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  • Airbus innove pour les athlètes paralympiques
    Jul 25 2024

    Depuis 2021, des ingénieurs d'Airbus utilisent leur savoir-faire pour améliorer l'équipement des athlètes paralympiques. Et optimisent ainsi leurs performances.

    C’est un site ultra-sécurisé. Dans un grand hangar à l'ouest de Toulouse, des ingénieurs d'Airbus travaillent dans le plus grand secret. La devise de leur laboratoire est placardée au mur : « L’endroit où les idées prennent vie ». Ici Christophe Debard et ses équipes testent des matériaux, créent des prototypes comme des cockpits d'avion.

    Le ProtoSpace est aussi le lieu où ces professionnels se penchent sur les équipements de quelques athlètes paralympiques. « Pour avoir des avions ultraperformants, on va avoir de besoin de gens qui font du calcul de structures, de stress, qui sont capables de faire des choses ultralégères, ultrarésistantes, explique Christophe Debard, le responsable de ce laboratoire. Toutes ces compétences, si on les transpose dans un autre domaine, elles sont tout aussi efficaces pour atteindre la performance ».

    Dernière de ces innovations en date : une sorte de chaussette souple conçue pour habiller la prothèse de jambe du champion du monde de paratriathlon Alexis Hanquiquant. « Ces prothèses ne sont pas du tout aérodynamiques, détaille l'ingénieur. C’est là que l’expertise d’Airbus a été mise en œuvre. Nous avons calculé avec nos logiciels un modèle qui optimise la pénétration dans l’air de la prothèse et fait gagner des précieuses secondes. »

    Résultat d'un partenariat avec l'Agence nationale du sport (ANS), une trentaine d'innovations sont ainsi sorties du laboratoire d'Airbus : un vélo tandem d’une seule pièce, beaucoup plus léger et rigide pour l'équipe de France de paracyclisme ou encore une poignée qui permet à un escrimeur d’avoir une meilleure allonge.

    « La plupart des innovations, c'est vraiment pour atteindre ces gains marginaux, ces petites secondes grattées à droite à gauche et qui a la fin vont faire la très haute performance. Ces petites secondes peuvent faire passer de "pas de médailles" à "une médaille d'argent à une médaille d'or" »

    Le champion d'Europe de parabadminton David Toupé en a fait l'expérience avec un fauteuil-roulant créé sur mesure par les ingénieurs d’Airbus. « Le tour de force de ce fauteuil, ça a été de faire un fauteuil pas plus lourd qu’un fauteuil de compétition tout soudé, tout en gardant beaucoup de réglages, avec de l’aluminium, du carbone. »

    « On a encore avancé sur des roues carbone plus légères, j’ai gagné 500 grammes par roue ce qui est énorme ». À un mois des Jeux paralympiques – 28 août au 8 septembre – l’athlète se laisse encore jusqu'aux derniers jours pour faire les ultimes réglages. Et viser la plus belle des médailles.

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  • JO 2024: la PME «Olympiades» des Hauts-de-France contrainte de changer de nom
    Jul 25 2024

    Les sommes dépensées par les sponsors officiels des Jeux olympiques se comptent en dizaines de millions d'euros. Et gare à ceux qui s'approprient les symboles olympiques sans autorisation. Une PME du Nord de la France, baptisée « Olympiades » a été sommée de changer de nom sous peine de poursuites judiciaires.

    Dans cette PME de la banlieue de Dunkerque, on personnalise des maillots d'équipe de football, de handball ou de basket. « On imprime les logos et on vient ensuite les poser sur le textile », explique le dirigeant Guillaume Bourgeois dans la salle de presse où l'écusson du club local de l'Association de Stenvoorde est en train d'être floqué.

    L’entreprise est a priori bien loin des contrats olympiques. Basée à Sock (Nord), la PME de onze salariés fournit les équipements des clubs de sport et les collectivités de la région.

    Amendes de centaines de milliers d'euros

    Guillaume Bourgeois a racheté la société en 2016 sous son nom d'alors, « Olympiades », mais à la mi-janvier, il reçoit un courrier de mise en demeure du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 (COJO) et du Comité national olympique du sport français (CNOSF).

