• Faut-il encore craindre les sacs plastique?
    Jul 7 2024

    La France est parmi les plus gros consommateurs de plastique en Europe. 4,8 millions de tonnes sont utilisées chaque année, soit 70 kg par Français par an. Pour lutter contre le fléau de la pollution, le pays a donc interdit la distribution de sacs plastique jetables depuis 2017. Une avancée importante même si cette interdiction ne concerne pas toute la gamme.

    Cela concerne uniquement les sacs légers, dont l'épaisseur est inférieure à 50 microns. Les sacs plus épais sont encore autorisés, car on considère qu'ils sont réutilisables, ce qui n'est pas forcément le cas, loin de là. Mais les sacs légers ont beau être interdits, on les retrouve encore régulièrement dans les commerces, car les contrôles sont quasiment inexistants. Et puis il y a des sacs plastiques légers qui restent autorisés s'ils sont biosourcés, donc faits avec des matériaux naturels ou compostables, donc bio dégradables. Mais pour Charlotte Soulary de Zéro Waste France, il faut se méfier des sacs compostables : « Le problème, c'est qu'il faudrait pouvoir le trier de façon séparer, ce qui n'est pas fait. Et ensuite, il faudrait pouvoir le composter de façon industrielle, ce qui n'est pas fait non plus. »

    Des sacs compostables qui ne sont donc pas vraiment compostables

    Il faut éviter de composter ces sacs dans son jardin. Dans un avis de novembre 2022, l'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, précise que « ces matières sont susceptibles de contribuer à une pollution de l’environnement et des aliments cultivés, et présentent un risque pour la santé humaine. » Un avis partagé par l'agence de la transition écologique qui recommande également de ne pas composter ces sacs plastiques pourtant censés être compostables.

    Les emballages plastiques, un autre fléau

    Alors qu'ils ont été interdits, puisque ce sont des plastiques à usage unique, on retrouve des emballages plastiques dans toutes les grandes surfaces. Car là encore, il y a des exceptions. « Dans le cas des fruits et légumes, un décret d'application a été poursuivi en justice par des industriels. Et ils ont obtenu un certain nombre d'exemptions » rappelle Charlotte Soulary.

    À écouter aussiPollution plastique, un défi planétaire

    Manque d'offres pour consommer différemment

    Zero waste France a fait des enquêtes auprès de consommateurs et une grande majorité est prête à se passer de sacs ou d'emballages plastiques à usage unique, conscients de l'absurdité de consommer, pour quelques minutes, du plastique et donc du pétrole, qui participe au réchauffement de la planète. Selon Charlotte Soulary, il faut maintenant que cela se traduise politiquement, avec des interdictions réelles de tous les plastiques à usage unique, et économiquement avec de vraies alternatives durables à ces emballages qui ne le sont pas.

    À lire aussiLes négociations pour un traité contre la pollution plastique se poursuivent malgré de profondes divergences

