• Menaces sur l’information

  • De: RFI
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Menaces sur l’information  Por  arte de portada

Menaces sur l’information

De: RFI
  • Resumen

  • Chaque année, la liberté de la presse est soumise à une pression croissante à travers le monde. Selon le dernier rapport de l'ONG Reporter sans Frontière, publié en mai 2024, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des environnements extrêmement hostiles à la liberté d'expression journalistique, où exercer ce métier représente un danger pour la vie et la liberté. Pour illustrer ce constat alarmant, la chronique « Menaces sur l'Information » vous invite à découvrir les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans le monde, à travers des portraits de ceux qui ont affronté la répression de la liberté d'expression et qui y ont parfois laissé la vie. Chaque récit, met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque pour une presse libre et indépendante.

    Diffusion : du 8 au 25 juillet et du 12 au 23 août, du lundi au vendredi à 3h50, 5h14, 7h48 et 11h22 TU.

    France Médias Monde
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Episodios
  • Yuri Nikolov, le poil à gratter du ministère de la Défense ukrainien
    Jul 25 2024

    Notre série estivale Menaces sur l'information nous emmène à Kiev. L'invasion russe met le journalisme ukrainien à rude épreuve. Sur fond de guerre, plusieurs journalistes d’investigation ont subi, ces derniers mois, des pressions et des intimidations. C’est le cas de Yuri Nikolov, fondateur d’un média d’enquêtes sur la corruption, qui a notamment mis au jour un scandale au sein des marchés publics de l’armée ukrainienne qui a fait grand bruit.

    En janvier dernier, des hommes en tenues noires, cagoulés, ont frappé violemment à la porte de l’appartement de Yuri Nikolov, le menaçant de l’envoyer au front. Le journaliste n’était pas chez lui ; seule sa mère, malade, était présente et s’en est sortie avec une grosse frayeur.

    Les visiteurs ont laissé des post-it sur la porte, avec les mots « provocateur », « traître », « resquilleur ». Selon le principal intéressé, un quart d’heure après les faits, une vidéo et des photos de la scène ont été publiés sur un canal Telegram anonyme, qui serait lié au bureau du président Zelensky, qu'il critique régulièrement.

    Persécutions en hausse depuis 2024

    À la suite de cet incident, une enquête a été ouverte pour entrave aux activités journalistiques, mais elle a été requalifiée, quatre mois plus tard, en affaire de hooliganisme, au grand regret de Pauline Maufrais, chargée de mission Ukraine à RSF, Reporters sans frontières :

    « Ça signifie que le fait qu'il a été intimidé comme journaliste n'est pas retenu dans l'enquête. C'est un nouvel exemple de ce que l'observe de plus en plus, notamment depuis janvier 2024, l'augmentation des pressions contre les journalistes d'investigation. On a compté au moins cinq journalistes qui ont été surveillés ou menacés en raison de leur travail ou de leurs publications sur la corruption. Ils continuent de faire leur travail, mais il y a une chape de plomb qui est plus ressentie maintenant qu'il y a un an. »

    Une résilience malgré un contexte de guerre

    Co-fondateur du site Nashi Groshi (« notre argent » en russe), un média membre du réseau mondial de journalisme d'investigation qui s'attache à dénoncer la corruption dans les marchés publics, Yuri Nikolov a révélé, entre autres, l'existence de contrats alimentaires frauduleux du ministère de la Défense.

    Ses enquêtes ont poussé à la démission du ministre de la Défense Oleksiy Reznikov. En dépit des tentatives d’intimidations subies par plusieurs journalistes, le travail d’investigation se poursuit en Ukraine, comme le souligne Pauline Maufrais :

    « On est très admiratifs de la résilience du paysage médiatique ukrainien en pleine guerre, du travail des journalistes d'investigation qui ont toujours continué à travailler. Dès le mois de mars/avril 2022, des journalistes d'investigation se sont spécialisés sur l'enquête des crimes de guerre commis par les forces armées russes. Mais en fait, assez rapidement, il y a eu des enquêtes publiées sur des sujets internes. Les médias d'investigation continuent de fonctionner, et, en même temps, c'est vrai que nous, depuis quelques mois, nous assistons à davantage de pression qui, pour l'instant, ne les empêche pas de publier. »

    En mars, l'université de Harvard a décerné son prix pour la conscience et l’intégrité dans le journalisme à Yuri Nikolov, qui, selon l’institution, a montré qu'un journalisme d’investigation indépendant et œuvrant pour le bien public était possible même dans un pays en guerre.

