• Élections au Royaume-Uni: Keir Starmer, le bien aimé de la presse conservatrice
    Jul 5 2024

    Jeudi 4 juillet, le Labour, le Parti travailliste, emmené par Keir Starmer, a largement remporté les élections législatives au Royaume-Uni, gagnant 410 circonscriptions sur 650, au détriment des conservateurs de Rishi Sunak. Le nouvel homme fort du pays a pu bénéficier pendant sa campagne du soutien massif des médias.

    Quel est le point commun entre des journaux aussi différents que le Sun, le Sunday Times, The Economist ou le Financial Times ? Ce sont tous des journaux pro-Starmer, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni. Pourtant, l'homme n'est pas un bon client des médias ou une figure haute en couleur à la Boris Johnson, c'est même tout le contraire. On le disait un brin austère, sérieux, mais sans charisme, une sorte de figure inversée du flamboyant Tony Blair.

    Keir Starmer, un homme très différent de son prédécesseur, le millionnaire Rishi Sunak

    Keir Starmer, ancien avocat aux droits de l'Homme entré en politique il y a dix ans, a fini par fendre son armure à la télévision. C'est ainsi qu'il a raconté son histoire familiale dans le sud-est de Londres : fils d'un tourneur fraiseur et d'une infirmière atteinte d'une grave maladie auto-immune, il sait ce que sont les problèmes de santé et de pouvoir d'achat. Il a même confié pendant la campagne qu'il avait bien connu la crainte des factures déposées dans la boîte aux lettres et qu'il savait ce qu'il fallait couper si on ne pouvait pas payer — le téléphone, car « c'était toujours plus facile de s'en passer ». Évidemment, le Sun, tabloïd populaire, y a vu un candidat en résonance avec une bonne partie de son lectorat. D'autant qu'il s'est engagé à faire baisser l'immigration.

    Ce qui séduit les journaux très libéraux et libre-échangistes comme The Economist, voire plus conservateurs comme le Financial Times et le Sunday Times, c'est le mauvais bilan de Rishi Sunak. « Cette génération de Tories [les conservateurs] a ruiné sa réputation de parti des affaires », dénonce le Financial Times, selon lequel « Keir Starmer est mieux placé pour être le dirigeant dont le pays a besoin », même si le journal craint tout de même l'interventionnisme réglementaire d'un gouvernement travailliste. Quant à The Economist, il a aussi appelé à voter pour le Labour en constatant un manque cruel de croissance économique.

    Keir Starmer, en se disant favorable aux entreprises et à la création de richesses, comme aux travailleurs, plaît aux patrons. Il est aussi celui qui a liquidé l'héritage de Jeremy Corbyn en réglant les questions d'antisémitisme au sein de son parti et en prenant position pour Israël après le 7-Octobre, demandant juste des « pauses humanitaires à Gaza ». Sur le fond, et non sur la forme, il y a beaucoup de points communs avec Tony Blair qui avait, lui aussi, reçu le soutien de la presse de Rupert Murdoch à laquelle appartient le Sunday Times.

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  • Les journalistes de «Marianne» mobilisés contre leur rachat par un proche de l'extrême droite
    Jun 28 2024

    À l'hebdomadaire Marianne, les journalistes sont vent debout contre un projet de rachat du titre de presse par un riche entrepreneur, Pierre-Édouard Stérin, dont des liens forts avec l'extrême droite ont été révélés.

    C'est dans Le Monde que les journalistes de Marianne ont appris que Pierre-Édouard Stérin, un milliardaire catholique anti-IVG de 50 ans, avait une très grande proximité avec le Rassemblement national.

    Son bras droit, François Durvye, patron de son fonds d'investissement Otium, a conseillé le parti d'extrême droite pour son programme économique. Un autre lieutenant de Pierre-Édouard Stérin, Alban du Rostu, qui dirige son fonds philanthropique Bien commun, a proposé ses services pour les investitures. Enfin, et c'est une révélation du magazine Challenges, Pierre-Édouard Stérin et François Durvye ont racheté en novembre pour 2,5 millions d'euros la propriété familiale des Le Pen à Rueil-Malmaison, où vit encore Jean-Marie Le Pen.