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  • France: pour qui roule le syndicat agricole Coordination Rurale?
    Jul 4 2024
    Les bonnets jaunes des agriculteurs de la Coordination Rurale ont été très présents lors du mouvement de colère des paysans en début d'année en France. Alors qu’approche le deuxième tour des législatives, l'un des leaders de ce syndicat se verrait bien ministre de l'agriculture en cas de gouvernement d'extrême droite La Coordination Rurale (CR) naît dans les années 90 à la suite d'un mouvement de protestation d'agriculteurs qui se sentent floués par la réforme de la PAC, la politique agricole européenne, et par le syndicat majoritaire en France, la FNSEA. À ce moment-là, la nouvelle formation syndicale pousse surtout dans les zones céréalières, dans le sud-ouest de la France et dans le bassin parisien, rapporte François Purseigle, sociologue à AgroToulouse et au Cevipof de Sciences Po.Dans le Lot-et-Garonne, l'un des bastions de la CR aujourd’hui, « c'est l'époque où les paysans, surtout producteurs de fruits et légumes, souffrent de la concurrence des produits espagnols dont le pays a rejoint la Communauté Économique Européenne », se souvient Bernard Péré, cofondateur dans le département de la Confédération paysanne, troisième syndicat en représentation au niveau national et ancré à gauche.Aujourd'hui en deuxième position après la FNSEA, la Coordination Rurale pèse pour 20 % des votes aux élections pour les chambres d'agriculture et elle en dirige trois, celles du Lot-et-Garonne, de la Vienne et de la Haute-Vienne.« Les paysans, socle de la civilisation française »Quel discours porte la Coordination rurale ? Au niveau économique, l'organisation syndicale prône la souveraineté alimentaire, s'oppose aux accords de libre-échange et réclame des revenus dignes pour les agriculteurs. Mais elle a aussi une rhétorique identitaire.S'emparant très tôt de la question sociale du malaise agricole et des nombreux suicides d'agriculteurs, la CR entend rendre aux paysans la fierté qu'ils auraient perdue. « Elle fait des paysans le socle de la nation, de la civilisation française même, pour reprendre leur expression, indique François Purseigle qui a étudié ce syndicat, et en ce sens, cela fait écho aux discours sur ‘l'exception agriculturelle’ prônés par l'extrême droite ». Au niveau environnemental, et alors qu’aujourd’hui, elle tape à foison sur les écologistes, la Coordination rurale s'est opposée aux OGM et aux biotechnologies, poursuit le chercheur, « parce qu'on ne peut pas dénaturer l'œuvre de Dieu, c'est-à-dire l'œuvre de mère-nature ». « On voit là que la prophétie tient lieu de discours au sein de la Coordination rurale », analyse-t-il.C'est le crédo agrarien. Il y aurait d'un côté le bon sens paysan, la ruralité. Serge Bousquet-Cassagne, figure historique du syndicat dans le Lot-et-Garonne, explique ainsi à RFI que les agriculteurs « veulent surtout qu'on leur foute la paix et qu'on les laisse travailler, car eux seuls, eux seuls savent ce qui est bon, eux seuls savent maîtriser la nature, la dominer un tout petit peu et prendre les coups qu'elle lui donne ». En face, il y aurait les villes et des hauts fonctionnaires, des ingénieurs et des « écologistes punitifs » hors-sol.Enfin la Coordination Rurale c'est un style désinhibé et un répertoire d'actions musclées, postées ensuite sur les réseaux sociaux : des pancartes au langage cash et des symboles installés dans les champs, comme lorsque le syndicat plante des « croix du désespoir » pour dénoncer le « génocide paysan » en 2016, rappelle François Purseigle ; et des opérations coup de poing, parfois violentes, avec des adhérents aux bonnets jaunes qui bloquent les routes, s'en prennent à des bâtiments de l'administration ou intimident leurs opposants devant leurs domiciles.Bernard Péré, ancien conseiller régional écologiste du Lot-et-Garonne, aujourd'hui président de Terres de liens, une association qui favorise l'installation de nouveaux agriculteurs aux pratiques respectueuses de l'environnement, décrit « des méthodes violentes auprès des personnes, des menaces chez les gens » en ce qui concerne la CR du département, même s'il reconnaît « un charisme et des qualités de leader » à Serge Bousquet-Cassagne. Ce dernier nie les menaces et assure « qu'aucun policier n'a été blessé » dans leurs actions de protestations en début d'année.Quels sont les liens entre ce syndicat et l'extrême droite ? Officiellement, la Coordination rurale est apolitique. « Pendant longtemps, le syndicat a cherché à se distinguer de l'extrême droite, mais récemment, on sent que chez certains le verrou a sauté », analyse François Purseigle. Dans ses récentes prises de parole, l'actuelle présidente du syndicat Véronique Le Floc'h ne donne pas de consigne de vote, mais elle normalise le parti d'extrême droite en affirmant qu'il « se centralise », en le comparant à la droite, et elle assure que son...
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  • Alerte sur un probable trafic d'huile de palme
    Jul 2 2024