    À lire aussiUkraine: Volodymyr Zelensky limoge des responsables du recrutement militaire pour corruption

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    2 m
  • Sékou Jamal Pendessa: l'irréductible et surveillé syndicaliste, dit le «Général»
    Jul 24 2024

    En Guinée, la presse est malmenée de façon inédite depuis l'arrivée au pouvoir de la junte du CNRD. Médias fermés, radios brouillées, site d'informations et réseaux sociaux inaccessibles... autant de défis auxquels a dû faire face Sékou Jamal Pendessa, le sécrétaire général du Syndicat des professionnels de presse de Guinée (SPPG). Le journaliste syndicaliste, qui se dit toujours menacé, a plusieurs fois mené l'offensive contre les atteintes à la liberté d'informer, ce qu'il lui a valu un séjour en prison. Portrait.

    Avec ses joues creuses, sa veste sur le dos et le regard ombragé par son inséparable chapeau de paille, Sékou Jamal Pendessa ne pourrait passer inaperçu... même s'il le souhaitait !

    Le journaliste de 36 ans s'engage dans la défense de ses camarades dès le lycée. À l'université, il préside le comité d'organisation des toutes premières éditions du Forum national des étudiants, avant de devenir stagiaire puis rédacteur en chef au sein du groupe média « Gangan ».

    Informer sous la menace

    C'est son premier bras de fer avec le pouvoir : en 2017, une grève des enseignants frappe durement les écoles. Le président Alpha Condé menace publiquement de fermer les médias qui tendront leur micro au meneur syndicaliste Aboubacar Soumah. Seul Pendessa brave l'interdit : « Il disait qu'il ne pouvait pas rencontrer beaucoup de personnes, qu'il n'avait pas confiance, mais moi, je pouvais y aller seul. J'ai pris la caméra en tant que journaliste reporter d'image (JRI) et je suis allé l'interviewer. Je l'ai fait passer le même jour, mais voilà, mon média a été fermé pendant vingt-quatre heures, mais il fallait le faire pour que les autres osent ».

    En mai 2021, Pendessa devient secrétaire général du Syndicat des professionnels de presse de Guinée (SPPG). Trois mois plus tard survient le putsch du colonel Mamadi Doumbouya. L'espoir laisse place à une nouvelle déception avec le brouillage des radios et la restriction d'internet et des réseaux sociaux.

    Tentative d'enlèvement

    Avec les associations de presse, le SPPG organise en mai 2023 une « Journée sans presse » que même le média d'état RTG va suivre : « Beaucoup ont pensé à la suspension des programmes en se disant :"On balance tout court la musique", mais j'ai dit non, qu'il fallait éteindre complètement. C'est là que la SPPG, avec son secrétaire général, a joué un grand rôle ».

    Mais la répression s'accentue. En janvier dernier, celui que l'on surnomme désormais « Général » appelle à manifester : « À la veille de notre manifestation, j'ai échappé à un kidnapping. Le jour de la manifestation, nous avons été séquestrés toute la journée à la maison de la presse. À notre sortie, à 20 heures, je ne suis pas allé à la maison, j'ai envoyé une délégation à la gendarmerie pour négocier la libération de neuf journalistes. Moi, je m'en allais avec quelques membres du syndicat pour retourner à mon bureau. C'est en cours de route que j'ai été arrêté. »

    Agents secrets armés

    Le syndicaliste passera un mois et demi en prison. Une grève générale lancée par les principales centrales du pays conduira à sa libération, malgré une condamnation pour « attroupement non autorisé et trouble à l'ordre public ».

    Mais Pendessa se sait surveillé en permanence, parfois même jusque dans la Maison de la presse : « Ils sont rentrés, malheureusement, jusque dans la salle de conférence, en faisant semblant, comme s'ils étaient des journalistes... mais on se connaît entre nous. Ils ont finalement dit qu'ils étaient des agents secrets. Certains avaient des armes sur eux ! »

    Sékou Jamal Pendessa affirme que sa rue « est l'une des plus surveillées de Conakry », ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre sa lutte en faveur de la presse.

