fois. Ça, c'est ce qui a été proposé au niveau du dialogue national. Maintenant, les pouvoirs du président, il faut les atténuer avec des contre-pouvoirs. Ce sont les contre-pouvoirs bien élaborés qui font en sorte que le système - quelle que soit sa nature - puisse bien fonctionner, et nous sommes en train de nous battre pour que les contre-pouvoirs soient aussi forts que le pouvoir exécutif, qui a toujours été présenté comme un pouvoir extrêmement fort.Quel contre-pouvoir faudrait-il créer ou renforcer ?Le premier contre-pouvoir qu'il faut réussir à établir, c'est le contre-pouvoir judiciaire. Vous savez, un système judiciaire au-dessus de tout est capable de ramener de la sérénité dans la gestion d’un pays. Parce qu’il ne faudrait pas penser que le président lui seul est le décideur ou l'alpha et l'oméga de toute chose. Je suis toujours de ceux qui pensent qu'un pouvoir législatif aussi a un rôle à jouer. Parce que si le Premier ministre ne peut pas venir défendre son programme devant les parlementaires, le président de la République, dans le cadre d'une modification et d'une indication constitutionnelle, peut effectivement venir répondre de sa gestion devant les parlementaires. C'est ce que nous sommes en train de vouloir expérimenter au niveau du Gabon, parce que la nouvelle Constitution issue du dialogue national a proposé la suppression du poste du Premier ministre et renforcé les contre-pouvoirs autour du président de la République, pour que nous ne soyons pas dans une sorte de dictature.Et quels sont les garde-fous qui pourraient permettre de donner du poids à ces contre-pouvoirs face à l'exécutif ?J'aurais du mal à vous dire exactement quels sont les garde-fous qui sont proposés parce qu’aucune mouture de la Constitution ne nous est parvenue. Je me base sur le rapport du dialogue national que j'ai consulté et qui a fait des recommandations. Maintenant, il appartient aux rédacteurs de la Constitution de nous dire exactement ce qui a été arrêté. Encore que ce qui a été arrêté par le comité constitutionnel ne sera pas tout de suite retenu, parce que cette mouture passera par le gouvernement et par les deux chambres du Parlement. Ces dernières ...
    Más Menos
    4 m