    Se dirige-t-on vers un énorme scandale de trafic d'huile de palme? C'est ce que suppose une enquête de l'ONG Transport et environnement. Alors que le secteur aérien utilise de plus en plus d'huile de cuisson usagée pour faire du bio diesel ou du biokérosène et ainsi se décarboner, une récente étude montre que certains pays exportateurs d'huile de cuisson usagée, la remplacent frauduleusement par de l'huile de palme pour la revendre en Europe où celle-ci est interdite.

    L'Europe consomme aujourd'hui 130 000 barils d'huile de cuisson usagée par jour, soit huit fois plus que ce qu'elle parvient à collecter dans les restaurants. Elle doit donc importer cette huile à des pays comme la Chine et la Malaisie. L'ONG Transport et environnement a donc analysé les données de marché de ces deux pays avec des résultats troublants. La Malaisie exporte ainsi trois fois plus d'huile que ce qu'elle déclare collecter. Quant à la Chine, ses données de collecte et d'exportation sont comparables, mais les chiffres de la collecte devraient être supérieurs pour prendre en compte la consommation chinoise de ces huiles. Pour l'ONG, ces incohérences prouvent avec quasi certitude qu'il y a fraude. Une fraude qui devrait même s'intensifier à l'avenir selon Jérôme du Boucher de Transport et environnement.

    La demande européenne en huile de cuisson usagée est bien plus importante que sa collecte.

    La compagnie aérienne Ryanair, par exemple, veut que 12,5% de ses vols se fassent avec des carburants durables d'ici 2030. Mais pour atteindre cet objectif, il faudrait que Ryanair utilise 100% de l'huile collectée en Europe à elle seule. La demande en huile de cuisson usagée est telle que l'Europe importe 80% de ce qu'elle consomme. Profitant des contrôles assez laxistes, certains en profitent pour la remplacer par de l'huile de palme, interdite en Europe, car issue de la déforestation.

    Quelles solutions?

    Pour Jérôme du Boucher, de Transport et environnement, il y a une évidence. La consommation européenne d'huile de cuisson usagée pour les biocarburants est passée de 5,2 mégatonnes en 2021 à 7 mégatonnes en 2023. Il va donc être compliqué d'arrêter les importations. L'autre solution pour Jérôme du Boucher, c'est de développer les carburants de synthèse à base d'hydrogène vert.

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  • La France peut-elle se passer de l'énergie éolienne comme voulu par le RN?
    Jul 1 2024

    C'est une des propositions du parti d'extrême droite Rassemblement national sur la production énergétique française : un moratoire sur les éoliennes terrestres et offshore, à savoir l’arrêt de la construction de nouvelles installations éoliennes. Alors, la France peut-elle se passer des énergies renouvelables ? Le tout nucléaire, désiré par le RN, est-il possible ? Analyse.

    En France, selon le Réseau de transport d’électricité (RTE), qui gère la distribution électrique, l’éolien représente 10 % de la production nationale. C’est la troisième source d’énergie, derrière le nucléaire, 64,8 %, et l’hydraulique, 11,9 %. Le solaire quant à lui représente 4,4 %.

    Selon les experts, la demande en électricité du pays va augmenter dans les prochaines années avec, notamment, le développement des véhicules électriques. Or, la production nucléaire seule ne suffit pas : se passer de l’éolien signifie donc qu’il faut développer le nucléaire. Mais notre parc nucléaire est vieillissant, construire des nouveaux réacteurs prend du temps, au moins 15 ans, et les prochains ne seront pas prêts avant 2036-2037.