    À lire aussiEnlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah en Guinée: le gouvernement n'a «aucune nouvelle», selon Ousmane Gaoual Diallo

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  • Dom Phillips, mort pour l’Amazonie
    Jul 23 2024
    Dom Phillips, journaliste britannique, a été tué en 2022 à l’âge de 57 ans en Amazonie brésilienne avec son guide Bruno Pereira. Il était un fervent défenseur du rôle des peuples autochtones dans la sauvegarde de l’Amazonie. Ses enquêtes dénonçaient la déforestation et l’inaction de Jair Bolsonaro, le président au moment de sa mort. La scène se déroule en 2019, à Brasilia, au bureau de presse du Palacio do Planalto. Dom Phillips, micro à la main, interroge Jair Bolsonaro, le nouveau président brésilien, sur la déforestation croissante en Amazonie : « Comment comptez-vous montrer au monde que votre gouvernement est réellement préoccupé par la préservation de l’Amazonie ? ». Jair Bolsonaro lui répond d’un ton sec : « Vous devez comprendre que l’Amazonie appartient au Brésil, elle n’est pas à vous ».Pourtant, l’Amazonie, Dom Phillips en est amoureux. Celui qui a sillonné le Brésil pendant près d’une quinzaine d’années est correspondant pour le Washington Post, le Guardian ou encore le Times. Sa mission : raconter la forêt amazonienne, « le poumon de la terre » à travers les histoires de ceux qui y habitent.En juin 2022, avec son guide Bruno Pereira, expert des peuples indigènes, il se lance dans une expédition au cœur de la vallée du Javari, une des zones forestières les plus denses du monde, mais surtout réputée pour être très dangereuse en raison des trafics liés à la drogue, l’orpaillage, mais aussi la pêche illégale contre laquelle luttent les populations autochtones. Dom Phillips veut faire de cette enquête un livre. Il l’appellera Comment sauver l’Amazonie ? Demandez à ceux qui savent.Une rencontre qui tourne malParler aux concernés est un principe fondamental pour Dom Phillips, comme l’explique son collègue et ami Jonathan Watts, journaliste au Guardian : « Dom ne voulait pas se contenter de blâmer un groupe ou un autre, il est donc allé voir les indigènes pour savoir comment ils étaient affectés par la pêche illégale, ensuite, il est allé parler aux pécheurs pour comprendre pourquoi ils faisaient ça ». Cette rencontre tourne mal. Pendant plusieurs jours, aucune nouvelle des deux amis. Des équipes partent à leur recherche, leurs corps sont alors retrouvés démembrés, brûlés et enterrés dans une zone marécageuse des rives du fleuve Itacoai.À lire aussiHommages au journaliste britannique et à l'expert brésilien assassinés il y a un an en AmazonieDeux ans après les meurtres de Dom Phillips et Bruno Pereira, sept personnes ont été inculpées, mais aucune n’a été jugée. Leur procès a déjà été reporté à deux reprises et aucune date n’a pour l’instant été fixée. Le commanditaire, à la tête d’un réseau criminel de pêche et de chasse illégale, est en prison préventive, mais toujours pas mis en examen.Pour Artur Romeu, directeur du bureau Amérique latine de Reporter sans frontière à Rio de Janeiro, le président de l’époque, Jair Bolsonaro, a une responsabilité indirecte dans la mort du journaliste : « Le fait qu’un président prononce un discours virulent, négationniste vis-à-vis des enjeux climatiques met en danger les journalistes. Jair Bolsonaro a lui-même accusé Dom Phillips et Bruno Pereira d’être des aventuriers qui auraient dû redoubler de précautions. Donc il y a vraiment une minimisation de l’affaire ».Recul de la liberté de la presse en AmazonieDepuis la mort des deux hommes, 85 cas d’atteinte à la liberté de la presse ont été comptabilisés en Amazonie. Cette affaire a fait la Une des journaux occidentaux, car Dom Phillips était un journaliste étranger blanc, mais son ami Jonathan Watts est formel : « Beaucoup de défenseurs du climat ou des journalistes brésiliens sont tués pour défendre l’environnement et personne n’en parle. Connaissant Dom, il aurait aimé que l’attention qu’il a eue soit la même pour les autres ».Les articles de Dom Phillips auront documenté la déforestation dans la forêt Amazonienne avec précision. Au moment de sa mort, il restait un tiers de son livre à écrire. Ses amis et collègues travaillent ensemble pour le terminer : « C’est un symbole de la solidarité journalistique. Nous faisons ça pour montrer que même si vous tuez le journaliste, vous ne pouvez pas tuer son travail et mettre sous silence la vérité ». La parution du livre est prévue en avril 2025.À lire aussi«Ils allaient me tuer»: Daniel Mendoza Leal, le journaliste colombien qui se dresse contre Alvaro Uribe
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