    Suite à ces informations, les journalistes ont décidé à l'unanimité de faire grève le vendredi 28 juin. La grève a été levée au soir, les journalistes maintiennent toutefois la pression.

    La société des rédacteurs fait volte-face

    Dans un précédent communiqué en date du 21 juin, approuvé par plus de 60% des journalistes, les garanties d'indépendance, comme un droit de véto sur la nomination du directeur de la rédaction ou un représentant au conseil d'administration, semblaient alors suffisantes.

    Le 21 juin, la rédaction de Marianne avait pourtant déjà connaissance de l'affaire de l'achat de la maison des Le Pen à Rueil-Malmaison ou la participation de Pierre-Édouard Stérin à la production du film du Puy du Fou Vaincre ou Mourir, avec Studio Canal, contrôlé par Bolloré.

    Mais avec l'article du Monde, dixit la Société des rédacteurs : « ce qui apparaissait comme un engagement idéologique individuel se révèle être une entreprise partisane ».

    Le vendeur, Daniel Kretinsky, a décidé vendredi 28 juin de suspendre ses négociations

    Les négociations pour le rachat de Marianne ont été suspendues en accord avec Pierre-Édouard Stérin, et ce, jusqu'au 21 juillet où les parties statueront. Mais Denis Olivennes, le patron de CMI qui représente Marianne, n'a pas l'air d'opposer une digue républicaine à ce rachat. Il y a bien une proposition alternative de l'entrepreneur Jean-Martial Lefranc, mais elle ne dépassait pas hier 5 millions d'euros, ce qui semblait insuffisant.

    Daniel Kretinsky avait décidé de mettre en vente Marianne après avoir estimé qu’il ne se retrouvait pas dans la ligne éditoriale critique vis-à-vis de l’Union européenne et du libéralisme.

    Les journalistes de l'hebdomadaire craignent de vivre une situation déjà connue à iTélé devenue CNews, Europe 1 ou au Journal du dimanche, quand la quasi-totalité de la rédaction avait fui suite à la reprise par Bolloré et une orientation de ces médias à l'extrême droite.

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  • TV5Monde devient «média non grata» au Burkina Faso
    Jun 21 2024

    Le Burkina Faso a interdit ce mardi 18 juin la diffusion de TV5Monde pendant six mois.

    Après RFI, France 24, Le Monde, LCI, Jeune Afrique, c’est au tour de TV5Monde d’être suspendu pour une période assez longue - six mois - au Burkina Faso. Avec en plus une amende de 50 millions de francs CFA, soit 76 000 euros.

    Ce qui fâche est toujours et encore la remise en cause de la situation sécuritaire et militaire du pays, depuis le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré en octobre 2022. Cette fois, il est reproché des « propos tendancieux », sur l’antenne, de Newton Ahmed Barry. Ce journaliste et ancien président de la Commission électorale s’est exprimé au cours du journal télévisé de TV5 notamment sur l’attaque jihadiste meurtrière de Mansila, dans le nord-est du pays, près du Niger.

    Alors que plusieurs dizaines d’instructeurs russes sont arrivés du Mali à Ouagadougou, il s’agit aussi de discréditer les rumeurs de mutinerie et de « mouvements d’humeur » apparues sur les réseaux sociaux. « Il n’en est rien », assure l’armée, qui a toutefois la plus grande peine à justifier comment un obus a pu arriver dans la cour de la télévision publique, à deux pas de la présidence. Un « incident de tir », selon la chaîne d’État.

    Et cette suspension prend un tour particulier compte tenu de la nature de TV5Monde. Car TV5, ce n’est pas la France, même si Paris pourvoit majoritairement à son budget. C’est une chaîne francophone où l’on retrouve les télévisions de Belgique, du Canada ou de Suisse. Yves Bigot, le patron de la chaîne qui vient d’abandonner ses fonctions faute d’être reconduit, avait même l’intention d’ouvrir son capital à sept pays africains. Le 6 juin, il a signé avec la société des journalistes de la chaîne une charte éditoriale qui garantit qu’elle se conforme au journalisme « trust initiative », un label international de qualité de l’information.