    Autre problème, si la France veut respecter ses objectifs de décarbonation et de réduction des GES (gaz à effet de serre), elle va devoir diminuer sa consommation d’énergies fossiles, et donc développer les énergies renouvelables comme l’éolien. Se passer de ces énergies, comme le souhaite le RN, semble donc illusoire. Pour Jules Nyssen, le président du syndicat des énergies renouvelables, tout miser sur le nucléaire présente d’autres inconvénients :

    « En réalité, ça veut dire que si on mise tout là-dessus, nous n'augmenterons pas la production d'électricité. Ce qu'il faut lire derrière, c'est que nous allons continuer avec les fossiles, mais comme nous n'en avons pas sur le territoire français, nous les importons tous. Donc, c'est se maintenir dans une forme de dépendance géopolitique. C'est un choix contraire à un choix de souveraineté, et c'est une conséquence de jouer au yoyo avec les prix de l'énergie et d'exposer aussi les consommateurs à des factures énergétiques qui peuvent être extrêmement erratiques. »

    À lire aussiLe triplement des énergies renouvelables d'ici 2030 est-il atteignable?

    Sans énergies renouvelables, la France en manque d'électricité

    Dans son rapport « Futurs énergétiques », le RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, a fait des projections pour connaître la situation en cas de moratoire sur l’éolien. Le résultat est sans appel : à partir de 2035, la France manquerait d’énergie bas-carbone, et à partir de 2050, le déficit de production serait tel qu’il faudrait importer de l’électricité venant principalement de centrales thermiques fossiles, donc incompatible avec les objectifs de neutralité carbone.

    Pour Jules Nyssen, le président du syndicat des énergies renouvelables, le secteur éolien est donc fondamental pour garantir la souveraineté énergétique de la France, pour des enjeux environnementaux, mais aussi pour des raisons économiques :

    « Aujourd'hui, nous importons 60 % de notre énergie. Demain, avec des éoliennes, avec des panneaux solaires, avec des bioénergies, on va la produire sur le territoire national, c'est énorme en termes de richesse créée. Juste en France, le secteur de l'éolien offshore représente 1 000 emplois de plus chaque année. Donc là, nous voulons nous priver, non seulement d'une dynamique de création de 1 000 emplois par an, mais en plus, sans doute mettre en péril les emplois qui existent déjà - il y en a 8 300 au moment où nous parlons - donc ça n'a pas beaucoup de sens. »

    Pour les experts de l’énergie, il est donc nécessaire de développer les énergies renouvelables. Le premier objectif est d’atteindre 50 % d’énergie renouvelable et 50 % d’énergie nucléaire à moyen terme. Ce mix énergétique permettrait de foisonner, c'est-à-dire de passer d’une source d’énergie à une autre en cas de problème ou d’aléa climatique. Quand il n’y a pas de vent, on favorise le solaire et quand il n’y a pas de soleil l’éolien.