    « C’est un courrier qui vient en fait nous expliquer tout simplement qu’on n’a pas le droit d’utiliser notre nom, les "Olympiades" car c’est protégé, raconte-t-il. On nous impose de changer de nom, sinon ça se règlera sur le terrain judiciaire. C’est la douche froide, et c’est beaucoup de craintes aussi parce que forcément, il y a des montants d’amendes de centaines de milliers d’euros. Ce sont des montants qui font tourner la tête. Ça fait un peu peur. »

    « On ne fait aucune ombre aux JO »

    « Après coup, on a un sentiment d’injustice, témoigne le dirigeant. On ne comprend pas. On ne leur fait aucune ombre, on est une petite société dans les Hauts-de-France. Notre métier, si on caricature un petit peu, c'est d'aller équiper le club de basket-ball du patelin d'à côté. Donc vraiment, on n'a rien à voir avec ça. On ne peut pas parler de préjudice. »

    Après plusieurs semaines de discussions, un accord est trouvé mi-juillet. La mise en demeure reste sans suite, et la PME a six à huit mois pour changer de nom. « Il n’y a pas eu de négociation possible sur ce sujet, on l’a très bien compris, poursuit Guillaume Bourgeois. J’ai toujours été de bonne foi, j'ai toujours dit qu'on ferait ce qu'il faut. Si on n'est pas dans les normes, c'est à nous de régler le problème, donc on va le régler. Par contre, il y a toujours le coût lié au changement de nom. Aujourd’hui, on l'estime à peu près à 60 000€. »

    Anneaux olympiques, drapeau, hymne : une vingtaine de marques à protéger

    À l'initiative de cette procédure, la Direction des affaires juridiques de Paris 2024. Une de ses missions est de protéger la vingtaine de marques commerciales associées aux Jeux olympiques : les anneaux olympiques, et les agitos pour Jeux paralympiques, le drapeau, l’hymne, le sigle olympique, ou certaines expressions comme « Olympiques », ou « Olympiades ».

    « Toutes ces marques constituent le patrimoine de de Paris 2024, explique Romain Voillemot, directeur des affaires juridiques de Paris 2024. C’est un patrimoine que Paris 2024 peut effectivement proposer aux partenaires qui s’associent à ces marques sont très fortes pour leur communication. »

    « Comme ils utilisent nos marques, on vient les protéger pour être sûrs que des sociétés ne viennent pas faire du "marketing sauvage", c’est-à-dire se placer dans le sillage des Jeux pour tirer un bénéfice, sans avoir pour autant participé au financement des Jeux » conclut Romain Voillemot.

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  • Financer sa carrière de haut niveau en Afrique, la débrouille au quotidien
    Jul 24 2024

    Les athlètes arrivent actuellement à Paris pour l'ouverture des JO. Mais avant d’en arriver là, les athlètes se sont entraînés durement pendant plusieurs années. Des parcours de vie chaotiques en dehors des clous habituels et qui ont un coût. Sur le continent africain, dans la plupart des pays, il n’existe pas réellement de modèle économique pour le financement des carrières des sportifs de haut niveau. Pour beaucoup, c’est donc la débrouille.

    Le Tchadien Israël Madaye a passé la dernière année dans un centre d’entraînement de Lausanne en Suisse. Une préparation des JO financée par une bourse du Comité international olympique. « Pour arriver là, c'est difficile, assure-t-il. C’est grâce à cette bourse-là que je m’entraîne librement. Dans la bourse, le centre nous paie notre logement, l’assurance maladie et aussi le coach. Le centre aussi m’aide beaucoup. J’utilise leur salle pour m’entraîner, etc ».

    Il regrette cependant de ne pas recevoir plus de soutien de son pays. « Depuis ma qualification, je n’ai pas eu de prime. Je dirais même que mes frais de déplacement n'ont même pas été encore remboursés. Pour quelqu'un qui veut prendre part aux Jeux olympiques, c'est difficile », regrette l'athlète, surtout lorsqu'on réussit à représenter son pays au plus haut niveau. « Quand vous voyez l'hymne national retentir et vous soulevez le drapeau. Quand vous battez déjà des grandes nations. Personne ne croyait en nous. Quand vous arrivez comme ça, le minimum au moins, c'est d'encourager cela, d'encourager les athlètes à bien préparer les JO. Mais rien n'est fait », décrit-il de manière un peu découragée.

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    Beaucoup d'incertitudes

    Israël Madaye est champion d’Afrique de tir à l’arc. Pourtant, aujourd’hui, impossible de financer ses besoins d’athlète. Même les plus basiques comme son matériel. « Quand je suis arrivé ici [à Lauzanne], le matériel était vraiment de petite taille, donc il a fallu changer le matériel. J’ai été obligé de voir avec le centre. Comme ils avaient signé une convention avec Wiawis, marque que tout le monde utilise, c'est grâce à cela que j'ai eu le matériel », note-t-il encore.