    Ingérence du pouvoir dans les médias

    Un label auquel ont souscrit aussi RFI et France 24. Et au Burkina Faso, on observe un contrôle accru des médias. Il suffit de regarder qui porte la charge contre TV5 : ce n’est pas directement le gouvernement, mais le régulateur, le Conseil national de la communication, qui depuis une réforme de novembre dernier est la voix du pouvoir dans les médias. Cette suspension de six mois fait suite à l’interdiction pendant un mois de Radio Omega, à des expulsions de journalistes, comme celle du Monde et de Libération qui avait parlé d’une « guerre de propagande » avec les groupes jihadistes. On voit aussi des officines proches du pouvoir organiser des campagnes de dénigrement contre des journalistes burkinabè.

    Au fond, quand la sécurité du pays n’est plus sous contrôle, on tente de contrôler les messagers.

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  • La situation politique française envahit l'espace médiatique
    Jun 14 2024

    La situation des médias français au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale. Avec une polarisation de plus en plus nette : pour ou contre l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national. Un scénario digne d’une série

    Écoutez, imaginez une série avec un évènement fondateur, une dissolution, le ralliement à l’extrême droite d’un chef de parti de la droite traditionnelle qui s’enferme dans son bureau alors que ses barons le désavouent, un flash-back où il se rend à un déjeuner avec un milliardaire qui appelle à l’union des droites pour prendre le pouvoir, les médias de ce même milliardaire qui se transforment en militants et pilonnent l’alternative à gauche en la traitant d’« antisémite ».

    On pourrait appeler cette série La fièvre, si elle n’existait pas déjà, mais c’est le nom d’une série sur Canal+ d’Eric Benzechri qui raconte comment l’extrême droite arrive aux portes du pouvoir à la suite d’un incident qui déclenche des accusations de racisme anti blanc, savamment orchestrée sur les réseaux sociaux.

    Le 5 avril, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, avait elle-même cité cette série, en évoquant son « inquiétude réelle » devant « le grossissement de sujets qui sont dans le débat et prennent tout à coup tout l’espace démocratique ». Elle pensait alors à des ingérences étrangères comme on l’a vu avec les étoiles de David bleues destinées à attiser les haines.

    La « fièvre », c’est selon vous ce qui s’est emparé des débats et des écrans ces derniers jours

    Marie Toussaint, la malheureuse candidate écologiste, a déclaré « J’ai sous-estimé la force de TikTok ». Elle faisait référence à la façon dont les jeunes ont été exposés, par l’algorithme de TikTok, à bien plus de vidéos tendant à les polariser du côté du RN comme des images de violences urbaines, qu’à les mobiliser face à l’urgence climatique.

    Avec ce paradoxe : moins on vit dans sa réalité ces violences, loin des métropoles, plus on est enclin à voir en elle une réalité que le réseau social amplifie. Comme les journalistes sont essentiellement parisiens, ils sous-estiment ces phénomènes. Ceux qui ont bien compris le parti en tirer, ce sont les médias de Bolloré : CNews, C8, Europe 1 ou le JDD. De même qu’ils avaient surexploité le drame de Crépol, ce jeune de 16 ans tué à un bal dans la Drôme, victime d’un prétendu racisme anti-blanc, ils hystérisent le débat public en accusant le nouveau Front populaire, par sa composante LFI, d’être « antisémite » et même « négationniste ».

    Le Point et Le Figaro - qui appelle à parler de « droite radicale » et non d’extrême droite -, sont de plus en plus sur cette ligne. Au Monde, à Libération et/ou dans l’audiovisuel public, on cherche à garder la bonne distance, mais on y entend parler aussi de « fascisme » ou de « lutte anti-fasciste... » Après “la fièvre”, il ne faudrait pas que la série vire à l’embrasement.