    À lire aussiÉolien en mer : la course à marche forcée de la France

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  • Les vers de terre, ces ingénieurs géniaux des sols
    Jun 27 2024
    On a tendance à les sous-estimer, les oublier, voire à grimacer un peu en les voyant, à en être un peu dégouté. Et pourtant ils nous rendent de grands services et jouent un rôle majeur pour fertiliser les sols. Il s’agit des vers de terre. Si leur travail du sol est de mieux en mieux connu et reconnu, ils restent menacés par l’agriculture conventionnelle. Pour les préserver, une Ligue de protection des vers de terre a même été récemment créée en France. « Aristote les appelait « les intestins de la terre », et en Égypte, […] Cléopâtre les avait déclarés comme étant des animaux sacrés devant être protégés par tous les sujets », écrit l’Institut Agro de Montpellier. Mais « au Moyen Âge et dans les siècles qui suivirent, les vers de terre étaient plutôt considérés comme nuisibles et devaient être éliminés des sols. Il a fallu attendre le très fameux ouvrage de Darwin sur les vers de terre (publié en 1881) pour redonner à ces invertébrés une image très positive. » Et heureusement. À lire aussiLes vers de terre nourrissent la TerreCar sous nos pieds, le sol grouille de vers de terre. Ils représentent jusqu’à 80 % des animaux vivants dans les sols et il en existe 6 000 à 7 000 espèces dans le monde – 150 en France. Une formidable variabilité qui leur a permis de coloniser tout type de milieux, sauf les plus arides. Les plus gros vers, en Australie, peuvent faire jusqu'à trois mètres de long. On peut même les entendre quand ils passent. Mais quels qu'ils soient, où qu'ils soient, continuellement, ils vont brasser la terre, et y apporter des nutriments en digérant les débris végétaux et les petits bouts de feuilles mortes. Forcément, quand on est aussi nombreux, cela va avoir un impact majeur.Fertilité et stockage de l’eauMais leur rôle ne s’arrête pas là, explique Marc André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Dans un sol à vers de terre, « l’ensemble du sol repasse par le tube digestif des vers de terre tous les trois à cinq ans, et en retournant le sol, ils vont remonter en surface la fertilité qui est au fond et qui est en permanence entraînée par l’eau de pluie. En faisant ça, ils font aussi des galeries où peut pénétrer l’eau, donc ils rendent le sol plus perméable à l’eau et ils contribuent à sa capacité de stockage en eau. »Ce travail de labour lent, « va permettre de nourrir les plantes. Les plantes que nous mangeons, ou qui nourrissent les animaux que nous mangeons », résume Christophe Gatineau, lombricologue et auteur de L’éloge du ver de terre aux éditions Le Jardin vivant.Malgré leur importance pour notre système alimentaire, les êtres humains représentent pourtant un danger pour les vers de terre.Changer les pratiques agricolesLa première menace qui pèse sur leurs frêles anneaux, c’est la disette. Dans l’agriculture conventionnelle, les engrais chimiques ont remplacé le compost ou le fumier et entre deux cultures, les champs n'ont plus de couvert végétal. En conséquence, il n’y a plus assez de matière organique apportée à la terre et plus rien à manger pour les vers de terre.Ensuite vient le labour profond, les charrues hachent littéralement le sol : « elles font de la pâtée de vers de terre » explique Christophe Gatineau, ou les remontent à la surface où ils sèchent ou sont mangés par des prédateurs.Enfin, viennent les pesticides qui tuent les insectes ravageurs, mais qui affectent aussi tout le reste, y compris les vers de terre.Marc-André Selosse comme Christophe Gatineau, plaident donc pour un changement de pratiques. Aujourd’hui, des pistes, encore imparfaites, existent, comme l’agriculture dite de conservation des sols, qui consiste à éviter le travail de la terre et à garder un couvert végétal en permanence, mais qui consomme tout de même du glyphosate, un herbicide dangereux pour les vers de terre. De même, dans l’agriculture biologique, qui se passe d’engrais chimique et qui privilégie l’apport de matières organiques, le recours au labour mécanique est tout de même utilisé.Ligue de protection des vers de terreDans une prairie naturelle, que l’homme laisse tranquille, « il peut y avoir trois voire quatre tonnes de vers de terre par hectare. Ils ne sont plus qu’environ une tonne dans un sol cultivé, et quasi absents dans les sols dégradés par les produits chimiques », estime le lombricologue qui souligne, outre leur importance pour l’homme, leur rôle dans la chaîne alimentaire, puisque les vers de terre servent aussi de nourriture à des animaux comme le blaireau, le merle ou les taupes.L’expert est donc à l’origine de la création de la Ligue de protection des vers de terres, en France, en avril dernier. Son objectif, c’est de faire inscrire les vers de terre dans la loi. « À partir du moment où on inclut les vers de terre dans notre ...
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  • Pourquoi ne faut-il pas trop s'approcher de l'ourse ?
    Jun 25 2024

    Les photos d'oursons, c'est vendeur. Sur Instagram par exemple, c'est la garantie ou presque d’obtenir des milliers voire des dizaines de milliers de like. Mais des experts mettent en garde et appellent curieux et photographes à prendre des précautions.

