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  • Exportation du pétrole nigérien: l'option tchadienne relancée
    Jul 25 2024

    Une visite de la ministre du Pétrole tchadien à Niamey du 10 au 13 juillet est venue formaliser la reprise des discussions pour la relance du projet de pipeline entre le Tchad et le Niger. Il avait été laissé de côté en 2019 par les Nigériens au profit de la voie du Bénin. Cependant, la brouille actuelle entre les deux pays rebat les cartes et relance l'option tchadienne.

    Voici donc l’option tchadienne de nouveau sur la table. Relier les champs de pétrole d’Agadem au pipeline tchadien localisé à Doba, avec une vision précise : « La relance de ce projet coïncide avec la cérémonie de lancement des activités amont de la Sonidep [Société nigérienne du pétrole, NDLR] qui a eu lieu le 22 juin dernier. Elle tombe donc à point nommé, car les blocs Bilma, R5, R6, R7 ainsi que les blocs R1, R2, R3, R4 lorsqu'ils seront en production, alimenteront ce pipeline, détaille Mahaman Moustapha Barké, ministre du Pétrole du Niger. Nous aurons ainsi un débouché sur le Tchad pour l'exportation du brut issu de ces différents blocs, tandis que les blocs déjà en exploitation, déjà en production, alimenteront la raffinerie et le complexe pétrochimique de Dosso. »

    La ministre tchadienne des Hydrocarbures, Alixe Naïmbaye, a fait le déplacement à Niamey. Trois jours pour relancer au plus vite ce projet, notamment par la création d’un comité technique. « Le projet de construction du pipeline Niger-Tchad-Cameroun, permettant une nouvelle voie de transport du brut nigérien, mérite toute notre attention », assure-t-elle. Des dispositions institutionnelles ont été prises pour une « réalisation optimale de ce projet intégrateur ». Et d'ajouter : « Monsieur le Ministre, nous offrons aujourd'hui les discussions préliminaires autour de ce projet et je voudrais vous assurer que la partie tchadienne s'emploiera pleinement pour faire de la réalisation de cette infrastructure un franc succès. »

    « L’économie n’a pas tellement de place là-dedans »

    Un projet qui représente 700 nouveaux kilomètres de pipeline à construire pour un coût estimé à l’époque à 1,18 milliard de dollars, alors que le projet béninois en a sans doute déjà coûté plus de 2 milliards. Mais « l’économie n’a pas tellement de place là-dedans, c’est très géopolitique », souligne Jean-Pierre Favennec, spécialiste des questions pétrolières.

    La brouille diplomatique entre le Bénin et le Niger bloque actuellement l'exportation du pétrole. « Si les autorités tchadiennes sont beaucoup plus flexibles et les autorités camerounaises aussi, il n’y a pas d’autres options que de tenter de passer par le Tchad et de se raccorder à l’oléoduc Tchad-Cameroun. Ce qui nécessite effectivement, je le rappelle, un accord avec à la fois les Nigériens, les Chinois, les Tchadiens et les Camerounais », analyse-t-il.

    Beaucoup reste encore à faire avant que ce nouveau pipeline voie le jour : la remise à jour des études vont être nécessaires, une réévaluation des coûts ainsi que trouver un accord sur les droits de passages du pétrole.

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  • Dakar 2026 fait le pari de l'investissement privé pour ses JO de la Jeunesse
    Jul 24 2024

    Présent à Paris, Bassirou Diomaye Faye, le président sénégalais, participe au sommet Sport pour le développement durable. Le Sénégal organisera les Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) en 2026. Une première olympique pour le continent africain. Le défi est immense et Dakar mise, comme Paris, sur l'investissement privé.

    Les organisateurs de Dakar 2026 jouent les VRP à Paris, histoire de prendre les bonnes idées, de s'inspirer, et surtout de trouver des investisseurs. Ils sont recherchés principalement dans le transport vert, l'industrie culturelle créative et les nouvelles technologies. Bakary Sega Bathily fraîchement nommé directeur général de l'APIX, l'Agence de promotion des investissements et des grands projets, suit la ligne du nouveau gouvernement : « Moins de dons, plus de partenariat, moins d'endettement, "mieux d'État", c'est exactement cela ».