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  • Saadé, devant l'Arcom, promet de ne pas intervenir «dans la ligne éditoriale» de BFMTV et RMC
    Jun 7 2024

    Suite au rachat de BFM TV et de RMC par le groupe maritime CMA CGM, son actionnaire Rodolphe Saadé a été auditionné par l'Arcom, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. L'occasion, pour lui, de s'expliquer sur sa vision stratégique et de rassurer sur l'indépendance éditoriale de ses médias.

    Accompagné de Nicolas de Tavernost, l'ancien patron du groupe M6 devenu son conseiller dans les médias, Rodolphe Saadé s'est présenté jeudi à l'Arcom, l'autorité de régulation de l'audiovisuel. Il y était entendu dans le cadre de la procédure d'agrément qui doit être respectée en cas de changement de contrôle d'un groupe média bénéficiant de fréquences publiques.

    En l'espèce, il s'agit de la reprise auprès d'Altice, pour plus d'1,5 milliard d'euros, de la radio RMC, des chaînes BFMTV, RMC Découverte et RMC Story ainsi que de dix chaînes locales de BFM et de la plateforme RMC BFM Play. À noter d'ailleurs que deux chaînes payantes RMC Sport ne sont pas comprises dans l'accord afin, pour SFR, de garder une offre attractive pour ses abonnés – CMA CGM devant néanmoins assurer la production éditoriale des chaînes.

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    BFMTV en perte de vitesse face à CNews

    Une situation quelque peu changée depuis la signature du protocole d'accord le 15 mars. Depuis cette semaine, le principal actif du groupe, BFMTV, n'est plus la première chaîne d'info de France. Elle a été dépassée en mai par CNews, désormais forte de 2,8 % de part d'audience et toujours détenue par le très conservateur Bolloré. Il faut dire que CNews n'est pas seulement la chaîne de la droite et de l'extrême droite, elle est aussi davantage suivie chez les retraités qui ont plus de temps à passer devant la télé. Elle a donc un temps d'écoute plus important. Rodophe Saadé ne s'en satisfait pas : il a bien précisé que BFMTV devait redevenir leader et qu'il était d'ailleurs « ouvert à un développement international » : il s'intéresse beaucoup, on le sait, au pourtour méditerranéen.

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    Des engagements à suivre sur le long terme

    On sentait que Rodolphe Saadé avait été bien conseillé sur la question éditoriale, n'hésitant pas à s'engager. « Je n'interviendrai pas dans les lignes éditoriales », a-t-il dit, reconnaissant le principe d'indépendance des rédactions et avalisant les comités d'éthique et les chartes déontologiques. Il a d'ailleurs précisé qu'une charte d'indépendance était en négociation à la Provence, le journal dont il est propriétaire depuis deux ans et qui a vu son directeur de la rédaction être débarqué puis finalement réintégré à la suite d'une intervention de Saadé contestant une Une sur Macron à Marseille. Aujourd'hui, l'armateur se dit soucieux de pluralisme et d'information de qualité. Ce qui ne l'empêche pas de faire valoir ses idées, comme on l'a vu dans Le Monde où il a appelé l'Europe « à plus d'innovation et à moins de régulation », en particulier dans l'intelligence artificielle où il a investi – avec Xavier Niel et Eric Schmidt – dans un laboratoire.

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  • Bande de Gaza: un tournant dans le traitement médiatique?
    May 31 2024

    Retour sur l'indignation contre les bombardements israéliens à Rafah qui touche de plus en plus les médias.

    On l'a vu jeudi 30 mai lorsque 2 500 personnes, selon la police, ont tenté de s'approcher de la tour de TF1 pour protester contre la diffusion sur LCI d'une interview de Benyamin Netanyahu où il a pu comparer les bombardements à Rafah au débarquement en Normandie. Et il est vrai, que si les juges de la Cour pénale internationale suivent les demandes du procureur Khan, un mandat d'arrêt devra être prononcé contre le Premier ministre israélien et les chefs du Hamas.

    La France a apporté son soutien à la CPI. Vladimir Poutine a été l'objet d'un tel mandat d'arrêt en mars 2023 et il n'a pu donner qu'une seule interview à un journaliste occidental depuis son attaque contre l'Ukraine. Ce n'était d'ailleurs pas un média, mais à l'ancien journaliste de Fox News Thucker Carlson, un proche de Donald Trump.