    Un observateur à l’affût sur un bord de route de montagne, jumelles à la main, longue vue et appareil photo d’amateurs de la faune sauvage plantés sur un belvédère transformé en mirador avec vue sur les plantigrades. L'heure et la météo ne sont pas propices et pourtant, les ours bruns attirent les visiteurs. En Espagne, la chaîne de montagnes Cantabrique, où le nombre d'individus est passé d'une cinquantaine dans les années 1990 à environ 400 de nos jours, est un haut lieu de l'observation du mammifère, en particulier des mois d'avril à juin. C'est la période des amours, c'est aussi la période où les oursons découvrent leur environnement. Dans cette région au paysage varié, l'apercevoir est plutôt aisé. « Il y a un mélange de zones ouvertes et fermées, avec beaucoup de rochers où les ours sont très visibles », commente Vincenzo Penteriani, spécialiste des ours au sein du CSIC, le Conseil supérieur de la recherche scientifique en Espagne.

    À lire aussiLa cohabitation réussie des ours dans les Asturies

    À cet endroit, près de Proaza, dans les Asturies, une vallée séparant l'animal des curieux, ils ne risquent pas de déranger les animaux. « C’est bien quand on peut les regarder comme ici de très loin, car on n’a aucun type d’interaction. Mais quand on s’approche trop des tanières, une fois que la femelle a été découverte, elle part avec les jeunes. Donc, elle abandonne une zone de sécurité », explique le chercheur.

    Infanticide

    Sortir de cette zone met les oursons en danger parce que l'ourse choisit sa tanière en fonction des mâles qui rodent dans les alentours. En fait, elle s'accouple avec plusieurs individus, s'installe dans cette aire, et évite le territoire d'autres mâles. Car des mâles inconnus représentent un grand danger pour les petits. « Si une femelle perd ses oursons, elle redevient fertile dans les 24 à 48 heures, donc elle peut s’accoupler avec un nouveau mâle. Si la femelle est obligée de s’éloigner, le risque d’infanticide augmente », souligne Vincenzo Penteriani.

    Résultat : dans des endroits où des photographes ont été vus non loin des tanières, des ourses ont d'abord été perdues de vue et ont parfois été retrouvées sans leur progéniture.

    À lire aussiCohabiter avec l'ours ou réapprendre à coexister avec les autres vivants

    Charisme protecteur

    L'émerveillement que suscite l'ours peut donc le perturber, mais il peut aussi être un atout. Dans son fanclub, il y a des habitués vivant dans la région et des touristes. Des agences de voyage en France et au Royaume-Uni proposent même des séjours autour du grand mammifère. « Le fait que beaucoup de monde vienne voir les ours amène de l’argent dans une période où il n’y avait pas de tourisme et surtout dans des endroits qui n’étaient pas touristiques avant. C’est très important parce que s’il est une source de revenus pour la population locale, c’est beaucoup plus facile de le protéger. » L'observer oui ! Mais à bonne distance. Pour une femelle avec ses oursons, compter entre 800 et 1000 mètres.

    ► Sur une vidéo de 2022 filmée dans les Asturies, largement diffusée sur les réseaux sociaux, on voit une ourse se battre avec un mâle pour sauver son petit.