    Des partenaires privés en priorité

    Il mise sur les investissements privés pour un maximum de retombées économiques. « L'organisation d'événements sportifs reste encore une fois la part la plus importante, à peu près 50%, des revenus dans le secteur du sport. Aujourd'hui, l'État du Sénégal compte lancer plusieurs projets d'infrastructures sportives, des complexes de proximité. Nous attendons beaucoup d'investissements parce qu'il y a des modèles qui ont été développés ici. Des investisseurs sénégalais sont déjà sur place. Il y a un projet Dakar Complexe City à Diamniadio avec un investissement de 50 millions d'euros qui est en cours. Nous attendons ce type d'investissement et je pense qu'ici, à Paris, on pourra trouver de bons partenaires », assure-t-il.

    Des retombées pas si évidentes

    Cependant, atteindre les 80% d'investissements privés de Paris 2024 est « illusoire » pour Gérard Akindes, professeur de management du sport, il a notamment travaillé pour l'organisation de la dernière Coupe du monde de football au Qatar. Selon lui, les JOJ peuvent permettre d'accélérer sur certaines infrastructures, comme les routes et le transport notamment, mais les retombées positives concrètes pour les populations sont difficiles à établir. « Un événement qui donne de la visibilité positive au continent... oui, on apprécie, mais est-ce que ça va permettre aux Sénégalais de mieux vivre ? s’interroge l’ancien basketteur béninois. Ce sont les plus gros défis. Or, on est à deux ans de l'événement et tout ce travail-là n'a pas encore été établi. C'est difficile parce que là, le Sénégal est en train d'entrer dans la course. Toutes les énergies, toutes les ressources vont être mobilisées sur les Jeux, tout ce qu'il y a autour et qui aurait pu avoir un impact positif sur la société sénégalaise ne sera plus très présent parce qu'il faut livrer les Jeux ».

    Du retard a été pris dans la recherche d'investisseurs, selon le nouveau directeur général de l'APIX, critique sur le travail de l'ancienne équipe. Il assure toutefois que les travaux comme la réhabilitation du stade Iba Mar Diop seront livrés en temps et en heure.

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  • Au Cameroun, vers une structuration de l'économie du miel
    Jul 23 2024

    Au Cameroun, la filière miel se professionnalise dans la région de l’Adamaoua. Les produits dérivés du miel seront désormais centralisés dans l’usine de traitement des produits apicoles de Ngaoundal. Une initiative qui devrait permettre d'améliorer la qualité du produit et donc les profits.

    De notre correspondant au Cameroun,

    C’est la fête des apiculteurs au village Beka Gotto, dans la région de l’Adamaoua au Cameroun. Les apiculteurs et le lamidat présentent aux populations le montage d’une ruche traditionnelle. Ces ruches d’abeilles sont perchées sur des arbres dans la forêt à environ 2 km du village. « Une ruche peut produire en moyenne 10 litres de miel. Mais il s’avère que certains apiculteurs fabriquent des ruches un peu plus larges qui peuvent produire jusqu’à 20 litres de miel », expliquent-ils.

    Une fois récolté, le miel est séparé de la cire via un procédé de filtration artisanal, comme à Beka Ngoto où Moussa, grossiste, s’occupe de ce pressoir archaïque. « On l'a adapté pour pouvoir filtrer, pour que le liquide puisse passer », montre-t-il.