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    Naufrage médiatique, selon La France insoumise

    Côté politique, la France insoumise met aussi en cause la faillite des médias sur ce conflit. Cette critique se fait de plus en plus précise depuis la frappe israélienne qui a tué plus de 45 personnes à Rafah dimanche 26 mai. Le député LFI David Guiraud, qui était l'invité de BFM TV après une vive altercation à l'Assemblée avec le député Meyer Habib, proche de Netanyahu, a parlé de naufrage journalistique.

    Auparavant, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé le procès qui consiste à faire de tout opposant, véhément, au massacre à Gaza, un antisémite. Si naufrage il y a, et cela les Insoumis l'ont bien compris, c'est que certains médias s'intéressent plus au buzz lié à un drapeau palestinien à l'Assemblée ou à une altercation aux quatre colonnes qu'au sort des Palestiniens de Rafah, alors même que la Cour internationale de Justice a ordonné un cessez-le-feu.

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    Tournant dans l’opinion

    Cela arrive au moment où une prise de conscience médiatique est perceptible. TF1 mercredi 29 mai après France 2 la veille ont ouvert leurs journaux de 20h sur l'indignation dans le monde, et notamment à Paris, que soulèvent les bombardements de déplacés à Rafah. Il faut dire aussi que ce massacre a fait la Une du New York Times et qu'une image intitulée « All eyes on Rafah », générée à l'aide de l'intelligence artificielle, a été partagée plus de 50 millions de fois sur Instagram.

    Il y a sans doute un tournant dans l'opinion. Pourtant, rares sont les journaux français qui, à l'instar du Monde ou de Libération, ont mis à la Une les souffrances des Palestiniens à Rafah ou pris position pour une reconnaissance par la France de la Palestine. On le constate aussi à l'Assemblée où un documentaire sur les atrocités commises à Gaza du député apparenté LFI Aymeric Caron n'a réuni qu'une quinzaine de députés, quand celui fourni par Israël sur les massacres du 7-Octobre en avait rassemblé 120.

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  • Les ambiguïtés du cinéma et de la télévision face à #MeToo
    May 17 2024

    Les ambiguïtés du cinéma français et du monde de l’audiovisuel devant la vague #MeToo resurgissent en ce moment avec l’ouverture du festival de Cannes.

    Le #MeToo du cinéma a désormais une égérie, Judith Godrèche, à l’origine d’un témoignage dans Mediapart, en février, qui a abouti à deux plaintes contre les réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot. L’actrice, qui a accusé le cinéma d’être « une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles » a obtenu la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles dans le 7e art et l’audiovisuel. Ce n’est donc sans doute pas, par hasard, si une rumeur partie des réseaux sociaux évoquait une prétendue enquête de Mediapart mettant en cause dix grands noms du cinéma français.

    Avant que le journal en ligne ne démente cette rumeur, il y a eu, on le sait, une sorte d’emballement. Sur C8, notamment, Cyril Hanouna a évoqué une « liste explosive de dix gros noms du cinéma français », sans en citer un seul. En réalité, un nom est sorti, celui du producteur Alain Sarde, accusé par neuf femmes de viol et d’agression sexuelle dans le magazine Elle. La rumeur est venue en réalité parasiter un combat.

    Le monde de la télévision doit lui-même composer avec cette vague #MeToo

    Bien sûr, d’abord parce que les films sont souvent préachetés ou financés par des chaînes, d’abord Canal+, puis France 2 et France 3, lesquelles les diffusent ensuite. Les films Belle de Benoît Jacquot et CE2 de Jacques Doillon ont vu leur sortie suspendue et on ne sait pas quand ils sortiront. France Télévisions, partenaire du Festival de Cannes, indique avoir « pris le parti de la parole des femmes ». Il a financé Moi Aussi, le film de Judith Godrèche, s’interdit tout hommage à Gérard Depardieu et il a fait savoir qu’il suspendrait tout film sur lequel porte des révélations. En réalité, c’est un peu plus compliqué puisque le film Petite Nature, réalisé par Samuel Theis, est bien présent sur la plateforme France.tv. Or cet acteur est mis en cause dans une affaire de viol par un technicien sur le tournage d’Anatomie d’une chute.