    Mais pour les Jeux, ce sont deux arcs qui sont nécessaires. Un coût total estimé à 12 000 euros. Impossible à financer avec sa bourse. « Et il faut dire que le matériel appartient au centre. Si en partant, le centre dit :"Israël, tu nous laisses le matériel", je suis obligé de le laisser. Ça ne m'appartient pas », s'inquiète-t-il.

    À Lausanne, il s’entraîne aux côtés de la Guinéenne Fatoumata Sylla. Elle aussi dispose de cette bourse « solidarité olympique », qui est loin de couvrir l’intégralité des frais. Aussi les deux athlètes mettent-ils régulièrement en commun leurs efforts. « Par exemple, quand on a besoin de quelque chose, il donne un peu, moi aussi, je donne un peu, nous raconte-t-elle. Il y a des petits matériels comme des plumes, des palettes... quand ça se gâte, pour ne pas demander à chaque fois au centre parce qu’il fait déjà beaucoup pour nous, on se débrouille en mettant nos moyens en commun ».

    Aujourd’hui financièrement, la jeune athlète n’a que très peu d’option. Elle regrette le peu de transparence de certains processus et s’interroge même sur la possibilité de trouver des sponsors. « En fait, je ne sais même pas comment ça se passe. Il y a beaucoup d’entreprises, mais souvent, elles reçoivent les présidents de fédération. Mais vous les athlètes, vous ne pouvez pas bénéficier de ça. C’est ça aussi en Afrique », soupire-t-elle. Les Jeux marqueront la fin de leur bourse. Tous deux partagent leurs incertitudes sur les moyens de financer la suite de leur carrière.

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  • Touristes étrangers: quel budget pour assister aux Jeux olympiques?
    Jul 23 2024

    L’office de tourisme de Paris estime qu’1,5 million de touristes étrangers vont visiter l’Île-de-France pendant les Jeux olympiques. Pour ceux qui viennent de loin, cela représente un budget important : plus de 10 000 euros pour une famille canadienne.

    Breanne, qui vit à Calgary en Alberta, a assisté aux Jeux olympiques d'hiver de Vancouver en 2010. Depuis, elle rêvait de voir des jeux en famille. Le rêve est en passe de se réaliser puisque entretemps, une petite Charlie est apparue et ils s'apprêtent tous ensemble à mettre le cap vers Paris.

    « J’ai eu la chance de voir beaucoup d'activités aux Jeux olympiques à Vancouver, une belle expérience, alors j'ai ça dans mon cœur, raconte cette Canadienne. J'aime bien la France, j'aime Paris, donc l'opportunité de revisiter Paris, et de voir les Jeux olympiques ensemble, j'ai pensé que ce serait une belle expérience ».

    18 billets à plus de 2 000 euros

    La date de l'ouverture des billets était cochée dans le calendrier. Elle a varié les plaisirs avec des places pour six sports différents. À trois, cela représente dix-huit billets, qui lui ont coûté plus de 2 000 euros.

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    « Il y a des billets à 50 euros, d’autres à 80 euros… Il y a du basketball, du volleyball, du soccer/football, du golf. C'est vraiment l'expérience. J'ai dit à mon mari Derek : "On va être là pour le Canada !". On a même acheté des petits drapeaux canadiens », se réjouit-elle.

    Un hôtel à 300 euros la nuit

    Une fois les billets achetés, restait l'hébergement à payer. Difficile de faire des bonnes affaires, elle s'en tire pour 300 euros la nuit. « Ce qui est bien, à l'hôtel, il y a le petit déjeuner chaque matin, ça va beaucoup nous aider, relativise-t-elle. On n’ira pas manger à chaque fois dans des restaurants Michelin, ça ne serait pas une bonne manière de dépenser nos sous ! »

    En tout, cette quinzaine parisienne va coûter à la famille près de 10 000 euros… Et encore, un billet d'avion direct de Paris pour revenir au Canada revenait trop cher, ils font donc un détour par l'Irlande.

    Pour Alexis Roy, fondateur des vols d'Alexi.com, qui propose des billets d'avion pour l'Europe au départ du Canada, pour cette fois, il était plus avantageux de passer par des agences spécialisées qui proposaient des packs « billets d'avion et places pour les épreuves olympiques ».