    Le miel récolté est vendu 1 500 francs CFA le litre aux passants ou à des commerçants, mais sans véritable régulation. Pour réguler le marché du miel et tirer profit de ses produits dérivés, l’association Guide espoir a construit une première usine de traitement des produits apicoles de Ngaoundal. Michael Tchana est à la tête de l’association : « On va centraliser toutes les productions du Cameroun pour pouvoir faire un traitement aux standards internationaux pour le marché international et le marché local. »

    Une meilleure qualité pour plus de débouchés

    Un centre qui devrait améliorer les revenus des apiculteurs, assure-t-il : « Lorsqu’ils devaient faire eux-mêmes l’extraction avec le bois de chauffe, cela altérait la qualité, leurs produits étant de mauvaise qualité, ils ne pouvaient pas avoir un bon prix. Mais avec le centre, leurs produits vont avoir nécessairement un meilleur prix, qui peut être pratiquement le double. »

    L'idée est donc d'attirer des partenaires internationaux et plus de capitaux pour construire une réelle industrie du miel au Cameroun. Hana, une employée dans le secteur de la cosmétique en Europe, est venue visiter l'usine. « Nous sommes très favorables à cette initiative, car nous espérons recevoir une cire d'abeille très propre et pure, de belle couleur jaune, sans odeur de fumée, qui pourra être apportée directement à l'industrie cosmétique », explique-t-elle.

    La région de l’Adamaoua produit environ 28 tonnes de miel par an, selon des chiffres du ministère des Pêches et de l’Élevage. Il faut multiplier par dix ce chiffre pour obtenir la capacité de cire d’abeille. Cette nouvelle usine compte exporter 150 tonnes de ce produit pour sa première année.

    À écouter aussi dans 8 milliards de voisinsAuthentique, contrefait, rare…: le miel dans tous ses états

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  • L'arrivée du wolof sur Google Traduction bouscule la tech sénégalaise
    Jul 22 2024

    Depuis le 27 juin, le moteur de traduction de Google a intégré 110 nouvelles langues dont une trentaine de langues africaines. Parmi elles, le wolof. Au Sénégal, la communauté qui travaille sur les IA de traduction observe ce développement avec enthousiasme, et les start-ups qui développaient déjà des outils similaires cherchent à se positionner pour faire face à la concurrence.

    L’arrivée du wolof sur Google traduction pourrait faciliter la vie de nombreux Sénégalais. À la fois dans leur quotidien, mais aussi dans leurs activités économiques. « Il y a des gens qui ne comprennent que le wolof, qui ne savent lire et écrire qu'en wolof. Ici, la justice se fait en français et donc les gens qui ne le parlent pas couramment peuvent bénéficier de ce traducteur pour les démarches administratives. Les commerçants et les touristes pourront aussi communiquer plus facilement »,explique Mouhamadane Mboup, ingénieur data analyste.

    Peu de données en wolof

    Mouhamadane fait partie d’une communauté de chercheurs spécialisés en intelligence artificielle au Sénégal, galsenAI. Pour ses confrères et lui, c’est aussi une bonne nouvelle, car ils auront accès à une base de données supplémentaires pour leurs travaux. « Le wolof, comme la plupart des langues africaines, est une langue à faible ressource. Il existe très peu de données d'entraînement et de système de traduction, poursuit Derguene Mbaye cofondateur de GalsenAI. Si demain, on souhaite expérimenter sur une tâche sur laquelle il n'y a pas de données en wolof, on peut prendre ces données dans une autre langue, traduire et ainsi faire nos expérimentations. »

    Concurrence pour les start-ups tech

    Mais l’arrivée du géant Google vient également concurrencer un écosystème de start-ups de la tech sénégalaises qui travaillaient déjà sur la traduction du wolof. La société Baamtu développe depuis six ans Tekkilma, son outil de traduction. Ils veulent se distinguer de Google en offrant des services plus spécialisés. Derguene Mbaye est également ingénieur de recherche chez Baamtu : « On compte vraiment débusquer les niches que Google ne va pas adresser sur la traduction dans des domaines spécifiques comme les domaines professionnels ou légaux. Il y a également les problématiques liées à la voix. On sait que les langues africaines sont principalement "parlées" donc on travaille depuis plusieurs années sur le développement d'outils vocaux comme la synthèse vocale ou la reconnaissance vocale. Ce seront des plus-values supplémentaires. »

    Baamtu travaille avec des ministères sénégalais, des banques et le fait d’être une entreprise locale peut leur permettre de tirer leur épingle du jeu. « On connaît bien le marché et le contexte. C'est quelque chose qui va rassurer des clients d'avoir une société à proximité plutôt qu'un géant très éloigné de leurs préoccupations », explique Tanor Dieng, directeur de produit.