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  • Quelle place pour l’environnement dans la campagne des législatives?
    Jun 24 2024
    La campagne express des législatives en France entre dans sa dernière ligne droite. Les électeurs sont appelés à voter ce dimanche 30 juin (premier tour) pour choisir leurs nouveaux députés. Dans un monde en surchauffe où tous les êtres vivants souffrent de nos excès, l’écologie n’a pourtant pas été au premier rang dans les débats. Toutefois, le sujet est devenu un marqueur politique qui différencie les grands partis. Avec chacun une vision très différente. Dans son programme, le Rassemblement national n’évoque que rapidement la crise climatique et plusieurs promesses du parti d’extrême droite aggraveraient au contraire le réchauffement global. Il promet par exemple de ré-autoriser la vente de véhicules essence ou diesel neuf après 2035, leur interdiction a pourtant été actée au niveau européen. Le parti présente d’ailleurs l’écologie comme étant « punitive ».À l'opposé, l'alliance de gauche et des écologistes est la plus ambitieuse. Le Nouveau Front populaire intègre par ailleurs plusieurs mesures de justice sociale. En d’autres termes : des aides financières pour la transition écologique dans l’agriculture, pour la rénovation des passoires thermiques ou pour développer les transports publics. De nombreuses mesures qu’il faudra financer, notamment avec plus de taxes pour les pollueurs et les plus riches.Entre les deux, la majorité présidentielle est bien plus timide. Le sujet est relégué au second rang, comme d'ailleurs c'est le cas dans la politique menée ces dernières années. Le programme d’Ensemble réitère ou renforce surtout des promesses déjà faites. À l’exception notable de nouvelles aides à la rénovation des logements, alors que le gouvernement a justement amputé récemment les aides existantes.Quel bilan à l’Assemblée nationale ?Au-delà des promesses électorales, le Réseau action climat qui regroupe une trentaine d'ONG environnementales a analysé les mesures débattues à l'Assemblée nationale ces dernières années, ce qui donne aussi une idée de la politique que les grands partis pourront mener s'ils obtiennent la majorité.Par exemple sur le soutien à la filière bio en agriculture, une filière sans pesticides ni engrais de synthèse qui sont très polluants et souvent toxiques pour la santé, et qui crée aussi en moyenne 30% d'emplois en plus dans les fermes, notent les ONG. L’agriculture biologique traverse une crise actuellement en France et le secteur demandait 270 millions d'euros d'aides à l'État.La gauche et les écologistes ont voté pour. La majorité présidentielle a d'abord refusé avant finalement d'octroyer 105 millions d'euros. Quant à l'extrême droite : les députés du Rassemblement national se sont abstenus.Autre exemple une taxe sur le kérosène a été débattue à l'Assemblée Nationale. Alors que le carburant pour voitures et le train sont taxés, chaque année en France, le secteur aérien bénéficie au contraire près de 10 milliards d’euros d’exonérations fiscales, rappelle le réseau action climat.Être opposé à l’écologie rapporte des voixLors de l’examen du budget 2024, la gauche et les écologistes ont donc proposé de rehausser les taxes sur le kérosène, ce qui dégagerait 1,5 milliard d'euros pour financer la transition écologique selon eux. La majorité présidentielle contourne le sujet et a préféré une taxe sur les grands aéroports qui doit rapporter seulement 150 millions d'euros. Le Rassemblement national lui, s’est à nouveau abstenu.Pour les ONG, « c'est une manière de continuer à soutenir l’aérien, qui reste le mode de transport le plus néfaste pour le climat », et que surtout les plus riches peuvent emprunter.Alors que les différents sondages placent le changement climatique en haut de la liste des principales préoccupations des français, c'est pourtant le Rassemblement national qui n’a jamais voté en faveur de l’écologie ces cinq dernières années qui est en tête des sondages.Un avenir désirableUne apparente contradiction qui s’explique selon François Gemenne, politologue et auteur du dernier rapport du Giec, par le fait que les électeurs attendent des solutions rapides qui n'arrivent pas. « Le problème avec le climat comme du reste avec la biodiversité, c’est qu’il n’existe pas de solution miracle qui va régler le problème au niveau national en quatre ou cinq ans. De ce fait, beaucoup de Français, même s’ils sont tracassés par l’état du climat et la perte de biodiversité aujourd’hui, ont l’impression que l’écologie représente surtout une contrainte qui s’impose à eux : des efforts à réaliser, des coûts supplémentaires, des sacrifices, des renoncements, » détaille le chercheur.Un point de vue que l'extrême droite reprend, « et cela lui rapporte des voix » explique François Gemenne. Tout l'enjeu pour les défenseurs de l'environnement c'est donc de réussir ...
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  • L'émotion peut-elle aider à protéger le monde vivant?
    Jun 20 2024