    « Pour des genres d'événements comme les JO, le Super Bowl, la formule 1, c'est une des seules fois que je recommanderais d'aller voir une agence », estime ce professionnel.

    Pour essayer d'alléger la facture, Breanne tente de revendre certaines de ses places : « J'essaie de revendre quelques billets qu'on ne va pas utiliser durant les Jeux, alors je croise les doigts pour trouver des acheteurs ».

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  • Douze ans après, quel bilan pour les Jeux olympiques de Londres?
    Jul 19 2024

    En 2012, la capitale britannique accueillait les Jeux olympiques, attribués en 2005. Dès le début des travaux, Londres tenait à éviter le sort des infrastructures d’Athènes par exemple. Et les Olympiades ont largement été considérées comme un immense succès, qui a coûté plus de 10 milliards d’euros d’argent public.

    Au tournant du millénaire, le quartier de Stratford à l’est de Londres regorgeait d’usines désaffectées, de logements insalubres et de marais pollués. Vingt ans et une olympiade plus tard, le site est méconnaissable.

    « Nous sommes ici devant l’entrée du futur Théâtre Sadler’s Well, qui accueillera une académie de hip-hop, indique Mark Robinson, directeur des affaires externes du London Legacy Corporation. À côté, vous voyez les studios de la BBC Music qui ouvriront en 2025, 2026. Et entre les deux, il y a l’université des arts de Londres, campus de la Faculté de la mode, qui accueille 6 500 étudiants et professeurs ».

    Une biodiversité formidable

    Le stade olympique accueille aujourd’hui le club de football de West Ham. Et le centre aquatique permet d’apprendre à nager à 10 000 enfants. Autant d’adultes travaillent aujourd’hui sur le site, transformé en bulle de verdure.

    « Nous avons dépollué les sols et les 6 km de rivières du parc, décrit Mark Robinson. Nous avons une biodiversité formidable : il y a des martin-pêcheurs et même une loutre qui vient nager ! »

    Revitaliser Stratford et les zones alentour, c’était la promesse des Jeux olympiques de Londres. Pas forcément pour le plus grand bonheur des habitants. « Je suis un cycliste passionné de course, raconte Andrew Kirschmann qui a emménagé dans le quartier il y a 25 ans ».

    « Ce qui me manque, c’est la piste de course qui existait. La nouvelle piste n’a pas le même cachet et les jardins communaux ont été déplacés. Mais les nouvelles constructions sont si hautes que nous n’avons plus assez de lumière. Les gens qui aimaient le caractère de l’endroit ne peuvent pas s’empêcher de penser que quelque chose a été perdu ».

    Un millier de logements sur les 30 000 promis

    Plus d’un millier de logements ont émergé des ruines de la zone industrielle. C’est loin des 30 000 promis, et surtout ils ne profitent pas tellement aux locaux, explique Max Nathan, assistant professeur en sciences urbaines appliquées à l’University College. « Il y a beaucoup plus de logements qu’avant, mais la plupart des appartements sont des lofts, des duplex, destinés aux gens « cool », la classe moyenne supérieure, plutôt aisée. Seuls 10 à 11% des logements sont réellement accessibles par rapport aux revenus locaux ».

    « Le bilan est très nuancé »

    « Cela fait venir des visiteurs, mais en fait fuir d’autres, détaille Max Nathan. Les JO créent des emplois, mais ce sont principalement des emplois très spécialisés et ponctuels. C’est super pour les propriétaires immobiliers, beaucoup moins pour les locataires. D’un point de vue économique, comptable, le bilan est très nuancé ».

    Quant aux bénéfices sanitaires : aucune étude ne montre de hausse flagrante de l’activité sportive dans la foulée des JO de Londres.

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  • Les JO, un tremplin pour le financement de sa carrière?
    Jul 18 2024

    Les Jeux olympiques sont un accomplissement sportif, un objectif dans une carrière, mais ils peuvent également être vus comme une aubaine pour obtenir des financements. Des athlètes africaines nous ont partagé leur expérience.

    Ruth Gbabi, championne de Taekwondo, participe à ses premiers Jeux à Rio en 2016. Elle ramène le bronze à la Côte d’Ivoire. Elle fait alors un retour triomphal au pays. « Avant, j'étais juste dans l'équipe nationale. Après les Jeux de Londres, déjà, les primes touchées étaient plus importantes. À la suite de cela, j'ai vu que le ministère des Sports voulait me trouver, on va dire, un financement pour que je puisse mieux me préparer », témoigne l’athlète ivoirienne. Elle gagne en crédibilité, affirme-t-elle.