    Mouhamadane Mboup soulève un dernier risque : la standardisation de la langue wolof sur Google, pour mieux s’adapter à son modèle de traduction.

    À lire aussiComment Google Traduction tente d'intégrer de nouvelles langues africaines grâce à l'IA

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  • Comores: le port de Dodin se rend incontournable
    Jul 21 2024

    Le port de Dodin, surnommé « le petit port », est un lieu de forte activité aux Comores. Dodin s'est imposé comme un pivot incontournable du transport inter-îles à Mutsamudu aux Comores. Chaque jour, des dizaines de vedettes y accostent et embarquent une centaine de passagers vers Mohéli et la Grande Comore, offrant une alternative économique accessible à tous.

    Alors que le port international attire les gros navires, Dodin, lui, est spécialisé dans les liaisons quotidiennes, par vedettes, entre Anjouan, Mohéli et la Grande Comores. Cette desserte régulière, couplée à des tarifs abordables, attire une clientèle croissante.

    Le dynamisme du port de Dodin se traduit également par une manne économique non négligeable pour les propriétaires des embarcations et leurs employés. Moufayad Youssouf, 27 ans, possède une vedette desservant exclusivement Mohéli. Pour lui, le petit port est plus qu’un gagne-pain. « Ici, ça me plait car à mon sens, c'est plus rentable que travailler dans la fonction publique, explique-t-il. Les vedettes qui vont seulement à Mohéli peuvent gagner de 25 à 50 000 francs par jour. Ça dépend du nombre de passagers et de colis ».

    Une embarcation peut, en moyenne, rapporter mensuellement jusqu’à un 1,5 million de francs comoriens, partagée ensuite entre le propriétaire et le personnel. « D’habitude, je prends l’avion, mais j’ai appris que mon fils aîné a été blessé au couteau à Ngazidja. Je prends donc la vedette pour y aller rapidement », détaille Tisseanti, avec son bébé de quelques mois dans les bras. Elle part en urgence et n’a pas pu réunir les fonds pour prendre l’avion.

    Un trajet moins cher, mais plus risqué

    Djalaldine, lui, n’a pas d’urgence. Il se rend également à Ngazidja par Dodin « parce que je n’ai pas les moyens de prendre le bateau ou l’avion, donc pas trop le choix. Je suis contraint de prendre la vedette. »

    Le tarif pour la traversée de Dodin à la Grande Comores est de 20 000 francs par personne, et de 15 000 pour Mohéli. Au port, un militaire et un garde-côte sont présents. Ils sont censés veiller à la sécurité des biens et des passagers. Pourtant, les usagers estiment que cette présence est loin d’être suffisante. « Si jamais quelqu’un est en panne en pleine mer, à cause d’un souci de carburant, il prend le téléphone, nous dit la zone où il se trouve et nous décrit son problème, affirme Ahmed (nom d’emprunt), conducteur de vedette. Il doit nous appeler ou appeler le garde-côte. Mais si jamais ce dernier ne vient pas, on est obligé de se débrouiller tout seul. »

    Le petit port de Dodin, incontournable malgré ses dangers, prospère en offrant un service crucial aux habitants, équilibrant rentabilité et nécessité.

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  • En Tunisie, l'archivage des données des entreprises désormais plébiscité
    Jul 18 2024

    L’entreprise tunisienne Archidoc fait partie des histoires à succès locales malgré la crise économique qui ralentit les investissements. Créée en 1997, elle se spécialise dans l’archivage physique et numérique. Partie de très peu dans un pays où la culture de l’archive était peu répandue, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires multiplier par 30 et elle ne cesse de croître.

    Dans les locaux d’Archidoc au sein d’une zone industrielle de Tunis, Nabil Ezzine, le fondateur, supervise la livraison des archives d’une entreprise. Avant l’archivage, tout commence par un travail minutieux de traçabilité pour le stockage. « Toutes les données qui sont relatives aux caisses et à leur localisation géographique sont immédiatement enregistrées donc en cas de demandes d’un client, ça devient un jeu d’enfants », explique-t-il.