    On évoque cette question parce qu'en ce moment se déroule dans l'océan Indien, le long de la côte est de l'Afrique du Sud, la plus grande migration du règne animal. Des millions de sardines remontent le courant des Agulhas (des Aiguilles) et cela attire des dizaines de milliers de dauphins, requins, des baleines et des centaines de milliers d'oiseaux. L'occasion pour une équipe de photographes plongeurs et de scientifiques d'alerter sur la nécessité de protéger ces espèces

    On appelle ce phénomène naturel la « Sardine Run ». Cela se passe chaque année à l'arrivée du l'hiver austral entre les mois de mai et juillet. Ce jeudi 20 juin une expédition de l'Unesco et de la fondation 1Ocean reprend la mer pour aller filmer et photographier cette migration animale sans pareille.

    Imaginez la côte sauvage sud-africaine, abrupte, un océan rude... Le bateau doit fendre la mer pour atteindre cette route migratoire. Alexis Rosenfeld est photographe et explorateur. Il est l'un de ceux qui plongent au milieu de cette intense vie marine. « C'est le majestueux océan qui se révèle à nous, raconte-t-il, avec ces baleines qui viennent engloutir, bouche ouverte, des milliers de sardines. Ce sont les dauphins qui les chassent une à une, ce sont les requins qui sont un peu moins délicats et qui essayent de les croquer plus ou moins bien. Et ces fous du Cap qui sont des oiseaux poissons parce qu'on les voit plonger mais en fait ils nagent sous l'eau avec leurs ailes, comme s'ils utilisaient leurs ailes comme des nageoires pour continuer à poursuivre les sardines ».

    « Des milliers d'oiseaux qui plongent tête la première, pour les photographes sous la surface, c'est comme des centaines de grenades qui tombent, ça claque de toutes parts », poursuit Alexis Rosenfeld. Autre anecdote incroyable: il est arrivé à certains de ses collègues plongeurs d'être avalés par une baleine qui les a recrachés, vivants, un peu plus loin.

    De l’enchantement à l’action

    Toutes ces photos, ces films tournés par les plongeurs ou à l'aide de drones constituent des données pour les scientifiques qui étudient le comportement des mammifères marins, la transmission entre baleines adultes et jeunes baleineaux ou encore l'entraide qui semble exister entre les différentes espèces lors de cette grande migration.

    Pour toute l'équipe, il s'agit aussi de témoigner, de garder une trace de ce patrimoine commun, et d'inciter à l'action car ces animaux sont en danger en raison des activités humaines sur la côte et en raison du réchauffement ou de la pollution de l'océan.

    Fabienne Delfour, chercheuse à l'école nationale vétérinaire de Toulouse et spécialiste des mammifères marins, travaille notamment à partir des images collectées par cette expédition: « la science on sait bien qu'elle ne va toucher qu'un petit nombre de personnes, donc rendre cette information accessible de manière enchantée - c'est un véritable enchantement d'avoir accès à ces images-là - cela ramène aussi des émotions, et des études ont montré que les émotions positives engendrent des engagements pérennes de protection de l'environnement ».

    C'est peut-être l'idée à retenir aujourd'hui : alors qu'une émotion négative entraîne des actions à court terme, une émotion positive suscite, elle, des engagements à long terme.

    Ce film « La Grande migration du vivant » sera diffusé dans un an, à l'occasion de la conférence des Nations unies sur l'océan prévue à Nice.

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