    « Après les Jeux olympiques de Rio en 2016, après ma médaille olympique, j'ai eu le soutien de l'État. Donc depuis 2017, l'État me soutient afin que je puisse m’entraîner dans de bonnes conditions ici en Espagne. Ça change beaucoup. Moi, dans mon cas, ça me permet de rester concentrée, de ne penser qu'entraînement, stratégie », détaille Ruth Gbagbi.

    Hortense Diédhiou a été une grande championne sénégalaise de judo. Plusieurs fois qualifiée aux Jeux olympiques, elle a également pu profiter de l’engouement créé par ce grand rendez-vous. « [Après] mon retour d'Athènes, après mes années olympiques, il y a eu beaucoup de visibilité, ça il faut le reconnaître, se souvient l’athlète qui a arrêté la compétition pour se consacrer à son projet de centre de préparation au Sénégal. Et puis beaucoup de considération et de valorisation de la population, que ce soit du Sénégal ou de la France, là où je vis. De certaines autorités aussi. C'est top. Je souhaite que tout athlète puisse vivre ces bonnes situations-là. »

    Des autorités qui s’engagent, un manque criant de sponsors

    Cependant, côté financement, la ferveur n’a pas été au rendez-vous ou à des périodes peu adaptées à ses besoins, témoigne-t-elle : « On a essayé de demander à ce qu'on nous soutienne avant les Jeux. On n'a pas eu les soutiens. Le soutien arrive juste après les Jeux ou quelques jours avant les Jeux. Et après, tu es oubliée. À l'approche de la prochaine Olympiade, ton nom commençait à surgir encore dans les médias ou dans les instances. Tu redemandes pour qu'on t'aide, ça ne se fait pas. Juste avant, ça se fait d’une manière qui n'est pas toujours suffisante pour un athlète de haut niveau qui a ses besoins de kinés, ses besoins médicaux, ses besoins de nourriture et logistique et tout. »

    Hortense Diédhiou se rappelle également, avec une pointe de colère, du comportement des sponsors : « Ils étaient contents quand il y avait une médaille qui tombait de venir dire "vite est-ce qu’on peut faire une photo avec toi ? Est-ce qu’on peut t’offrir ça ?’" Non, il fallait l’offrir bien avant. »

    De manière générale, les athlètes regrettent des mesures souvent trop individuelles ne permettant pas l’émergence de générations de sportifs de haut niveau.

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  • En France, des entreprises au soutien des athlètes
    Jul 17 2024

    Pour les athlètes c’est souvent un parcours du combattant. Avant même de participer aux Jeux, il leur faut financer de longs mois, voire des années de préparation. En France, des entreprises accompagnent des sportifs de haut niveau.

    Sur le parquet d'un gymnase parisien, les chocs sont violents pour amener le ballon de l’autre côté de la ligne. C’est l’heure des derniers entrainements pour le co-capitaine de l’équipe de France de rugby fauteuil Cédric Nankin qui s'entraine désormais deux fois par jour "pour être au top".

    Dans cette dernière ligne droite avant les Jeux paralympiques – ils se tiendront du 28 août au 8 septembre 2024 - le défenseur de l’équipe de France a été libéré par son employeur, la SNCF. « Je me trouve chanceux parce que certains de mes coéquipiers, encore dernièrement, devaient poser des congés pour pouvoir partir en compétition. C'est un peu triste quand même, mais c'est une réalité. »

    « Je suis en CDI, j’ai un salaire à la fin du mois, mais là on se pose moins de questions, en tout cas pas sur l’aspect financier, raconte Cédric Nankin. Ça libère l’esprit d’un poids important. »

    Comme Cédric Nankin, une trentaine d’athlètes de haut-niveau sont salariés de la SNCF. Quand ils ne s’entrainent pas, ils et elles sont techniciens ou contrôleurs à bord des trains. « Le dispositif athlète a vraiment pour seul et unique objectif d’accompagner ces athlètes dans leur carrière sportive, explique Laurent Guillemette est le directeur des grands événements sportifs du groupe. »

    « On continue à les former, en leur apportant une sérénité financière, sociale, un filet de sécurité qui leur permet d'être complètement focus pour leur compétition. Le jour où ils arrêteront (leur carrière), on sera toujours là. Globalement 70% des sportifs font le choix de rester dans l’entreprise. »

    Connecter les entreprises et les athlètes. C’est aussi l’un des missions de la Fondation du Sport Français avec son « Pacte de Formance ». Le dispositif permet des dons défiscalisés jusqu’à 60%. Il a déjà séduit près de 600 mécènes : des TPE, des PME, et même les gestionnaires d’un immeuble.