    Sécurité et traçabilité

    Ici sont stockées les archives de 400 clients ce qui représente des milliers de mètres carrés. « La technologie s’est bien implantée dans ces processus pour garantir la sécurité et la traçabilité de toutes les opérations que nous traitons et nos clients sont aujourd’hui très exigeants et très regardants par rapport à ces aspects, poursuit Nabil Ezzine, effectivement ça reste de l’archivage physique, mais derrière, le processus a énormément évolué si on revoit le mode opératoire sur ces vingt dernières années »

    Si les choses ont changé en deux décennies, c’est aussi grâce à l’évolution des mentalités. Lorsqu’il s’est lancé en Tunisie, Nabil Ezzine avait du mal à convaincre les entreprises d’externaliser leurs archives. « Les gens nous regardaient avec énormément de méfiance donc on était les pionniers dans cette activité. Aujourd’hui, le fait de leur offrir la garantie de pouvoir accéder à l’image ou au document physique dans des délais très courts, c’est devenu quelque chose de très appréciable pour valoriser le business de nos clients. On n'est plus du tout dans l’image d’un archivage mort, de dossiers qui sont stockés dans de vieux entrepôts auxquels on accède de manière très épisodique. »

    Digitalisation par scanner

    Archidoc mise sur une industrialisation du processus de l’archivage moins coûteuse pour l’entreprise que si elle devait le développer en interne. Des scanners de pointe lui permettent de tout digitaliser et l’intelligence artificielle a mis à jour les techniques d’indexation et d’automatisation. « Il faut qu’on puisse retracer d’un simple clic la vie de chaque composant pour s’assurer de sa conformité etc. et là on est sous le feu des projecteurs, que ce soit du client en lui-même et même, des États. Ça peut être l’administration de l’avion civile, des autorités de contrôle au niveau international » Idem pour aider un médecin à accéder à l’historique médical complet d’un patient, car comme Nabil Ezzine aime le répéter, « archiver peut sauver des vies ».

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  • En Afrique du Sud, les agro-influenceurs rendent «sexy» l'agriculture
    Jul 17 2024

    Ils sont jeunes, noirs, agriculteurs et influenceurs. En Afrique du Sud, le visage des fermiers change grâce à une génération hyper connectée qui documente la vie à la ferme. Ces agri-influenceurs donnent confiance à leurs abonnés qui pourront ensuite se lancer dans l'agriculture et transformer un secteur dominé par les Blancs.

    Vêtue de jaune, Lerato Botha ne passe pas inaperçue dans les allées du Salon des jeunes agriculteurs de Pretoria. Cette jeune maraîchère de 29 ans est interpellée par Kgomotso, une agricultrice de 24 ans qui lui demande ses coordonnées. « Ce qui me plaît, c'est que tu travailles avec ton père, comme moi, j'apprends à ses côtés ». Lerato sourit : « C'est sûrement la première fois qu'une histoire comme la mienne est médiatisée, celle d'une fille et d'un père travaillant ensemble, et depuis j'ai vu beaucoup de nouvelles coopérations père-fille ».

    Leur quotidien sur TikTok

    Lerato Botha intervient à la radio, ou dans les médias spécialisés pour évoquer sa relation de travail avec son père. Mais sur les réseaux sociaux, difficile de battre Thabo Dithakgwe et ses 69 000 abonnés sur X (ex-Twitter). Ce garçon de 24 ans possède déjà 2 500 hectares pour élever son bétail. Un tel succès se doit d'être raconté. « Je viens juste d'ouvrir un compte sur TikTok parce que je voulais montrer aux gens quel est mon travail au quotidien : acheter un taureau, le transporter à la ferme, l'introduire dans un troupeau, détaille Thabo Dithakgwe, c'est ce qui intéresse les jeunes qui veulent devenir fermiers, je pense, c'est pour ça qu'ils me suivent. »