    Le Centre national du cinéma est également concerné

    Le CNC a développé depuis 2020 des formations obligatoires contre les violences sexuelles et sexistes pendant ou en marge des tournages. Seulement, cette même année, son président ? Dominique Boutonnat est accusé d’agression sexuelle par son filleul de 21 ans pendant ses vacances. Il sera jugé le 14 juin pour cela. Mais la publication par Libération des PV d’audition se révèlent assez accablante.

    Lundi, c’est donc en brandissant la Une du journal titré « L’homme qui embarrasse le cinéma français » qu’une centaine de professionnels ont demandé sa démission devant le CNC. À leur tête, Judith Godrèche.

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  • L'humour, pierre angulaire de la liberté d'expression
    May 10 2024

    Les syndicats de Radio France appellent à la grève dimanche 12 mai pour « la défense de la liberté d'expression », suite à la suspension de l'humoriste Guillaume Meurice de l'antenne de France Inter.

    C'est un appel à la grève de l'intersyndicale de Radio France qui vise à défendre Le Grand Dimanche, l'émission de Charline Vanhoenacker sur France Inter où officiait Guillaume Meurice jusque fin avril, mais aussi pour mettre en garde contre « un virage éditorial » qui prévoit des économies et la suppression, à la rentrée, de l'émission environnementale La Terre au carré.

    Concernant Guillaume Meurice, qui avait comparé en novembre Benyamin Netanyahu à « une sorte de nazi, mais sans prépuce » (sic), c'est la réitération de ses propos, à la suite d'un classement sans suite d'une plainte à son encontre, en avril, qui a provoqué sa mise à pied dans l'attente d'un éventuel licenciement. Ce que n'avait sans doute pas prévu la présidence de Radio France, c'est que tout le groupe se mobiliserait pour « la fin de la répression de l'insolence et de l'humour ».

    Quand Rachida Dati défend la direction de Radio France

    La ministre de la Culture, Rachida Dati, a apporté son soutien mardi à la présidence de Radio France. Un soutien éminemment politique, car la ministre a dû réaffirmer son appui à la liberté d'expression tout soutenant la direction de France Inter face à Guillaume Meurice.

    Pour cela, Rachida Dati a tenté de jouer les bons juristes en disant que certes, l'humoriste bénéficiait d'une plainte classée sans suite, mais que l'Arcom, en novembre, avait mis en garde Radio France qui ne pouvait pas, en conséquence, ne pas réagir. Le risque, c'est vrai, aurait été que le groupe public soit ensuite mis en demeure de respecter son cahier des charges.

    Un humoriste n'est pas un journaliste

    Ainsi, c'est la vision du gouvernement qui s'est imposée à Radio France. La position de l'Arcom, qui est aussi celle du pouvoir par rapport à la guerre à Gaza, est de favoriser la cohésion de la société française, en particulier du fait de « la recrudescence d'actes antisémites ». Cela peut s'entendre.

    Mais, outre le fait que la sanction n'est pas le meilleur moyen d'éteindre une polémique, il est une chose qui a été complètement sous-estimée au sommet, à savoir qu'un humoriste n'est pas un journaliste. Il ne lui est pas demandé d'être équilibré ou même intellectuellement honnête, mais de grossir le trait et de purger par le rire les abcès de notre époque.

    Alors, on peut trouver que Guillaume Meurice a fait une mauvaise blague, pas drôle, mais de là à dire qu'elle est antisémite, comme le fait Alain Finkielkraut, c'est grave, car cela vise à faire taire le droit à la caricature comme il existe dans la presse. Et oui, la justice l'a rappelé, on a le droit de dire, à la façon d'un humoriste, que la judéité de Benyamin Netanyahu ne le prémunit pas d'actes barbares.

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