    Dans ce centre d’affaire du très chic du VIIIème arrondissement de Paris, Capital 8 a fait un don de 25 000 euros la boxeuse Wassila Lkhadiri. « On a eu un coup de cœur pour cette femme : son courage, sa force, explique Paul Joubert. Surtout ces athlètes ne sont pas aidés, ils n’ont pas d’argent et vivent presque dans des conditions de pauvreté alors qu’ils doivent se concentrer pour être les meilleurs du monde. On ne reçoit rien en échange si ce n'est peut être le fait de se parler, ou de se rencontrer. »

    Ce mécénat permet aussi aux entreprises locataires de l’immeuble de remplir des objectifs d’inclusion sociale. C’est du « gagnant-gagnant » résume la Fondation du sport français, qui insiste : « ce soutien doit perdurer bien au delà des jeux olympiques ».

    ► Retrouvez sur RFI, toute l'actualité des Jeux olympiques 2024 et les Jeux paralympiques 2024

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  • Le tourisme de la course à pied au Kenya
    Jul 16 2024

    S’entrainer avec les plus grands coureurs du monde aux côtés de champions olympiques, c’est possible. Au Kenya, le tourisme de la course à pied est un marché en pleine expansion. Chaque année, des centaines d’amateurs ou de professionnels venus du monde entier se rendent à Iten, une petite ville perchée à 2 400m d’altitude dans la vallée du Rift. Iten est le berceau des champions.

    En bord de route, Timothy s’accroche à un groupe de coureurs kényans. Dans quelques semaines, ce kinésithérapeute français courra le marathon de Saint-Malo. Aujourd’hui, il s’entraîne sur les mêmes chemins que le champion olympique Eliud Kipchoge. « C’était un choix de venir là, peu importe le prix à payer, raconte cet athlète amateur qui a déboursé environ 2 000 euros pour un séjour de trois semaines à Iten. Je voulais voir ce que c'était de m’entrainer avec les meilleurs. »

    « C’est très, très dur, confie Timothy. Il y a une petite phase d’acclimatation d’une semaine. Même sur des footings assez lents, j’étais très essoufflé. Mais les entrainements avec les Kenyans sont au-delà de ce qu’on peut penser. Tout le monde s’entraine dur, donc on ne parle pas spécialement. On ne se sent pas le tocard du groupe, mais on reçoit une belle leçon d’humilité. »

    Un marché « rentable »

    C’est chez Run’Ix que Timothy a décidé de poser ses valises. Run’Ix propose un centre d’entraînement pour tous, sur la terre des champions. « On accueille principalement des touristes qui viennent du monde entier, explique Romain Gillig son co-fondateur. On offre un hébergement dédié à la course à pied avec la chambre, quatre repas par jour, le nettoyage du linge, des équipements pour la récupération : des bottes de pressothérapie, des pistolets de massages. On a également une salle de fitness équipée avec des vélos, et on propose aussi des massages. »

    « Il y a un marché du coureur à Iten, confirme Romain Gillig, venu pour la première fois dans la vallée du Rift en 2017. Beaucoup de centres d’entrainement ont depuis ouvert, des marques se sont implantées pour leurs athlètes. C’est rentable. »

    Le tourisme de la course à pied : une opportunité professionnelle

    Aujourd’hui Run’Ix emploie douze salariés. Certains sont issus du monde de la course, comme Jacob, aujourd’hui masseur. Comme beaucoup de jeunes coureurs, il est venu à Iten en espérant être repéré. Mais le succès n’a pas été au rendez-vous.

    Le développement du tourisme lui offre une opportunité professionnelle. « C’est bien. Je ne dis pas que c’est mieux que de courir mais c’est bien parce que la vie était tellement dure, raconte-t-il. A cette époque, personne ne me soutenait. Je devais courir et subvenir à mes besoins. Heureusement j’ai appris le massage et ma vie s’est améliorée. »

    « J’ai commencé à courir en 2011 et j’ai arrêté en 2016. Maintenant je peux payer le loyer, acheter de la nourriture, je peux tout payer. C’est mieux maintenant. »

    Iten abrite plus de 5000 athlètes. Moins d’une trentaine connaîtront une carrière professionnelle. Ils seront encore moins nombreux à remporter des courses majeures.

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