    Loin des stéréotypes

    Cette nouvelle génération d'agriculteurs est soutenue par le média spécialisé Food For Mzansi qui veut moderniser l'image de l'agriculture. « Si vous demandez à des Sud-Africains de fermer leurs yeux et d'imaginer un fermier, ils vous diront : un homme blanc, afrikaner, avec un gros ventre, un short et une certaine paire de chaussures, ironise son rédacteur en chef Ivor Price, mais peu de gens savent qu'il y a aussi des gens qui leur ressemblent et qui sont plus jeunes. Ces influenceurs font un super travail en abattant les barrières, en disant : regardez-nous, nous sommes Noirs, jeunes, femmes, on est agriculteur et ça marche bien. »

    Rendre l'agriculture sexy, c'est un enjeu de sécurité alimentaire, estime Ivor Price, et un enjeu de société dans un pays plombé par le chômage des jeunes.

    À lire aussiLe défi de la transformation des agricultures en Afrique [1/2]

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  • La nouvelle stratégie de Jumia, leader du e-commerce en Afrique, pour être rentable
    Jul 16 2024

    Jumia relève la tête. Après avoir perdu des centaines de millions de dollars ces dernières années, le leader de l'e-commerce en Afrique, présent dans onze pays du continent, enregistre désormais un chiffre d'affaires en hausse. Nouveau patron. Nouvelle stratégie. La réorientation sur certaines activités semble porter ses fruits.

    « Revenir aux fondamentaux », dit-on parfois dans le sport de haut niveau, surtout quand on est mal en point. C'est la stratégie adoptée par Francis Dufay, aux manettes du groupe Jumia depuis bientôt deux ans. Moins de livraisons de restaurants, plan de départs et réduction des coûts de logistique pour se recentrer sur ce qui a fait le succès de Jumia, parfois surnommé l'Amazon africain... c'est-à-dire le commerce en ligne.

    « Pendant très longtemps, on a copié-collé en Afrique l'e-commerce qu’on connaissait partout dans le monde avec les livraisons à domicile, explique Francis Dufay, PDG de Jumia, la réalité, c'est que nos clients sur le continent sont des clients qui n'ont pas beaucoup d'argent et qui sont très conscients du prix. »

    C'est cette analyse qui a permis à Francis Dufay d'adapter la stratégie de Jumia : « Il est très important d'avoir une offre extrêmement accessible. Ça passe par les points relais où les clients viennent chercher leurs colis. Ça permet de réduire fortement les coûts. Ça coûte quelques dollars moins cher qu'une livraison à domicile, donc c'est un modèle de livraison qui nous convient très bien et qui est très adapté à nos marchés », explique le PDG de Jumia.

    Stratégie payante

    Avec ses points relais, exit le dernier kilomètre pour les livreurs Jumia. Une stratégie payante, selon Jean-Michel Huet, associé au sein du cabinet de conseil Bearing Point et spécialisé dans l'e-commerce : « Ce qui ne fonctionnait pas, c'est que ça a un véritable coût d'aller chercher ce dernier kilomètre, avec le risque de ne pas trouver la bonne adresse, donc en plus, il y a un risque d'insatisfaction du client. Passer aux points relais, ça a un effet d'économie de coût logistique. Et puis je pense que ça peut renforcer la confiance des clients dans l'utilisation de Jumia ».

    Giga-entrepôt à Lagos

    Autre changement chez Jumia, la centralisation des produits. Exemple à Lagos où, ces dernières semaines, la plate-forme logistique a été déménagée dans un grand entrepôt de 30 000 mètres carrés. « Ça nous permet d'être plus productifs et d'économiser de l'argent, poursuit Francis Dufay, ça nous donne une plate-forme sur laquelle on peut faire beaucoup de croissance. Avec ce nouvel entrepôt, on peut augmenter fortement les volumes, doubler, voire tripler l'activité au Nigeria. On peut aborder l'avenir sereinement parce qu'on sait qu'on aura la capacité de livrer un excellent service dans le pays ».

    Les résultats financiers sont là. La perte de 8 millions de dollars sur le premier trimestre 2024 est loin des 28 millions sur la même période l'année dernière. Jumia n'est toujours pas rentable, mais renoue avec la croissance.

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